Tout le monde ne le sait pas, mais j'ai 16 ans. La plupart d'entre vous ont sûrement déjà eu 16 ans. (Rires) Vous savez, c'est un âge où les problèmes nous rongent, et tout. L'un d'entre eux... Imaginons ma journée. Je ne sais pas me réveiller tout seul. Une matinée normale, mon père me réveille et dit : « Bonjour Osman, que vas-tu devenir ? » Cool, d'accord. Je me dirige vers la cuisine. Mon papa m'apporte des œufs et demande : « Osman, que vas-tu devenir ? » Il m'accompagne au lycée et me lance : « Étudie bien. Que vas-tu devenir ? » Ce n'est pas le premier jour que cette question me torture. Cela dure depuis déjà quelques années. Je crois que mon père a atteint son but. Enfin, j'ai commencé à y réfléchir. Cela s'est produit il y a quelques années. Comme chaque ado, j'ai pensé : à quoi servent les parents ? À quoi bon leur demander conseil ? À quoi bon les proches, les adultes ? Je suis allé voir un pote. À l'époque je devais être en troisième. Je suis allé voir Kolka. Kolka est en terminale : « Kolka, tu es très intelligent et mature. J'ai besoin de ton aide. J'ai un problème à régler. » Il m'a regardé : « Oui Osman, je suis intelligent. Je peux t'aider. Tu auras besoin d'intelligence, de zèle de persévérance, d'amour et d'alcool. » Quoi ? À quoi bon ? Bien sûr, je m'attendais à l'alcool. Mais mon père est présent dans la salle. Je vais donc passer ce sujet. (Rires) J'espère que vous comprenez tous. (Applaudissements) Alors je me suis demandé comment résoudre ce problème moi-même. Et la réponse évidente était : pourquoi ne pas prédire l'avenir ? Je crois que dans cinq ans, les économistes auront un méga succès. Je deviendrai riche. Tout le monde voudra être économiste. Tout le monde aura besoin d'eux. Ils dirigeront le monde. Mais, comment ai-je pu le dire ? Le monde change si vite, je ne sais même pas ce que sera demain. À six ans, je n'aurais jamais pu supposer que les gens pourraient jouer à des jeux vidéo et se faire de l'argent avec. Et maintenant ? L'e-sport, YouTube, tout cela se développe et les gens gagnent un fric de ouf avec ça. Les gosses pensent qu'en jouant, ils pourront gagner de l'argent. Voilà comme le monde a changé. Alors une deuxième solution apparaît. Je ne sais pas si elle marche pour vous. Je me dis qu'il ne me reste plus qu'un an au lycée. En fin de terminale, mon père viendra me voir et dira : « Tiens, Osman, un studio pour toi. Vas-y. Voilà des conserves, des malossols. Tout ira bien pour toi. » Impeccable, quoi ! C'est super. Pas besoin de me casser la tête. Mais je ne suis pas ce type de gars, je ne veux pas dépendre de mes parents. Je crois que vous non plus. Donc cette solution passe à la poubelle. Alors, la troisième solution apparaît pour moi : c'est de faire ce que j'aime. J'ai vécu avec cette devise du CP à la sixième à peu près. (Rires) Savez-vous comment c'était ? Je suis en CP et je pense : « Tiens, le basket, le basket. Je vais jouer au basket. J'aime ça ! » J'ai lancé quelques fois le ballon. Un an plus tard, j'ai abandonné. Mince, Osman, tu es aussi petit qu'avant. À quoi ça te sert ? Je n'aime plus ça. Au diable le basket. J'ai décidé de prendre des cours de musique. Jouer de la guitare, devenir le roi des soirées. Après un, deux, presque trois ans, j'ai abandonné. Ça me sert à quoi ? De nouveau, j'ai perdu l'envie. J'ai commencé à faire du sport. De la natation. Et pratiquement en un an, j'ai abandonné. Cette solution me pose un vrai problème. Si je continue à abandonner tout ce que je fais, ce que j'aime maintenant, ça ne me servira à rien à l'avenir. Tout le monde a probablement déjà vécu ça. Je n'ai pas qu'une seule passion à laquelle dédier toute ma vie. Alors, j'ai pris la décision de prendre le problème à la racine. Comment le prendre à la racine ? Revenir à l'enfance. Supposons que ce Rubik's Cube, j'espère que tout le monde le voit, ce cube s'appelle « Osman ». Il est gentil, beau, il est né en 2000. Que lui est-il arrivé ? Comment tout ça s'est passé ? Il a eu un an, puis deux, trois. Et après ? Il a vu la télé. Il est assis sur le tapis et il regarde la télé. Oh, mon Dieu ! Il regarde « Toy Story » et il voit : c'est mon héros, Buzz l’Éclair, ça y est ! Je veux devenir Buzz l’Éclair. Je vais devenir Buzz l’Éclair. Et à ce moment-là, le cube de sa vie, le cube « Osman », tourne. Dix minutes plus tard, il regarde un autre dessin animé, « Nu, pogodi! » Il regarde : ah, un loup, ah, un lièvre. Je veux défendre les lièvres. Le cube tourne encore une fois. Il regarde un autre dessin animé et le cube tourne. Il regarde un autre dessin animé et le cube tourne. Et ainsi de suite jusqu'au CP, jusqu'à ses six ans. Et le cube « Osman » entre à l'école et son ami, Petia, lui dit : « Osman, le basket, c'est cool. Ils gagnent beaucoup d'argent. Ils sont sportifs. Va faire du basket. » C'est super ! Je tourne le cube. Puis, dix minutes après, à la récré suivante, son ami lui dit : « Non, le basket c'est nul, ils gagnent moins que les footballeurs. Va faire du foot. » – Le cube a encore tourné. Ensuite, ses parents l'ont inscrit au cours de musique. Le cube tourne, tourne, tourne... et il arrive en terminale. Le cube est complètement en désordre. Je ne sais même pas comment l'assembler. Savez-vous ce qui fait peur ? Actuellement, je suis en première et j'imagine ce qui va arriver dans un an. Le bal de promo. Tout le monde heureux, tout le tralala, le costume... Mais viendra le moment où il dira : « Va, Osman ! Va gagner de l'argent ! » (Rires) Vous riez, mais... (Applaudissements) Qu'est-ce qui empêche le PDG d'une société informatique de dire : « Va-t'en, développeur. Ton travail a disparu. Les robots font tout maintenant. » Rien ne l'empêche. On se ressemble sur ça. Chacun d'entre nous se trouve à un point, disons, le point A, et il a peur qu'en allant au point B, son métier ne soit plus prisé. Je n'ai que 16 ans, il me reste encore du temps pour expérimenter. (Rires) (Applaudissements) Alors, je me suis dit : il faut inventer une solution géniale. Quelque chose de super pour toi et les autres. À ce moment-là, j'ai commencé à songer. Supposons que dans un, deux ou peut-être quatre ans j'obtiendrai, disons, un diplôme d'économiste. Voyez-vous cette face du cube ? C'est ma formation d'économiste. Mon diplôme avec mention très honorable ou honorable. Et si après la fac, je continue à bosser pendant des années comme économiste, je ne continuerai à tourner qu'une face. Tourner, tourner jusqu'en arriver à la retraite. Et c'est tout. Et je ferai quoi après ? J'oublie cette face du cube, celle qui a fait du basket dans l'enfance, de la natation, de la guitare, etc. Et un sujet pertinent... (Rires) Voici un exemple pertinent récent : deux gars, il y a quelques années – je ne me rappelle pas exactement quand – faisaient de l'économie. Voici leur face économique. D'autre part, ils se passionnaient pour la neurobiologie. Еt en troisième lieu, ils étudiaient la psychologie. En alliant ces trois faces de leur cube, ils ont créé une nouvelle science, la neuroéconomie, qui se développe assez vite. De nouveaux métiers, de nouveaux emplois ont été créés. Les neuroéconomistes sont très appréciés et convoités. Ainsi, je voudrais vous montrer qu'au lieu de chercher un métier, vous pouvez créer le vôtre où tirer pleinement avantage de chaque face de votre cube. Vous épanouir pleinement. Et en créant votre propre métier, vous n'aurez plus besoin de choisir. Merci. (Applaudissements)