Bonjour, me revoici avec Nir. Dans votre livre, vous parlez de manipulation. Pourriez-vous nous en dire plus? >> Oui. L'éthique me tient à coeur. On me demande souvent : « n’est-ce pas comme apprendre à fabriquer une bombe ? Vous donnez les outils de psychologie pour manipuler le comportement, non ? Et la réponse est oui. Ces outils peuvent être utilisés à mauvais essient. J'ai écrit ce livre car je travaillais dans la pub et le jeu vidéo, je veux amener ces techniques connues depuis longtemps des publicitaires et des joueurs, vers une communauté plus large. Pour aider à créer des produits et services non seulement dans la pub et le jeu mais dans la santé, l'éducation et autres domaines, où on peut utiliser le pouvoir des habitudes pour le bien. Voilà ma raison première d’écrire ce livre. Il y a un test que je donne, comment savoir si j'utilise ces techniques générant l’habitude pour le bien ? Je donne ce test en 2 parties sous la forme de ce qu’on a appelé la Matrice de manipulation. La Matrice de manipulation est une matrice à 4 cadrans avec, sur un axe : « Croyez-vous que le produit ou service que vous proposez améliore matériellement la vie ? » Oui ou Non. C'est le premier critère sur l'axe Y. « Croyez-vous que votre travail améliore la vie des gens ? » Oui ou Non. Vous seul pouvez répondre. Ce test ne juge ni vous ni les autres ou inversement, Il sert s incèrement à demander : « Comment voir si j'utilise bien mon temps ? » « Comment consacrer mon capital humain à ce qui peut servir un but plus important, sur Terre ? » C'est la première question. Mais ça ne suffit pas. Car il y a une autre question cruciale. À savoir : « Suis-je l'utilisateur ? » « Suis-je l'utilisateur ? » Le test est en deux parties. Comment répondre à cette question ? C'est sur l'axe X. Donc « Oui, je suis l'utilisateur » ou « non, je ne le suis pas. » Connais-tu la règle No. 1 du trafic de drogue ? >> Ne jamais consommer ? >> Pas loin. Ne jamais se droguer avec ses propres produits. J'ignore votre passif là-dedans, mais on va s'en tenir à ça, ok ? >> Oui. Règle No. 1 du traficant de drogue, ne jamais consommer ses produits. >> Ok. >> Donc, avec cette question, « Est-ce que je crois que mon travail améliore matériellement des vies ? » Puis « Suis-je l’utilisateur ? », je fais désobéir à la règle. car s'il y a un risque négatif à surexploiter le produit, si le produit est addictif et non juste créateur d’habitude, qui va être le premier à s'en rendre compte ? Ce test en deux étapes met dans une bonne position morale, car en tant qu’utilisateur, c'est intéressant, Car ça augmente vos chances de succès. Vous devenez un « facilitateur ». Si vous pouvez répondre oui à ces 2 questions, vous êtes facilitateur. Et il s’avère que les entreprises dont on a parlé plus tôt, Facebook, Google, Instagram, WhatsApp, Slack, SnapChat,toutes ont été créées par des facilitateurs. Ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas gagner de l''argent ou faire du chiffre sur les autres cadrans, c'est juste que vous réussirez sans doute mieux, et dans une bonne position morale, si on peut répondre oui à ces 2 questions. >> On est aussi passionné ainsi, non ? >> Oui, et on crée de meilleurs produits. C'est l'avantage de se savoir utilisateur. L’utilisateur est juste là, votre client est en vous, énorme avantage. On n'a pas toujours cette chance. Dans une agence, ou dans une entreprise ou qu’on rend service mais sans être utilisateur. On n'a pas toujours ce luxe. Mais quelque part on l'a toujours. On peut choisir sur quoi on travaille et à quoi on va passer notre temps. Selon moi, c'est le meilleur choix. >> Un exemple de bon emploir des habitudes ? >> Bien sûr. Dans mon livre, je veux que la psychologie aide les gens à vivre mieux. Je fais un peu d'angélisme avec ces accroches dans des produits qui, selon moi, peuvent améliorer le bien-être. Il y a plusieurs entreprises qui me viennent en tête, Par exemple Pantrylabs. Elle s'attaque à l'épidémie d'obésité. Elle s’est rendu compte que les gens mangent mal car la malbouffe, soyons francs, est très pratique, pas chère, et délicieuse. Comment lutter face à un distributeur de sucres raffinés, mauvais pour nous, cause d'obésité, Pantrylabs débarque ici et dit : « On va prendre un frigo, avec une porte, et on va y attacher un genre d’iPad devant, et on peut ouvrir le frigo quand on veut, Mais, en se servant dans la machine, pleine de produits frais, alimentée chaque jour, avec des salades, des produits frais, nutritifs, bons pour soi, La machine est reliée à une puce RFID et votre carte bancaire est débitée. Pour la première fois, des aliments sains, dans des locaux d’entreprise, sont aussi faciles d'accès que la malbouffe. Ça change vraiment les habitudes quotidiennes des gens. Car au final, perdre du poids, n'est pas juste la volonté, ce n'est pas le manque de personnalité, ou de résistance aux tentations. Si on rend ce comportement plus facile à adopter, Et je le dis dans le livre, c'est dans la phase d’action. si on rend une habitude de bien manger aussi simple d’accès quela malbouffe, c'est tout bête, non? Pas besoin de volonté. Pas besoin de travail difficile. Voilà la beauté qu’il peut y avoir à modifier nos habitudes, car avec ça, on se décharge de la volonté. Ca n'a plus besoin d'être une lutte. On le fait jour après jour, sans y penser. >> Les gens font ce qui est bien si c’est plus facile. >> Oui, plus facile à transformer en habitude. Ce qui rend Pantrylabs si simple c’est qu’avec ma carte de crédit, c'est la phase d’investissement, j’indique mes préférences et je recevrai plus d'aliments similaires à l'avenir. Ce frigo est juste un distributeur au final, de plus en plus intelligent avec mon usage.