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La vie est-t-elle vide de sens ? Et d'autres questions absurdes - Nina Medvinskaya

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    Albert Camus a grandi dans la violence.
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    L'Algérie, son pays, était déchirée par la
    guerre entre les nationalistes algériens
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    et la colonie française.
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    Il a perdu son père
    lors de la guerre 14-18
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    et a été jugé inapte au combat
    lors de la guerre 40-45.
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    Luttant contre la tuberculose en France
    et faisant face aux ravages de la guerre
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    lorsqu'il travaille comme journaliste,
    Camus tombe dans le désarroi.
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    Il ne pouvait trouver de sens à ce
    carnage et cette souffrance interminables.
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    Il s'interrogea :
    si le monde n'avait pas de sens,
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    nos vies auraient-elles encore
    de la valeur ?
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    Plusieurs de ses contemporains
    exploraient les mêmes réflexions
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    au nom d'un nouveau courant philosophique,
    l'existentialisme.
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    Selon les existentialistes, les hommes
    seraient nés avec un avenir vierge,
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    et devraient eux-mêmes donner
    un sens à la vie dans ce monde chaotique.
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    Mais Camus rejetait
    la pensée des existentialistes.
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    Il soutenait que tous les hommes
    partageaient la même condition humaine
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    qui les unissait à des objectifs communs.
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    Par exemple, trouver un sens à la vie
    malgré la cruauté arbitraire du monde.
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    Camus voyait la quête de sens
    et l'indifférence silencieuse de l'univers
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    comme deux choses incompatibles,
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    et il considérait qu'il était absurde
    d'essayer de les concilier.
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    Cette tension est devenue le cœur de
    la philosophie de l'absurde chez Camus,
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    selon laquelle la vie était
    fondamentalement vaine.
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    Comment vivre si la vie n'a pas de sens
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    est devenue le fil conducteur
    de la première partie de son œuvre
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    qu'il a appelée « le cycle de l'absurde ».
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    Le premier roman de Camus,
    qui est aussi le plus connu,
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    propose une réponse assez sombre.
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    « L'Étranger » suit Meursault,
    un jeune homme émotionnellement détaché,
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    qui ne trouve pas tellement de sens
    à quoi que ce soit.
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    Il ne pleure pas à l'enterrement
    de sa mère,
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    il aide son voisin à humilier une femme,
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    et commet même un crime,
    mais n'éprouve aucun remords.
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    Pour lui, le monde n'a aucun sens
    et le jugement moral n'a pas lieu d'être.
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    Cet état d'esprit crée une hostilité
    entre Meursault
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    et la société dans laquelle il vit,
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    ce qui augmente lentement son aliénation
    jusqu'au point culminant du roman.
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    Contrairement à son personnage, Camus fut
    reconnu et renommé pour sa pensée.
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    « L'Étranger » l'a propulsé sur le devant
    de la scène,
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    et il a continué à produire des écrits
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    sur le sens de la vie
    dans un monde inintelligible,
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    dont la plupart revenaient toujours
    à la même question existentielle :
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    si la vie est vraiment dépourvue de sens,
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    le suicide est-il la seule
    solution raisonnable ?
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    Camus répondit catégoriquement « non ».
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    Il n'y a peut-être aucune explication
    à l'injustice de notre monde,
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    mais faire le choix de vivre malgré tout
    est l'expression la plus profonde
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    de notre grande liberté.
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    Camus explique cela dans l'un
    de ses plus célèbres essais
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    axé sur le mythe de Sisyphe dans la
    mythologie grecque.
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    Sisyphe était un roi
    qui avait trahi les dieux,
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    et avait été condamné à éternellement
    rouler un rocher en haut d'une montagne.
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    La cruauté de ce châtiment
    repose sur sa futilité singulière,
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    mais Camus estime que l'humanité entière
    est dans le même cas que Sisyphe.
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    Et ce n'est que lorsque nous acceptons
    l'insignifiance de notre vie
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    que nous pouvons faire face à l'absurdité
    en gardant la tête haute.
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    Comme le dit Camus, lorsque le roi choisit
    de recommencer sa tâche sans fin,
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    « Il faut imaginer Sisyphe heureux. »
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    Les contemporains de Camus n'étaient pas
    aussi ouverts à l'absurdité.
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    Nombre d'existentialistes plaidaient
    en faveur d'une révolte violente
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    pour renverser les systèmes qui privaient
    les gens de pouvoir et de but.
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    La réponse de Camus fut la deuxième partie
    de son oeuvre : le cycle de la révolte.
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    Dans « L'Homme révolté », il explore la
    rébellion en tant qu'acte créatif
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    plutôt qu'en tant qu'acte destructeur.
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    Camus croyait que
    l'inversion du rapport de force
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    ne menait qu'à un
    cycle de violence sans fin.
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    Au lieu de cela, le moyen d'éviter
    des effusions de sang inutiles
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    est de proposer une compréhension publique
    de notre condition humaine commune.
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    Ironiquement, c'est ce cycle d'idées
    plutôt pacifiques
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    qui lui valut des disputes avec nombre
    de ses collègues écrivains et philosophes.
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    Malgré la controverse,
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    Camus a commencé à écrire l'un de ses
    romans les plus longs et personnels :
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    une autobiographie
    intitulée « Le Premier Homme. »
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    Ce roman devait être le premier d'un
    troisième cycle plus optimiste :
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    le cycle de l'amour.
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    Mais, en 1960, Camus décède
    dans un accident de voiture
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    qui ne peut être qualifié que d'insensé
    et absurde.
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    Même si le cycle de l'amour
    n'a jamais vu le jour,
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    le cycle de la révolte et de l'absurde
    résonnent encore auprès des lecteurs.
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    Son concept de l'absurde fait partie
    de la littérature mondiale,
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    de la philosophie du 20e siècle
    et même de la pop culture.
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    Aujourd'hui, Camus reste un guide de
    confiance dans les moments d'incertitude ;
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    ses idées ayant
    imprégné le monde d'inspiration
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    plutôt que de pessimisme.
Title:
La vie est-t-elle vide de sens ? Et d'autres questions absurdes - Nina Medvinskaya
Speaker:
Nina Medvinskaya
Description:

Albert Camus a grandi dans la violence. Son pays natal, l'Algérie, était en guerre. Il a perdu son père pendant la Première Guerre mondiale et, face aux ravages de la Seconde Guerre mondiale, Camus a perdu espoir. Quel était le sens de toutes ces effusions de sang et de ces souffrances sans fin ? Et si le monde était vide de sens, nos vies individuelles auraient-elles encore avoir de la valeur ? Nina Medvinskaya explore la philosophie de l'absurde de Camus.

Leçon de Nina Medvinskaya, réalisée par Avi Ofer.

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TED-Ed
Duration:
05:54

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