1 00:00:06,808 --> 00:00:08,887 Une personne de 20 ans connaît en moyenne 2 00:00:08,887 --> 00:00:11,983 entre 27 000 et 52 000 mots différents. 3 00:00:14,080 --> 00:00:16,507 À l'âge de 60 ans, ce nombre s'élève en moyenne 4 00:00:16,507 --> 00:00:19,982 entre 35 000 et 56 000. 5 00:00:20,035 --> 00:00:21,555 À voix haute, 6 00:00:21,555 --> 00:00:24,030 la plupart de ces mots durent moins d'une seconde. 7 00:00:24,424 --> 00:00:25,829 Ainsi, pour chaque mot, 8 00:00:26,032 --> 00:00:28,204 le cerveau doit prendre une décision rapide : 9 00:00:28,538 --> 00:00:32,053 laquelle de ces milliers d'options correspond au signal ? 10 00:00:32,233 --> 00:00:36,079 Et dans environ 98 % des cas, le cerveau choisit le bon mot. 11 00:00:36,256 --> 00:00:37,211 Mais comment ? 12 00:00:37,468 --> 00:00:41,075 La compréhension orale est différente de la compréhension écrite, 13 00:00:41,301 --> 00:00:44,188 mais est similaire à la compréhension du langage des signes 14 00:00:44,473 --> 00:00:47,335 - bien que la reconnaissance de la parole a été plus étudiée 15 00:00:47,335 --> 00:00:48,615 que le langage des signes. 16 00:00:48,938 --> 00:00:51,085 Le cerveau est à l'origine de notre capacité 17 00:00:51,085 --> 00:00:52,245 à comprendre le langage. 18 00:00:52,245 --> 00:00:54,473 Il a le rôle de processeur parallèle. 19 00:00:54,709 --> 00:00:58,193 Cela signifie qu'il peut faire plusieurs choses différentes en même temps. 20 00:00:58,592 --> 00:01:02,150 La plupart des théories supposent que chaque mot connu est représenté 21 00:01:02,150 --> 00:01:05,641 par une unité de traitement distincte ayant un unique rôle : 22 00:01:05,868 --> 00:01:08,323 évaluer la probabilité que le discours entrant 23 00:01:08,520 --> 00:01:10,695 corresponde à ce mot en particulier. 24 00:01:10,995 --> 00:01:13,638 Dans le contexte du cerveau, l'unité de traitement 25 00:01:13,638 --> 00:01:17,797 représentant un mot est probablement un schéma de tir 26 00:01:17,797 --> 00:01:21,352 d'un groupe de neurones dans le cortex du cerveau. 27 00:01:21,623 --> 00:01:25,434 Lorsqu'on entend le début d'un mot, plusieurs milliers de ces unités 28 00:01:25,434 --> 00:01:27,021 peuvent devenir actifs. 29 00:01:27,224 --> 00:01:29,346 En effet, avec seulement le début d'un mot, 30 00:01:29,346 --> 00:01:31,605 il y a de nombreuses correspondances possibles. 31 00:01:31,679 --> 00:01:33,678 Ensuite, à mesure que l'on prononce le mot, 32 00:01:33,678 --> 00:01:38,583 de plus en plus d'unités constatent qu'il manque une information vitale 33 00:01:38,730 --> 00:01:40,272 et perdent leur activité. 34 00:01:40,569 --> 00:01:45,902 Probablement bien avant la fin du mot, un seul schéma de tir reste actif, 35 00:01:46,142 --> 00:01:47,773 correspondant à un mot. 36 00:01:48,060 --> 00:01:50,630 C'est ce qu'on appelle le « point de reconnaissance ». 37 00:01:50,802 --> 00:01:53,564 Lors du processus de recherche d'un mot, 38 00:01:53,610 --> 00:01:56,464 les unités actives suppriment toute autre activité, 39 00:01:56,686 --> 00:01:58,616 économisant de précieuses millisecondes. 40 00:01:58,845 --> 00:02:02,976 La plupart des gens peuvent comprendre jusqu'à environ 8 syllabes par seconde. 41 00:02:03,673 --> 00:02:06,914 Pourtant, le but n'est pas seulement de reconnaître le mot, 42 00:02:06,914 --> 00:02:10,165 mais aussi d'accéder à sa signification stockée. 43 00:02:10,506 --> 00:02:14,016 Le cerveau accède à de nombreuses significations possibles en même temps, 44 00:02:14,174 --> 00:02:16,583 avant que le mot ait été complètement identifié. 45 00:02:16,930 --> 00:02:23,022 Selon des études, même en entendant un fragment de mot - comme « cap » - 46 00:02:23,240 --> 00:02:26,689 les auditeurs vont commencer à enregistrer plusieurs sens possibles, 47 00:02:26,903 --> 00:02:31,417 comme capitaine ou capital, avant même que le mot complet n'émerge. 48 00:02:32,080 --> 00:02:35,116 Cela suggère que chaque fois que l'on entend un mot, 49 00:02:35,116 --> 00:02:38,147 il y a une brève explosion de sens dans nos esprits, 50 00:02:38,430 --> 00:02:40,909 et avant même d'atteindre le point de reconnaissance, 51 00:02:40,909 --> 00:02:43,192 le cerveau a choisi une interprétation. 52 00:02:43,398 --> 00:02:46,971 Le processus de reconnaissance progresse plus rapidement avec une phrase 53 00:02:46,971 --> 00:02:50,712 nous donnant un contexte qu'avec un enchaînement aléatoire de mots. 54 00:02:50,712 --> 00:02:54,925 Le contexte permet aussi de nous guider vers la signification voulue des mots 55 00:02:54,925 --> 00:02:59,004 ayant plusieurs interprétations, comme « glace », ou « grue », 56 00:02:59,004 --> 00:03:02,676 ou en cas d'homophones comme « verre » ou « vert ». 57 00:03:03,095 --> 00:03:04,645 Pour les personnes multilingues, 58 00:03:04,645 --> 00:03:07,410 la langue qu'ils entendent est un autre indice utilisé 59 00:03:07,567 --> 00:03:10,905 pour éliminer les mots pouvant ne pas correspondre 60 00:03:10,905 --> 00:03:12,390 au contexte de la langue. 61 00:03:12,765 --> 00:03:14,624 Ainsi, que se passe-t-il si l'on ajoute 62 00:03:14,624 --> 00:03:16,440 de tout nouveaux mots dans ce système ? 63 00:03:16,754 --> 00:03:18,984 Même en tant qu'adultes, on peut parfois tomber 64 00:03:18,984 --> 00:03:20,449 sur un nouveau mot. 65 00:03:20,740 --> 00:03:25,232 Mais si chaque mot est représenté par un modèle d'activité bien défini, 66 00:03:25,232 --> 00:03:29,293 réparti entre de nombreux neurones, comment empêche-t-on de nouveaux mots 67 00:03:29,293 --> 00:03:31,964 de remplacer les anciens ? 68 00:03:32,134 --> 00:03:34,188 On pense que pour éviter ce problème, 69 00:03:34,294 --> 00:03:36,355 les nouveaux mots sont initialement stockés 70 00:03:36,355 --> 00:03:38,827 dans une partie du cerveau appelée l'hippocampe, 71 00:03:39,124 --> 00:03:42,549 bien loin du stockage principal des mots dans le cortex. 72 00:03:42,716 --> 00:03:45,645 Ainsi, ils ne partagent pas les neurones avec d'autres mots. 73 00:03:46,190 --> 00:03:48,980 Puis, après plusieurs nuits de sommeil, 74 00:03:49,117 --> 00:03:51,797 ces nouveaux mots sont progressivement transférés 75 00:03:51,797 --> 00:03:54,228 et s'entrecroisent avec les anciens. 76 00:03:54,507 --> 00:03:58,298 Les chercheurs pensent que ce processus d'acquisition progressive aide 77 00:03:58,298 --> 00:04:00,824 à éviter de perturber les mots existants. 78 00:04:01,295 --> 00:04:04,407 Ainsi, dans la journée, cette activité inconsciente génère 79 00:04:04,407 --> 00:04:07,079 des explosions de significations lorsque l'on bavarde. 80 00:04:07,228 --> 00:04:10,506 La nuit, on se repose, mais notre cerveau est occupé 81 00:04:10,506 --> 00:04:13,960 à intégrer de nouvelles connaissances au réseau lexical. 82 00:04:14,234 --> 00:04:16,696 Quand on se réveille, ce processus nous permet 83 00:04:16,696 --> 00:04:20,378 d'être prêt pour ce monde du langage en constante évolution.