La parentalité avec conscience | Shefali Tsabary | TEDxSF

Dans ce Talk, le Dr Tsabary nous présente son approche de la parentalité « avec conscience » : une approche innovative où, au lieu de recevoir l'héritage psychologique et spirituel de ses parents, l'enfant a le rôle de conducteur du développement de ses parents.

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus : http://ted.com/tedx

Je suis psychologue clinicienne

et c'est mon privilège d'aider les gens
à explorer leurs mondes intérieurs,

leur espace psychologique.

Heure après heure, j'entends
des pensées, des émotions, des sentiments.

C'est ma base de données.

Ces données m'aident à mieux comprendre

ce qui nous paralyse émotionnellement.

Comment pouvons-nous
nous épanouir dans nos vies ?

Avec des voix inondées d'envie
et enflammées de désir,

mes clients m'invitent dans leur passé.

Ils me racontent des histoires
d'amour, de perte,

de peurs cachées et de désir profonds.

Inévitablement,
ces histoires se rapportent à l'enfance.

Elles parlent d'un sujet commun,
d'un rythme semblable.

Elles parlent d'une faim
que seul un parent peut apaiser,

d'une soif, que seul un parent
peut assouvir.

L'autre jour,

un homme grand et costaud,
la quarantaine,

a analysé

sa relation particulièrement difficile
avec son père.

Oui, nous luttons contre nos problèmes
de l'enfance à l'âge adulte.

et il m'a dit, d'une voix plaintive,

celle d'un enfant de huit ans :

« Vais-je un jour satisfaire
les attentes de mon père ?

Acceptera-t-il un jour
l'homme que je suis devenu ?

Ou serais-je pour toujours
un bon à rien ? »

Il poursuivait, il cherchait,
il désirait une approbation

qu'il ne recevra peut-être jamais.

Et cette femme, la trentaine,

si belle, talentueuse et brillante ?

Elle cria :
« Qu'est-ce qui ne va pas chez moi ?

Pourquoi suis-je aussi perdue ?

À cause de mon père qui a fait une
overdose quand j'avais quatre ans ?

Quand la douleur passera-t-elle ? »

Et la femme qui, par habitude,

se gratte la peau constamment.

« Celles-là » en montrant
les cicatrices sur son corps.

« Elles ont commencé le jour
où ma mère m'a dit que

papa était parti à cause de moi. »

Tous crient en silence : « Aidez-moi »,

« Qui suis-je ? »

« Suis-je un être entier,
respectable, important ? »

Les questions existentielles.

Mais peu importe ce que je dis,

mon discours ne passe pas

parce qu'ils ont intériorisé
une autre voix,

la voix initiale de leurs parents.

Essayez maintenant d'effacer ce schéma.

Il est violent, omniprésent,
chaotique et imprévisible.

Il devient ce qui nous caractérise.

Il devient l'air que nous respirons.

Les parents ont un pouvoir suprême
et une responsabilité immense.

Aujourd'hui, je suis là

pour vous proposer de porter un regard
sur le rôle de parent

d'une manière entièrement différente,
avec une curiosité ravivée,

une prise de conscience vive et
une responsabilité transformée.

La parentalité se doit d'être

au premier plan
de notre conscience globale.

C'est le cri, le pivot,

qui va changer la façon dont
nos enfants s'épanouissent.

Tout : comment ils prennent soin
d'eux-mêmes, des autres,

de la Terre, montrent de la compassion,

tolèrent les autres,
gèrent leurs émotions,

créent, inventent, innovent.

C'est ici que commence
notre transformation globale.

On ne peut pas attendre de nos enfants
qu'ils incarnent une conscience éclairée

si, nous, parents, n'avons pas osé
incarner cette conscience nous-même.

Tout commence avec nous

et notre façon d'être parent.

Nos enfants font face à des défis que
nous n'aurions jamais pu imaginer.

Et les chiffres démontrent
qu'ils s'effondrent sous la pression.

Un enfant sur cinq aux États-Unis

a des signes ou symptômes
de troubles psychologiques.

Cette statistique est terrifiante.

Il y a deux ans, 662 000 enfants
aux États-Unis

étaient placés en famille d'accueil.

L'usage des médicaments contre le TDAH
est en croissance exponentielle,

avec une augmentation globale de 274%.

Il y a quelques années,
une étude de l'UNICEF

a constaté que les enfants américains

étaient numéro deux des enfants
les moins heureux.

Une étude faites sur 30 000 enfants
en Grande-Bretagne

a rapporté qu'un enfant
de plus de huit ans sur dix

était régulièrement insatisfait.

Il y a quelque chose qui cloche.

Il faut se réveiller, faire attention
et élever nos enfants différemment.

Bien sûr, l'influence parentale
n'est pas le seul élément en jeu.

Certaines influences déroutantes,

contradictoires et chaotiques
dans la vie des enfants

les forment incontestablement.

Nous ne sommes pas les seuls.

La neurobiologie, le tempérament,

les pressions sociales, la pauvreté.

Nous pourrions accuser la psychiatrie,

l'éducation, le gouvernement

et l'industrie pharmaceutique

mais notre influence dans ces domaines
est relativement limitée.

Je vais vous dire où
notre pouvoir est incontestable.

C'est la relation que nous nouons
avec nos enfants.

Nous et nos enfants, à chaque instant.

Rien de prestigieux.

Tôt le matin,
quand ils se brossent les dents,

quand on enlève leur sac à dos,

quand on sèche leurs larmes,

calme leurs peurs,

les met au lit le soir.

Ici, chacun d'entre nous
a un pouvoir de transformation.

Il n'y a pas d'excuse.

Il ne s'agit pas ici
d'une psychologue clinicienne

qui parle de ses convictions.

Il y a une science derrière cela

qui démontre comment

la relation parentale impacte
notre émotivité, notre psychologie,

mais aussi notre neurobiologie.

Regardez,

deux cerveaux d'enfants de trois ans

avec une différence de taille.

Pourquoi ?

Une maladie ? Une mutation génétique ?

Non.

La différence est dans la qualité

de la relation avec leur mère.

Celui à gauche a été maltraité et négligé

et celui à droite

a eu une relation épanouie et profonde.

Il y a des chances que l'enfant à gauche
sera un adulte

à risque face à la drogue,
la criminalité, un QI faible,

et encore pire,

une capacité réduite
d'empathie et de connexion.

La mère de l'enfant à gauche
n'était certainement pas mauvaise.

Elle aimait sûrement son enfant.

On ne fait pas souffrir nos enfants
parce qu'on est mauvais ou malintentionné,

certainement pas par manque d'amour.

Nous faisons souffrir nos enfants
pour une seule raison :

nous souffrons nous-même

et nous ne nous en rendons pas compte.

Parce que nous sommes inconscients,

parce que nous avons hérité
de bagages émotionnels

de nos parents.

Ce bagage émotionnel,
inactif et inconscient,

peut être provoqué à tout moment.

Et qui d'autre y a-t-il que nos enfants
pour nous provoquer ?

Ils savent vraiment comment
nous mettre en colère.

À travers nos enfants,
nous avons un fauteuil d'orchestre

pour la représentation
de notre immaturité émotionnelle.

Quand on se met en colère
contre nos enfants

et qu'on les voit comme
des monstres et démons,

ils ne sont sûrement ni l'un ni l'autre

mais ils ont plutôt réouvert
une vieille blessure en nous.

Ils nous font ressentir des émotions
qui ne sont pas bienvenues.

Ils nous font sentir impuissants,
incontrôlables et perdus

et pour retrouver un pouvoir d'autorité,

nous nous en emportons impulsivement.

Quand nos enfants sont critiqués
incessamment, nous pinaillons :

« Pourquoi fais-tu ça ? »,

« Pourrais-tu être
un peu plus comme elle ? »

Ce n'est pas parce
qu'ils ne sont pas à la hauteur,

mais parce que nous ressentons
un manque intérieur

et nous sommes soumis à la tyrannie
d'une petite voix intérieure sévère.

Vous savez, quand nos enfants
sont insolents,

qu'ils dépassent nos limites,
qu'on s'énerve

et qu'on se plaint de nos petits diables
avec nos amis ?

Il se peut qu'ils ne soient
ni difficiles, ni tourmentés

mais que nous ayons

un problème avec notre autorité,
la consistance, l'ordre,

notre façon d'aborder les conflits
et de dire non.

Nos enfants nous viennent
entiers, finis et dignes.

Ils sont heureux avec deux bâtons,
un caillou et une plume.

Parce que nous sommes profondément
et inconsciemment conditionnés,

si détachés de notre existence,
complétude et harmonie,

de notre sentiment de soi
et de prospérité,

nous projetons un manque
et on leur apprend :

« Ne dépends pas de ton estime et de
ta valeur, mais ouvre-toi à l'extérieur.

La Ferrari,
le grand bureau dans l'entreprise,

le casino, les pilules,
l'alcool, la seringue,

l'époux numéro un, deux ou trois,

ta maison, ton université. »

Nous sommes tellement
détachés de nous-même,

que nous sommes toujours en action.

C'est ce qui détermine notre valeur.

On apprend à nos enfants :

« Jouer ne suffit pas, il faut gagner. »

« Il faut exceller à son hobby. »

« Il faut rêver en grand.

Mais pourquoi rêver
si on ne réussit pas ? »

Il est temps de tourner le projecteur,

de le tourner vers l'intérieur.

L'enfant n'a pas besoin d'être réparé.

L'enfant n'est pas celui avec un problème.

La solution est l'évolution parentale.

Si, en tant que parent,
nous nous connaissons nous-même,

nos enfants se connaîtront eux-mêmes.

Si nous aimons profondément,
rions aux larmes,

prenons des risques
et gardons l'esprit libre,

nos enfants connaîtront joie et liberté.

Si nous allons courir sous la pluie

sans crainte de se faire mouiller,

nos enfants vivront leur vie avec audace.

Il est temps de se réveiller.

Le modèle de la parentalité doit évoluer.

Le parent n'est plus
en position d'autorité.

Il faut considérer l'enfant
en tant qu'égal

ou même, en tant qu'agent du changement.

Nos enfants sont nos éveilleurs,
nos professeurs.

Il est temps pour nous, parents,
de répondre à l'appel,

de faire une pause, de réfléchir,

de se connecter à notre propre richesse,

de faire confiance à nos enfants,

de saisir leur intellect,

de suivre leur voie,

de s'aimer soi-même, de créer un sens,

d'apporter de la valeur,
d'avoir de la gratitude.

De cette façon, nos enfants assimileront

l'intégrité, la richesse,
la plénitude et l'esprit.

Et enfin, ils pourront voler
de leurs propres ailes.

Il est temps pour nous de répondre
à l'appel de notre propre éveil.

C'est maintenant et nos enfants
attendent avec impatience.

(Applaudissements)