Aujourd'hui, j'ai envie de vous parler
d'innovation et de vie privée,
parce que les deux ne sont pas souvent
des choses que l'on connecte.
Pour moi, c'est absolument essentiel.
J'ai une question à vous poser.
Y-a-t-il des gens ici
qui se sont déjà dit :
« Ma vie privée,
mes données, je m'en fous,
parce que je n'ai,
globalement, rien à cacher » ?
Oui.
Qui se considère être bien
et plutôt honnête dans sa vie ?
Voilà ! Donc évidemment,
on a rien à cacher,
puisqu'au final,
que découvriront les gens ?
Que je suis quelqu'un de normal,
et que ma vie n'a rien
de particulièrement intéressant.
On va faire une petite expérience,
si ça vous dit, OK ?
Prenez tous votre téléphone
et ouvrez votre dernière conversation.
Ne la choisissez pas,
ce n'est pas important.
N'importe quelle
application de messagerie,
ouvrez la dernière conversation.
C'est bon ?
Maintenant passez
votre téléphone à votre voisin.
OK.
Bon !
(En riant) OK, OK !
Combien de personnes ici,
combien de personnes
ont regardé la conversation
du téléphone qu'on leur a donné ?
Est-ce que je vous ai dit
de regarder la conversation ?
(Rires)
Et voilà !
Combien de personnes
ont senti une petite anxiété
quand ils ont passé
le téléphone à leur voisin ?
(Rires)
Voilà.
Et encore, la personne est à côté de vous,
vous savez exactement qui c'est.
Vous pouvez voir si elle fait des choses
qu'elle n'est pas censée
faire avec vos messages.
Maintenant, dites-vous un truc.
A chaque fois que vous dites OK
à une entreprise
pour récupérer vos données,
vous êtes en train de faire ça,
mais avec des gens
que vous ne connaissez pas,
dont vous ne connaissez pas
les vrais intérêts,
et contre qui vous n'avez
quasiment aucun recours.
Et pour moi, ça, c'est
un vrai sujet aujourd'hui.
C'est qu'on a complètement
déconnecté l'impact réel
des abus de vie privée
de notre utilisation de la technologie.
Sauf qu'en fait, dans les années 1990,
à l’époque où on était déconnecté,
les questions de données perso
n'étaient pas un sujet,
car il y avait peu de données.
La majorité de notre vie,
on la passait offline.
Donc, personne ne savait
ce qui se passait.
Sauf qu'à chaque fois qu'on a
commencé à connecter un objet,
avec de plus en plus
de technologie,
on a commencé à digitaliser
plus d'aspects de notre vie.
Le résultat, c'est qu'aujourd’hui,
on arrive à ce point d'inflexion
où on produit tellement
de données personnelles
que tellement peu
d'entreprises centralisent,
qu'on commence véritablement
à avoir toute notre vie qui est exposée.
Et c'est ça, le vrai danger.
Il y a 20 ans, vous pouviez dire
que les questions de vie privée
étaient secondaires,
mais aujourd'hui, le monde a changé,
les données sont partout.
Et ça me fait peur quand je
commence à regarder des choses
comme le nombre de vol de données.
Oui, et ça, ce n'est qu'une sélection,
ce n'est pas tout ce qui a été volé.
Alors encore une fois,
vous pouvez vous dire :
s'il y a eu autant de données volées
qu'il y a d'humains sur la planète,
comment se fait-il
que je n'ai pas eu de soucis ?
Eh bien, de plus en plus de gens
ont ce qu'on appelle des « ransomwares »,
c-à-d des pirates informatiques qui,
avec ces données volées,
vous envoient un message disant :
« Vous m'envoyez des bitcoins,
ou je balance à tout le monde,
vos photos que vous n'avez pas
envie que les gens voient.
Donc, quand vous donnez
vos données à une entreprise,
vous êtes aussi en train d'en
donner potentiellement à un hacker,
et ça peut vous coûter beaucoup d'argent,
et si vous refusez de payer,
je peut vous garantir qu'ils rendront
publiques ces informations.
Ne pensez pas que, parce que
ça ne vous est pas arrivé aujourd'hui,
ça ne vous arrivera pas dans le futur.
Pour moi, les questions de vie privée
sont des questions de sécurité.
Il faut qu'on puisse se sentir
en sécurité sur internet.
Il ne faut pas qu'on ait peur
en permanence, du vol de nos données.
Deuxièmement, il faut comprendre
que ces entreprises, au fur et à mesure,
finissent par créer un profil
tellement précis de qui vous êtes,
qu'ils savent des choses sur vous
que vous n'imaginez pas.
L'autre jour, je parlais à quelqu'un
d'un livre que je voulais acheter.
Je ne l'avais pas encore acheté
et j'ai eu une pub pour ce livre-là.
Et personne ne m'a entendu le dire.
En fait, ce que moi et mes amis
avons cherché sur internet
a permis de dresser
un profil si précis
qu'ils ont compris ce qui m'intéressait,
un peu comme un puzzle.
Quand vous commencez,
vous ne savez pas ce qu'il y a dedans,
et à chaque fois que vous rajoutez
une pièce, ça s'éclairci.
C'est ce qui se passe avec votre profil
et vos données personnelles.
C'est bien d'avoir de la personnalisation,
du targeting, dans le cadre de la santé.
C'est important d'avoir
une santé personnalisée.
Mais la plupart du temps, c'est utilisé
pour les mauvaises raisons.
C'est utilisé pour essayer de vous garder
captifs de ces différentes plateformes.
Vous savez cette sensation, sur Instagram,
quand vous scrollez en permanence,
et vous ne comprenez pas pourquoi
vous continuez, comme un addict.
En fait, vous êtes tellement bien profilé,
que le contenu qu'on vous montre
est tellement intéressant
que vous finissez, tout simplement,
par ne jamais en avoir marre.
Malheureusement, ça va plus loin.
Ils utilisent aussi des techniques
de nudge pour vous pousser des pubs,
avec un seul but, pas celui de vous donner
quelque chose dont vous avez besoin,
mais celui de gagner
de l'argent de l'autre côté.
Vos données sont utilisées
pour faire du targeting publicitaire
qui leur permet de gagner l'argent.
Sauf que dans la majorité des cas,
ce sont des produits dont
vous n'avez pas forcément besoin,
vendus par des entreprises avec lesquelles
vous n'avez pas toujours envie de traiter,
et malheureusement très souvent,
avec de l'argent que vous n'avez pas.
Donc aujourd'hui pour moi,
le problème de targeting
c'est globalement des problèmes,
en fait, de manipulation.
Et on l'a vu aussi au niveau
de Cambridge Analytica
quand ils ont utilisé ça
pour manipuler les avis politiques.
Si je sais ce que vous aimez,
je sais exactement quoi vous montrer
pour vous faire penser
telle ou telle chose.
Ça s'est fait sur des échelles énormes.
Donc, les questions de vie privée sont des
questions d'addiction, de manipulation,
et garantir sa vie privée, c'est garantir
une certaine forme de liberté de pensée.
Mais encore, ce n'est pas
le pire dans cette histoire.
Moi, ce qui me fait le plus peur,
c'est qu'on s'aperçoit
que plus quelqu'un utilise un réseau social,
moins, il y a de diversité
dans le contenu qu'il voit.
Cela veut dire qu'au fur à mesure
que vous donnez de la donnée
à un réseau social ou à une entreprise,
elle vous connaît tellement
de mieux en mieux
qu'elle finit par vous enfermer
dans votre propre bulle.
C'est intéressant, car quand
vous êtes dans votre bulle,
tout est confortable,
vous vous sentez bien.
C'est pendant les élections
que ça se voit le plus.
Comme par hasard, tous
mes copains votent comme moi.
Ils sont où, les autres ?
En fait, l'algorithme
sait ce que j'ai envie de voir,
et plutôt que de risquer de me perdre
avec quelque chose qui ne me plait pas,
je vais être ciblé.
Et c'est très dangereux quand
on commence à perdre de la diversité,
parce qu'en fait, on sait aussi
que l'innovation vient de la diversité.
Des études ont montré
que les entreprises les plus innovantes
étaient celles qui étaient
aussi les plus diverses.
Donc, maintenant faisons
une petite expérience de pensée.
Imaginez que la couleur rouge
représente le domaine de la technologie.
Vous, vous êtes quelqu'un
qui est intéressé par la technologie.
Si à chaque fois, vous êtes
exposé à du contenu technologique,
qu'est-ce qui va se passer
au bout d'un moment ?
Vous allez juste finalement devenir
un meilleur technologiste,
ce qui n'est pas mauvais,
devenir un plus grand expert.
Vous avez renforcé, en fait,
vos connaissances existantes.
Mais, vous n'avez rien inventé de nouveau.
Vous n'avez fait qu'approfondir
la connaissance que vous aviez déjà.
Maintenant, prenons un autre exemple.
Imaginons que, cette fois-ci,
vous ayez trois morceaux de contenu
qui sont de la technologie,
mais que vous commencez
à regarder les choses relatives à l'art.
Comme la pâte à modeler, mélangez
du rouge et du vert, ça fait du jaune.
Il y a quelque chose de nouveau,
ni de l'art, ni de la technologie,
mais un genre d'intersection.
Rajoutez le commerce, et tout d'un coup,
vous avez tant de diversité d'infos, vous
êtes capable de voir le spectre entier.
Vous n'êtes plus enfermé dans
le domaine que vous connaissez déjà,
vous avez maintenant la capacité
de voir ce qui se passe
à l'intersection
de ces différents domaines.
C'est ça véritablement
qu'on appelle l'innovation, finalement.
Donc, quand vous êtes enfermé
dans votre propre bulle,
vous perdez votre capacité d'innover,
car vous perdez cette capacité
de voir le spectre entier du possible,
et comment ces différentes
choses sont reliées entre elles.
Donc, pour moi,
les questions de vie privée
sont fondamentalement
des questions d'innovation.
Il est très, très, très important
d'arriver à conserver
notre capacité d'innovation.
Alors, comment faisons-nous
pour garantir la vie privée ?
Il y a pas mal
de technologies qui existent.
Déjà, il faut comprendre
le concept de « privacy by design ».
C'est véritablement cette idée
qu'on va garantir la vie privée,
non pas en demandant
à ce que nous fasse confiance,
mais plutôt en garantissant au niveau
technologique, du produit, du business,
que personne ne pourra jamais
abuser de ces données-là.
Donc, par exemple, le chiffrement
homomorphe, c'est très simple.
Je veux utiliser un service
sans dévoiler quoi que ce soit.
Imaginons vous vouliez récupérer
des recommandations de restaurant,
mais vous ne voulez pas que la personne
de l'autre coté vous localise.
Eh bien, vous allez chiffrer
sur votre téléphone, votre localisation.
Vous allez l'envoyer à celui
qui va vous faire les recommandations.
Il ne sait pas où vous êtes,
n'ayant pas la clé de la donnée chiffrée.
Il va mouliner un espèce de résultat
et le renvoyer lui-même chiffré,
donc sans savoir ce qu'ils
vous ont recommandé.
Et vous le déchiffrez sur votre téléphone.
Donc, vous avez été capable
d'avoir un service,
ici, de recommandation
de restaurant personnalisée,
sans jamais dévoiler là où vous êtes.
Ce genre de technologie, jusqu'à
récemment, ne marchait pas bien,
mais maintenant ça y est,
on est à quelques années
de faire en sorte que ça marche pour tout,
même l'intelligence artificielle.
Ensuite, il y les questions
de centralisation.
On ne veut surtout pas qu'une seule
entreprise ait le monopole sur nos données
car ça veut dire que
cette entreprise déciderait
de la façon dont les personnes
qui utilisent le service
devraient penser potentiellement.
Là aussi, beaucoup travaillent,
notamment grâce à la block-chain,
à la décentralisation du pouvoir
sur les données personnelles.
Et finalement il y a le GDPR, c'est 50-50.
Qui ici trouve que c'est bien le GDPR ?
Ah, c'est bien !
Aux Etats-Unis, c'est zero,
les gens n'aiment pas.
C'est très bien pour trois choses.
Premièrement, ça permet
de se faire oublier.
Si on n'est pas content,
on peut partir et se faire oublier.
Deuxièmement, ça permet de récupérer
nos données et les envoyer ailleurs.
Si vous pensez qu'entreprise A
n'a pas vos valeurs éthiques,
et qu'une autre entreprise
propose le même service,
vous pouvez transférez vos données
sans recommencer à zéro.
Dans certains cas, il y a même
le droit au non-profilage
si, par exemple, les conséquence seraient
extrêmement lourdes sur votre vie.
Les réglementations entrant
en vigueur aujourd'hui
permettent de casser ce cercle vicieux
lié aux données personnelles,
qui fait qu'on finit
par renforcer notre bulle,
sans aucun recours possible derrière.
Donc, la cryptographie, la block-chain,
la réglementation autour
des données perso,
sont des instruments nécessaires
pour protéger notre vie privée.
Pourquoi est-ce que
je vous parle de tout ça ?
Je vous parle de ça parce qu'aujourd'hui,
on a deux choix pour le futur.
On a celui-là.
Ça, c'est le choix de continuer comme
on est en train de faire maintenant.
On va dans le mur quoi.
Si on continue à s'enfermer
dans notre propre bulle,
comment est-ce qu'on va
véritablement changer les choses ?
Tout le monde voit bien, est d'accord,
que les choses n'avancent pas
dans la bonne direction.
Il y a un moment où il faut réaliser
que si on perd notre capacité d'innovation,
on ne réussira jamais à empêcher
ce genre de catastrophe.
Avez-vous envie d'aller vivre sur Mars ?
Il y en a qui proposent ça comme solution.
Non ! Personne n'a envie
d'aller vivre sur Mars.
Je suis content de vivre sur Terre.
C'est une belle planète, avec
de belles plages, et j'adore Paris.
Donc, j'essaie de proposer
quelque chose de différent.
Ce que je propose c'est qu'on arrive
à créer un futur qui soit positif,
un futur où on a réussi à résoudre
tous ces problèmes.
Mais, pour y arriver, il va falloir
décupler nos facultés d'innovation,
grâce à la technologie, plutôt que
de nous enfermer dans une bulle
qui va nous conduire
tout droit à une catastophe.
Et c'est pour ça que tout le monde devrait
se battre pour protéger la vie privée,
et pour casser les cercles vicieux
dans lesquels nous sommes depuis 30 ans.
Merci.
(Applaudissements)
Today, I would like to talk
about innovation and privacy
because people do not often
connect them together.
To me, however,
this is absolutely necessary.
I have a question for you.
Has any of you here ever thought:
'My private life, my data, I don't care
because I've basically nothing to hide'?
Yes.
Who considers themselves as a pretty
good and honest person in their life?
Here we go! So it is obvious
that we have nothing to hide
because at the end,
what will people discover?
Well, that I am a normal person,
and that my life isn't
particularly interesting.
If you want to, we're going
to do a little experiment, OK?
Please get your phone
and open your last chat.
Don't choose it, it's not important.
Use any messaging app,
and open the last conversation.
Are you there ?
Now hand your phone
to the person next to you.
(Laughter)
OK.
All right!
(Laughing) OK, OK!
How many people here,
how many people looked
at the conversation
that was on the phone they were given?
Did I tell you to read the conversation?
(Laughter)
That's it!
How many people felt a bit anxious when
handing their phone to their neighbour?
(Laughter)
There you go.
And yet, the person next to you,
you know exactly who they are.
You can see if they start doing something
they aren't supposed to do
with your messages.
Now, tell yourself something.
Each time you give green light
for company to collect your data,
you are actually doing just that
but with people you don't know,
whose real interests
you know nothing about,
and against whom you have
virtually no recourse.
And to me, this is a real issue today.
In fact, we have completely disconnected
the real impact of the misuse
of our private data
from our use of technology.
Except that in the 1990s,
when we were offline,
questions surrounding personal data
weren't a popular subject
since there was very little data around
as we spent most of our lives offline.
Nobody knew what was happening with us.
But each time we started
to connect a device
with the help of more
and more technology,
more aspects of our lives
became increasingly digitalised.
As a result, today,
we have reached the point
where we produce
so much personal data
that so few companies centralise,
that all of our lives
have really started to be exposed.
And that is the real danger.
Twenty years ago, we could say
that the issue of privacy was secondary,
but today the world has changed
because data is everywhere.
And that scares me
especially when I start to look at things
such as the amount of data theft.
Yes, here, you see only a selection;
it doesn't show
everything that was stolen.
Now once again, you could think:
if there are as many data thefts
as there are humans on the planet,
how come I haven't had any problem?
Well, an increasing number of people
are subject to 'ransomwares',
that is when computer
hackers steal your data
and send you a message saying,
'If you don't send me bitcoins,
I'll send everybody your photos
that you really don't want people to see.'
So, when you give
your personal data to a company,
you are also potentially
giving it to a hacker,
and that could cost you lots of money,
and if you refuse to pay,
I can guarantee they will
go public with this information.
So don't think that because
it hasn't happened to you yet,
it won't happen to you in the future.
So to me, privacy issues
are security issues.
We must be able
to feel safe on the Internet.
We mustn't be permanently afraid
that our data is going to be stolen.
Secondly, we must understand
that as these companies collect your data,
they gradually end up creating
a profile of you that is so precise
that they know things about you
you don't even imagine.
The other day, I was talking to someone
about a book I wanted to buy.
I hadn't bought it yet,
and I received an advert for this book.
Nobody had heard me talking about it.
In fact, what I and my friends
had looked up on the Internet
had enabled companies
to profile me so precisely
that they understood
what I was interested in,
a little bit like in a puzzle.
At first, you don't quite know what it is,
but each time you add a piece,
it becomes clearer.
That's exactly what happens
with your profile and your personal data.
Customisation or targeting can be good,
for example, in the context of health.
It's important to have
a personalised health.
But unfortunately, it is usually
used for the wrong reasons.
It's used to try to keep you hooked
on these different platforms.
You know this feeling, on Instagram,
when you continually scroll,
and you don't know why
you keep scrolling like an addict.
In fact, you have been so well profiled
that the contents shown
to you is so interesting
that you end up quite simply
never getting bored of it.
Unfortunately, it goes further than this.
They also use nudge techniques
to push commercials onto you
with one single aim that is not
to give you something you need,
but to make money at the other end.
Your personal data is used
for targeted advertising
that allows them to make money.
Except that in most cases,
these are products you don't really need,
sold by companies you
don't really want to do business with,
and unfortunately very often,
with money that you don't have.
So to me today,
the problem with targeting
relates overall to manipulation issues.
And we've seen that
with Cambridge Analytica,
when it was used
to manipulate political opinions.
If I know exactly what you like,
I know exactly what to show you
in order to make you think
such and such thought.
It was done on a massive scale.
So, privacy issues are addiction
and manipulation issues,
and protecting your privacy means
protecting some freedom of thought.
But that's not even the worst in all this.
What scares me the most
is that we are finding out
that the more someone
uses a social network,
the less diverse is the content they see.
It means that as you keep feeding your
data to a social network or a company,
this company gets
to know you so much better
that it ends up locking you
inside your own bubble.
Obviously this is interesting
because in your bubble,
everything is comfortable
and you fell good.
To me, where that can be seen
is during elections,
as if by chance, all my friends
vote the same as me.
Where are all the others?
It's because the algorithm
knows what I like to see,
and rather than risking losing me
with something I don't like,
I become targeted.
And it's really, really dangerous
when we start to lose diversity
because, in fact, we also know
that innovation comes from diversity.
Studies have shown that
the most innovative companies
were those that were
also the most diverse.
Now we're going to do
a little thinking experiment.
Imagine that the colour red
represents the area of technology.
And you are someone
interested in technology.
If each time, you are exposed
to technological content,
what will happen after a while?
Well, you will eventually
just become a better technologist,
and becoming more
of an expert isn't that bad.
You have just reinforced
your existing knowledge.
But you haven't come up with anything new.
You have only deepened
your existing knowledge.
Now let's take another example.
Imagine that this time,
three parts of your content
is technological,
but that you start to look
at things relating to art.
Like with modelling clay, mix red
and green, and it makes yellow.
So now you have something new,
neither art nor technology
but something in between.
Now you add business and suddenly,
you have such diverse information,
you can see the whole spectrum.
You are no longer confined
to the field you already know,
you can now see what is happening at
the intersection of these different areas.
And in the end, this is really
what we call "innovation".
So when you are locked
inside your own bubble,
you lose your ability to innovate
because you lose the ability to see
the whole spectrum of possibilities,
and how these different things
are linked to each other.
So to me, privacy issues
are fundamentally innovation issues.
It is really, really important
that we keep our ability to innovate.
Now, how can we protect our privacy?
Well, quite a lot of technologies exist.
First, the concept of 'privacy by design'
should be well understood.
It is the idea that
we will protect your privacy
not by asking you to trust us
but rather by guaranteeing
that, at the levels of technology
product and business,
nobody will ever be able
to misuse this data.
For example, homomorphic
encryption is very simple.
I want to use a service
without revealing anything at all.
Let's imagine that you seek
restaurant recommendations,
but you don't want the person
at the other end to know where you are.
Well, you need to encrypt
your location on your phone.
You send it to the person who is going
to give the recommendations.
This person has no idea where you are
without the code of the encrypted data.
They send you a kind of answer
that is also encrypted
so they don't know
what they've recommended,
and you decode it on your phone.
That way, you are able to use a service -
in this case, customised
restaurant recommendations -
without ever disclosing where you are.
Until recently, this kind
of technology didn't work so well,
but today, we are merely
a few years away from making sure
that it works for everything,
even artificial intelligence.
Next, there's the issue of centralisation.
We certainly don't want one company
to get the monopoly on all our data
because it would mean that
this company could potentially decide
how all the people using
their service should think.
Here too, lots of people are working,
through blockchain especially,
on decentralising the control
of personal data.
Lastly, there's GDPR. It's a fifty-fifty.
Who thinks GDPR is good?
Ah, that's good!
In the US, it's zero, they don't like it.
It's really good for three things.
First, it allows you to be forgotten.
If you're not happy,
you can leave and be forgotten.
Second, it allows our data
to be retrieved and sent elsewhere.
If you think that company A
doesn't share your ethical values,
and that another company
offers the same service,
you can transfer your data
without having to start all over again.
In some cases, you can even have
the right not to be profiled,
if it would have a serious
impact on your life, for example.
The regulations coming into effect today
allow us to break this vicious circle
related to our personal data
that ends up reinforcing our bubble
without giving us
any possibility of recourse.
So, encryption, blockchain,
and the regulation of our personal data
are tools that are absolutely needed
in order to protect our privacy.
So why am I talking about all this?
I'm talking about this because today,
we face two choices for our future.
We have that one.
That is if we choose to keep
doing what we're doing now.
Well, it is heading for disaster.
If we carry on being confined
in our own bubble,
how are we really going
to make a difference?
Everybody agrees that things
aren't heading in the right direction.
At one point, we must realise
that if we lose our ability to innovate,
then we'll never manage
to prevent this kind of disaster.
Do you fancy living on Mars?
Some people propose that as a solution.
No! Nobody wants to go and live on Mars.
I'm very happy to live on Earth.
It's a lovely planet with beautiful
beaches, and I love Paris, no way!
So what I'm trying to propose
here is something different.
What I'm proposing is that we succeed
in creating a true positive future,
a future in which we have managed
to resolve all these problems.
But to get there, we need
to increase our ability to innovate,
thanks to technology, rather
than staying stuck inside a bubble
that is going to lead us
straight to a catastrophe.
And that is why everybody
must fight to protect their privacy
and to break the vicious circle
in which we've been for the last 30 years.
Thank you.
(Applause)
Danas želim da vam pričam
o inovativnosti i privatnom životu
zato što ove dve stvari ne vezujemo
često jednu za drugu.
Za mene je to od suštinske važnosti.
Imam jedno pitanje za vas.
Da li ovde ima osoba
koje su već sebi rekle:
„Briga me za moj privatni život i podatke
zato što nemam šta da krijem”?
Da.
Ko smatra da je dobar i pošten u životu?
Eto! Dakle, očigledno,
nema šta da se krije.
jer, na kraju krajeva,
šta će ljudi otkriti?
Da sam neko normalan,
da u mom životu nema
ničeg naročito zanimljivog.
Obavićemo jedan mali eksperiment,
šta kažete, može?
Uzmite svoje telefone i otvorite
svoju poslednju konverzaciju.
Nemojte da je birate, nije bitno.
Koja god aplikacija za poruke
da je u pitanju,
otvorite poslednju konverzaciju.
Jeste li?
Sada prosledite telefon osobi do vas.
U redu.
Dobro!
(Smeje se) Dobro, dobro!
Koliko ovde prisutnih osoba,
koliko je osoba pogledalo konverzaciju
sa telefona koji im je prosleđen?
Da li sam vam rekao da je pogledate?
(Smeh)
Eto!
Koliko je vas osetilo tremu
kada ste dali telefon osobi pored?
(Smeh)
Eto.
Pritom, tu osobu pored vas vi poznajete.
Možete da vidite da li radi
sa vašim porukama nešto što ne bi trebalo.
Sada recite sebi nešto.
Svaki put kada kažete „u redu”
nekoj kompaniji
za pristup vašim podacima,
radite upravo to isto,
ali sa ljudima koje ne poznajete,
čije prave motive ne poznajete,
i protiv kojih nemate nikakvo sredstvo.
E, za mene je to pravo pitanje današnjice.
Poptuno smo isključili realan uticaj
preteranog prisustva privatnog života
u upotrebi tehnologije.
Osim što, u stvari, devedesetih godina,
u vreme kada nismo bili povezani,
pitanje ličnih podataka nije ni postojalo,
zato što je podataka bilo malo.
Većinu života provodili smo oflajn.
Dakle, niko nije znao šta se događalo.
Osim što, svaki put kada bismo probali
da povežemo neki predmet
sa sve više i više tehnologije,
počeli bismo da digitalizujemo
više aspekata našeg života.
Rezultat je taj da danas
dolazimo do tačke promene
u kojoj otkrivamo toliko ličnih podataka
koje tako malo kompanija centralizuje,
da zaista počinjemo
da eksponiramo celi svoj život.
I baš to je prava opasnost.
Pre 20 godina, mogli ste da kažete
da su pitanja privatnog života
bila sekundarna
ali danas, svet se promenio,
podaci su svuda.
I plaši me kada počnem da gledam stvari
kao što je broj krađa podataka.
Da, i to je samo jedan deo,
to nije sve što je ukradeno.
Prema tome, možete još jednom sebi reći:
ako se desilo toliko krađa podataka,
koliko ima ljudi na planeti,
kako to da ja nisam imao taj problem?
Pa, sve više ljudi ima ono
što nazivamo „ransomwares”
odnosno hakeri koji vam
sa tim ukradenim podacima
šalju sledeću poruku:
„Pošaljite mi bitkoine,
ili ću svima otkriti
slike koje ne želite da drugi vide.
Dakle, kada date svoje podatke kompaniji,
potencijalno ih dajete hakeru,
i to vas može koštati mnogo novca,
a ako odbijete da platite,
mogu da garantujem da će pustiti
te informacije u javnost.
Nemojte misliti da vam se to,
ako se nije desilo danas,
neće desiti u budućnosti.
Za mene, pitanje privatnog života
je pitanje bezbednosti.
Treba da bude moguće
da se osećamo bezbedno na internetu.
Ne treba da se konstantno bojimo
krađe naših podataka.
Zatim, treba da shvatimo
da te firme, malo po malo,
na kraju stvore detaljan profil
vaše ličnosti
da znaju o vama ono
što ne možete ni da zamislite.
Pre neki dan, pričao sam sa nekim
o knjizi koju sam hteo da kupim.
Još uvek je nisam kupio
a dobio sam reklamu za tu knjigu.
A niko me nije čuo kada sam to rekao.
U stvari, ono što smo moji prijatelji i ja
tražili na internetu
omogućilo je da stvore
tako precizan profil
da su razumeli šta me zanima,
nešto kao slagalica.
Kada počinjete, ne znate šta ima unutra,
i svaki put kad dodate jos jedan deo,
to postaje jasnije.
To se dešava sa vašim profilom
i vašim privatnim podacima.
Dobro je imati personalizaciju,
targeting, u okviru zdravtsva.
Bitno je da imamo
personalizovano zdravlje.
Ali većinu vremena, to se zloupotrebljava.
Koristi se kako bi vas zarobili
na različitim platformama.
Znate onaj osećaj, kada na Instagramu
konstantno skrolujete
i ne razumete zašto to i dalje radite,
kao da ste zavisni od toga.
Zapravo, toliko ste dobro profilisani,
da je sadržaj koji vam je prikazan
toliko zanimljiv
da vam, jednostavno, nikada ne dosadi.
Nažalost, tu nije kraj.
Koriste i razne „nudge” tehnike,
kako bi vam gurali razne reklame,
sa samo jednim ciljem, koji nije
zadovoljenje vaših potreba,
već zarada novca na drugi način.
Vaši podaci se koriste
za targeting u reklamiranju
koji im omogućava zaradu.
Samo što su to u većini slučajeva
proizvodi koji vam možda i ne trebaju,
koje prodaju kompanije sa kojima
ne želite uvek da imate posla,
i nažalost, veoma često,
sa novcem koji vi nemate.
Dakle, danas, za mene, problem targetinga
je, zapravo, problem manipulacije.
Videli smo ga i u okviru kompanije
Cambridge Analytica,
kada su to koristili za manipulisanje
političkim mišljenjem.
Ako znam šta volite,
tačno znam i šta da vam pokažem,
da bih vas naveo da mislite ovo ili ono.
To se radi u ogromnim razmerama.
Dakle, problem privatnog života
je problem zavisnosti, manipulacije,
a osigurati svoj privatni život znači
osigurati jedan oblik slobode mišljenja.
Ali i dalje to nije
ono najgore u ovoj priči.
Mene lično najviše plaši to što shvatamo
da što osoba više koristi
neku društvenu mrežu,
manje ima raznolikosti
u sadržaju koji vidi.
To znači da,
kako dajete podatke
nekoj društvenoj mreži ili kompaniji,
tako će vas ona poznavati
sve bolje i bolje,
te će vas na kraju zatvoriti
u vaš sopstveni mehur
To je zanimljivo,
jer kad ste u svom mehuru
sve je prijatno, osećate se dobro.
To se najviše vidi tokom izbora.
Kao slučajno,
svi moji drugovi glasaju kao ja.
Gde su ostali?
U stvari, algoritam zna
šta ja želim da vidim,
i umesto da rizikuje da me izgubi
sa nečim što mi se ne sviđa,
biću meta.
A opasno je kada počnemo
da gubimo na raznolikosti,
zato što se, zapravo, zna
i da inovativnost potiče od raznolikosti.
Studije su pokazale
da su najinovativnije kompanije
one koje su i najraznolikije.
Stoga, hajde da sada uradimo
jedan mali misaoni eksperiment.
Zamislite da crvena boja
predstavlja domen tehnologije.
Vi ste neko koga zanima tehnologija.
Ako ste svaki put izloženi
tehnološkom sadržaju,
šta će se desiti u nekom momentu?
Jednostavno ćete postati bolji tehnolog,
što nije loše, postati veći stručnjak.
Ojačali ste, u stvari,
vaša postojeća znanja.
Ali, niste izmislili ništa novo.
Samo ste produbili znanje
koje ste već imali.
Hajde da sada uzmemo drugi primer.
Zamislimo, ovaj put,
da imate tri neka sadržaja
vezana za tehnologiju
ali da počinjete da gledate
stvari vezane za umetnost.
Kao što je glina, mešanjem crvene
i zelene boje dobija se žuta.
Imamo nešto novo,
što nije ni umetnost, ni tehnologija,
nego neka vrsta preplitanja.
Dodajte trgovinu, i odjednom,
imate toliku raznolikost informacija,
možete da vidite čitav spektar.
Niste više zatvoreni u domenu
koji već poznajete,
sada ste sposobni da vidite šta se dešava
pri preplitanju tih različitih domena.
To je konačno ono
što zaista nazivamo inovativnošću.
Dakle, kada ste zatvoreni u svom mehuru,
gubite sposobnost inovacije
zato što gubite sposobnost da vidite
kompletan spektar mogućnosti,
i način na koji su te različite stvari
međusobno povezane.
Prema tome, za mene su
pitanja privatnog života
u osnovi pitanja inovativnosti.
Veoma je važno
da uspemo da sačuvamo
našu sposobnost inovacije.
Kako onda da osiguramo privatni život?
Ima dosta tehnologija koje postoje.
Najpre, treba razumeti
koncept „privacy by design”.
To je zaista ta ideja
da se osigura privatni život,
ali ne tražeći od drugih da nam veruju,
nego osiguravajući na tehnološkom,
proizvodnom, poslovnom nivou,
tako da niko nikada ne može
da zloupotrebi te podatke.
Znači, na primer, homomorfno šifrovanje,
veoma je jednostavno.
Hoću da koristim neku uslugu
a da ne otkrijem neki podatak.
Zamislimo da želite da vidite
preporuke restorana,
ali ne želite da vas osoba
sa druge strane lokalizuje.
E, pa, šifrovaćete lokaciju na telefonu.
Poslaćete je osobi
koja će vam dati preporuke.
On ne zna gde ste vi,
pošto nema ključ za šifrovane podatke.
On će da izvuče neki rezultat
i poslaće ga šifrovanog,
dakle, ne znajući šta su vam preporučili.
I vi to dešifrujete na telefonu.
Dakle, tu ste u mogućnosti
da dobijete uslugu
preporuke restorana
koja je personalizovana,
a da pritom ne otkrijete gde ste.
Ova vrsta tehnologije
donedavno nije dobro funkcionisala
ali sada je to to,
treba nam samo par godina
da se pobrinemo da ona funkcioniše za sve,
čak i za veštačku inteligenciju.
Zatim, imamo pitanje centralizacije.
Nikako ne želimo da samo jedna
kompanija ima monopol nad našim podacima
jer bi to značilo da ta kompanija odlučuje
o načinu na koji,
ljudi koji koriste usluge,
potencijalno treba da razmišljaju.
Sada, takođe, mnogi rade,
naročito zahvaljujući blokchain-u,
na decentralizaciji moći
nad ličnim podacima.
A tu je, najzad, i GDPR, to je 50-50.
Ko ovde smatra da je GDPR dobar?
O, fino!
U Sjedinjenim Američkim Državama
ljudi ga ne vole.
Dobar je zbog tri stvari.
Prvo, to nam omogućava da nas zaborave.
Ako nismo zadovoljni,
možemo da odemo i bićemo zaboravljeni.
Drugo, to omogućava da se podaci skupe
i pošalju na drugo mesto.
Ako smatrate da kompanija A
ne deli vaše moralne vrednosti,
i da neka druga kompanija
nudi istu uslugu,
možete da prosledite podatke
a da se ne vratite na nulu.
U nekim slučajevima, postoji čak
i pravo na neprofilisanje,
ako su, na primer,
posledice ozbiljne po vaš život.
Odredbe koje danas stupaju na snagu
omogućavaju prekid tog začaranog kruga
vezanog za lične podatke,
koji doprinosi jačanju našeg mehura,
bez ikakvih sredstava iza nas.
Prema tome, kriptografija, blockchain,
odredbe vezane za lične podatke,
sve su to sredstva koja nam trebaju
da zaštitimo svoj privatni život.
Zašto vam pričam sve ovo?
Pričam vam ovo zato što, danas,
imamo dva izbora za budućnost.
Imamo ovaj.
A to je da nastavimo kao što smo do sada.
Praktično idemo pravo u zid.
Ako nastavimo da se zatvaramo
u svoj sopstveni mehur,
kako ćemo stvarno promeniti nešto?
Svi dobro vidimo, svi se slažemo,
stvari ne idu u dobrom smeru.
Treba u nekom trenutku da shvatimo,
da ako izgubimo sposobnost inovacije,
nikada nećemo uspeti
da sprečimo takvu katastrofu.
Želite li da živite na Marsu?
Ima i onih koji predlažu to kao rešenje.
Ne! Niko ne želi da živi na Marsu.
Ja sam srećan što živim na Zemlji.
Lepa je to planeta, sa lepim plažama,
a obožavam i Pariz.
Dakle, pokušavam da predložim nešto novo.
Ja predlažem da se potrudimo
da stvorimo pozitivnu budućnost,
budućnost u kojoj bismo uspeli
da rešimo sve probleme.
Ali, da bismo uspeli, moraćemo
da umnožimo našu inovativnost,
zahvaljujući tehnologiji,
umesto da se zatvorimo u mehur
koji će nas odvesti pravo u katastrofu.
I zbog toga bi svi trebalo
da se bore da zaštite privatni život,
i da prekinu začarani krug
u kome smo već 30 godina.
Hvala.
(Aplauz)