Le libre accès à la recherche scientifique, commun de l'humanité | Pablo RAUZY | TEDxClermontSalon
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0:10 - 0:13Faire de la science de manière ouverte,
c'est plus efficace. -
0:13 - 0:15C'est comme ça
que devrait être la science. -
0:15 - 0:17C'est comme ça qu'elle était à la base.
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0:17 - 0:20Depuis quelques années,
il y a un mouvement pour le libre accès. -
0:20 - 0:22On y va inexorablement.
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0:22 - 0:23La question, c'est : « Comment ? »
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0:23 - 0:25Je vais vous parler de communs.
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0:25 - 0:26C'est quoi ?
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0:26 - 0:28C'est trois choses :
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0:28 - 0:31c'est une ressource qui peut
être matérielle ou immatérielle, -
0:31 - 0:33un mode d'accès et ses règles de partage,
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0:33 - 0:35et la gouvernance de cette ressource.
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0:35 - 0:38Le but de la gouvernance d'une ressource,
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0:38 - 0:39d'un commun,
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0:39 - 0:42c'est d'essayer de conserver le commun,
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0:42 - 0:44de le rendre pérenne
et de garder son existence. -
0:45 - 0:48C'est un peu abstrait,
donc je vais présenter un exemple : -
0:48 - 0:49le verger d'un village.
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0:50 - 0:52La ressource, c'est des pommes.
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0:54 - 0:57Le mode d'accès : on cueille dans l'arbre,
chacun peut aller se servir. -
0:57 - 1:01Les règles : on ne va pouvoir prendre que
deux pommes par personne et par semaine, -
1:01 - 1:06et quand on y va, on arrose, on enlève
les mauvaises herbes, on participe, -
1:06 - 1:07ça fait une balade et voilà.
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1:07 - 1:11Et la gouvernance peut être assurée
par une association, le conseil municipal, -
1:11 - 1:13pour qu'il n'y ait pas de triche.
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1:13 - 1:15Ça, c'est un commun matériel.
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1:15 - 1:18Donc, si je prends une pomme
dans l'arbre, elle n'y est plus. -
1:18 - 1:20Parlons d'un autre commun, immatériel,
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1:20 - 1:22que vous
connaissez déjà tous et toutes, -
1:22 - 1:23c'est Wikipédia.
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1:23 - 1:26La ressource est immatérielle,
c'est du savoir encyclopédique. -
1:27 - 1:29Le mode d'accès, c'est Internet ;
on y accède par copie. -
1:29 - 1:31Quand je vais chercher
une page sur Wikipédia, -
1:32 - 1:36je la récupère mais elle reste sur le site
pour qu'un d'autre puisse la prendre. -
1:36 - 1:37Et les règles ?
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1:37 - 1:41Il y en a une très formelle :
la licence Creative Commons. -
1:41 - 1:44Vous récupérez le contenu,
vous pouvez en faire ce que vous voulez, -
1:44 - 1:47le réutiliser, le remixer, le traduire,
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1:47 - 1:51à condition que vous citiez que ça vient
de Wikipédia quand vous le redistribuez. -
1:51 - 1:54La gouvernance de Wikipédia est complexe.
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1:54 - 1:56Il y a d'abord la fondation Wikimédia
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1:56 - 2:00qui essaye d'assurer – vous avez tous déjà
vu les campagnes de dons, par exemple – -
2:00 - 2:04les ressources en termes de serveurs,
de bande passante, le réseau, etc. -
2:04 - 2:07Ensuite, chaque encyclopédie –
elles sont par langue – -
2:07 - 2:09se gère de manière autonome
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2:09 - 2:12au niveau de ses représentants,
administrateurs, modérateurs. -
2:12 - 2:14Donc elles vont collectivement
définir des rôles. -
2:14 - 2:16Comment les gens sont élus ?
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2:16 - 2:19Combien de temps ils restent en poste ?
Quels sont leurs pouvoirs ? etc. -
2:20 - 2:22Puis une gouvernance
encore plus décentralisée, -
2:22 - 2:24par exemple, contre le vandalisme :
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2:24 - 2:28quand on va sur une page Wikipédia,
on peut corriger des erreurs -
2:28 - 2:31et chaque article a une page
qui permet de discuter de : -
2:31 - 2:35« Cette page mérite-t-elle d'y être ? »
« Quel doit être son contenu ? » etc. -
2:35 - 2:38La gouvernance est assurée comme ça.
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2:40 - 2:42Il existe une « tragédie des communs ».
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2:42 - 2:44Un tricheur, dans ce système,
est toujours gagnant. -
2:44 - 2:46Si je reprends l'exemple du verger,
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2:46 - 2:50si quelqu'un qui a besoin de se chauffer
vient et coupe du bois, -
2:50 - 2:51le commun meurt.
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2:53 - 2:55La gouvernance est donc
particulièrement importante. -
2:55 - 2:57On peut aussi imaginer
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2:57 - 3:00quelqu'un qui prend toutes les pommes
pour faire de la compote. -
3:00 - 3:02Il y a plein de situations envisageables.
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3:02 - 3:06C'est très facile d'imaginer comment
faire mourir un commun matériel. -
3:06 - 3:09Pour un commun immatériel,
ça peut paraître moins évident. -
3:09 - 3:10Et pourtant c'est possible.
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3:10 - 3:13Je vais vous présenter
un univers alternatif : -
3:13 - 3:14un autre Wikipédia.
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3:14 - 3:18Vous avez vu, j'ai changé le logo, j'ai
mis un « € », vous allez voir pourquoi. -
3:18 - 3:23C'est un autre univers où l'on peut
tous et toutes rédiger des articles -
3:23 - 3:25comme sur le Wikipédia actuel,
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3:25 - 3:29mais on a un devoir de citoyen de corriger
les articles si on voit des erreurs. -
3:29 - 3:30Pas toujours,
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3:30 - 3:34mais ça fait partie de notre rôle, on est
censé de temps en temps participer à ça. -
3:35 - 3:37Quand on veut accéder à un article,
on doit le payer. -
3:38 - 3:41On peut penser : « 30€ n'est pas trop cher
vu la qualité des articles. » -
3:41 - 3:45Il y en a aussi qu'on aurait bien voir
avant de payer trente euros. -
3:45 - 3:48Le principal problème est que,
pour comprendre un article, -
3:48 - 3:52il faut aussi comprendre les articles
sur les concepts qu'il utilise, -
3:52 - 3:54donc on va devoir en payer plein.
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3:54 - 3:56Ne vous inquiétez pas,
ce n'est pas des escrocs. -
3:56 - 3:57Il y a des abonnements.
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3:58 - 3:59Pourquoi est-ce possible ?
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4:00 - 4:03Ça pourrait vraiment se passer
comme ça, pourquoi ? -
4:03 - 4:07À cause de la propriété intellectuelle
(PI), et notamment, la PI lucrative. -
4:07 - 4:11Elle permet une appropriation
privée d'un travail collectif, -
4:12 - 4:14et, ainsi, de créer
artificiellement de la rareté, -
4:14 - 4:16et donc de retomber sur une économie
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4:16 - 4:19où quand je le vends un bien
à quelqu'un, je ne l'ai plus. -
4:19 - 4:21Eh bien, la recherche fonctionne comme ça,
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4:21 - 4:24dans notre vrai monde,
pas dans l'univers alternatif. -
4:25 - 4:26C'est un vrai problème.
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4:26 - 4:29Comme tous ici ne connaissent pas
le fonctionnement de la recherche, -
4:29 - 4:32je vais essayer très rapidement
d'expliquer comment ça marche. -
4:32 - 4:35C'est un fonctionnement très global.
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4:35 - 4:39Dans chaque domaine particulier, il y
a des petites différences évidemment. -
4:39 - 4:42Mais en gros, on commence
par rechercher une question. -
4:44 - 4:471e étape, ça suppose
un accès à l'état de l'art -
4:47 - 4:48et l'idée est de se dire :
-
4:48 - 4:52« Quelle va être la bonne prochaine
étape pour faire avancer notre domaine ? » -
4:53 - 4:56Ça suppose de connaître notre état
de l'art et l'état des domaines voisins, -
4:56 - 4:58et donc qu'on ait accès
aux articles notamment. -
4:59 - 5:01Ensuite, on fait de la recherche.
-
5:01 - 5:04Collecter des données,
les analyser, créer du logiciel, -
5:04 - 5:06ça peut être plein de choses.
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5:06 - 5:08Et un jour, on a des résultats.
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5:08 - 5:10Que ce soit ceux qu'on
attendait ou non, on en a. -
5:10 - 5:15Quand on veut communiquer ces résultats,
on rédige un article de recherche, -
5:16 - 5:19qu'on le soumet à une revue,
une conférence, un journal. -
5:19 - 5:21Je vais dire « revue » par la suite,
c'est plus simple. -
5:22 - 5:24Soumettre à une revue, c'est quoi ?
-
5:24 - 5:28C'est un ensemble d'autres chercheurs
dans notre domaine -
5:28 - 5:29qui vont récupérer l'article,
-
5:30 - 5:32soit l'évaluer eux-mêmes,
-
5:32 - 5:35soit l'envoyer à évaluer à des gens
qui sont plus experts qu'eux du domaine, -
5:36 - 5:38et si cet article est jugé
comme étant assez novateur, -
5:39 - 5:40rigoureux,
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5:40 - 5:43pertinent par rapport à
la thématique de la revue, -
5:43 - 5:44il va être publié.
-
5:44 - 5:45Sinon, il est rejeté,
-
5:45 - 5:48ou il y a des allers-retours
pour l'améliorer. -
5:48 - 5:51J'ai mis des guillemets
autour de « publication », -
5:51 - 5:54car normalement,
ça veut dire « rendu public ». -
5:54 - 5:55On va voir que c'est compliqué
-
5:55 - 5:58car c'est à cette étape
qu'interviennent les maisons d'édition -
5:58 - 6:02qui demandent alors
qu'on leur transfère -
6:02 - 6:03les droits d'auteur,
-
6:03 - 6:05ou le copyright selon les législations,
-
6:05 - 6:06de l'article
-
6:06 - 6:09pour l'exploiter commercialement,
en échange de quoi elles le distribuent. -
6:09 - 6:13On se retrouve donc avec de
l'argent public qui finance la recherche, -
6:13 - 6:17une privatisation des résultats de
la recherche - en échange de rien - -
6:17 - 6:19et de l'argent public qui
rachète cette recherche-là. -
6:20 - 6:22C'est aussi de l'argent
public qui l'a évaluée, etc. -
6:24 - 6:28Je parle beaucoup de recherche publique,
il y a aussi de la recherche privée. -
6:28 - 6:31Mais la plupart du temps,
dans le privé, on publie moins, -
6:31 - 6:35et en plus, par exemple, en France,
via des mécanismes de crédit d'impôt, -
6:35 - 6:40la recherche industrielle est largement
subventionnée par de l'argent public. -
6:42 - 6:44Juste quelques chiffres.
-
6:44 - 6:46L'ENS, institution très petite en taille :
-
6:48 - 6:50un million d'€ par an
de dépenses documentaires -
6:50 - 6:53sachant qu'ils profitent très largement
des accès du CNRS, -
6:53 - 6:56qui dépense annuellement
un peu plus de 30 millions - -
6:56 - 6:58quasiment 40 millions cette année-là -
-
6:59 - 7:04et profitent des accès des universités
via des unités mixtes de recherche. -
7:04 - 7:08Par exemple, Jussieu, une fac à côté
de l'ENS, juste pour Elsevier, -
7:08 - 7:12c'est un million d'euros par an juste
pour un éditeur - un gros abonnement. -
7:12 - 7:15On peut s'intéresser aussi
à l'évolution de ces prix. -
7:15 - 7:20Par exemple, à Télécom ParisTech où j'ai
fait ma thèse, ça devenait trop cher : -
7:20 - 7:24on a réduit le nombre d'abonnements
de revues au format papier -
7:24 - 7:25de plus de la moitié.
-
7:25 - 7:30Mais, pour qu'on puisse travailler, on a
pris un tiers d'abonnements web en plus. -
7:30 - 7:32On a réduit le nombre d'abonnements,
-
7:32 - 7:35on télécharge juste
les PDF quand on en a besoin - -
7:35 - 7:38on ne reçoit pas le papier par la poste -
-
7:38 - 7:41donc ça devrait être moins cher.
Que dalle ! Ça coûte plus cher. -
7:43 - 7:44Et pas qu'un peu.
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7:44 - 7:47Du coup, en écho à cette ruine
des bibliothèques universitaires, -
7:47 - 7:50vous avez les profits du chef de file,
Reed-Elsevier. -
7:50 - 7:53Les chiffres sont en milliards
de dollars américains. -
7:54 - 7:58Vous voyez que le taux bénéfices sur
chiffre d'affaires, il est monstrueux. -
7:58 - 7:59Comment on en est arrivé là ?
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7:59 - 8:01Pourquoi cette situation ?
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8:01 - 8:02Les éditeurs ont un rôle.
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8:02 - 8:04Historiquement,
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8:04 - 8:08[ils] étaient en charge de mettre
en page des articles, de les distribuer, -
8:08 - 8:11évidemment, [ils] sont privées
doivent gagner de l'argent, -
8:11 - 8:13et doivent faire connaître les chercheurs.
-
8:14 - 8:19Mais quand la diffusion de la science
s'est structurée autour de journaux - -
8:20 - 8:22au début ces journaux étaient
détenus par les académies -
8:22 - 8:24et des associations savantes,
-
8:24 - 8:28puis, il y a eu un besoin d'industrialiser
la diffusion des journaux. -
8:28 - 8:31C'est là que les maisons
d'édition sont entrées en jeu, -
8:31 - 8:34se sont concentrées
et ont privatisé la recherche en disant : -
8:34 - 8:36« On prend le contrôle des journaux,
-
8:37 - 8:40on demande les droits d'exploitation
pour les distribuer. » -
8:40 - 8:44C'était un service dont on avait besoin
car il n'y avait pas Internet à l'époque. -
8:45 - 8:47Ils faisaient aussi
la mise en page des articles. -
8:47 - 8:52De plus en plus, la mise en page est
faite par les chercheurs eux-mêmes, -
8:52 - 8:53ou les chercheuses elles-mêmes,
-
8:53 - 8:58avec des outils comme LaTeX, des templates
pour les traitements de texte. -
8:58 - 8:59Donc, ça, c'est fait par nous.
-
8:59 - 9:02Distribuer le plus largement les articles,
-
9:02 - 9:04ça, Internet le fait très bien.
-
9:06 - 9:10Plus besoin de maisons d'édition apportant
dans les BU du monde entier, les papiers. -
9:10 - 9:12Gagner de l'argent, on l'a vu ;
-
9:12 - 9:16la question étant : est-ce légitime de
se faire de l'argent sur la connaissance ? -
9:18 - 9:20Et puis, faire connaître les chercheurs,
-
9:21 - 9:22rôle dont elles ont hérité
-
9:22 - 9:25et dont elles sont dotées
elles-mêmes aussi via la bibliométrie. -
9:25 - 9:28La bibliométrie, c'est l'idée
qu'on va évaluer les chercheurs -
9:28 - 9:31de manière quantitative sur
leur nombre de publications. -
9:31 - 9:33Il y a donc
une incitation à la publication. -
9:33 - 9:37Et lorsque les maisons d'édition
se sont appropriées les journaux, -
9:37 - 9:40les chercheurs ont perdu la maîtrise
des moyens de production. -
9:40 - 9:42La bibliométrie est
une méthode de management -
9:42 - 9:45où on leur fixe des objectifs
qui vident le sens de ce qu'ils font. -
9:45 - 9:47L'objectif, quand on veut
une carrière universitaire, -
9:47 - 9:51ça va être de faire une publication
en plus et pas une découverte en plus. -
9:52 - 9:55Les outils de bibliométrie
sont vendus par les maisons d'édition -
9:55 - 9:58et c'est elles qui font
les SciVal, Scopus, etc., -
9:58 - 10:01qu'elles vendent aussi très cher
aux agences de moyens. -
10:01 - 10:03Je parle d'argent ;
on est dans un pays riche, -
10:03 - 10:06donc on pourrait se dire :
« On paye et ça va. » -
10:06 - 10:08Ce n'est pas vraiment
le problème principal. -
10:08 - 10:10Le problème est l'accès citoyen,
-
10:10 - 10:14l'égalité entre étudiants, chercheurs
et universités dans le monde entier. -
10:14 - 10:17Évidemment, en France, on peut se le payer
-
10:17 - 10:19mais il y a des pays
où ce n'est pas le cas -
10:19 - 10:22et où donc on a des opportunités manquées,
qui peuvent être colossales : -
10:22 - 10:25des chercheurs pourraient
avoir des idées géniales -
10:25 - 10:28mais sans accès à l'état de l'art,
ils ne peuvent pas. -
10:28 - 10:31On peut penser
aussi à toutes les start-ups -
10:31 - 10:35qui pourraient profiter des résultats de
la recherche mais qui n'y ont pas accès. -
10:35 - 10:39En réponse à ça, le libre accès
se pose comme une solution : -
10:39 - 10:42on va mettre les résultats de la recherche
en ligne accessibles gratuitement. -
10:42 - 10:46C'est une définition large, voire trop
large, qui offre plusieurs options. -
10:46 - 10:48Je vais en présenter
très rapidement trois. -
10:49 - 10:511 : la voie verte, l'autoarchivage,
-
10:51 - 10:56les chercheurs mettent eux-mêmes une copie
de leur article sur des dépôts pérennes. -
10:56 - 10:57J'insiste sur ce mot :
-
10:57 - 11:00Academia.edu, ResearchGate et tous
ceux qui essayent de faire du business, -
11:00 - 11:02ça ne marche pas.
-
11:03 - 11:07L'avantage, c'est que c'est parallèle
au circuit traditionnel de publication. -
11:07 - 11:10On peut aussi mettre
d'anciens articles en ligne. -
11:10 - 11:14et ça fait prendre conscience aux
chercheurs de l'importance de tout ça. -
11:14 - 11:16Ensuite, on a la voie dorée.
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11:16 - 11:17Doré, c'est censé être bien :
-
11:17 - 11:20« On va publier
directement en libre accès. » -
11:20 - 11:23Sauf que les maisons d'édition
s'en sont emparées -
11:23 - 11:26et ont dit : « Pas de problème,
mais on paye pour publier. » -
11:26 - 11:30Ça coûterait trop cher au CNRS ou à ceux
qui produisent beaucoup d'articles, -
11:30 - 11:33ils ne pourraient pas survivre
plus d'un an à ce modèle - -
11:33 - 11:37publier, ça coûte plusieurs milliers
de dollars en général. -
11:38 - 11:40En plus, on peut
légitimement se demander : -
11:40 - 11:43« Est-ce que c'est normal
que l'argent entre en compte -
11:43 - 11:46pour savoir en science ce que
l'on doit publier ou pas ? » -
11:47 - 11:48Il y a une 3e voie,
-
11:48 - 11:51celle que je viens défendre :
la voie diamant, -
11:51 - 11:53Platinum ou « fair open access ».
-
11:53 - 11:54L'idée ici -
-
11:54 - 11:59je reviens sur ce dont je vous parlais -
c'est de faire de la recherche un commun. -
11:59 - 12:03L'idée est d'aller vers une abolition de
la propriété lucrative de la connaissance. -
12:03 - 12:06Il n'y a aucune raison que la
connaissance soit une propriété privée -
12:07 - 12:08avec laquelle faire de l'argent.
-
12:08 - 12:11Les chercheurs se réapproprient
leur moyen de production principal, -
12:11 - 12:16le moyen de diffusion de leur savoir,
sur lequel ils peuvent construire. -
12:16 - 12:17Faisons l'exercice.
-
12:17 - 12:18Quelle est la ressource ?
-
12:18 - 12:22Ce sont les résultats de la recherche,
articles, données, logiciels, etc. -
12:22 - 12:25Le mode d'accès,
les règles de partage : via Internet. -
12:25 - 12:28C'est universel,
le mieux qu'on puisse faire. -
12:28 - 12:30Il reste les barrières
de la langue, de l'accès, -
12:30 - 12:32mais, à date, on n'a pas mieux.
-
12:32 - 12:34Utilisation de logiciels libres.
-
12:34 - 12:38Évidemment. Ça ne sert à rien de sortir
d'une cage pour rentrer dans une autre. -
12:38 - 12:39Et la gouvernance ?
-
12:39 - 12:43L'idée serait que les auteurs conservent
leurs droits d'auteurs et leur copyright, -
12:43 - 12:46et que les comités éditoriaux
aient d'une existence légale - -
12:46 - 12:47ce n'est pas le cas actuellement -
-
12:47 - 12:49et possèdent leur revue.
-
12:49 - 12:50Pourquoi conserver son copyright ?
-
12:50 - 12:53Parce que l'intérêt d'un auteur
d'un article, c'est d'être lu. -
12:53 - 12:57Et donc ses intérêts sont alignés
avec ceux du reste de la population, -
12:57 - 13:00c'est-à-dire que son article
soit le plus accessible possible. -
13:00 - 13:02C'est une idée réaliste au coût quasi nul.
-
13:02 - 13:03Pourquoi ?
-
13:03 - 13:04Les infrastructures sont là,
-
13:04 - 13:07des dépôts institutionnels
et disciplinaires marchent déjà, -
13:07 - 13:10où on peut mettre les articles,
les données et les logiciels. -
13:10 - 13:13On a déjà des logiciels libres
de revue par les pairs, -
13:13 - 13:15d'organisation de journaux –
-
13:15 - 13:18je cite HotCRP pour les conférences
et Open Journal System pour les journaux. -
13:18 - 13:20Le cadre légal, il existe :
-
13:20 - 13:21les licences Creative Commons
-
13:21 - 13:23telles qu'utilisées par Wikipédia,
-
13:23 - 13:26dont Creative Commons Attribution
qui correspond à la recherche : -
13:26 - 13:31on cite les blocs sur lesquels on se base
pour faire notre recherche. -
13:31 - 13:37Des associations de comités éditoriaux
existent, reconnues internationalement. -
13:37 - 13:39Ces choses sont déjà dans les pratiques.
-
13:39 - 13:40Très rapidement, une épi-revue,
-
13:40 - 13:43c'est exactement comme
un journal classique, -
13:43 - 13:47sauf que plutôt que de publier un volume
à la fin en papier ou en PDF sur Internet, -
13:47 - 13:51on publie une page avec une liste de liens
vers les versions acceptées des articles. -
13:52 - 13:54Et sinon, tout se passe
exactement comme avant. -
13:54 - 13:58On n'a plus la variable « maison
d'édition » qui rentre en compte. -
13:58 - 14:00Tout le reste est
exactement comme avant. -
14:00 - 14:02On peut dépasser les modèles actuels
-
14:02 - 14:05avec l'évaluation ouverte,
où l'unité est l'article -
14:05 - 14:08et il serait accompagné de
ces revues qui seraient signées. -
14:08 - 14:11Ça demande un peu de changement
de mentalité, de mœurs, etc., -
14:11 - 14:13mais on peut imaginer
aller plus loin comme ça. -
14:13 - 14:16(Applaudissements)
- Title:
- Le libre accès à la recherche scientifique, commun de l'humanité | Pablo RAUZY | TEDxClermontSalon
- Description:
-
Pablo explique la dérive des publications scientifiques et la dictature de la bibliométrie dans le monde de la recherche. Il dénonce l'appropriation privée par les éditeurs de publication des résultats de la recherche publique. Il plaide pour la mise à disposition en accès libre et illimité sur Internet des publications scientifiques sans restriction de paiement et sans abonnement.
Pablo est maître de conférences en informatique à l'Université Paris 8 où il enseigne la sécurité et membre du Laboratoire LIASD en sécurité et protection de la vie privée. Il était chercheur post-doctoral à l'Inria, a fait son doctorat à Telecom ParisTech et a étudié l'informatique à l'École Normale Supérieure (ENS) d'Ulm. Il est un fervent partisan du logiciel libre, de la culture libre et du mouvement d’Open Access en particulier. Il est membre de la Free Software Foundation.
Plus d'interventions sur :
http://tedxclermont.fr/Rejoignez-nous sur les réseaux sociaux :
https://www.facebook.com/TEDxClermont
https://twitter.com/TEDxClermontCette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus : http://ted.com/tedx
- Video Language:
- French
- Team:
- closed TED
- Project:
- TEDxTalks
- Duration:
- 14:39