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Le transfert global du pouvoir

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    il y a un poème écrit
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    par un poète britannique très connu
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    à la fin du 19e siècle.
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    On a dit qu'il avait eu un écho
    dans le cerveau de Churchill
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    dans les années 1930.
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    Et ce poème dit :
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    "Sur la colline au ralenti de l'été,
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    endormi par le cours des ruisseaux,
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    j'entends au loin un tambour distant,
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    qui bat comme un bruit dans les rêves,
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    proche et lointain, et faible et plus fort ;
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    sur les routes de la Terre,
    chers à leurs amis et chair à canon,
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    passent des soldats en marche,
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    tous destinés à mourir."
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    Pour ceux qui s'intéressent à la poésie,
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    ce poème s'intitule "Un gars du Shropshire",
    par A.E. Housman.
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    Mais ce que Housman a compris,
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    et vous l'entendez aussi dans les symphonies de Nielsen,
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    c'était que les longs étés chauds dans la forêt,
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    qui étaient la stabilité du 19e siècle,
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    touchaient à leur fin,
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    et qu'on allait passer
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    à l'une de ces terrifiantes périodes de l'histoire
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    où le pouvoir bascule.
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    Et ce sont toujours des périodes,
    Mesdames et Messieurs,
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    qui s'accompagnent de turbulences,
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    et trop souvent de sang.
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    Et le message que j'ai pour vous
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    est que je crois que nous sommes condamnés,
    si vous voulez,
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    à vivre exactement l'un de ces moments de l'histoire
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    où les rouages sur lesquels reposent
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    l'ordre établi du pouvoir commencent à changer,
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    et où le nouvel aspect du monde,
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    les nouveaux pouvoirs présents dans le monde,
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    commencent à prendre forme.
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    Et ce sont, nous le voyons clairement aujourd'hui,
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    presque toujours des périodes
    de grandes turbulences, des temps très difficiles,
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    et trop souvent des époques très sanglantes.
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    D'ailleurs, cela se produit environ une fois par siècle.
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    Vous pourriez dire que la dernière fois
    que cela s'est produit,
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    et c'est ce que Housman a senti venir,
    tout comme Churchill,
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    c'était quand le pouvoir est passé des anciennes nations,
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    des vieilles puissances européennes,
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    de l'autre côté de l'Atlantique,
    à la nouvelle puissance émergente
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    des États-Unis d'Amérique,
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    le début du siècle américain.
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    Et bien sûr, dans le vide
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    où se trouvaient à ce moment
    les trop vieilles puissances européennes,
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    se sont jouées les deux catastrophes sanglantes
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    du siècle dernier,
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    celle de la première partie et celle
    de la seconde partie : les deux guerres mondiales.
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    Mao Tsé Toung les appelait les guerres civiles européennes,
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    et c'est probablement une description plus exacte.
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    Et bien, Mesdames et Messieurs,
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    nous vivons l'une de ces périodes.
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    Mais aujourd'hui, je veux vous parler de trois facteurs.
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    Et le premier, les deux premiers de ces facteurs,
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    concernent un basculement de pouvoir.
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    Et le deuxième traite d'une nouvelle dimension
    à laquelle je veux faire référence,
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    qui ne s'est jamais vraiment produite
    comme c'est le cas à présent.
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    Mais parlons des changements de pouvoir
    qui ont lieu dans le monde.
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    Ce qui se passe aujourd'hui
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    est, en un sens, effrayant,
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    parce que ça ne s'est jamais produit auparavant.
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    Nous avons vu des déplacements latéraux de pouvoir,
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    le pouvoir de la Grèce est passé à Rome,
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    et les changements de pouvoir qui ont eu lieu
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    au cours des civilisations européennes ;
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    mais nous voyons là quelque chose
    de légèrement différent.
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    Car le pouvoir ne se déplace
    pas seulement latéralement,
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    d'une nation à l'autre.
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    Il se déplace aussi verticalement.
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    Ce qui se passe aujourd'hui,
    c'est que le pouvoir qui était encadré,
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    qui devait rendre des comptes,
    qui devait respecter la Loi,
  • 3:00 - 3:03
    au sein de l'institution de l'état-nation,
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    a désormais migré dans une très grande mesure
    sur la scène mondiale.
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    La mondialisation du pouvoir :
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    nous en parlons comme de la mondialisation des marchés,
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    mais en fait c'est la mondialisation du vrai pouvoir.
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    Et là où, au niveau de l'état-nation,
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    ce pouvoir doit rendre des compte,
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    et est soumis à la Loi,
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    ce n'est pas le cas au niveau international.
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    La scène internationale et la scène mondiale
    où se trouve le pouvoir à présent :
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    le pouvoir d'Internet, le pouvoir
    des diffuseur par satellite,
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    le pouvoir des changeurs de devises,
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    ce grand manège monétaire,
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    tout cela fait maintenant circuler 32 fois
    plus d'argent que nécessaire
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    au commerce qu'il était supposé financer,
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    les changeurs de devises, si vous voulez,
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    les spéculateurs financiers,
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    qui nous ont tous mis à genoux récemment,
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    le pouvoir des multinationales,
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    qui développent maintenant des budgets
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    souvent plus importants que ceux
    des pays de taille moyenne.
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    Ils se meuvent dans une sphère mondiale
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    où il y très peu de règles,
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    qui n'est pas soumise à la Loi,
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    et dans laquelle les gens
    peuvent agir sans contrainte.
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    Et cela convient aux puissants
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    jusqu'à un certain point.
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    Cela convient toujours à ceux
    qui ont le plus de pouvoir
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    pour opérer dans des sphères sans contrainte,
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    mais la leçon de l'Histoire est que, tôt ou tard,
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    un espace non régulé,
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    un espace qui n'est pas soumis à la loi,
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    se peuple, non seulement de ce que vous attendiez,
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    le commerce international, Internet, etc.,
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    mais aussi avec de que vous ne vouliez pas,
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    le crime international, le terrorisme international.
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    La révélation du 11 septembre,
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    c'est que même si vous êtes la nation
    la plus puissante au monde,
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    néanmoins,
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    ceux qui habitent cet espace peuvent vous attaquer,
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    même dans vos villes les plus symboliques,
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    un beau matin de septembre.
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    On dit qu'environ 60%
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    des 4 millions de dollars qui ont servi
    à financer le 11 septembre,
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    ont en fait transité par les institutions
    des Tours Jumelles
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    que le 11 septembre a détruites.
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    Vous voyez, nos ennemis utilisent aussi cet espace,
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    l'espace des voyages de masse,
    d'Internet, des émetteurs satellites,
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    pour pouvoir introduire leur poison,
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    qui est de détruire nos systèmes
    et nos modes de vie.
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    Tôt ou tard,
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    tôt ou tard,
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    la règle de l'Histoire,
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    c'est que là où le va pouvoir,
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    la gouvernance doit suivre.
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    Et si c'est bien le cas, comme je le crois,
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    que l'un des phénomène de notre temps
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    est la mondialisation du pouvoir,
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    alors il s'en suit que l'un des défis de notre temps
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    est d'introduire la gouvernance
    dans l'espace mondial.
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    Et je crois que les décennies qui sont
    aujourd'hui devant nous
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    seront turbulentes dans
    une plus ou moins grande mesure,
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    selon que nous serons plus ou moins capables d'atteindre cet objectif :
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    introduire la gouvernance dans l'espace mondial.
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    Remarquez, je ne parle pas de gouvernement.
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    Je ne parle pas de mettre en place
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    une institution démocratique mondiale quelconque.
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    Mon point de vue personnel,
    Mesdames et Messieurs,
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    est qu'il est peu probable que cela se fasse
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    par la multiplication des institutions de l'ONU.
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    Si nous n'avions pas l'ONU, il faudrait l'inventer.
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    Le monde a besoin d'un forum international.
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    Il a besoin d'un moyen pour
    légitimer l'action internationale.
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    Mais quand on en vient à la gouvernance
    d'un espace mondial,
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    je suppose que ça ne se fera pas
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    par la création de plus d'institutions de l'ONU.
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    Cela se passera en fait lorsque
    les puissants se réuniront,
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    et établiront des systèmes fondés sur des traités,
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    des accords fondés sur des traités,
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    pour gouverner cet espace mondial.
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    Et si vous regardez, vous le voyez se produire, commencer déjà à émerger.
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    L’organisation Mondiale du Commerce, une organisation basée sur des traités
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    entièrement basée sur des traités,
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    et pourtant, assez puissante pour que même les plus puissants, les États-Unis,
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    lui rendent compte si nécessaire.
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    Kyoto : les débuts d'un combat pour créer
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    une organisation basée sur des traités.
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    Le G20 :
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    on sait à présent qu'on doit
    mettre en place une institution
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    qui soit capable d'apporter de la gouvernance,
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    dans cet espace financier, à la spéculation.
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    Et c'est ce qu'est le G20, une institution
    basée sur des traités.
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    Mais il y a là un problème,
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    et nous y reviendrons dans une minute,
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    qui est que si vous rassemblez les plus puissants
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    pour établir des règles dans des institutions
    basées sur des traités,
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    pour remplir cet espace de gouvernance,
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    alors qu'arrive-t-il aux faibles qui sont mis à l'écart ?
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    C'est un gros problème,
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    et nous y reviendrons dans une seconde.
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    Voici donc mon premier message :
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    si vous devez traverser cette période de turbulences
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    de manière plus ou moins turbulente,
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    alors notre réussite dans cette entreprise
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    déprendra largement de notre capacité
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    à apporter une gouvernance raisonnable
  • 7:23 - 7:25
    à l'espace mondial.
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    Et voyez comme cela commencer à arriver.
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    Mon deuxième point est,
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    et je sais que je n'ai pas
    à expliquer une telle chose
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    au public ici présent,
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    mais le pouvoir ne se déplace pas seulement verticalement,
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    il se déplace aussi horizontalement.
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    Nous pourriez dire que l'histoire, l'Histoire des civilisations,
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    a été que les civilisations se sont rassemblées
    autour des mers,
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    les premières autour de la Méditerranée,
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    les plus récentes dans l'émergence du pouvoir occidental autour de l'Atlantique.
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    Et bien il me semble
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    que nous assistons maintenant à un déplacement fondamental du pouvoir, en gros,
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    loin des nations qui s'étaient rassemblées
    autour de l'Atlantique,
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    vers les nations rassemblées autour du Pacifique.
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    Et cela commence avec le pouvoir économique,
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    mais c'est toujours ainsi que cela commence.
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    On commence déjà à voir se développer des politiques étrangères,
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    et les budgets militaires augmenter,
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    chez les autres puissances émergentes dans le monde.
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    Je crois en fait
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    qu'il ne s'agit pas tellement d'un déplacement de l'Occident vers l'Orient ;
  • 8:18 - 8:20
    il se passe quelque chose de différent.
  • 8:20 - 8:22
    Je suppose, et ça n'engage que moi,
  • 8:22 - 8:24
    que les États-Unis resteront
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    la nation la plus puissante du monde
  • 8:26 - 8:29
    pendant les 10 ou 15 prochaines années,
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    mais le contexte dans lequel ils détiennent le pouvoir
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    est à présent altéré ; il a radicalement changé.
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    Nous sortons de 50 ans
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    des plus inhabituels, dans l'Histoire,
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    au cours desquels nous avons eu un monde totalement unipolaire,
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    dans lequel toutes les aiguilles des boussoles,
  • 8:44 - 8:46
    quelle que soit leurs allégeances,
  • 8:46 - 8:49
    devaient prendre Washington pour référence,
  • 8:49 - 8:53
    un monde chevauché par un seul colosse.
  • 8:53 - 8:55
    Mais ce n'est pas un cas habituel dans l'Histoire.
  • 8:55 - 8:57
    En fait, ce qui émerge à présent
  • 8:57 - 8:59
    est un cas bien plus normal dans l'Histoire.
  • 8:59 - 9:01
    On commence à voir l'émergence
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    d'un monde multi-polaire.
  • 9:03 - 9:05
    Jusqu'à présent,
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    les États-Unis ont dominé le monde.
  • 9:08 - 9:10
    Ils resteront la nation la plus puissante,
  • 9:10 - 9:12
    mails ils seront la nation la plus puissante
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    d'un monde de plus en plus multi-polaire.
  • 9:14 - 9:17
    Et l'on commence à voir s'ériger
    d'autres centres de pouvoir,
  • 9:17 - 9:19
    en Chine, bien sûr,
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    bien que personnellement, je pense que l'ascension de la Chine ne se fera pas sans heurts.
  • 9:22 - 9:24
    Ça va grincer des dents,
  • 9:24 - 9:26
    quand la Chine commencera à
    démocratiser sa société,
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    après avoir libéralisé son économie.
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    Mais c'est le sujet d'une autre discussion.
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    On voit l'Inde, on voit le Brésil.
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    On voit de mieux en mieux
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    que le monde ressemble en fait,
    pour nous Européens,
  • 9:38 - 9:41
    beaucoup plus à l'Europe du 19e siècle.
  • 9:41 - 9:43
    L'Europe au 19° siècle :
  • 9:43 - 9:45
    un grand ministre des affaires étrangères
    britannique, Lord Canning,
  • 9:45 - 9:48
    la décrivait comme:
    "Le concert des puissances européennes".
  • 9:48 - 9:50
    Il y avait un équilibre, un équilibre à 5 côtés.
  • 9:50 - 9:53
    La Grande-Bretagne allait toujours
    dans le sens de l'équilibre.
  • 9:53 - 9:55
    Si Paris s'alliait à Berlin,
  • 9:55 - 9:58
    la Grande-Bretagne s'alliait à Vienne et à Rome
    pour faire contrepoids.
  • 9:58 - 10:00
    Mais remarquez,
  • 10:00 - 10:02
    dans une période qui est marquée par un monde unipolaire,
  • 10:02 - 10:04
    on a des alliances fixes :
  • 10:04 - 10:06
    l'OTAN, le Pacte de Varsovie.
  • 10:06 - 10:08
    Une polarité immuable du pouvoir
  • 10:08 - 10:10
    signifie des alliances immuables.
  • 10:10 - 10:12
    Mais une multi-polarité du pouvoir
  • 10:12 - 10:14
    signifie des alliances qui se déplacent et changent.
  • 10:14 - 10:16
    Et c'est le monde dans lequel nous entrons,
  • 10:16 - 10:18
    dans lequel nous verrons de plus en plus
  • 10:18 - 10:20
    que nos alliances ne sont pas immuables.
  • 10:20 - 10:22
    Canning, le grand ministre des affaires étrangères,
    a dit :
  • 10:22 - 10:24
    "La Grande-Bretagne
    a un intérêt commun,
  • 10:24 - 10:26
    mais pas d'alliés communs."
  • 10:26 - 10:28
    Et nous verrons de plus en plus
  • 10:28 - 10:30
    que même nous, en Occident,
  • 10:30 - 10:32
    irons, devrons aller,
  • 10:32 - 10:34
    au delà du cercle confortable
    des puissances atlantiques,
  • 10:34 - 10:36
    pour établir des alliances avec d'autres,
  • 10:36 - 10:39
    si nous voulons avoir une influence dans le monde.
  • 10:39 - 10:41
    Remarquez que quand nous sommes allés en Libye,
  • 10:41 - 10:43
    il n'a pas suffit que l'Occident le fasse seul ;
  • 10:43 - 10:45
    il a fallu en impliquer d'autres.
  • 10:45 - 10:48
    Nous avons dû faire intervenir,
    en l’occurrence, la Ligue Arabe.
  • 10:48 - 10:51
    Je suppose que l’Irak et l'Afghanistan
    sont les dernières occasions
  • 10:51 - 10:53
    où l'Occident a essayé d'intervenir par lui-même,
  • 10:53 - 10:55
    et nous n'avons pas réussi.
  • 10:55 - 10:57
    Je suppose
  • 10:57 - 11:00
    que nous arrivons au commencement de la fin d'une période de 400 ans -
  • 11:00 - 11:03
    je dis 400 ans parce que
    c'est la fin de l'Empire Ottoman -
  • 11:03 - 11:05
    d'hégémonie du pouvoir occidental,
  • 11:05 - 11:08
    des institutions occidentales
    et des valeurs occidentales.
  • 11:09 - 11:12
    Vous savez, jusqu'à présent,
    si l'Occident se ressaisissait,
  • 11:12 - 11:14
    il pourrait proposer et disposer
  • 11:14 - 11:16
    dans tous les coins du Monde.
  • 11:16 - 11:18
    Mais ce n'est plus le cas.
  • 11:18 - 11:20
    Prenez la dernière crise financière,
  • 11:20 - 11:22
    après la deuxième guerre mondiale.
  • 11:22 - 11:24
    L’Occident s'est ressaisi,
  • 11:24 - 11:27
    Bretton Woods, la Banque Mondiale, le FMI,
  • 11:27 - 11:29
    et le problème a été résolu.
  • 11:29 - 11:31
    Maintenant, nous devons faire appel aux autres.
  • 11:31 - 11:33
    Maintenant, nous devons créer le G20.
  • 11:33 - 11:35
    Maintenant, nous devons aller
    au delà du cercle confortable
  • 11:35 - 11:37
    de nos amis occidentaux.
  • 11:37 - 11:39
    Laissez moi vous faire une prédiction,
  • 11:39 - 11:42
    qui est probablement encore plus étonnante.
  • 11:42 - 11:45
    Je soupçonne que nous arrivons à la fin
  • 11:45 - 11:47
    de 400 ans
  • 11:47 - 11:49
    au cours desquels le pouvoir occidental
    était suffisant.
  • 11:49 - 11:51
    Les gens me disent, "Les chinois, bien sûr,
  • 11:51 - 11:53
    ne s'impliqueront jamais
  • 11:53 - 11:55
    dans les efforts de paix, les efforts
    de paix multilatéraux dans le monde."
  • 11:55 - 11:57
    Ah oui ? Et pourquoi pas ?
  • 11:57 - 11:59
    Combien de soldats chinois
  • 11:59 - 12:01
    servent dans les Casques Bleus,
    servent sous le drapeau bleu et blanc,
  • 12:01 - 12:03
    servent sous le commandement de l'ONU
    dans le monde aujourd'hui ?
  • 12:03 - 12:05
    3 700.
  • 12:05 - 12:08
    Combien d'américains ? 11.
  • 12:08 - 12:10
    Quel est le plus grand contingent naval
  • 12:10 - 12:13
    qui s'attaque au problème des pirates somaliens ?
  • 12:13 - 12:15
    Le contingent naval chinois.
  • 12:15 - 12:17
    Et c'est bien normal, c'est une nation mercantile.
  • 12:17 - 12:19
    Ils veulent maintenir les voies de navigation ouvertes.
  • 12:19 - 12:22
    De plus en plus, nous allons devoir faire affaire
  • 12:22 - 12:25
    avec des gens dont nous
    ne partageons pas les valeurs,
  • 12:25 - 12:28
    mais avec qui, pour le moment,
    nous partageons des intérêts communs.
  • 12:28 - 12:30
    C'est une façon toute nouvelle
  • 12:30 - 12:33
    de regarder le monde qui émerge à présent.
  • 12:33 - 12:35
    Et il y a un troisième facteur,
  • 12:35 - 12:38
    qui est complètement différent.
  • 12:38 - 12:40
    Aujourd'hui, dans notre monde moderne,
  • 12:40 - 12:42
    à cause d'Internet,
  • 12:42 - 12:45
    à cause du genre de choses dont on a parlé ici,
  • 12:45 - 12:49
    tout est connecté à tout.
  • 12:49 - 12:51
    Nous sommes désormais interdépendants.
  • 12:51 - 12:53
    Nous sommes intimement liés,
  • 12:53 - 12:55
    en tant que nations, en tant qu'individus,
  • 12:55 - 12:57
    comme ça n'a jamais été le cas auparavant,
  • 12:57 - 13:00
    jamais le cas auparavant.
  • 13:00 - 13:02
    Les relations entre nations,
  • 13:02 - 13:04
    elle ont certes toujours existé.
  • 13:04 - 13:07
    La diplomatie, c'est la gestion
    des relations entre nations.
  • 13:07 - 13:09
    Mais nous somme désormais
    intimement liés tous ensemble.
  • 13:09 - 13:11
    Vous attrapez la grippe aviaire au Mexique,
  • 13:11 - 13:13
    c'est un problème pour l'aéroport Charles de Gaulle,
  • 13:13 - 13:15
    24 heures plus tard.
  • 13:15 - 13:18
    Lehman Brothers chute, et tout s'effondre.
  • 13:18 - 13:21
    Il y a des incendies dans les steppes de Russie,
  • 13:21 - 13:23
    des émeutes de la faim en Afrique.
  • 13:23 - 13:27
    Nous sommes désormais tous
    très très profondément liés.
  • 13:27 - 13:30
    Et cela signifie
  • 13:30 - 13:34
    que l'idée d'un état-nation qui agit seul,
  • 13:34 - 13:36
    sans connexion avec les autres,
  • 13:36 - 13:38
    sans travailler avec les autres,
  • 13:38 - 13:40
    n'est plus une solution viable.
  • 13:40 - 13:43
    Parce que les actions d'un état-nation
  • 13:43 - 13:45
    ne sont ni confinées dans ses frontières,
  • 13:45 - 13:47
    ni suffisantes pour que l'état-nation lui-même
  • 13:47 - 13:49
    contrôle son propre territoire,
  • 13:49 - 13:52
    parce que ce qui se passe
    à l'extérieur de l'état-nation
  • 13:52 - 13:55
    commence à affecter ce qui se passe à l'intérieur.
  • 13:55 - 13:57
    J'ai été un jeune soldat
  • 13:57 - 14:01
    lors de la dernière des petites
    guerres impériales britanniques.
  • 14:01 - 14:03
    A l'époque, la défense de mon pays
  • 14:03 - 14:06
    ne reposait que sur une seule et unique chose :
  • 14:06 - 14:09
    la force de notre armée, la force de notre aviation,
  • 14:09 - 14:11
    la force de notre marine, et la force de nos alliés.
  • 14:11 - 14:13
    C'était quand nos ennemis étaient à l'extérieur de nos murs.
  • 14:13 - 14:16
    L'ennemi est maintenant dans nos murs.
  • 14:16 - 14:18
    Maintenant, si je veux parler
    de la défense de mon pays,
  • 14:18 - 14:20
    je dois parler au ministre de la Santé,
  • 14:20 - 14:23
    parce que les maladies pandémiques sont une menace pour ma sécurité ;
  • 14:23 - 14:25
    je dois parler au ministre de l'Agriculture,
  • 14:25 - 14:27
    parce que la sécurité alimentaire
    est une menace pour ma sécurité ;
  • 14:27 - 14:31
    je dois parler au ministre de l'Industrie,
  • 14:31 - 14:34
    parce que la fragilité de nos
    infrastructures high-tech
  • 14:34 - 14:36
    est désormais un point d'attaque pour nos ennemis,
  • 14:36 - 14:38
    comme nous le voyons avec la guerre informatique ;
  • 14:38 - 14:41
    je dois parler au ministre de l'Intérieur,
  • 14:41 - 14:43
    parce que ceux qui sont entrés dans mon pays,
  • 14:43 - 14:46
    ceux qui vivent dans ce lotissement au centre ville,
  • 14:46 - 14:48
    ont un effet direct sur ce qui se passe
    dans mon pays,
  • 14:48 - 14:52
    comme nous l'avons vu à Londres
    lors les attentats du 7 juillet.
  • 14:52 - 14:55
    La sécurité d'un pays n'est plus seulement
  • 14:55 - 14:58
    le problème de ses soldats et de son
    ministère de la Défense.
  • 14:58 - 15:01
    C'est sa capacité à faire travailler
    ses institutions de concert .
  • 15:01 - 15:04
    Et cela nous dit une chose très importante.
  • 15:04 - 15:06
    Cela nous dit qu'en fait,
  • 15:06 - 15:09
    nos gouvernements, construits verticalement,
  • 15:09 - 15:11
    construits sur le modèle économique
    de la révolution industrielle,
  • 15:11 - 15:14
    la hiérarchie verticale, la spécialisation des tâches,
  • 15:14 - 15:16
    les structures de commandement,
  • 15:16 - 15:18
    ont des structures complètement inadéquates.
  • 15:18 - 15:20
    Vous, dans les affaires, vous le savez,
  • 15:20 - 15:22
    le modèle dominant de notre époque,
    Mesdames et Messieurs,
  • 15:22 - 15:24
    c'est le réseau.
  • 15:24 - 15:26
    C'est votre capacité à fonctionner
    en réseau qui importe,
  • 15:26 - 15:29
    à la fois dans les gouvernements et en dehors.
  • 15:29 - 15:31
    Voici donc la troisième loi d'Ashdown.
  • 15:31 - 15:34
    Au fait, ne me posez pas de questions sur les première et deuxième lois d'Ashdown,
  • 15:34 - 15:36
    parce que je ne les ai pas encore inventées ;
  • 15:36 - 15:38
    ça fait toujours mieux s'il y a une troisième loi, non ?(Rires)
  • 15:38 - 15:41
    La troisième loi d'Ashdown est que,
    à notre époque moderne,
  • 15:41 - 15:43
    où tout est connecté à tout,
  • 15:43 - 15:46
    le plus important quant à ce que vous pouvez faire,
  • 15:46 - 15:48
    est ce que vous pouvez faire avec les autres.
  • 15:48 - 15:50
    Ce qui compte le plus dans votre structure,
  • 15:50 - 15:52
    que vous soyez un gouvernement, un régiment militaire,
  • 15:52 - 15:54
    une société,
  • 15:54 - 15:56
    ce sont vos points d'ancrage, vos interconnecteurs,
  • 15:56 - 15:58
    votre capacité à être en réseau avec les autres.
  • 15:58 - 16:00
    Vous comprenez ça, dans l'Industrie ;
  • 16:00 - 16:03
    pas les gouvernements.
  • 16:03 - 16:05
    Mais un dernier point, à présent.
  • 16:05 - 16:08
    Si tel est le cas, Mesdames et Messieurs, et ça l'est,
  • 16:08 - 16:10
    que nous soyons à présent inséparables
  • 16:10 - 16:12
    comme jamais vraiment auparavant,
  • 16:12 - 16:16
    alors nous partageons une destinée commune.
  • 16:16 - 16:19
    Soudain, et pour la toute première fois,
  • 16:19 - 16:22
    la défense collective,
    le concept prédominant jusqu'ici
  • 16:22 - 16:24
    en ce qui concerne la sécurité de nos nations,
  • 16:24 - 16:26
    ne suffit plus.
  • 16:26 - 16:28
    Auparavant, si ma tribu
  • 16:28 - 16:30
    était plus puissante que leur tribu,
    j'étais en sécurité ;
  • 16:30 - 16:33
    si mon pays était plus fort que leur pays,
    j'étais en sécurité ;
  • 16:33 - 16:36
    si mon alliance, comme l'Otan, était plus puissante que leur alliance, j'étais en sécurité.
  • 16:36 - 16:38
    Ce n'est plus le cas.
  • 16:38 - 16:41
    L'avènement de l’inter-connectivité,
  • 16:41 - 16:43
    et des armes de destruction massive,
  • 16:43 - 16:45
    signifie que, de plus en plus,
  • 16:45 - 16:47
    je partage une destinée avec mon ennemi.
  • 16:47 - 16:49
    Quand j'étais diplomate
  • 16:49 - 16:52
    et que je négociais les traités de désarmement avec l'Union Soviétique,
  • 16:52 - 16:54
    à Genève, dans les années 1970,
  • 16:54 - 16:56
    nous avons réussi parce que nous avons compris
  • 16:56 - 16:58
    que nous avions une destinée commune avec eux.
  • 16:58 - 17:01
    La sécurité collective ne suffit pas.
  • 17:01 - 17:03
    La paix s'est installée en Irlande du Nord
  • 17:03 - 17:06
    parce que les deux côtés on compris qu'il n'y avait rien à gagner au jeu de la guerre.
  • 17:06 - 17:09
    Ils partageaient une destinée avec leurs ennemis.
  • 17:09 - 17:11
    Un des grands obstacles à la paix au Proche-Orient,
  • 17:11 - 17:14
    est que les deux côtés, Israël comme les Palestiniens, selon moi,
  • 17:14 - 17:16
    ne comprennent pas
  • 17:16 - 17:19
    qu'ils partagent une destinée collective.
  • 17:19 - 17:21
    Et voilà soudain, Mesdames et Messieurs,
  • 17:21 - 17:23
    que ce qui était la proposition des visionnaires
  • 17:23 - 17:26
    et des poètes, depuis des générations,
  • 17:26 - 17:28
    devient quelque chose que
    nous devons prendre au sérieux
  • 17:28 - 17:30
    en matière de politique publique.
  • 17:30 - 17:33
    J'ai commencé par un poème,
    je terminerai par un autre.
  • 17:33 - 17:36
    Le grand poème de John Donne.
  • 17:36 - 17:40
    "N’envoie jamais demander pour qui sonne le glas".
  • 17:40 - 17:42
    Le poème s'intitule "Aucun homme n’est une île".
  • 17:42 - 17:44
    Le voici :
  • 17:44 - 17:47
    "La mort de chaque être humain me diminue,
  • 17:47 - 17:49
    car je fais partie de l'humanité ;
  • 17:49 - 17:51
    n’envoie jamais demander
  • 17:51 - 17:53
    pour qui sonne le glas,
  • 17:53 - 17:55
    il sonne pour toi."
  • 17:55 - 17:58
    Pour John Donne, c'est un impératif de moralité.
  • 17:58 - 18:00
    Pour nous, je crois,
  • 18:00 - 18:03
    c'est une partie de l'équation de notre survie.
  • 18:03 - 18:05
    Merci beaucoup.
  • 18:05 - 18:08
    (Applaudissements)
Title:
Le transfert global du pouvoir
Speaker:
Paddy Ashdown
Description:

Paddy Ashdown soutient que nous vivons à un moment de l'histoire où le pouvoir change de façon inédite. Dans un discours prenant lors de la conférence TEDxBrussels, il décrit les trois transferts globaux du pouvoir qu'il voit venir.

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