J'ai dix ans.
C'est le jour de l'admission pour
entrer à l'école de la Scala de Milan.
Je monte les marches
d'un immense escalier
qui m'amène
à la salle d'examen.
J'ai peur !
J'ai vraiment très peur,
et pendant que je monte,
il y a une foule d'enfants magnifiques,
ce sont les élèves de la Scala
qui descendent, ils sont tous beaux,
parfaits et minces.
Moi, qui ne suis ni
parfaite ni particulièrement mince,
je commence à me sentir différente.
Au bout de l'escalier,
il y a deux dames
au sourire assez figé,
le même qu'il faut afficher
lorsque l'on danse, que l'on a des
crampes insoutenables au mollet.
C'est ça, la danse classique !
Elles nous disent :
« Voilà, rentrez. »
C'est une énorme salle
avec des énormes miroirs.
Et là je vois que nous sommes une
vingtaine de fillettes, nous sommes
toutes assez terrorisées
par ce lieu austère.
Le piano
démarre une musique, je me
souviens, c'était un Nocturne de Chopin.
C'était magnifique !
Ces dames nous disent :
« Là, vous pouvez danser à votre façon,
les pieds nus. »
Heureusement, je pense, parce
qu'à ce moment,
j'oublie tout ce que j'ai appris
pendant deux ans de cours
et je danse, je m'élance dans
la danse et je suis
portée par la musique
et pendant que je danse,
j'entends les mots rassurants
qu'avait mon professeur,
mon maestro, Maestro Morucci,
lorsqu'il disait : « Écoute, il y a
deux choses importantes :
la technique et la passion.
Le jour viendra où
elles ne feront plus qu'un.
Toi tu as la passion, c'est ton trésor. »
Brusquement,
la musique avec un claquement de mains
s'arrête.
Maintenant, il faut passer l'inspection
devant ces deux dames
qui ont toujours le même sourire.
L'une d'elles commence
à inspecter mes pieds
et mes jambes, surtout mes pieds.
Elle commence à les regarder avec
insistance et elle appelle
quelqu'un :
sa copine là,
sa collègue lui dit quelque chose
que je ne comprends pas.
Elle me dit aussi
de faire un tour devant elle.
Et à ce moment, la même sensation de
différence, la même qui m'avait prise
dans la cage d'escalier
lorsque
j'étais là en train
de regarder les élèves,
me reprend !
Je dois être vraiment quelqu'un de
bizarre, je pense à mes pieds,
ils sont vraiment bizarres !
En cachette, je regarde les pieds
de mes copines qui me semblent,
bien sûr, les plus élégants du monde.
Heureusement,
l'inspection se termine.
Maintenant, il faut aller
dans une autre salle,
et celle-ci est une salle de classe.
C'est la classe des élèves
de l'école primaire
de la Scala.
Et c'est une classe
avec de vieux bancs en bois,
avec un tableau noir, une salle de classe.
« Mettez-vous sur les bancs ! », on nous
ordonne. « On va faire l'appel. »
Et au fur et à mesure que les noms
sont appelés, on nous indique
la droite
ou la gauche.
Et puis une des dames,
toujours le même sourire bien sûr,
nous dit : « Maintenant,
nous avons pris notre décision :
ici à notre droite,
les élèves que avons sélectionnées
pour entrer à la Scala et
à gauche celles que, malheureusement,
nous ne pouvons pas retenir.
Vous pouvez disposer. »
Je suis à gauche.
Soudain, je comprends le pourquoi de
cet examen si approfondi de mes pieds
et la confirmation que je suis quelqu'un
de vraiment bizarre
arrive.
D'un coup, les larmes commencent
à couler sur mes joues.
Je me souviens, plus que des larmes,
c'était des sanglots désespérés.
Avec ces larmes,
j'arrive quand même à descendre
l'escalier et j'arrive
là où ma maman m'attend
au rez-de-chaussée et je lui dis
avec beaucoup de fatigue : « Maman,
on m'a refusée. »
D'un seul coup, en un claquement de mains,
ma vie,
mon monde magnifique
de petite fille promise à la danse
s'écroule.
De bonne élève,
je deviens quelqu'un
de mauvais,
un monstre aux pieds difformes.
Aujourd'hui encore,
je me revois dans le bus
qui me ramène à la maison.
J'étais en sanglots...
Et puis je me revois encore,
pendant des années où je devais chausser
des sandales en été,
j'avais honte de mes pieds
sans savoir pourquoi !
Personne ne me l'avait dit !
Et puis,
encore,
pendant au moins dix ans
après cet épisode,
j'avais
le cœur qui se serrait à chaque fois
qu'on m'emmenait voir des spectacles
en croyant bien faire,
des spectacles de danse,
ou que je les regardais à la télé.
Et là c'était la souffrance
qui se réveillait à chaque fois,
c'était comme si j'avais perdu à jamais
le sens du mot « être heureuse »,
le droit d'être heureuse !
Heureusement, le temps a fait son œuvre.
Un jour, je me suis libérée
de ce sortilège de l'échec
et j'ai réalisé qu'il y a mille façons
de danser la vie.
Et donc,
j'ai réalisé une autre chose :
que cet épisode,
cette blessure d'enfant, n'avait pas
brisé
une, voire deux choses fondamentales
pour moi :
la capacité de rêver et
la joie de vivre,
celle que j'avais lorsque je dansais.
Donc, jeune adulte et même
maintenant,
j'ai commencé à prendre des cours et
je continue encore les cours de danse,
de danse classique, de tango,
de tarentelle...
Si je vous dis ça, ce n'est pas
pour vous étaler ma vie.
Cela n'a rien d'extraordinaire,
c'est normal, c'est banal.
Cela m'est arrivé à moi,
ça peut vous arriver à vous,
cela arrivera peut-être à vos enfants.
Pour moi, il n'y a absolument rien
de normal dans tout ça.
Cet épisode
est la manifestation
d'une cruauté ordinaire
que notre monde,
notre système éducatif en tête,
continue d'infliger aux enfants
en tuant leur capacité à rêver.
Je ne veux pas être complice de ça.
Je ne veux pas être complice de ça.
Et donc,
lorsque j'ai commencé à
pouvoir
décider pour moi,
je suis allée à l'université.
Je suis d'abord
allée
faire des études doctorales
et j'ai écrit une thèse qui
s'appelle « Éduquer à la joie ».
Qu'est-ce que ça veut dire
« éduquer à la joie » ?
J'ai découvert d'abord
que la joie
est ma passion aujourd'hui.
Et puis figurez-vous que j'ai
découvert une chose,
c'est que la joie, son mot,
l'étymologie de « joie »,
en sanskrit, c'est « Yuj ».
Cela veut dire le lien,
c'est la connexion, c'est la reliance.
C'est magnifique !
Mais qu'est-ce que ça veut
dire d'être relié ?
C'est quoi être relié ?
Je pense que c'est très simple.
J'ai vu ça chez les enfants, vous
l'avez vécu aussi, moi je m'en souviens.
C'est la mémoire de mon corps qui me
l'a dit, c'est ce que je vivais, moi,
quand je dansais et j'ai vu les enfants,
quand ils sont en train de dessiner, de
jouer, de faire des choses qu'ils aiment
particulièrement faire,
ils oublient le monde autour d'eux.
Ils sont tellement absorbés que vous
pouvez les appeler pendant deux heures,
ils ne vous entendent pas,
et en plus, ils sont en train d'apprendre
sans aucune fatigue.
C'est génial !
Cette reliance
me ramène à ce que j'ai vécu
lorsque je dansais sans fatigue.
C'était
être en contact direct
avec
le monde, avec le ciel et la terre,
avec les animaux, les fleurs,
avec les gens, avec vous !
Qu'est-ce que ça a
à voir avec l'éducation ?
Beaucoup !
parce qu'imaginez,
si on commençait à éduquer
à partir de ça...
Si on commençait
à partir
de quelque chose que la permaculture
a déjà découvert.
La permaculture, vous connaissez,
c'est une science écologique.
La permaculture dit :
« Cultivez là où c'est déjà fertile ».
Vous imaginez ce que
ça voudrait dire de commencer
à pouvoir apprendre
à partir de quelque chose
qui est notre richesse, notre trésor ?
Révolutionner l'éducation.
Cela changerait complètement
la face du monde !
Cela serait aussi apprendre
sans aucune fatigue.
Dans le passé, des pédagogues,
des éducateurs, des philosophes,
l'avaient déjà compris : Montessori,
Steiner, Freinet.
Ils avaient déjà compris
mais ils n'ont pas été beaucoup écoutés.
La bonne nouvelle, c'est qu'aujourd'hui,
de plus en plus
d'éducateurs,
d'enseignants,
de maîtres, de maîtresses, de parents,
ont non seulement repris le flambeau
de ces prédécesseurs
mais sont en train d'inventer
des nouvelles pratiques pédagogiques.
Je vous assure que j'en vois beaucoup,
beaucoup, beaucoup.
Ce sont des personnes qui
inventent
de nouvelles méthodes qui sont
toutes basées sur la liberté,
le respect du rythme de l'enfant,
et la capacité, leur capacité à rêver.
Ma joie à moi,
c'est de me connecter,
d'être en contact
avec cette reliance.
C'est pour cela qu'avec un groupe
de personnes qui savent encore rêver,
j'ai fondé une alliance.
Une alliance
pour le renouveau de l'éducation
qui s'appelle le printemps de l'éducation.
Parce que tout est déjà là,
il faut tout simplement relier.
C'est ça, éduquer à la joie !
C'est finalement se souvenir
de ce que disait Maria Montessori
lorsqu'elle disait :
« La joie d'apprendre est aussi
indispensable que l'intelligence,
que la respiration aux coureurs
et aux danseurs aussi ! »
(Applaudissements)
I am 10 years old.
This is the audition day
to enter the Scala Dance School of Milan.
I am walking up the steps
of a huge stairway
which takes me to the exam room.
I am scared!
I am really scared,
and as I am walking up,
I see a crowd of beautiful children.
These are the students
of the Scala walking down,
they are all beautiful,
thin, and perfect.
I am neither perfect
nor particularly thin,
and I am starting to feel different.
At the top of the stairs,
stand two ladies
with a rather frozen smile,
the same smile one needs to carry while
dancing, having unbearable calf cramps.
That's ballet!
They tell me, "Here, come in."
This is a huge room with huge mirrors.
And I realize that we are
some 20 little girls,
all rather terrified
by this austere place.
The piano starts to play.
I remember it was "Nocturne" by Chopin.
It was beautiful!
The ladies tell us,
"Now you can dance
your own way, barefoot."
Luckily enough I think,
because at that moment,
I don't remember anything
from my two years of dance classes
and I start dancing,
I launch myself into dance,
propelled by the music.
And as I am dancing,
I remember the comforting words
from my professor,
my maestro, Maestro Morucci
when he used to say, "Listen,
there are two important things:
technique and passion.
One day, they will come together as one."
"You have passion, it is your treasure."
Suddenly, with a hand-clap,
the music stops.
Now we have to go through the inspection
with these two ladies
still holding the same smile.
Then, one of them starts
to examine my feet
and my legs, especially my feet.
She stares at them,
and then she calls someone;
her friend or colleague tells her
something that I don't understand.
She also asks me
to turn around in front of her.
At that moment, the same impression
of being different,
the one I felt in the staircase
when I was there, watching
the students, comes back.
I must be someone very odd.
I think about my feet,
they are really odd.
Secretly, I look at
my friends' feet which seem,
of course, the most elegant in the world.
Fortunately,
the inspection comes to its end.
Now, we have to go to another room,
this one is a classroom.
This is the Scala Primary School
pupils classroom.
And it is a classroom
with old wooden benches,
a blackboard, a real classroom.
"Sit on the benches!" they command us,
"Now we are going to call the roll!"
And as the names are called,
we are shown
either the right side or the left side.
Then one of the ladies,
still holding the same smile of course,
tells us, "Now, we have made our decision:
here on the right side, are the pupils
we selected to enter the Scala,
and on the left, the ones
that we, unfortunately, cannot take on.
You may leave."
I am on the left.
Suddenly, I realize why my feet have
been under such a thorough examination,
and the confirmation of the fact
that I am someone really odd comes.
All of a sudden, tears start
running down my cheeks.
I remember, more than tears,
those were desperate sobs.
Despite the tears,
I still manage to get down
the stairs and get to the place
my mother has been waiting
for me on the first floor,
and I tell her in a tired voice,
"Mommy, I was turned down."
Suddenly, in a snap,
my life, my beautiful world
of a little girl destined to be
a dancer falls apart.
From good pupil, I turn into someone
bad, a monster with ugly feet.
I still picture myself in the bus
which was taking me home.
I was sobbing.
I also remember,
all these years when I had to wear
sandals in summer,
I was ashamed of my feet,
but I didn't know why.
No one ever told me.
And then, again, during at least
10 years after this episode,
my heart was breaking
every time someone,
thinking it would please me,
took me to a dance performance,
or whenever I saw one on TV.
The pain kept coming back, every time,
as if I had forgotten
the meaning of the word "happiness",
as if I had lost the right to be happy.
Fortunately, time heals all wounds.
One day, I set myself free
from this failure circle,
and I realized there were
1,000 ways to dance life.
And then, I realized something else:
that episode, this child wound
had not broken one,
even two essential things to me:
the ability to dream
and the love of life,
the one I felt when I was dancing.
So, as a young adult, and even now,
I started taking lessons, and I still
continue to take dance lessons,
ballet, tango, tarantella...
I am not telling you
all this to relate my life.
There is nothing extraordinary,
it is normal, it is common.
It happened to me, it can happen to you,
or maybe it will happen to your children.
To me, there is absolutely nothing
normal about that.
This episode is the expression
of an ordinary cruelty
that our world,
with our educational system ahead,
keeps inflicting on children,
killing their ability to dream.
I cannot contribute to this.
I don't want to contribute to this.
So, when I started to be
able to decide for myself,
I went to the university.
I first made post-graduate studies,
and I wrote a thesis
called "Educating to Joy".
What does "Educating to Joy" mean?
I first discovered that joy
is my passion today.
And you wouldn't believe it,
but I discovered that the word "joy",
its etymology in Sanskrit is "Yuj".
This means the link,
it is a connection, a relation.
It's beautiful!
But what does being linked mean?
What is being linked? I
think it is very simple.
I saw it in children,
you experienced it too, I remember.
My body memory told me,
it was what I was experiencing while
I was dancing and I watched the children,
while they are drawing, playing,
doing things they particularly like,
they forget the world around them.
They are so absorbed that you
can call them for two hours,
they can't hear you
and they are learning without any fatigue.
That's great.
This relation takes me back
to what I experienced
when I was dancing without fatigue.
It was to be in direct contact
with the world, the sky, and the earth,
with animals, flowers, people, with you.
What does it have to do with education?
A lot!
Because imagine,
if we based education on that,
if we started from something
that permaculture has already discovered;
permaculture, you know,
is an ecological science.
Permaculture says,
"Cultivate where it is already fertile."
Can you imagine what it would
mean to start being able to learn
from our own richness and our treasure?
Revolutionizing education.
This would completely change the world.
It would also mean learning
without any fatigue.
In the past, teachers,
educators, philosophers,
had already understood this:
Montessori, Steiner, Freinet.
They had understood,
but they were not much listened to.
The good news is, today,
more and more educators,
teachers, professors, parents,
not only have taken over
these predecessors
but are inventing
new educational practices.
I assure you that I see
many, many of them.
These are people who invent new methods
that are all based on the freedom
and respect of the child's rhythm
and the ability, their ability to dream.
My own joy is to connect,
to be in contact with this relation.
This is why, with a group of people
who still know how to dream,
I founded an alliance,
an alliance for the renewal of education
which is called the Spring of Education.
Because everything is already there,
all we need to do is connect.
This is educating to joy.
After all, it is remembering
Maria Montessori's words when she said,
"Joy of learning is
as essential as intelligence,
as breathing is to runners and dancers!"
(Applause)
Tengo 10 años.
Es el día de las pruebas para entrar
en la escuela de la Scala de Milán.
Subo por una escalinata inmensa
que me lleva
a la sala de examen.
¡Estoy asustada!
Muy asustada.
Y a medida que subo
una multitud de niños magníficos,
los alumnos de la Scala,
van bajando, todos perfectos,
guapos, delgados.
Yo, que no soy
ni perfecta ni especialmente delgada,
empiezo a sentirme diferente.
Al final de la escalera
hay dos señoras
de sonrisa estática,
esa que hay que poner
cuando se baila, aunque te den
calambres en las pantorrillas.
¡Así es la danza clásica!
Ellas nos dicen:
"Vamos, pasen".
Es una enorme sala con enormes espejos.
Veo que somos una veintena
de niñas, y todas estamos
bastante aterrorizadas
por este austero lugar.
Al piano
empieza a sonar una música,
una Nocturna de Chopin, recuerdo.
¡Maravillosa!
Las señoras nos dicen:
"Pueden bailar a su manera,
descalzas".
Qué bien, pienso yo, porque de pronto
he olvidado todo lo que aprendí
en los dos años que llevaba dando clases
y bailo, me pongo a bailar,
me dejo transportar por la música
y mientras bailo
oigo las palabras de ánimo
de mi profesor, mi maestro,
el Maestro Morucci,
cuando me decía: "Escucha bien,
hay dos cosas importantes:
la técnica y la pasión.
Llegará un día en que
ambas serán una sola.
Tú tienes la pasión, ese es tu tesoro".
Bruscamente,
la música se detiene con una palmada.
Es el momento de pasar
la inspección de las dos señoras,
que siguen con la misma sonrisa.
Una de ellas empieza
a inspeccionar mis pies
y mis piernas, sobre todo los pies.
Empieza a mirarlos con insistencia
y llama a alguien:
su compañera,
su colega le dice algo que no entiendo.
También me pide que haga
un giro para ella.
¡Y otra vez esa sensación de ser
diferente, la misma que tuve
en las escaleras de la entrada,
cuando
miraba a los alumnos,
se apodera de mí.
Tengo que ser realmente rara,
y pienso en mis pies,
¡son realmente raros!
Miro con disimulo los pies
de mis compañeras que me parecen,
claro está, los más
elegantes del mundo.
Afortunadamente,
la inspección ha terminado.
Ahora hay que dirigirse a otra sala
que es un aula.
Es el aula de los alumnos de primaria
de la Scala.
Es una sala
con viejos bancos de madera
y una pizarra negra, un aula.
"¡Siéntense en los bancos!",
nos ordenan. "Iremos llamando".
Y a medida que anuncian
los nombres, se nos indica
derecha
o izquierda.
Y después una de las señoras,
siempre con la misma
sonrisa, por supuesto,
nos dice:
"Hemos tomado nuestra decisión:
a nuestra derecha
las alumnas seleccionadas
para entrar a la Scala,
a la izquierda las que por desgracia
no podemos retener.
Pueden retirarse".
Yo estoy a la izquierda.
De pronto comprendo por qué
ese examen tan profundo de mis pies,
y tengo la confirmación de que
soy realmente extraña.
De pronto las lágrimas empiezan
a correr por mis mejillas.
Recuerdo que más que lágrimas
eran sollozos desconsolados.
Y así, llorando,
consigo de alguna manera
bajar las escaleras y llego
hasta donde mi mamá me espera
en la planta baja y le digo
completamente abatida: "Mamá,
me han rechazado".
Así de pronto, de una palmada,
mi vida,
mi fantástico mundo
de niña comprometida
con la danza se derrumba.
Paso de ser una buena alumna
a mala,
un monstruo con pies deformes.
Todavía puedo verme en el autobús
que me lleva de vuelta a casa,
no podía parar de llorar...
Y aún recuerdo todos
esos veranos, cuando tenía
que ponerme sandalias,
¡la vergüenza que me daban
mis pies sin saber por qué!
¡Nadie me había dicho nada!
Y también,
además,
al menos 10 años después
de este episodio
el corazón
se me encogía cada vez que
me llevaban a un espectáculo
pensando que me hacían bien,
espectáculos de danza,
o cuando los veía por la tele.
Y allí volvía cada vez ese sufrimiento,
como si hubiera perdido para
siempre la palabra "felicidad",
¡el derecho a ser feliz!
Afortunadamente, el tiempo
ha hecho su trabajo.
Un día me liberé
de este sortilegio del fracaso
y me di cuenta de que había
mil maneras de bailar la vida.
Y también
me di cuenta de otra cosa:
que este episodio, esta herida de niña,
no había destruido
dos cosas fundamentales para mí:
una, la capacidad de soñar
y la otra, la felicidad de vivir,
que tenía cuando bailaba.
Así, en los primeros años
de mi edad adulta
volví a ir a clases, y hoy sigo
yendo a clases de danza:
danza clásica, tango, tarantela...
No les cuento estas cosas
para fanfarronear.
Mi vida no tiene
nada de extraordinario.
Es normal, es banal.
Me ha sucedido a mí,
podría sucederle a Uds.,
tal vez le sucederá a sus hijos.
Pero para mí todo esto no tiene
absolutamente nada de normal.
Este episodio
es la manifestación
de una crueldad habitual
que nuestro mundo, con
su sistema educativo a la cabeza,
inflinge en los niños cada día,
destruyendo su capacidad de soñar.
Yo no quiero ser cómplice de eso.
No quiero ser cómplice de eso.
Por eso
en cuanto he podido
empezar
a decidir por mí misma
he ido a la universidad.
Primero
he hecho
un doctorado
y he escrito una tesis llamada
"Educar para la felicidad".
¿Qué quiere decir
"educar para la felicidad"?
Primero, he descubierto
que ahora mi pasión es la felicidad.
Y después, fíjense, he descubierto algo
en la etimología de esta palabra,
que en sánscrito se dice "yuj".
Quiere decir conexión,
enlace, vínculo.
¡Es maravilloso!
¿Pero qué significa estar conectado?
¿Qué es estar conectado?
Creo que es muy sencillo.
Lo he visto en los niños,
Uds. también, yo lo recuerdo.
Es la memoria de mi cuerpo la que
me lo dice, es lo que yo vivía
cuando bailaba y lo veo en los niños
cuando dibujan, cuando juegan,
cuando hacen las cosas que más
les gusta hacer,
se olvidan del mundo circundante.
Están tan absortos que puedes
llamarles durante horas,
que no te escuchan,
y además están aprendiendo
sin ningún esfuerzo.
¡Es genial!
Esta conexión me transporta
a lo que vivía
cuando bailaba sin esfuerzo.
Era...
estar en contacto directo
con...
el mundo, con el cielo y con la tierra,
con los animales, las flores,
la gente, ¡con Uds.!
¿Qué tiene que ver esto con la educación?
¡Mucho!
Imagínense
que empezáramos a educar
basándonos en esto...
Si empezáramos a partir
de algo que la permacultura
ya ha descubierto.
Uds. la conocerán, la permacultura
es una ciencia ecológica
que dice: "cultiven donde ya está fértil".
¿Se imaginan lo que sería
empezar a aprender
a partir de algo que sea
nuestra riqueza, nuestro tesoro?
Revolucionaría la educación.
¡Cambiaría el mundo entero!
Supondría aprender sin ningún esfuerzo.
Pedagogos, educadores
y filósofos del pasado
ya lo comprendieron:
Montessori, Steiner, Freinet.
Lo comprendieron,
pero pocos les escucharon.
La buena noticia es que hoy
cada vez más educadores,
profesores,
maestros, maestras, padres,
no solo han tomado el relevo
de sus predecesores
sino que están inventando
nuevas prácticas pedagógicas.
Les aseguro que hay muchas.
Son personas que inventan
nuevos métodos basados en la libertad,
en el respeto al ritmo del niño
y en su capacidad de soñar.
Mi propia felicidad está en conectarme,
en estar en contacto con este vínculo.
Y es por eso que
junto con un grupo de personas
que todavía saben soñar
he fundado una alianza
para renovar la educación
llamada la Primavera de la Educación.
Porque ya está todo ahí,
solo hay que conectarse.
¡En esto consiste
educar para la felicidad!
Para finalizar les recordaré
las palabras de María Montessori
que decían:
"¡La felicidad de aprender es
tan indispensable como la inteligencia,
como la respiración para los corredores,
y también para los bailarines!"
(Aplausos)
ကျွန်မအသက်က ၁၀ နှစ်ပါ။
ဒါက Milan က Scala အကကျောင်း
ဝင်ဖို့ သရုပ်ဆောင်စမ်းသပ်တဲ့နေ့ပါ။
စာမေးပွဲ ခန်းမဆီ ကျွန်မကို
ခေါ်ဆောင်သွားမယ့်
လှေကားအုံကြီးရဲ့
လှေကားထစ်တွေပေါ်တက်လိုက်ပါတယ်။
လန့်လိုက်တာရှင်။
တကယ်ကို ကြောက်မိတာပါ၊
တက်နေတဲ့ အခိုက်မှာ
ယဉ်မွန်လှတဲ့ ကလေးတစ်စုကို တွေ့တယ်။
Scala ကကျောင်းသားတွေ
ဆင်းလာနေကြတာပါ၊ အားလုံးဟာ လှပ၊
သွယ်လျ အပြစ်ဆိုဖွယ်မရှိဘူး။
ကျွန်မကတော့ ခြောက်ပစ်ကင်းလဲမဟုတ်၊
ထူးထူးခြားခြား သွယ်တာလည်းမဟုတ်ဘူး။
မတူညီတာကို စပြီးခံစားလာမိတယ်။
လှေကားထိပ်မှာက
အတော် အေးစက်တဲ့ အပြုံးနဲ့
ရပ်နေတဲ့ အမျိုးသမီး နှစ်ယောက်၊
ကနေတုန်း၊ မခံမရပ်နိုင်အောင်
ကြွက်တက်နေတုန်းမှာ
ဆောင်ဖို့လိုတာလည်း ဒီအပြုံးပါပဲ။
ဒါပဲလေ၊ ဂန္ထဝင်အကဆိုတာ။
ကျွန်မတို့ကို ပြောတာက
"လာပါ၊ ဝင်ခဲ့လေ၊
ဒါက ဧရာမမှန်ကြီးတွေနဲ့ ခန်းမကြီးတစ်ခုပါ။
ကျွန်မတို့ မိန်းကလေး နှစ်ဆယ်လောက်ရှိတယ်၊
ဒီခက်ထန်လှတဲ့
နေရာကြောင့် တော်တော့ကို လန့်နေကြတာပေါ့။
စန္ဒရားက
တေးသွားစလိုက်တယ်၊ Chopin ရဲ့
ဆွတ်ပျံဖွယ်ဂီတဆိုတာ မှတ်မိနေတယ်။
ခမ်းနားလိုက်တာရှင်။
ဒီအမျိုးသမီးကြီးတွေ ပြောတာက
" ဒီမှာ မင်းတို့ နည်းဟန်နဲ့ ကလို့ရတယ်၊
ခြေဗလာနဲ့ပေါ့။"
ကံကောင်းချင်တော့
ကျွန်မထင်မိတာက ဒီအချိန်က
ကျွန်မရဲ့ နှစ်နှစ်တာ အကသင်တန်းက
သင်တာအားလုံး မေ့နေပြီး
ကျွန်မ စကတယ်၊ ကိုယ့်ကိုယ်ကို
အကထဲကို စိတ်နှစ်လိုက်ပြီး
ဂီသံနဲ့ စီးမျောလိုက်တယ်။
ကနေတဲ့အခိုက်မှာ
ကျွန်မရဲ့ ဆရာဖြစ်ခဲ့ဖူးတဲ့ ဆရာကြီး
Maestro Moricci ဆီကနေ စိတ်ချစေတဲ့
စကားလုံးတွေ ကြားမိတယ်။
သူပြောခဲ့တာက "နားထောင်၊ အရေးကြီးတဲ့
အရာ နှစ်ခုရှိတယ်၊
နည်းစနစ်နဲ့ စိတ်ထက်သန်မှုပဲ၊
တစ်နေ့မှာ ဒါတွေဟာ တစ်ပေါင်းတည်း
ရောက်လာလိမ့်မယ်၊
မင်းမှာ ထက်သန်မှုရှိတယ်၊
ဒါ မင်းရဲ့ ရတနာပဲလေ။"
ရုတ်တရက်ပဲ
ဂီတသံဟာ လက်ခုပ်သံ
တစ်ချက်နဲ့အတူ ရပ်သွားတယ်။
အခုတော့ တစ်ထပ်တည်းသော အပြုံးပိုင်ရှင်
ဒီအမျိုးသမီးကြီး နှစ်ဦးရှေ့မှာ
စစ်ဆေးတာ အောင်ဖို့လိုပါတယ်။
တစ်ယောက်က ကျွန်မရဲ့ ခြေဖျားတွေနဲ့
ခြေထောက်တွေကို စတင်စစ်ဆေးတယ်၊
အထူးသဖြင့်တော့ ခြေဖျားတွေပေါ့။
သူမက ခြေဖျားတွေကို မမှိတ်မသုန်
ကြည့်ပြီး တစ်ယောက်ကို
ခေါ်လိုက်တယ်။
အဲဒီက သူမရဲ့ အဖော်ပါ၊
သူမရဲ့အဖော်က သူမကို ကျွန်မနားမလည်တာ
တစ်ခုခုပြောလိုက်တယ်။
ကျွန်မကိုလည်း သူမရဲ့ရှေ့မှာ
တစ်ပတ်ပတ်ပြဖို့လည်း ပြောတယ်။
အဲဒီအခိုက်မှာ မတူတော့တဲ့
ထပ်တူခံစားချက်၊ လှေကားအုံထဲမှာ
ကျောင်းသားတွေကို
ကြည့်နေခဲ့တုန်းက
ကျွန်မရရှိခဲ့တဲ့ ခံစားချက်ကို
ပြန်ခံစားရတယ်။
ကျွန်မဟာ ခပ်ဆန်းဆန်း လူပဲဖြစ်ရမယ်၊
ကိုယ့်ခြေထောက်တွေကို တွေးမိတယ်၊
တော်တော် ထူးဆန်းတာပဲ။
ခိုးပြီးတော့ ကိုယ့်အဖော်တွေရဲ့
ခြေထောက်တွေကို ကြည့်လိုက်တယ်၊
သေချာတာပေါ့၊ ကမ္ဘာမှာ
အကျော့ရှင်းဆုံး ဖြစ်ပုံရတယ်။
ကံကောင်းချင်တော့
စစ်ဆေးတာ ပြီးသွားတယ်။
အခု နောက်တစ်ခန်းကို သွားဖို့လိုပါတယ်၊
ဒါက စာသင်တဲ့အခန်းပဲပေါ့။
ဒါက Scala ရဲ့ မူလတန်း
ကျောင်းသားတွေရဲ့ အခန်းပါ။
ပြီးတော့ သစ်သား ခုံဟောင်းတွေနဲ့
အတန်းတစ်တန်းပါ။
သင်ပုန်းအနက်နဲ့ စာသင်ခန်းမပါ။
ကျွန်မတို့ကို "ထိုင်ကြ၊ နာမည်ခေါ်မယ်"
လို့ အမိန့်ပေးပါတယ်။
နာမည်ခေါ်တုန်းမှာ ကျွန်မတို့ကို
ညာ(သို့) ဘယ်ကို
ညွှန်ပြပါတယ်။
ဒီနောက်မှာ အမျိုးသမီးတွေထဲက တစ်ယောက်၊
သေချာတာပေါ့၊ အလားတူအပြုံးပါပဲ၊
ပြောတာက "အခုတော့
ငါတို့ ဆုံးဖြတ်ပြီးပြီ။
ဒီမှာ ညာဘက်က
Scalar ဝင်ဖို့ ငါတို့ရွေးချယ်ထားတဲ့
ကျောင်းသားတွေနဲ့
စိတ်တော့မကောင်းဘူး၊ ဘယ်ဘက်က
သူတွေကိုတော့ ငါတို့လက်မခံနိုင်ဘူး။
မင်းတို့ သွားနိုင်ပါပြီ"
ကျွန်မက ဘယ်ဘက်မှာပါ။
ရုတ်တရက်၊ နားလည်သွားတာက
ဘာလို့ ကျွန်မခြေဖျားတွေကို သေချာစစ်ပြီး
ကျွန်မကို တကယ့် လူထူးဆန်း
တစ်ယောက်အဖြစ် ရောက်လာတာကို
အတည်ပြုချက်ယူတယ် ဆိုတာပါ။
ချက်ချင်း ကျွန်မပါးပြင်မှာ
မျက်ရည်တွေ စီးဆင်းလာတယ်။
ကျွန်မမှတ်မိနေတာက မျက်ရည်ဆိုတာထက်
မျှော်လင့်ချက်မဲ့တဲ့ သွေးစက်တွေဆိုတာပါ။
မျက်ရည်တွေနဲ့ဆိုပေမဲ့
လှေခါးကနေတော့ ဆင်းလာနိုင်ပါသေးတယ်၊
အောက်ထပ်မှာ စောင့်နေတဲ့
အမေရှိရာကိုရောက်တော့ ပင်ပန်းးစွာနဲ့
အမေ့ကို ပြောလိုက်တယ်။
"မေမေ၊ သမီးကို လက်မခံဘူး။"လို့
ရုတ်တရက် လက်တစ်ဖျစ်အတွင်းမှာပဲ
ကျွန်မရဲ့ ဘဝ၊
ကဖို့အတွက် ရွယ်ရည်ထားတဲ့
မိန်းကလေးငယ်လေးရဲ့ လှပတဲ့
ကျွန်မရဲ့ ကမ္ဘာဟာ ပြိုကွဲသွားတယ်။
ကောင်းမွန်လှတဲ့ ကျောင်းသူကလေးကနေ
ဆိုးဝါးပြီး မလှမပ ခြေထောက်တွေနဲ့
မကောင်းဆိုးဝါးတစ်ကောင်ဖြစ်သွားတယ်။
ယနေ့ထိ ကျွန်မကို အိမ်ကိုသယ်ဆောင်သွားတဲ့
ဘတ်စ်ကားထဲကပုံကို ပြန်မြင်ယောင်ဆဲပါ။
ရှိုက်ငိုနေခဲ့တာပေါ့...
နောက်ပြီး မှတ်မိသေးတာက အဲဒီနှစ်တွေက
နွေရာသီမှာ ကြိုးသိုင်းဖိနပ် စီးရတဲ့အခါ
ဘာကြောင့်မှန်းမသိပဲ
ကိုယ့်ခြေထောက်တွေကို ကိုယ်ရှက်မိပါတယ်။
ဘယ်သူမှလည်း ဒါကို မပြောကြဘူးလေ။
နောက်ပြီး
ရှိသေးတာက
ဒီအဖြစ်အပျက်အပြီး ၁၀ နှစ်
လျော့လျော့အတွင်းမှာ
တစ်ယောက်ယောက်
ကျွန်မ စိတ်ကျေနပ်အောင်ဆိုပြီး
ကပွဲကို ခေါ်သွားတိုင်း ဒါမှမဟုတ်
ဒါမှမဟုတ် တီဗွီမှာ ကြည့်တိုင်း
ကျွန်မ အသည်းကွဲနေရတာပါ။
ဒီနာကျင်မှု ပြန်ပေါ်လာတိုင်း
"ပျော်ရွှင်တယ်"ဆိုတဲ့ စကားလုံး
အဓိပ္ပါယ်က ပျော်ရွှင်ခွင့်ဆိုတာ
ပျောက်သွားခဲ့သလိုမျိုးဖြစ်ခဲ့တယ်။
ကံကောင်းချင်တော့ အချိန်က
ကုစားပေးပါတယ်။
တစ်နေ့မှာ ဆုံးရှုံးမှု သံသရာထဲကနေ
ကိုယ့်ကိုယ်ကို ဖြေလွှတ်ပြီး
ဘဝကို ကခုန်ဖို့ နည်းလမ်းထောင်ချီ
ရှိတာ သဘောပေါက်သွားတယ်။
ဒါနဲ့ပဲ
နောက်အရာ တစ်ခုကို သဘောပေါက်သွားတယ်။
ဒီအဖြစ်၊ ဒီကလေးဘဝရဲ့ ဒဏ်ရာဟာ ကျွန်မအတွက်
မရှိမဖြစ်အရာ
တစ်ခု၊ နှစ်ခုဆိုတာတောင်
ကျိုးပျက်မသွားပါဘူး။
အိပ်မက်နိုင်စွမ်းနဲ့
ဘဝကို ခုံမင်မှု၊
ကနေတဲ့အခါ ခံစားမိတဲ့ အရာပေါ့။
ဒီတော့ လူငယ်ပိုင်းအရွယ်နဲ့ အခုထိတောင်
အကစသင်ခဲ့ပြီး သင်ခန်းစာတွေ ယူနေတုန်းပါ၊
ဘဲလေး၊ တန်ဂို၊ တာရန်တယ်လေတို့ပေါ့၊
ဒါအားလုံးကို ကျွန်မဘဝနဲ့ ဆက်စပ်ဖို့
ပြောနေတာမဟုတ်ပါဘူး။
ဒါဘာမှ အဆန်းမဟုတ်ပါဘူး။
ဒါက ပုံမှန်ပါ၊ သာမန်ပါ။
ဒါက ကျွန်မမှာ ကြုံလာတာပါ၊
ရှင်တို့မှာ ကြုံနိုင်ပါတယ်။
ရှင်တို့ရဲ့ ကလေးတွေ ကြုံလာနိုင်ပါတယ်။
ကျွန်မအတွက်တော့ လုံးဝကို သာမန်မဟုတ်ပါဘူး။
ဒီအဖြစ်က
သာမန်ရက်စက်မှုရဲ့ သရုပ်သကန်
ကျွန်မတို့ကမ္ဘာ၊ ကျွန်မတို့
ရှေ့ဦးပညာရေးနစ်ဟာ
ကလေးတွေရဲ့ အိပ်မက်အစွမ်းကို သတ်ပစ်ရင်း
ကလေးတွေကို ဆက်လက် ဒဏ်ခတ်တာပါ။
ကျွန်မ ဒါနဲ့ပတ်သက်ပြီး
ကြံရာပါမဖြစ်ချင်ဘူး။
ကျွန်မ ဒါနဲ့ပတ်သက်ပြီး
ကြံရာပါမဖြစ်ချင်ဘူး။
ဒါနဲ့
ကိုယ့်ကိုယ်ကို အတွက်
စပြီးတော့
ဆုံးဖြတ်နိုင်စွမ်းရှိလာတော့
တက္ကသိုလ် သွားတက်တယ်။
ပထမဦးဆုံး
ပါရဂူဘွဲ့အတွက်
လေ့လာမှုတွေလုပ်ခဲ့ပြီး
" ပျော်ရွှင်မှုဆီ သင်ကြားခြင်း"ဆိုတဲ့
စာတမ်းပြုစုခဲ့တယ်။
"ပျော်ရွှင်မှုဆီ သင်ကြားခြင်း"က
ဘာကိုဆိုလိုတာလဲ။
ပထမဆုံး ရှာဖွေတွေ့ရှိတာက
ပျော်ရွှင်မှုဆိုတာ ကျွန်မရဲ့
ယနေ့ မက်မောမှုပါ။
နောက်ပြီး ကျွန်မ ရှာဖွေတွေ့ရှိတဲ့အရာကို
မှန်းကြည့်လိုက်ပါ။
" joy" ပျော်ရွှင်မှုဆိုတာက
သက္ကဋ္ဋဘာသာ ဝေါဟာရမှာ
"Yuj" လို့ခေါ်ဆိုပြီး
အဆက်အသွယ်လို့ အနက်ရပါတယ်။
ဆက်သွယ်ချက်၊ အားထားရမှုပါ။
လှလိုက်တဲ့ စကားလုံးပါ။
ဒါပေမဲ့ အဆက်အသွယ်ရှိတယ်ဆိုတာက ဘာအနက်လဲ။
အဆက်အသွယ်ရှိတာက ဘာလဲ။
တော်တော် ရိုးစင်းတာပဲလို့ ထင်ပါတယ်။
ဒါကို ကလေးတွေဆီမှာ တွေ့တယ်၊ ရှင်တို့
လည်း ခံစားဖူးမှာပါ၊ ကျွန်မ မှတ်မိပါတယ်။
ဒါက ကျွန်မခန္ဓာရဲ့ မှတ်ဉာဏ်က ပြောတာပါ၊
ဒါက ကျွန်မ ကနေတုန်းက ကျွန်မကိုယ်တိုင်
ခံစားနေခဲ့တာပါ၊ ကလေးတွေ ပုံဆွဲနေတုန်း
ကစားနေတုန်း၊ အထူးသဖြင့် သူတို
နှစ်သက်ရာတွေ လုပ်နေတုန်း
စောင့်ကြည့်မိတယ်၊
သူတို့ဝန်းကျင်က ကမ္ဘာကိုမေ့နေကြတယ်။
စိတ်ဝင်းစားလွန်းတော့ သူတို့ကို
နှစ်နာရီကြာ ခေါ်တာတောင်
ကြားကြမှာ မဟုတ်ပါပဲ
နောက်ပြီးတော့ မပင်မပန်းနဲ့ကို
သူတို့သင်ယူနေကြတာပါ။
ကောင်းလိုက်တာ။
ဒီဆက်သွယ်မှုက ကျွန်မကို မပင်မပန်း
ကနေတုန်းက ခံစားခဲ့မှုဆီ
ခေါ်ဆောင်သွားပါတယ်။
ဒါက
ကမ္ဘာကြီးနဲ့၊ ကောင်းကင်နဲ့၊
မြေကြီးနဲ့
တိရိစ္ဆာန်တွေနဲ့၊ ပန်းတွေနဲ့၊ လူတွေနဲ့၊
ရှင်တို့နဲ့ တိုက်ရိုက်
ဆက်သွယ်မှု ရှိခဲ့တာပါ။
ပညာသင်ခြင်းနဲ့ ဘာလုပ်ဖို့ရှိလဲ။
အများကြီးပါ။
အကြောင်းက စဉ်းစားကြည့်ပါ၊
ရှာဖွေပြီးဖြစ်တဲ့ တည်တံ့တဲ့
စိုက်ပျိုးရေးစနစ်
ကနေစပြီး
သင်ကြားပေးတယ်ဆိုရင်ပေါ့။
တည်တံ့တဲ့ စိုက်ပျိုးရေးစနစ်ဟာ
ဂေဟသိပ္ပံတစ်ခုဆိုတာ သိကြပါတယ်။
တည်တံ့တဲ့ စိုက်ပျိုးရေးစနစ်က ပြောတာက
"မြေဩဇာကောင်းပြီးသားမှာ စိုက်ပျိုးကြပါ။"
ကျွန်မတို့ရဲ့ ကြွယ်ဝမှု၊ ရတနာဖြစ်တဲ့
အရာတစ်ခုကနေ
စသင်ကြားနိုင်တယ်လို့
ဆိုလိုချက်ကို စိတ်ကူးကြည့်လို့ရလား။
ပညာသင်ကြားရေးးကို တော်လှန်ခြင်းပါ။
ဒါဟာ ကမ္ဘာ့မျက်နှာပြင်ကို
လုံးဝပြောင်းလဲ ပါလိမ့်မယ်။
ပင်ပန်းမှု အလျဉ်းမရှိပဲနဲ့
သင်ယူဦခြင်းလည်း မည်ပါတယ်။
အတိတ်က ဆရာတွေ၊ ပညာပေးသူတွေ၊
ဒဿနာပညာရှင်တွေဟာ
ဒါကို နားလည်ကြပြီးပါပြီ၊ Montessori၊
Steiner၊ Freinet
သူတို့တွေ နားလည်နှင့်ပြီးပြီဆိုပေမဲ့
သူတို့ပြောတာ အများကြီး မကြားနာခဲ့ပါဘူး။
သတင်းကောင်းကတော့ ဒီနေ့ပါပဲ။
တိုးတိုးလာတဲ့
ပညာပေးသူတွေ၊
ဆရာသမားတွေ၊
ကျောင်းအုပ်ဆရာ၊ ဆရာမကြီးတွေ၊ မိဘတွေဟာ
အရင်လူတွေရဲ့ မီးရှူးတိုင်ကို
ပြန်လွှဲယူတာတင်မကပဲ
လက်တွေ့ကျတဲ့ သင်ကြားနည်း
အသစ်တွေကိုလည်း ထွင်နေဆဲပါ။
သူတို့ထဲက အများကြီးကို ကျွန်မမြင်တယ်
ဆိုတာတော့ စိတ်ချပါ။
ဒီပုဂ္ဂိုလ်တွေဟာ လွတ်လပ်မှုကို
လုံးဝအခြေခံတဲ့
နည်းသစ်တွေကို ဖန်တီးသူတွေပါ။
ကလေးတွေရဲ့ နရီကို လေးစားမှု၊
စွမ်းရည်၊ သူတို့ရဲ့
အိပ်မက်နိုင်စွမ်းတို့ပေါ့။
ကျွန်မပိုင် ပျော်ရွှင်မှုက
ဒီဆက်သွယ်မှုနဲ့
ဆက်သွယ်ဖို့၊
ဆက်သွယ်လာကြဖို့ပါ။
ဒါကြောင့်ပဲ စိတ်ကူးပုံကို သိနေဆဲ
လူတစ်စုနဲ့အတူ
သဟာယအဖွဲ့ ထူထောင်ခဲ့ပါတယ်။
ပညာရေးနွေဦး လို့ခေါ်တဲ့
ပညာရေး ပြန်လည်သစ်လွင်ဖို့ သဟာယပါ။
အရာတိုင်းဟာ ဒီမှာ ရှိနေပြီးဖြစ်တဲ့အတွက်
လုပ်ဖို့လိုတာဆိုလို့ ဆက်သွယ်ဖို့ပါ။
ဒါက ပျော်ရွှင်ဖို့ သင်ကြားပေးခြင်းပါ။
နောက်ဆုံးကျတော့ Maria Montessori
ပြောခဲ့တာကို အမှတ်ရဖို့ပါ။
သူမပြောခဲ့တာက
"သင်ယူခြင်းရဲ့ ပျော်ရွှင်မှုဟာ အပြေးသမားတွေနဲ့
ကချေသည်တွေအတွက် အသက်ရှူခြင်းလိုပဲ
ဉာဏ်ရည်လည်း မရှိမဖြစ်လိုပါတယ်"တဲ့။
(လက်ခုပ်သံများ)
Мне десять лет.
Сегодня у меня прослушивание
в балетной школе театра Ла Скала в Милане.
Я поднимаюсь по ступеням
громадной лестницы,
которая ведёт
в экзаменационный зал.
Мне страшно!
Мне действительно очень страшно.
И пока я поднимаюсь,
спускается множество прекрасных детишек —
это ученики Ла Скалы,
все они красивы, безупречны и стройны.
А я не отличаюсь
ни безупречностью, ни стройностью,
я начинаю чувствовать себя
не такой, как все.
В конце лестницы стоят две дамы
с неподвижными улыбками.
С такими улыбками,
какие изображают танцоры,
когда у них нестерпимо сводит икры.
Вот что значит балет!
Они говорят нам:
«Пожалуйста, входите».
Мы в огромном зале
с огромными зеркалами.
Тут я замечаю,
что нас где-то двадцать девочек,
все мы в ужасе от этого сурового места.
Заиграло пианино.
Помнится, это был ноктюрн Шопена.
Это было великолепно!
Дамы говорят нам:
«Можете танцевать, как вам нравится,
босиком».
Тем лучше, думаю я,
потому что в этот момент я позабыла всё,
чему обучилась за два года занятий.
И я танцую, погружаюсь в танец,
а музыка уносит меня.
И пока я танцую, в моей памяти
всплывают ободряющие слова
моего учителя, моего маэстро,
маэстро Моруччи, который говорил:
«Послушай, существует две важные вещи:
техника и страсть.
Придёт день, когда они сольются воедино.
У тебя есть страсть, и это богатство».
Внезапный хлопок в ладоши
остановил музыку.
Теперь нам предстоит просмотр
перед этими двумя дамами,
которые всё так же улыбаются.
Одна из них начинает
рассматривать мои стопы и ноги,
особенно мои стопы.
Она начинает их пристально изучать
и подзывает кого-то.
Её подруга, её коллега
говорит ей что-то непонятное.
Она просит меня покрутиться перед ней.
В это мгновение то же самое
ощущение непохожести,
которое овладело мной
на лестничной клетке,
пока я глядела на учеников,
вновь нахлынуло на меня!
Должно быть, я в некотором роде
действительно неправильная.
Я думаю о моих ногах:
какие же они неправильные!
Я рассматриваю тайком
ноги других девчонок,
и, конечно же, мне кажется,
что они самые изящные в мире.
К счастью, просмотр заканчивается.
Теперь нужно идти в другой зал,
в учебный класс.
В нём занимаются ученики
начальной школы Ла Скалы.
Тут стоят старые деревянные лавки,
доска, учебный класс.
«Сядьте на лавки! — приказывают нам, —
мы проведём перекличку».
Перечисляя наши имена,
нам указывают направо или налево.
Затем одна из дам,
конечно же, всё с той же улыбкой
говорит нам: «Итак, мы решили:
справа — ученики,
которые допущены в Ла Скалу,
а слева — те, кого мы,
к сожалению, не можем принять.
Вы свободны».
Я стою слева.
Вдруг я понимаю причину
такого длительного осмотра моих ног
и убеждаюсь в том,
что я действительно не такая, как все.
Слёзы тут же начинают литься
у меня по щекам.
Это даже не слёзы, а отчаянное рыдание.
И несмотря на слёзы
мне всё же удаётся спуститься по лестнице,
я подхожу туда, где на первом этаже
меня ожидает мама,
и с огромной усталостью говорю ей:
«Мама, меня не приняли».
Одним махом, одним щелчком пальцев
моя жизнь,
мой волшебный мир маленькой девочки,
которая мечтала танцевать, рухнул.
Из хорошей ученицы
я превратилась в негодную,
в монстра с уродливыми ногами.
И даже сегодня я вспоминаю,
как ехала домой в автобусе
и горько рыдала...
Кстати, я всё еще вспоминаю,
как в течение многих лет
мне приходилось носить летом босоножки,
и я стыдилась своих ног,
сама не понимая, почему!
Никто не рассказал мне об этом!
И ещё,
на протяжении по крайней мере
десяти лет после этого случая
у меня сжималось сердце каждый раз,
когда меня приводили
на танцевальные спектакли,
думая, что мне это нравится,
или когда я смотрела их по телевизору.
Каждый раз боль просыпалась во мне,
словно я навсегда позабыла,
что значит быть счастливой,
что значит иметь
право быть счастливой!
К счастью, время лечит.
Я избавилась от страха провала
и осознала, что существует
тысячи способов танцевать в паре с жизнью.
Я осознала кое-что ещё:
что тот случай, та детская травма
разбила не одну, а две
важнейшие для меня вещи:
способность мечтать и радость жизни,
ту, которую я испытывала, танцуя.
Итак, повзрослев, и даже сейчас
я начала заниматься танцами
и продолжаю до сих пор заниматься
балетом, танго, тарантеллой...
Я рассказываю вам об этом
не для того, чтобы пожаловаться.
В ней нет ничего необычного,
она обычна, банальна.
Это случилось со мной,
может случиться и с вами,
возможно, это случится с вашими детьми.
Но для меня в этом не ничего нормального.
Этот случай —
проявление обыкновенной жестокости,
которую наш мир,
наша основная образовательная система
продолжает навязывать нашим детям,
убивая их способность мечтать.
Я не желаю быть соучастницей.
И когда я начала
принимать собственные решения,
я поступила в университет.
Сначала я закончила аспирантуру
и написала работу под названием
«Воспитание радости».
Что значит «воспитать радость»?
Сначала я открыла для себя,
что радость — это моя страсть сегодня.
Затем, представьте себе,
я узнала ещё одну вещь:
слово «радость» происходит
от санскритского «йодж» или «йудж».
Это означает связь
соединение, воссоединение.
Это чудесно!
Что же означает, быть воссоединённым?
Что это, быть воссоединённым?
Думаю, это очень просто.
Я наблюдала это у детей,
и вы также уже испытывали это.
Лично я помню об этом.
Это хранится в памяти моего тела.
Это то, что я испытывала, когда танцевала.
Я наблюдала за детьми, которые заняты
рисованием, игрой
или другим любимым делом,
они забывают обо всём вокруг.
Они настолько поглощены, что вы можете
звать их в течение двух часов,
но они не услышат вас,
к тому же в это время они учатся
и ни капельки не устают.
Это восхитительно!
Это состояние воссоединения
напоминает мне о том,
что я испытывала,
когда танцевала без устали.
Это было чувство прямого общения
с миром, с небом и землёй,
с животными, цветами,
с людьми, с вами!
Какое это имеет отношение к образованию?
Очень многое!
Представьте,
если бы обучение начиналось
именно с этого...
Если бы оно начиналось с того,
что уже было открыто пермакультурой.
Пермакультура — это эконаука.
Пермакультура советует:
«Сажайте там, где почва уже плодородна».
Представляете,
что означает начинать обучение,
исходя из нашего богатства,
нашего достояния?
Это произвело бы
коренной переворот в образовании.
Это полностью бы изменило нашу планету!
Обучение происходило бы
без малейшего утомления.
Педагоги, учителя, философы прошлого
уже давно поняли это:
Монтессори, Штайнер, Френе.
Они уже поняли, но их мало кто услышал.
К счастью, сегодня всё больше и больше
воспитателей, учителей, родителей
не только приняли эстафету
этих предшественников,
но и сами разрабатывают
новые педагогические методики.
Уверяю вас, я видела
их огромное количество.
Эти люди создают новые методики,
основанные на свободе,
уважении ритма обучения ребёнка
и его способности мечтать.
Я счастлива, что участвую
в этом воссоединении.
Поэтому с группой людей,
которые ещё не разучились мечтать,
я создала объединение,
цель которого — возрождение образования
под названием «Образовательная весна».
Ведь все нужные элементы
уже присутствуют,
просто нужно их вновь соединить.
Вот в чём состоит «воспитание радости»!
В конечном счёте это то, о чём говорила
Мария Монтессори:
«Радость от познания
так же необходима, как и ум,
как дыхание бегунам
и танцорам!»
(Аплодисменты)