Chambouler l'art de parler en public | Laura Penn | TEDxEcoleHôtelièreLausanne

Cette présentation a été faite lors d'un événement TEDx local, produit indépendamment des conférences TED.

Comment devenez-vous un grand conférencier ?

Le discours de Laura Penn va vous apprendre ce qu'il faut pour améliorer votre habileté à vous exprimer devant un public; afin de porter votre oraison au niveau supérieur. Son exposé dynamique va révéler l'origine de sa flamme, et approfondir les détails pratiques de cette approche intéressante, vous laissant avec quelques-uns des outils dont vous avez besoin pour essayer vous-même.

Je n'ai pas toujours été une instructrice
dans l'art de parler en public.

Croyez-le ou non,

je suis une scientifique, spécialisée
dans la biologie de la conservation,

qui est la science visant à protéger
la vie sauvage et les habitats naturels.

Il y a six ans, j'étais assise
dans un auditorium,

qui ressemblait beaucoup à celui-ci,

en train d'écouter un chapelet
de présentations données par des collègues

qui venaient de revenir
de leurs missions sur le terrain,

impliquant la conservation de diverses
espèces d'animaux et de plantes.

Les uns après les autres, les exposés
étaient incroyablement...

affreux,

mécaniques,

monotones,

improvisés

et sans âme.

Selon moi, ils étaient B.a.D. (mauvais) :
« Broken and Dysfunctional »

(Brisés et Dysfonctionnels).

Ils cochaient toutes les cases

de ce qu'il ne faut pas faire
en parlant devant un public :

Parler trop vite - Coché !

Dire trop de « humm » et « aah » - Coché !

Passer plus de temps à
regarder l'écran derrière,

qu'à regarder le public devant - Coché !

Je me sentais engourdie,
désintéressée,

et complètement, sans inspiration.

En regardant autour, j'ai réalisé
que je n'étais probablement pas

la seule personne à ressentir cela.

Non ! Mes compagnons étaient occupés
à toutes sortes de choses...

Certains faisaient un petit somme.

D'autres croisaient leurs bras et
leurs jambes, bien serrés, comme ça,

et regardaient le plafond,
en pensant à Dieu sait quoi !

Et d'autres remuaient, inconfortables,
sur leurs chaises, semblant mal à l'aise.

Vous savez ce que c'est, n'est-ce pas ?

Tout ce que vous avez à faire, c'est
de vous souvenir de la dernière

« B.a.D. » présentation, Brisée
et Dysfonctionnelle,

pour savoir ce que c'est.

Et je suis prête à imaginer que vous
n'avez pas à penser bien loin,

pour vous souvenir
de cette présentation.

Parce que le genre de
présentation dont je parle

est omniprésent. Cela se passe partout !

Dans les salles de réunion, les classes,
et les auditoriums... (excepté celui-ci).

Partout dans le monde, tout le temps !

Présentation après présentation,
après « B.a.D. » présentation.

Et le plus souvent, nous, les spectateurs,

restons assis, là, à écouter poliment,

regardant... attendant...

désirant... plus !

Attendant mouvement,
rire et contact humain.

Pourquoi acceptons-nous un niveau si bas,

concernant les discours en public ?

Pourquoi est-il acceptable de donner
des « B.a.D. » présentations ?

Ce sont précisément ces questions
que je me suis posées,

quand j'étais assise dans l'audience,
à écouter mes collègues,

parlant de leurs sujets d'une façon
monotone... encore et encore...

J'ai commencé à me sentir irritée.

Puis, cette sensation s'est changée...

en colère !

Je me suis fachée !

J'étais fâchée de voir que
des renseignements si précieux

s'échappaient si négligemment
de leurs lèvres,

comme de la poussière d'or
glissant entre les doigts.

Évaporée !

Parler en public...

est une chose.

Mais la conservation...

est une discipline de l'urgence.

Des espèces vivent ou meurent en fonction
de présentations comme celles-ci.

Le financement de base,

le soutien et la sensibilisation,

la prise de conscience communautaire,

toutes ces choses dépendent,
pour une si grande part,

de la manière dont les professionnels de
la conservation parlent de ces questions.

Et un jour...

c'est arrivé !

J'ai été frappée par un éclair.

« Pourquoi pas ? »
ai-je pensé en moi-même,

« Pourquoi ne pas mettre ensemble

toute mon expérience de
biologiste de la conservation

avec toute mon expérience
d'artiste du spectacle ?

Parce que je fais de la danse
et du théâtre depuis 20 ans,

comme passe-temps.

Qu'arriverait-il si je pouvais mettre
ces deux choses ensemble

afin de résoudre ces problèmes ?

Qu'arriverait-il si je pouvais aider à
promouvoir la conservation

à travers une expression
en public efficace ? »

Et c'est exactement
ce que j'ai fait.

Aujourd'hui, je ne vis que pour chambouler

le statu quo « Brisé et Dysfonctionnel »
de la prise de parole en public.

Je ne travaille pas seulement avec
la communauté de la conservation,

mais avec quiconque prêt à
ajouter de l'huile de coude,

de la sueur — et parfois même,
oui, des larmes —,

pour apprendre l'art magnifique
de parler en public efficacement.

Correct !
Vous m'avez entendu dire « art » ;

parce que je crois que parler
en public est un art du spectacle,

comme le théâtre, la danse
et la musique.

L'art d'un orateur est
l'élocution efficiente du mot.

Pour réussir, l'orateur doit créer,
à la fois, un contenu convaincant,

et...

interpréter ce contenu
devant une audience.

L'interprétation est ce qui rend
votre présentation intéressante,

de telle sorte que les gens
prêtent attention.

L'interprétation est ce qui rend
votre présentation mémorable,

de telle sorte que les gens inhalent
et absorbent votre message.

Et l'interprétation est ce qui rend
votre présentation émouvante,

de telle sorte que, devinez quoi ?

les gens ne s'en fichent pas.

Bref, l'interprétation est ce qui fait
que votre message compte.

Soit dit en passant, je ne parle pas
du genre de prestation où

vous montez sur scène,
devant les spectateurs,

et vous agissez comme quelqu'un
que vous n'êtes pas. Non.

Je parle du genre de
prestation dans laquelle

vous restez authentique à qui vous êtes.

Mais ! Vous avez poli, affiné,
et raffiné ces éléments qui,

je crois, constituent l'interprétation
artistique du discours.

Il y a quatre éléments.

Le premier est l'apparence,

Il s'agit fondamentalement...

de ce dont vous avez l'air,

depuis la tenue que vous portez

— car ce que vous portez fait partie
de votre interprétation artistique —

jusqu'à la façon dont vous
vous déplacez dans l'espace,

et ce qui émane de votre présence.

Ensuite vient la voix.
Votre voix est un instrument.

Et votre travail en tant qu'orateur,
est d'en jouer, et d'en jouer bien,

en créant une mélodie que
l'audience veut écouter.

Vient ensuite le corps.

Lorsque vous parlez, vous ne parlez
pas seulement avec votre bouche. Non !

Avec quoi d'autre parlez-vous ?

Vous parlez avec le langage du corps,
votre expression corporelle dansante.

En tant qu'orateur, vous avez besoin
de parler couramment ce langage,

comprendre ce que gestes et
positions veulent dire,

afin de savoir lesquels utiliser,
et lesquels ne pas utiliser.

Ensuite, vient le contact
avec le public, bien sûr.

Il s'agit de créer une relation
avec les spectateurs,

afin de former des ponts
entre vous et eux.

Et cela commence par : faire
d'abord ce que vous avez à faire,

pour connaître votre public.

Ce faisant, vous pouvez tenir compte
de leurs besoins et intérêts,

et y répondre.

Ce sont les quatre éléments constituant
l'interprétation du discours public.

Ce sont les quatre éléments
que vous, en tant que conférencier,

devez améliorer et
polir comme un diamant.

Maintenant, je suis sûre
que vous vous imaginez

que faire tout ce travail de polissage,
demande beaucoup de temps et d'efforts.

Mais, comme tout savoir-faire,

que ce soit apprendre comment préparer
une parfaite tarte au citron meringuée,

réciter Shakespeare, ou skier les bosses,

comme Edgar,

parler en public n'est pas différent.

Il demande de la pratique...
Et plus de pratique...

Et encore plus de pratique, après ça.

La bonne nouvelle,
c'est qu'il peut être maîtrisé.

Comme George Léonard l'indique
dans son livre : « Mastery »,

la maîtrise est accessible
à toute personne

prête à s'engager sur
la voie et y rester.

Donc, il y a de l'espoir !

Cependant, il existe une méthode,
qui est plus facile à aborder

que tous ces trucs que
je viens de décrire.

C'est une de mes favorites à enseigner,
parce que c'est une sorte de raccourci.

Elle vous évite passer par toutes
les embûches de ces domaines, et

vous permet d'enclencher l'interprétation
de votre discours public, instantanément.

Je l'appelle : « Mettre un
nouveau chapeau ».

Voyez-vous, les chapeaux
ont un pouvoir magique !

Les chapeaux peuvent vous faire...
imaginer des choses,

croire certaines choses,

et — encore plus impressionnant —,
faire des choses.

Je me suis tournée, la première fois,
vers cet illustre pouvoir, à l'université,

quand ma meilleure amie et
colocataire Sarah, et moi, avions,

dans notre logement d'étudiant,
un mur entier dédié aux chapeaux rigolos.

ll y avait les gros, les bleus,
les hauts, et les petits,

un chapeau pour chaque occasion !

Sarah et moi utilisions ces chapeaux
pour nous aider à faire des choses.

Quand il était temps d'étudier
pour les examens,

j'avais mon chapeau favori pour l'étude.

C'était le chapeau de Dr Seuss,
haut, à bandes rouges et blanches,

que vous connaissez peut-être
du film : « Le Chat Chapeauté ».

Quand je portais ce chapeau, il me
semblait que j'avais une responsabilité.

C'était de le remplir de connaissances.

Donc, j'étudiais davantage.

Puis, après l'examen,

je mettais mon autre chapeau,
mon chapeau relaxant,

mon beau chapeau en velours
à bords flottants, qui me détendait.

Vous avez compris.

Les chapeaux ont un pouvoir magique,
mais, ce qui est bien, à part ça,

c'est qu'ils peuvent être invisibles...

Les personnes parlant en public
de façon « Brisée et Dysfonctionnelle »

portent un chapeau invisible,

qui dit :

« Je suis un présentateur ennuyeux ! »

en gros caractères gras, délavés,
sur le devant.

Cet odieux chapeau les pousse à faire des
présentations lourdes et quelconques,

qui ne sont ni intéressantes,
ni inoubliables, ni émouvantes,

— bref, qui ne sont pas des
interprétations artistiques.

Vous pouvez choisir de porter
un chapeau comme celui-là,

si vous ne vous souciez pas
de votre sujet ou du public,

ou si oui ou non votre
message est mémorable.

Ce genre de chapeau
marche à chaque fois.

Ou, si cela vous importe,
vous pouvez choisir

le genre de chapeau que
je porte en ce moment.

Voyez-vous ce qu'il dit,
en grosses lettres roses devant ?

Si vous n'arrivez pas à le lire
de l'endroit où vous êtes assis,

il dit : « Je suis un interprète »
Point d'exclamation !

Ce magnifique chapeau en
velours vert-mousse,

dont la forme rappelle
le mont Matterhorn,

avec un sommet recourbé
et une plume de paon au bout,

ce sublime chapeau me
donne des pouvoirs magiques...

Il me donne la permission
d'occuper l'espace sur cette scène,

et d'être une plus grande
version de moi-même.

Ce chapeau me permet de
prendre des risques

et d'expérimenter la façon
dont j'utilise ma voix et mon corps,

de telle sorte que mes messages
peuvent prendre vie.

Et ce chapeau me donne du courage

afin que je puisse
interagir plus avec vous,

et que nous puissions avoir
une connexion plus profonde.

J'aime ce chapeau !

Et la bonne nouvelle est que vous
pouvez en avoir un, vous aussi.

Tout ce dont vous avez besoin,
c'est de l'imaginer, croire en lui...

Et, le plus important, vous devez
vous abandonner à ses pouvoirs...

Créez une cérémonie rituelle,

lorsque vous mettez le chapeau.

Commencez par imaginer le chapeau,

A quoi ressemble-t-il ?

Donnez-lui une forme !
Créez-le !

Rendez-le « typiquement vous »,
comme l'a dit Jeremy !

Ensuite...

posez lentement le chapeau
sur votre tête !

Quand il touche votre tête, pouf !

Vous vous transformez... en un
interprète, point d'exclamation !

Laissez cette énergie prendre
les choses en main !

Amusez-vous !
Et soyez présent dans l'instant !

Si plus de gens portaient des
chapeaux comme celui-là,

et si plus de gens
considéraient parler en public

comme l'art de la scène qu'il est,

je pense que ces présentations
« Brisées et Dysfonctionnelles »

deviendraient une chose du passé.

Et nous...

révolutionnerions
la manière dont nous parlons !

Merci !

(Applaudissements)