J'ai demandé à Doc Shearis et Isaac Wilder de venir et de s'assoire avec Eben et continuer cette discussion. Eben Moglen. Merci. Merci, c'est un plaisir d'être ici, et de voir tant d'amis. Je suis très reconnaissant à David pour l'invitation, c'est un privilège d'être ici. Je vais parler principalement d'nu sujet qui est presque aussi geek que les choses dont on parle d'habitude tout le temps, c'est à dire de politique économique. Je vais essayer d'en parler d'une manière moins ennuyeuse que cela en a l'air d'habitude, mais vous me pardonnerez je suis pour commencer assez loin de OpenSSL, nous nous en rapprocherons au fur et à mesure plus tard. Les économies développées dans le monde, toutes maintenant, commencent à connaître un état de crise fondamentalement identique. Elles sont obligées d'imposer l'austérité car les niveaux d'endettement privé ont cassé les rouages de l'économie, et la volonté des détenteurs de capitaux de prendre des gros risques avec l'argent de d'autres personnes a fini par donner des résultats désastreux au cours de cette dernière décennie. Et donc l'austérité est une position inévitable et dommageable sur le plan politique pour tous les gouvernements du monde développé, et certains de ces gouvernements sont entrés dans un processus auto destructeur, dans lequel le besoin d'imposer l'austérité et de réduire les subventions publiques et les mesures sociales pour les jeunes stoppe la croissance économique, ce qui empêche l'austérité de produire ses résultats désirables. Au lieu de supprimer de mauvaises dettes et de reprendre la croissance, nous sommes les spectateurs d'un théâtre où la troisième économie du monde, l'Union européenne, se retrouve au bord d'un effondrement de sa monnaie et d'une génération perdue, ce qui aurait des conséquences néfastes sur toute l'économie mondiale. Pour les politiciens, je vois que peu d'entre eux sont là aujourd'hui, ils ont bien sûr mieux à faire que de nous écouter, pour les politciens en d'autres mots, ils font face maintenant à un problème insurmontable : comment a t-on de l'innovation et de la croissance sous l'austérité ? Ils ne connaissent pas la réponse à cette question, et cela devient si urgent que cela commence à attaquer leur contrôle politique. Des partis marginaux dans plusieurs sociétés très développées et très avancées commencent à attirer de nombreux suffrages, et à menacer la stabilité même de la capacité des décideurs économiques à résoudre (ou essayer de résoudre) le problème de l'innovation sous l'austérité. Ce n'est une bonne nouvelle pour personne. Ce n'est bon pour personne. Nous n'avons pas d'opportunité de nous réjouir de ce résultat, qui est largement le résultat de l'incompétence de ces personnes qui disent mériter tout cet argent parce qu'elles sont si intelligentes, c'est en partie la conséquence d'une lâcheté des politiciens qui leurs ont laissés trop d'espace. Ce n'est pas que nous soyons ravis de voir ceka arriver, mais il y a un bon côté. Il y a peu de personnes qui savent comment avoir de l'innovation sous l'austérité. Nous sommes celles-ci. Nous avons produit de l'innovation sous l'austérité pendant cette dernière génération, et non seulement nous avons fait des innovations plutôt bonnes, nous avons fait des innovations dont toutes les autres personnes riches ont pris le crédit. La plupart de la croissance qui s'est produite pendant cette période folle et et mouvementée où ils ont pris de l'argent de d'autres personnes et sont allés faire des paris avec, c'est de l'innovation que nous avons produit pour eux. Donc maintenant, en dépit des circonstances désastreuses que l'on peut nous aussi regretter, car le chômage est celui de mes étudiants qui obtiennent leur diplôme, de vos enfants, et de tous ces autres jeunes dont la vie sera abîmée pour de vrai par la mauvaise situation économique actuelle. Les gens qui commencent leur carrière maintenant souffriront de baisses de salaire pendant leur vie. Leurs enfants auront un moins bon départ en raison de ce qui arrive maintenant, on ne peut pas s'en réjouir. Mais nous avons une opportunité politique très réelle, car on a la réponse à la question la plus importante qui fait maintenant courir tous les décideurs politiques dans le monde. Cela veut dire qu'on a quelque chose de très important à dire, et je suis venu ici ce matin principalement pour commencer la discussion sur comment on devrait précisément le formuler. Et je veux présenter une première ébauche fonctionnelle de notre argumentaire, je dis « notre » car je regarde autour de moi et que je vous vois ici ce matin, Notre argumentaire sur ce que l'on doit faire avec le bazar dans lequel se trouve le monde. L'innovation sous l'austérité n'arrive pas en collectant beaucoup d'argent pour payer des intermédiaires de l'innovation. Un des aspects les plus importants de la politique économique du 21e siècle, c'est le processus que l'on appelle la désintermédiation, quand on jargonne, elle est impitoyable, constante, et sans répit. La télévision est en train de disparaître. Je n'ai pas besoin de vous le dire, vous le savez déjà. Personne n'essayera plus jamais de créer une encyclopédie commerciale. Les machines pourries qui vous permettent de lire des livres sauf si je décide de vous les reprendre d'Amazon transforment l'édition en éliminant le pouvoir de sélection des éditeurs, tout comme M. Jobs a presque détruit la totalité de l'industrie musicale sous le prétexte de la sauver. Une tâche que son fantôme est déjà en train de faire pour les éditeurs de magazines comme vous pouvez le voir. La désintermédiation, le mouvement d'émancipation qui nous vient depuis le centre du Net est un fait crucial sur la politique économique du 21e siècle. Elle démontre son existence tout le temps. Quelqu'un va gagner un prix Nobel en économie pour décrire en termes formels la nature de la désintermédiation. Les intermédiaires qui ont fait de bonnes affaires pendant les dix dernières années sont confinés à deux ensembles : les assureurs pour la santé aux États-Unis, en raison d'une pathologie politique, et la finance. Les assureurs de santé aux États-Unis sont peut-être capables de capitaliser sur une patholigie poolitique continuelle pour rester des intermédiaires chers et peu sûrs pour un peu plus de temps. Mais la finance s'est faite dessus dans sa propre maison, est se dégonfle maintenant, et va continuer ainsi pour quelques temps. En conséquence, comme les décideurs politiques l'observent à travers le système économique, la réalité que la désintermédiation se fait et qu'on ne peut pas l'arrêter, cela devient un point de repère dans la définition de politique industrielle nationale. Donc nous devons affirmer que c'est vrai pour l'innovation aussi. La plus grande invention technologique de la fin du 20e siècle est la chose que nous appelon la grande toile mondiale, une invention qui est âgée de moins de 8000 jours. Cette invention est déjà en train de transformer la société humaine plus rapidement qu'aucune autre chose depuis l'adoption de l'écriture. Nous en verrons plus de preuves. La nature de ce processus, que l'innovation alimente la désintermédiation, en permettant à toutes sortes de contacts humains de se produire sans intermédiaires, sans acheteurs, vendeurs, agents, ou contrôleurs, et offre un espace dans lequel se dérouie une guerre sur la puissance et le pouvoir de contrôle social, un sujet auquel je reviendrai dans quelques minutes. Pour l'instant, ce sur quoi je veux attirer l'attention, c'est le fait capital que le Web lui-même est un résultat d'une innovation sans intermédiaires. Ce que Tim a fait en premier au CERN n'était pas le web que l'on connaît maintenant, le Web qu'on connaît a été conçu par un très grand nombre d'invividus à travers une innovation sans intermédiaires. Je me rappelle ce que j'ai écris sur le futur des pages personnelles en 1995, et je vois plus ou moins ce que je penais qu'il arriverait. J'avais dit alors que ces quelques pages personnelles sont des jeunes pousses, et qu'une prairie allait apparaître, et ce fut le cas. Bien sûr, comme avec toute autre innovation, il y eut des conséquences inattendues. Le navigateur rendit le Web très facile à lire. Bien qu'ait constuit Apache, bien qu'on ait fait des navigateurs, bien qu'on ait conçu un tas de choses par dessus Apache et les navigateurs, on n'a pas rendu le Web facile à écrire. Donc une petite frappe vếtue d'un pull à capuche a rendu le Web facile à lire, et créa une faille de l'homme du milieu dans la civilisation humaine, [petits rires] qui déclenche maintenant toute une série de maux sociaux. Mais c'est l'innovation intermédiaire dont on devrait se soucier. On a rendu tout possible, y compris malheureusement PHP, et puis des intermédiaires de l'innovation l'ont transformé en l'horreur qu'est Facebook. Cela ne s'avérera pas être, comme on peut déjà le voir d'après les marchés de la bourse, une forme innovation sociale particulièrement positive. Elle va enrichir quelques personnes, le gouvernement d'Abu Dhabi, a gangster russe qui a déjà plusieurs milliards de dollars, un type qui est impatient de changer de nationalité afin qu'il n'ait plus à payer d'impôts pour soutenir les écoles publiques, et quelques autres reliques du bazar du 20e siècle. Mais la réalité de l'histoire dessous tout ça, c'est que si on avait eu un peu plus d'innovation sans intermédiaires, si on avait fait en sorte qu'opérer son propre serveur web soit facile, si on avait expliqué aux gens dès le tout début à quel point les journaux serveurs sont importants, et pourquoi vous ne devriez pas laisser d'autres personnes les garder pour vous, nous serions dans une situation très différente maintenant. Le prochain Facebook ne devrait jamais exister. C'est de l'innovation des intermédiaires qui sert les besoins des capitalistes, pas ceux des gens, ce qui ne veut pas dire que les réseaux sociaux ne devrait pas exister, ils ne devraient pas exister avec une faille de l'homme du milieu incluse dès le départ. Tout le monde dans cette pièce sait cela. La question est de savoir comment on l'apprend à tout le monde. Mais si j'ai beaucoup de considération pour tout le monde, maintenant je veux vous parler des décideurs politiques. Comment est-ce qu'on leur explique ? ET là on commence à séparer le discours en deux parties bien distinctes. Premièrement, que sait-on de la manière d'obtenir de l'innovation sous l'austérité ? Deuxièmement, qu'est-ce qui empêche les gouvernement d'être d'accord avec nous là-dessus ? Donc permettez-moi de vous présenter ma première ébauche d'un plaidoyer pour l'innovation sous l'austérité. Il est intitulé « Nous avons fait l'informatique dans les nuages ». Tout le monde comprend cela dans cette pièce. Le sens même de ce qui est en train d'arriver aux technologies de l'information dans le monde maintenant, est en rapport avec ce qui est arrivé à la fin du 20e siècle. Nous avons imaginé qu'on pouvait partager les systèmes d'exploitation et toute la pile logicielle par-dessus. Nous l'avons fait en utilisant la curiosité des jeunes. C'était l'essence, pas des capitaux de risque. Nous y avions travaillé pendant 15 ans, et notre bousin tournait déjà partout, avant que les capitaux de risque ou les capitaux des industries accumulés par les géants de l'informatique ne viennent nous voir. Ils sont venus vers nous pas parce que l'innovation devait se faire, mais parce que l'innovation avait déjà été créée, et qu'ils avaient besoin d'en tirer les profits. C'était un résultat extrêmement positif, je n'ai rien de mal à en dire. Mais la nature de ce résultat, l'histoire qu'on a en effet vécu et que d'autres peuvent maintenant étudier, montrera comment l'innovation sous l'austérité peut se produire. C'est très bien de dire que c'est arrivé car on a suscité la curiosité des jeunes, c'est historiquement correct. Mais il y a d'autres choses à dire. Ce que l'on a besoin d'exprimer, c'est que la curiosité des jeunes pouvait être excitée. car toutes les sortes d'ordinateurs dans leur vie de tous les jours pouvaient être hackés. Et donc les jeunes pouvaient donc hacker ce que tout le monde utilisait. Cela a rendu l'innovation possible, où elle pouvait se produire, sans problème, tout en bas de la pyramide du système économique. Cela est en train de se passer autre part dans le monde de la manière dont c'est arrivé aux États-Unis dans les années 80. Des centaines de milliers de jeunes dans le monde qui hackent des ordinateurs portables, des serveurs, qui hackent du matériel grand public afin qu'il puissent satisfaire leurs lubies, des lubies techniques, sociales, pour une carrière, ou juste pour s'amuser. « Je veux faire ceci, cela serait cool. » C'est la source primaire de l'innovation qui a poussé toute le développement de la grande croissance économique dans le monde ces dix dernières années. Toutes la croissance, des milliers de millards de transactions avec le commerce électronique. Ceux d'entre vous qui sont assez vieux pour se rappeler s'être battus bec et ongle pour une système de chiffrement public, se rappelleront l'intensite de leur combat quand la politique du gouvernment étasunien était d'empêcher l'apparition d'un marché d'une valeur de 3800 milliards de transactions de commerce électronique. Nous étions (soi-disant) des partisans du terrorisme nucléaire et de la pédophilie au début des années 1990, et tout l'argent qu'ils ont gagné dans les campagnes de don, avec les profits d'intérêts privés, et tout le reste, c'est grâce à la mondialisation du commerce que l'on a rendu possible, avec la technologie pour laquelle ils voulaient envoyer nos clients en prison. Cela montre clairement à la prochaine génération de décideurs politiques, je pense, à quel point leur adhérence à des idées reçues est susceptible de contribuer au cercle vicieux dans lequel ils redoutent maintenant d'être entrainés. Et cela devait nous encourager à souligner encore, que la manière pour qu'une innovation arrive, c'est de donner aux jeunes l'opportunité de la créer, avec des moyens qui leurs permettent de bidouiller le monde réel, et de partager les profits. Quand Richard Stallman a rédiger l'apper à l'Université de Sofolk pour une encylopédie universelle, lui et Jimmy Wales et moi-même étions bien plus jeunes alors, c'était considéré comme une idée fantaisiste. Cela a maintenant transformé la vie de toute personne qui sait lire dans le monde. Et cela va continuer ainsi. La nature de l'innovation faite par Creative Commons, par le mouvement du logiciel libre, par la culture libre, ce qui transparaît dans le Web et dans Wikipedia, dans tous les systèmes d'exploitation libre qui font maintenant tout tourner, même l'intérieur de ces choses d'Apple fermées et vampiresques que je vois tout autour de cette pièce. Toute cette innovation vient de la simple action de laisser les enfants bidouiller et de laisser le champ libre, ce que, comme vous le savez, on essaye aussi fortement que possible d'interdire complètement. De plus en plus, tout autour du monde, le matériel informatique de la vie de tous les jours pour des individus est fait de telle façon qu'on ne peut pas le hacker. Le laboratoire informatique dans la poche de chaque enfant de 12 ans est en train de se fermer. Quand est entré dans la phase 3 des négociations de la GPL3 contre l'enfermement au cours de cette dernière décennie, il y avait une certaine croyance que le but principal que M. Stallman et moi poursuivions en poussant tout le monde à ne pas verrouiller, avait quelque chose en rapport avec les films sur la prohibition. And on a continué à dire, « ce n'est pas la fondation du film libre ». Nous ne nous soucions pas de cela. Nous nous soucions de protéger les droits de tout le monde à hacker ce qu'ils possèdent. Et la raison pour laquelle on s'en soucie, c'est que si vous empêchez les gens d'hacker ce qu'ils possèdent eux-mêmes, vous détruirez le moteur de l'innovation duquel tout le monde profite. C'est toujours vrai. Et c'est plus important maintenant précisément parce que très peu de personnes pensaient qu'on avait alors raison, et n'ont pas fait d'efforts eux-mêmes pour défendre ce point de vue. Et maintenant vous avez Microsoft qui dit qu'ils ne vont pas autoriser des navigateurs tiers sur des machines basées sur ARM avec Windows. Et vous avez le fantôme de M. Jobs qui essaye de trouver comment empêcher une suite libre d'exister en relation avec IOS, et vous avez un monde dans lequel le but des opérateurs réseau est de plus en plus d'attacher chaque jeune humain à un réseau propriétaire avec des terminaux verrouillés, duquel on ne peut pas apprendre, qu'on ne peut pas étudier, pas comprendre, pas se faire les dents dessus, rien faire sauf envoyer des textos qui coûtent un millions de fois plus qu'ils ne devraient. Et la plupart de la soi-disante innovation dans le monde, dans notre secteur, est maintenant consacrée à créer des technologies pour les opérateurs réseau qui sans améliorer la technologie pour les utilisateurs. L'innovation pour les télécommunications dans le monde a en fait cessé. Et elle ne va pas reprendre aussi longtemps qu'il est impossible