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Le libre accès à la recherche scientifique, commun de l'humanité | Pablo RAUZY | TEDxClermontSalon

  • 0:10 - 0:13
    Faire de la science de manière ouverte,
    c'est plus efficace.
  • 0:13 - 0:15
    C'est comme ça
    que devrait être la science.
  • 0:15 - 0:17
    C'est comme ça qu'elle était à la base.
  • 0:17 - 0:20
    Depuis quelques années,
    il y a un mouvement pour le libre accès.
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    On y va inexorablement.
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    La question, c'est : « Comment ? »
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    Je vais vous parler de communs.
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    C'est quoi ?
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    C'est trois choses :
  • 0:28 - 0:31
    c'est une ressource qui peut
    être matérielle ou immatérielle,
  • 0:31 - 0:33
    un mode d'accès et ses règles de partage,
  • 0:33 - 0:35
    et la gouvernance de cette ressource.
  • 0:35 - 0:38
    Le but de la gouvernance d'une ressource,
  • 0:38 - 0:39
    d'un commun,
  • 0:39 - 0:42
    c'est d'essayer de conserver le commun,
  • 0:42 - 0:44
    de le rendre pérenne
    et de garder son existence.
  • 0:45 - 0:48
    C'est un peu abstrait,
    donc je vais présenter un exemple :
  • 0:48 - 0:49
    le verger d'un village.
  • 0:50 - 0:52
    La ressource, c'est des pommes.
  • 0:54 - 0:57
    Le mode d'accès : on cueille dans l'arbre,
    chacun peut aller se servir.
  • 0:57 - 1:01
    Les règles : on ne va pouvoir prendre que
    deux pommes par personne et par semaine,
  • 1:01 - 1:06
    et quand on y va, on arrose, on enlève
    les mauvaises herbes, on participe,
  • 1:06 - 1:07
    ça fait une balade et voilà.
  • 1:07 - 1:11
    Et la gouvernance peut être assurée
    par une association, le conseil municipal,
  • 1:11 - 1:13
    pour qu'il n'y ait pas de triche.
  • 1:13 - 1:15
    Ça, c'est un commun matériel.
  • 1:15 - 1:18
    Donc, si je prends une pomme
    dans l'arbre, elle n'y est plus.
  • 1:18 - 1:20
    Parlons d'un autre commun, immatériel,
  • 1:20 - 1:22
    que vous
    connaissez déjà tous et toutes,
  • 1:22 - 1:23
    c'est Wikipédia.
  • 1:23 - 1:26
    La ressource est immatérielle,
    c'est du savoir encyclopédique.
  • 1:27 - 1:29
    Le mode d'accès, c'est Internet ;
    on y accède par copie.
  • 1:29 - 1:31
    Quand je vais chercher
    une page sur Wikipédia,
  • 1:32 - 1:36
    je la récupère mais elle reste sur le site
    pour qu'un d'autre puisse la prendre.
  • 1:36 - 1:37
    Et les règles ?
  • 1:37 - 1:41
    Il y en a une très formelle :
    la licence Creative Commons.
  • 1:41 - 1:44
    Vous récupérez le contenu,
    vous pouvez en faire ce que vous voulez,
  • 1:44 - 1:47
    le réutiliser, le remixer, le traduire,
  • 1:47 - 1:51
    à condition que vous citiez que ça vient
    de Wikipédia quand vous le redistribuez.
  • 1:51 - 1:54
    La gouvernance de Wikipédia est complexe.
  • 1:54 - 1:56
    Il y a d'abord la fondation Wikimédia
  • 1:56 - 2:00
    qui essaye d'assurer – vous avez tous déjà
    vu les campagnes de dons, par exemple –
  • 2:00 - 2:04
    les ressources en termes de serveurs,
    de bande passante, le réseau, etc.
  • 2:04 - 2:07
    Ensuite, chaque encyclopédie –
    elles sont par langue –
  • 2:07 - 2:09
    se gère de manière autonome
  • 2:09 - 2:12
    au niveau de ses représentants,
    administrateurs, modérateurs.
  • 2:12 - 2:14
    Donc elles vont collectivement
    définir des rôles.
  • 2:14 - 2:16
    Comment les gens sont élus ?
  • 2:16 - 2:19
    Combien de temps ils restent en poste ?
    Quels sont leurs pouvoirs ? etc.
  • 2:20 - 2:22
    Puis une gouvernance
    encore plus décentralisée,
  • 2:22 - 2:24
    par exemple, contre le vandalisme :
  • 2:24 - 2:28
    quand on va sur une page Wikipédia,
    on peut corriger des erreurs
  • 2:28 - 2:31
    et chaque article a une page
    qui permet de discuter de :
  • 2:31 - 2:35
    « Cette page mérite-t-elle d'y être ? »
    « Quel doit être son contenu ? » etc.
  • 2:35 - 2:38
    La gouvernance est assurée comme ça.
  • 2:40 - 2:42
    Il existe une « tragédie des communs ».
  • 2:42 - 2:44
    Un tricheur, dans ce système,
    est toujours gagnant.
  • 2:44 - 2:46
    Si je reprends l'exemple du verger,
  • 2:46 - 2:50
    si quelqu'un qui a besoin de se chauffer
    vient et coupe du bois,
  • 2:50 - 2:51
    le commun meurt.
  • 2:53 - 2:55
    La gouvernance est donc
    particulièrement importante.
  • 2:55 - 2:57
    On peut aussi imaginer
  • 2:57 - 3:00
    quelqu'un qui prend toutes les pommes
    pour faire de la compote.
  • 3:00 - 3:02
    Il y a plein de situations envisageables.
  • 3:02 - 3:06
    C'est très facile d'imaginer comment
    faire mourir un commun matériel.
  • 3:06 - 3:09
    Pour un commun immatériel,
    ça peut paraître moins évident.
  • 3:09 - 3:10
    Et pourtant c'est possible.
  • 3:10 - 3:13
    Je vais vous présenter
    un univers alternatif :
  • 3:13 - 3:14
    un autre Wikipédia.
  • 3:14 - 3:18
    Vous avez vu, j'ai changé le logo, j'ai
    mis un « € », vous allez voir pourquoi.
  • 3:18 - 3:23
    C'est un autre univers où l'on peut
    tous et toutes rédiger des articles
  • 3:23 - 3:25
    comme sur le Wikipédia actuel,
  • 3:25 - 3:29
    mais on a un devoir de citoyen de corriger
    les articles si on voit des erreurs.
  • 3:29 - 3:30
    Pas toujours,
  • 3:30 - 3:34
    mais ça fait partie de notre rôle, on est
    censé de temps en temps participer à ça.
  • 3:35 - 3:37
    Quand on veut accéder à un article,
    on doit le payer.
  • 3:38 - 3:41
    On peut penser : « 30€ n'est pas trop cher
    vu la qualité des articles. »
  • 3:41 - 3:45
    Il y en a aussi qu'on aurait bien voir
    avant de payer trente euros.
  • 3:45 - 3:48
    Le principal problème est que,
    pour comprendre un article,
  • 3:48 - 3:52
    il faut aussi comprendre les articles
    sur les concepts qu'il utilise,
  • 3:52 - 3:54
    donc on va devoir en payer plein.
  • 3:54 - 3:56
    Ne vous inquiétez pas,
    ce n'est pas des escrocs.
  • 3:56 - 3:57
    Il y a des abonnements.
  • 3:58 - 3:59
    Pourquoi est-ce possible ?
  • 4:00 - 4:03
    Ça pourrait vraiment se passer
    comme ça, pourquoi ?
  • 4:03 - 4:07
    À cause de la propriété intellectuelle
    (PI), et notamment, la PI lucrative.
  • 4:07 - 4:11
    Elle permet une appropriation
    privée d'un travail collectif,
  • 4:12 - 4:14
    et, ainsi, de créer
    artificiellement de la rareté,
  • 4:14 - 4:16
    et donc de retomber sur une économie
  • 4:16 - 4:19
    où quand je le vends un bien
    à quelqu'un, je ne l'ai plus.
  • 4:19 - 4:21
    Eh bien, la recherche fonctionne comme ça,
  • 4:21 - 4:24
    dans notre vrai monde,
    pas dans l'univers alternatif.
  • 4:25 - 4:26
    C'est un vrai problème.
  • 4:26 - 4:29
    Comme tous ici ne connaissent pas
    le fonctionnement de la recherche,
  • 4:29 - 4:32
    je vais essayer très rapidement
    d'expliquer comment ça marche.
  • 4:32 - 4:35
    C'est un fonctionnement très global.
  • 4:35 - 4:39
    Dans chaque domaine particulier, il y
    a des petites différences évidemment.
  • 4:39 - 4:42
    Mais en gros, on commence
    par rechercher une question.
  • 4:44 - 4:47
    1e étape, ça suppose
    un accès à l'état de l'art
  • 4:47 - 4:48
    et l'idée est de se dire :
  • 4:48 - 4:52
    « Quelle va être la bonne prochaine
    étape pour faire avancer notre domaine ? »
  • 4:53 - 4:56
    Ça suppose de connaître notre état
    de l'art et l'état des domaines voisins,
  • 4:56 - 4:58
    et donc qu'on ait accès
    aux articles notamment.
  • 4:59 - 5:01
    Ensuite, on fait de la recherche.
  • 5:01 - 5:04
    Collecter des données,
    les analyser, créer du logiciel,
  • 5:04 - 5:06
    ça peut être plein de choses.
  • 5:06 - 5:08
    Et un jour, on a des résultats.
  • 5:08 - 5:10
    Que ce soit ceux qu'on
    attendait ou non, on en a.
  • 5:10 - 5:15
    Quand on veut communiquer ces résultats,
    on rédige un article de recherche,
  • 5:16 - 5:19
    qu'on le soumet à une revue,
    une conférence, un journal.
  • 5:19 - 5:21
    Je vais dire « revue » par la suite,
    c'est plus simple.
  • 5:22 - 5:24
    Soumettre à une revue, c'est quoi ?
  • 5:24 - 5:28
    C'est un ensemble d'autres chercheurs
    dans notre domaine
  • 5:28 - 5:29
    qui vont récupérer l'article,
  • 5:30 - 5:32
    soit l'évaluer eux-mêmes,
  • 5:32 - 5:35
    soit l'envoyer à évaluer à des gens
    qui sont plus experts qu'eux du domaine,
  • 5:36 - 5:38
    et si cet article est jugé
    comme étant assez novateur,
  • 5:39 - 5:40
    rigoureux,
  • 5:40 - 5:43
    pertinent par rapport à
    la thématique de la revue,
  • 5:43 - 5:44
    il va être publié.
  • 5:44 - 5:45
    Sinon, il est rejeté,
  • 5:45 - 5:48
    ou il y a des allers-retours
    pour l'améliorer.
  • 5:48 - 5:51
    J'ai mis des guillemets
    autour de « publication »,
  • 5:51 - 5:54
    car normalement,
    ça veut dire « rendu public ».
  • 5:54 - 5:55
    On va voir que c'est compliqué
  • 5:55 - 5:58
    car c'est à cette étape
    qu'interviennent les maisons d'édition
  • 5:58 - 6:02
    qui demandent alors
    qu'on leur transfère
  • 6:02 - 6:03
    les droits d'auteur,
  • 6:03 - 6:05
    ou le copyright selon les législations,
  • 6:05 - 6:06
    de l'article
  • 6:06 - 6:09
    pour l'exploiter commercialement,
    en échange de quoi elles le distribuent.
  • 6:09 - 6:13
    On se retrouve donc avec de
    l'argent public qui finance la recherche,
  • 6:13 - 6:17
    une privatisation des résultats de
    la recherche - en échange de rien -
  • 6:17 - 6:19
    et de l'argent public qui
    rachète cette recherche-là.
  • 6:20 - 6:22
    C'est aussi de l'argent
    public qui l'a évaluée, etc.
  • 6:24 - 6:28
    Je parle beaucoup de recherche publique,
    il y a aussi de la recherche privée.
  • 6:28 - 6:31
    Mais la plupart du temps,
    dans le privé, on publie moins,
  • 6:31 - 6:35
    et en plus, par exemple, en France,
    via des mécanismes de crédit d'impôt,
  • 6:35 - 6:40
    la recherche industrielle est largement
    subventionnée par de l'argent public.
  • 6:42 - 6:44
    Juste quelques chiffres.
  • 6:44 - 6:46
    L'ENS, institution très petite en taille :
  • 6:48 - 6:50
    un million d'€ par an
    de dépenses documentaires
  • 6:50 - 6:53
    sachant qu'ils profitent très largement
    des accès du CNRS,
  • 6:53 - 6:56
    qui dépense annuellement
    un peu plus de 30 millions -
  • 6:56 - 6:58
    quasiment 40 millions cette année-là -
  • 6:59 - 7:04
    et profitent des accès des universités
    via des unités mixtes de recherche.
  • 7:04 - 7:08
    Par exemple, Jussieu, une fac à côté
    de l'ENS, juste pour Elsevier,
  • 7:08 - 7:12
    c'est un million d'euros par an juste
    pour un éditeur - un gros abonnement.
  • 7:12 - 7:15
    On peut s'intéresser aussi
    à l'évolution de ces prix.
  • 7:15 - 7:20
    Par exemple, à Télécom ParisTech où j'ai
    fait ma thèse, ça devenait trop cher :
  • 7:20 - 7:24
    on a réduit le nombre d'abonnements
    de revues au format papier
  • 7:24 - 7:25
    de plus de la moitié.
  • 7:25 - 7:30
    Mais, pour qu'on puisse travailler, on a
    pris un tiers d'abonnements web en plus.
  • 7:30 - 7:32
    On a réduit le nombre d'abonnements,
  • 7:32 - 7:35
    on télécharge juste
    les PDF quand on en a besoin -
  • 7:35 - 7:38
    on ne reçoit pas le papier par la poste -
  • 7:38 - 7:41
    donc ça devrait être moins cher.
    Que dalle ! Ça coûte plus cher.
  • 7:43 - 7:44
    Et pas qu'un peu.
  • 7:44 - 7:47
    Du coup, en écho à cette ruine
    des bibliothèques universitaires,
  • 7:47 - 7:50
    vous avez les profits du chef de file,
    Reed-Elsevier.
  • 7:50 - 7:53
    Les chiffres sont en milliards
    de dollars américains.
  • 7:54 - 7:58
    Vous voyez que le taux bénéfices sur
    chiffre d'affaires, il est monstrueux.
  • 7:58 - 7:59
    Comment on en est arrivé là ?
  • 7:59 - 8:01
    Pourquoi cette situation ?
  • 8:01 - 8:02
    Les éditeurs ont un rôle.
  • 8:02 - 8:04
    Historiquement,
  • 8:04 - 8:08
    [ils] étaient en charge de mettre
    en page des articles, de les distribuer,
  • 8:08 - 8:11
    évidemment, [ils] sont privées
    doivent gagner de l'argent,
  • 8:11 - 8:13
    et doivent faire connaître les chercheurs.
  • 8:14 - 8:19
    Mais quand la diffusion de la science
    s'est structurée autour de journaux -
  • 8:20 - 8:22
    au début ces journaux étaient
    détenus par les académies
  • 8:22 - 8:24
    et des associations savantes,
  • 8:24 - 8:28
    puis, il y a eu un besoin d'industrialiser
    la diffusion des journaux.
  • 8:28 - 8:31
    C'est là que les maisons
    d'édition sont entrées en jeu,
  • 8:31 - 8:34
    se sont concentrées
    et ont privatisé la recherche en disant :
  • 8:34 - 8:36
    « On prend le contrôle des journaux,
  • 8:37 - 8:40
    on demande les droits d'exploitation
    pour les distribuer. »
  • 8:40 - 8:44
    C'était un service dont on avait besoin
    car il n'y avait pas Internet à l'époque.
  • 8:45 - 8:47
    Ils faisaient aussi
    la mise en page des articles.
  • 8:47 - 8:52
    De plus en plus, la mise en page est
    faite par les chercheurs eux-mêmes,
  • 8:52 - 8:53
    ou les chercheuses elles-mêmes,
  • 8:53 - 8:58
    avec des outils comme LaTeX, des templates
    pour les traitements de texte.
  • 8:58 - 8:59
    Donc, ça, c'est fait par nous.
  • 8:59 - 9:02
    Distribuer le plus largement les articles,
  • 9:02 - 9:04
    ça, Internet le fait très bien.
  • 9:06 - 9:10
    Plus besoin de maisons d'édition apportant
    dans les BU du monde entier, les papiers.
  • 9:10 - 9:12
    Gagner de l'argent, on l'a vu ;
  • 9:12 - 9:16
    la question étant : est-ce légitime de
    se faire de l'argent sur la connaissance ?
  • 9:18 - 9:20
    Et puis, faire connaître les chercheurs,
  • 9:21 - 9:22
    rôle dont elles ont hérité
  • 9:22 - 9:25
    et dont elles sont dotées
    elles-mêmes aussi via la bibliométrie.
  • 9:25 - 9:28
    La bibliométrie, c'est l'idée
    qu'on va évaluer les chercheurs
  • 9:28 - 9:31
    de manière quantitative sur
    leur nombre de publications.
  • 9:31 - 9:33
    Il y a donc
    une incitation à la publication.
  • 9:33 - 9:37
    Et lorsque les maisons d'édition
    se sont appropriées les journaux,
  • 9:37 - 9:40
    les chercheurs ont perdu la maîtrise
    des moyens de production.
  • 9:40 - 9:42
    La bibliométrie est
    une méthode de management
  • 9:42 - 9:45
    où on leur fixe des objectifs
    qui vident le sens de ce qu'ils font.
  • 9:45 - 9:47
    L'objectif, quand on veut
    une carrière universitaire,
  • 9:47 - 9:51
    ça va être de faire une publication
    en plus et pas une découverte en plus.
  • 9:52 - 9:55
    Les outils de bibliométrie
    sont vendus par les maisons d'édition
  • 9:55 - 9:58
    et c'est elles qui font
    les SciVal, Scopus, etc.,
  • 9:58 - 10:01
    qu'elles vendent aussi très cher
    aux agences de moyens.
  • 10:01 - 10:03
    Je parle d'argent ;
    on est dans un pays riche,
  • 10:03 - 10:06
    donc on pourrait se dire :
    « On paye et ça va. »
  • 10:06 - 10:08
    Ce n'est pas vraiment
    le problème principal.
  • 10:08 - 10:10
    Le problème est l'accès citoyen,
  • 10:10 - 10:14
    l'égalité entre étudiants, chercheurs
    et universités dans le monde entier.
  • 10:14 - 10:17
    Évidemment, en France, on peut se le payer
  • 10:17 - 10:19
    mais il y a des pays
    où ce n'est pas le cas
  • 10:19 - 10:22
    et où donc on a des opportunités manquées,
    qui peuvent être colossales :
  • 10:22 - 10:25
    des chercheurs pourraient
    avoir des idées géniales
  • 10:25 - 10:28
    mais sans accès à l'état de l'art,
    ils ne peuvent pas.
  • 10:28 - 10:31
    On peut penser
    aussi à toutes les start-ups
  • 10:31 - 10:35
    qui pourraient profiter des résultats de
    la recherche mais qui n'y ont pas accès.
  • 10:35 - 10:39
    En réponse à ça, le libre accès
    se pose comme une solution :
  • 10:39 - 10:42
    on va mettre les résultats de la recherche
    en ligne accessibles gratuitement.
  • 10:42 - 10:46
    C'est une définition large, voire trop
    large, qui offre plusieurs options.
  • 10:46 - 10:48
    Je vais en présenter
    très rapidement trois.
  • 10:49 - 10:51
    1 : la voie verte, l'autoarchivage,
  • 10:51 - 10:56
    les chercheurs mettent eux-mêmes une copie
    de leur article sur des dépôts pérennes.
  • 10:56 - 10:57
    J'insiste sur ce mot :
  • 10:57 - 11:00
    Academia.edu, ResearchGate et tous
    ceux qui essayent de faire du business,
  • 11:00 - 11:02
    ça ne marche pas.
  • 11:03 - 11:07
    L'avantage, c'est que c'est parallèle
    au circuit traditionnel de publication.
  • 11:07 - 11:10
    On peut aussi mettre
    d'anciens articles en ligne.
  • 11:10 - 11:14
    et ça fait prendre conscience aux
    chercheurs de l'importance de tout ça.
  • 11:14 - 11:16
    Ensuite, on a la voie dorée.
  • 11:16 - 11:17
    Doré, c'est censé être bien :
  • 11:17 - 11:20
    « On va publier
    directement en libre accès. »
  • 11:20 - 11:23
    Sauf que les maisons d'édition
    s'en sont emparées
  • 11:23 - 11:26
    et ont dit : « Pas de problème,
    mais on paye pour publier. »
  • 11:26 - 11:30
    Ça coûterait trop cher au CNRS ou à ceux
    qui produisent beaucoup d'articles,
  • 11:30 - 11:33
    ils ne pourraient pas survivre
    plus d'un an à ce modèle -
  • 11:33 - 11:37
    publier, ça coûte plusieurs milliers
    de dollars en général.
  • 11:38 - 11:40
    En plus, on peut
    légitimement se demander :
  • 11:40 - 11:43
    « Est-ce que c'est normal
    que l'argent entre en compte
  • 11:43 - 11:46
    pour savoir en science ce que
    l'on doit publier ou pas ? »
  • 11:47 - 11:48
    Il y a une 3e voie,
  • 11:48 - 11:51
    celle que je viens défendre :
    la voie diamant,
  • 11:51 - 11:53
    Platinum ou « fair open access ».
  • 11:53 - 11:54
    L'idée ici -
  • 11:54 - 11:59
    je reviens sur ce dont je vous parlais -
    c'est de faire de la recherche un commun.
  • 11:59 - 12:03
    L'idée est d'aller vers une abolition de
    la propriété lucrative de la connaissance.
  • 12:03 - 12:06
    Il n'y a aucune raison que la
    connaissance soit une propriété privée
  • 12:07 - 12:08
    avec laquelle faire de l'argent.
  • 12:08 - 12:11
    Les chercheurs se réapproprient
    leur moyen de production principal,
  • 12:11 - 12:16
    le moyen de diffusion de leur savoir,
    sur lequel ils peuvent construire.
  • 12:16 - 12:17
    Faisons l'exercice.
  • 12:17 - 12:18
    Quelle est la ressource ?
  • 12:18 - 12:22
    Ce sont les résultats de la recherche,
    articles, données, logiciels, etc.
  • 12:22 - 12:25
    Le mode d'accès,
    les règles de partage : via Internet.
  • 12:25 - 12:28
    C'est universel,
    le mieux qu'on puisse faire.
  • 12:28 - 12:30
    Il reste les barrières
    de la langue, de l'accès,
  • 12:30 - 12:32
    mais, à date, on n'a pas mieux.
  • 12:32 - 12:34
    Utilisation de logiciels libres.
  • 12:34 - 12:38
    Évidemment. Ça ne sert à rien de sortir
    d'une cage pour rentrer dans une autre.
  • 12:38 - 12:39
    Et la gouvernance ?
  • 12:39 - 12:43
    L'idée serait que les auteurs conservent
    leurs droits d'auteurs et leur copyright,
  • 12:43 - 12:46
    et que les comités éditoriaux
    aient d'une existence légale -
  • 12:46 - 12:47
    ce n'est pas le cas actuellement -
  • 12:47 - 12:49
    et possèdent leur revue.
  • 12:49 - 12:50
    Pourquoi conserver son copyright ?
  • 12:50 - 12:53
    Parce que l'intérêt d'un auteur
    d'un article, c'est d'être lu.
  • 12:53 - 12:57
    Et donc ses intérêts sont alignés
    avec ceux du reste de la population,
  • 12:57 - 13:00
    c'est-à-dire que son article
    soit le plus accessible possible.
  • 13:00 - 13:02
    C'est une idée réaliste au coût quasi nul.
  • 13:02 - 13:03
    Pourquoi ?
  • 13:03 - 13:04
    Les infrastructures sont là,
  • 13:04 - 13:07
    des dépôts institutionnels
    et disciplinaires marchent déjà,
  • 13:07 - 13:10
    où on peut mettre les articles,
    les données et les logiciels.
  • 13:10 - 13:13
    On a déjà des logiciels libres
    de revue par les pairs,
  • 13:13 - 13:15
    d'organisation de journaux –
  • 13:15 - 13:18
    je cite HotCRP pour les conférences
    et Open Journal System pour les journaux.
  • 13:18 - 13:20
    Le cadre légal, il existe :
  • 13:20 - 13:21
    les licences Creative Commons
  • 13:21 - 13:23
    telles qu'utilisées par Wikipédia,
  • 13:23 - 13:26
    dont Creative Commons Attribution
    qui correspond à la recherche :
  • 13:26 - 13:31
    on cite les blocs sur lesquels on se base
    pour faire notre recherche.
  • 13:31 - 13:37
    Des associations de comités éditoriaux
    existent, reconnues internationalement.
  • 13:37 - 13:39
    Ces choses sont déjà dans les pratiques.
  • 13:39 - 13:40
    Très rapidement, une épi-revue,
  • 13:40 - 13:43
    c'est exactement comme
    un journal classique,
  • 13:43 - 13:47
    sauf que plutôt que de publier un volume
    à la fin en papier ou en PDF sur Internet,
  • 13:47 - 13:51
    on publie une page avec une liste de liens
    vers les versions acceptées des articles.
  • 13:52 - 13:54
    Et sinon, tout se passe
    exactement comme avant.
  • 13:54 - 13:58
    On n'a plus la variable « maison
    d'édition » qui rentre en compte.
  • 13:58 - 14:00
    Tout le reste est
    exactement comme avant.
  • 14:00 - 14:02
    On peut dépasser les modèles actuels
  • 14:02 - 14:05
    avec l'évaluation ouverte,
    où l'unité est l'article
  • 14:05 - 14:08
    et il serait accompagné de
    ces revues qui seraient signées.
  • 14:08 - 14:11
    Ça demande un peu de changement
    de mentalité, de mœurs, etc.,
  • 14:11 - 14:13
    mais on peut imaginer
    aller plus loin comme ça.
  • 14:13 - 14:16
    (Applaudissements)
Title:
Le libre accès à la recherche scientifique, commun de l'humanité | Pablo RAUZY | TEDxClermontSalon
Description:

Pablo explique la dérive des publications scientifiques et la dictature de la bibliométrie dans le monde de la recherche. Il dénonce l'appropriation privée par les éditeurs de publication des résultats de la recherche publique. Il plaide pour la mise à disposition en accès libre et illimité sur Internet des publications scientifiques sans restriction de paiement et sans abonnement.

Pablo est maître de conférences en informatique à l'Université Paris 8 où il enseigne la sécurité et membre du Laboratoire LIASD en sécurité et protection de la vie privée. Il était chercheur post-doctoral à l'Inria, a fait son doctorat à Telecom ParisTech et a étudié l'informatique à l'École Normale Supérieure (ENS) d'Ulm. Il est un fervent partisan du logiciel libre, de la culture libre et du mouvement d’Open Access en particulier. Il est membre de la Free Software Foundation.

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Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus : http://ted.com/tedx

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Video Language:
French
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
14:39

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