Il existe des lois injustes. Devons-nous nous contenter d'y obéir, devons-nous tenter de les modifier en y obéissant jusqu'à ce que nous ayons réussi à les changer, ou devons-nous les transgresser sans attendre ? Un des co-fondateurs du site web Reddit a été retrouvé mort. Il était certainement un prodige, bien qu'il ne se soit jamais considéré comme tel. Il n'était absolument pas emballé par le fait de créer des entreprises et faire de l'argent. Il y a un sentiment profond de perte ce soir à Highland Park la ville de Aaron Swartz tandis que ceux qui l'aimaient disent adieu à l'un des esprits les plus brillants d'Internet. Les activistes de la liberté, du libre accès et des ordinateurs pleurent sa perte. "Un intellect étonnant", d'après ceux qui le connaissaient. Il a été tué par le gouvernement, et le MIT a trahi tous ses principes de base. Ils voulaient en faire un exemple, vous comprenez ? Les gouvernements ont un désir insatiable de contrôler. Il risquait 35 ans de prison et une amende d'un million de dollars. Soulevant des questions de zèle en matière de poursuites, et je dirais même une faute. Avez-vous examiné cette question précise et en avez-vous tiré des conclusions ? En grandissant, vous savez, j'ai progressivement réalisé que toutes les choses autour de moi, dont les gens me disaient qu'elles étaient la manière naturelle d'être des choses, la manière dont les choses devaient être Elles n'étaient pas naturelles du tout, certaines choses pouvaient être changées et plus important, il y avait des choses qui étaient fausses et devaient changer. Et une fois que j'ai réalisé cela, il n'y avait plus moyen de revenir en arrière. L'enfant d'Internet Bienvenue à l'heure du conte. Le titre du livre est "Paddington à la foire". Bien, il est né à Highland Park et a grandi ici. Aaron venait d'une famille de trois frères, tous extraordinairement brillants. Oh, la boîte est en train de basculer... Donc, vous savez, nous n'étions pas les enfants les plus disciplinés. Vous savez, trois garçons courant partout tout le temps et faisant des bêtises. Hey, non, non, non ! - Aaron ! - Quoi ? Mais j'ai fini par réaliser que Aaron avait appris comment apprendre à un très jeune âge. "Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix" - Toc, toc ! - Qui est-là ? - Aaron - Aaron qui ? - Aaron Le Rigolo. Il savait ce qu'il voulait, et il voulait toujours le faire. Il accomplissait toujours ce qu'il désirait. Sa curiosité était sans bornes. "Voici une petite image de ce que sont les planètes." "Et chaque planète a un symbole. Le symbole de Mercure, le symbole de Vénus, le symbole de la Terre, le symbole de Mars, le symbole de Jupiter". Un jour il dit à Susan : "qu'est-ce que c'est que ce divertissement familial gratuit au centre-ville de Highland Park ?" "Divertissement familial gratuit au centre-ville de Highland Park" Il avait trois ans à l'époque. Elle lui demande : de quoi tu parles ? Il dit : Regarde, c'est marqué là, sur le frigo "Divertissement gratuit au centre-ville de Highland Park". Elle fut sidérée de voir qu'il savait lire. Ça s'appelle "Le séder de ma famille" La nuit du séder est différente de toutes les autres nuits. Je me souviens d'une fois, nous étions à la bibliothèque de l'Université de Chicago. J'ai retiré un livre du rayon, qui datait de quelque chose comme 1900. Je lui ai montré, et j'ai dit : tu sais, c'est un endroit extraordinaire. Nous étions des enfants curieux, mais Aaron aimait vraiment apprendre et enseigner. Et ce que nous allons apprendre est l'alphabet à l'envers. Z, Y, X, W, V, U, T... Je me souviens quand il rentra de son premier cours d'algèbre. Il m'a dit un truc du genre : Noah, laisse-moi t'apprendre l'algèbre ! Et moi : qu'est-ce que l'algèbre ? Et il était tout le temps comme cela. Maintenant pressons ce bouton clic, là ! Maintenant ça donne ça ! Maintenant c'est rose ! Quand il avait deux ou trois ans, Bob l'a initié aux ordinateurs, alors ça l'a passionné comme un fou. (babillage) Nous avions tous des ordinateurs, mais Aaron accrochait vraiment avec eux, avec l'Internet. - Tu travailles sur l'ordinateur ? - Naann... - Comment... Maman, pourquoi est-ce que rien ne fonctionne ? Il commença à programmer à un âge très jeune. Je me souviens que le premier programme que j'ai écrit avec lui était en Basic, c'était un jeu de questions-réponses autour de Star Wars. Il s'est assis avec moi dans le sous-sol, où l'ordinateur était, pendant des heures, pour programmer ce jeu. Le problème que j'avais avec lui est qu'il n'y avait rien que je voulais faire. Et avec lui, il y avait toujours quelque chose à faire, toujours quelque chose que la programmation pouvait résoudre. Aaron a toujours vu la programmation comme une sorte de magie. Vous pouvez accomplir ces choses que les humains normaux ne peuvent pas faire. Aaron fit un distributeur de billets en utilisant un Macintosh et une boîte en carton. Une année pour Halloween, je ne savais pas ce que je voulais être, et il pensa que ce serait vraiment cool, si je me déguisais comme son nouvel ordinateur favori, qui était alors le premier iMac. Je veux dire, il détestait se déguiser pour Halloween mais il adorait convaincre d'autres personnes de se déguiser comme il le souhaitait. Hôte Aaron, arrêtez ! Les gars, allez, regardez la caméra ! (Spiderman regarde la caméra) Il fit ce site web appelé The Info, où les gens pouvaient très simplement apporter de l'information Je suis sûr que quelqu'un là-bas sait tout sur l'or, la dorure à la feuille. Pourquoi n'expliqueraient-ils pas ça sur ce site ? Et là d'autres personnes peuvent venir plus tard et lire cette information, et l'éditer s'ils pensent qu'elle est mauvaise. Pas trop éloigné de Wikipédia, non ? Et c'était avant que Wikipédia commence, et ça a été développé par un gars de 12 ans, dans sa chambre, tout seul, sur son petit serveur un peu dépassé, Une des réponses des enseignants fut du style : C'est une très mauvaise idée, vous ne pouvez pas laisser n'importe qui rédiger l'encyclopédie. La principale raison d'être des scientifiques est d'écrire ces livres pour nous. Comment avez-vous pu avoir une si mauvaise idée ? Moi et mon autre frère disions, genre : Oh vous savez, Wikipédia c'est cool, mais nous avions déjà ça à la maison il y a cinq ans. Le site d'Aaronn, theinfo.org, gagna un concours scolaire lancé par la société de conception de sites Web basée à Cambridge, ArsDigita. Nous sommes tous allés à Cambridge pour la ... quand il a remporté le prix de ArsDigita et nous n'avions aucune idée de ce que Aaron faisait. Il était évident que le prix était vraiment important. Aaron s'est vite impliqué avec les communautés de programmation en ligne, puis dans l'élaboration d'un nouvel outil pour le web. Il s'amène en me disant : Ben, il y a ce truc vraiment super sur lequel je travaille. Il faut que je t'en parle ! - Oui, c'est quoi ? - C'est un truc appelé RSS. Et il m'explique ce qu'est RSS, genre... pourquoi est-ce utile, Aaron ? Y a-t-il des sites qui l'utilisent, pourquoi est-ce que je devrais l'utiliser ? Il y a cette liste de diffusion pour les gens qui travaillent sur RSS, et XML d'une manière plus générale. Et sur cette liste, il y avait une personne nommée Aaron Swartz qui était pugnace mais très intelligente et qui avait beaucoup de bonnes idées, mais il ne venait jamais aux meetings, et ils disaient Tu sais, quand est-ce que tu vas venir à ces meetings IRL ? Et il dit : "vous savez, je ne pense pas que ma mère me laissera. J'ai... Je viens juste d'avoir 14 ans." Et donc leur première réaction a été, bien, vous savez, cette personne, ce collègue avec lequel ils travaillaient depuis toutes ces années... avait 13 ans à l'époque où ils travaillaient ensemble, et n'avait que 14 ans maintenant. Et leur seconde réaction a été : "Seigneur, nous voulons vraiment le rencontrer, vous savez. C'est extraordinaire !" Il a fait partie du comité qui a esquissé RSS. Ce qu'il faisait été d'aider à construire la "plomberie" de l'hypertexte moderne. La partie sur laquelle il travaillait, RSS, était un outil que vous pouvez utiliser pour obtenir des résumés de choses qui se passent sur d'autres pages web. Plus communément, vous pouvez utiliser cela pour un blog. Vous pourriez avoir 10 ou 20 blogs que vous voulez lire. Vous utilisez leurs flux RSS, ces résumés de ce qui se passe sur ces autres pages pour créer une liste unifiée de ce qui se passe ailleurs. Aaron était vraiment jeune, mais il comprenait la technologie et il voyait qu'elle était imparfaite et il cherchait des moyens d'aider à l'améliorer. Alors sa mère a commencé à le mettre dans des avions à Chicago, nous le récupérions à San Francisco. Nous l'avons présenté à des personnes intéressantes afin qu'ils discutent, et nous nous sommes étonnés de ses horribles habitudes alimentaires. Il ne mangeait que de la nourriture blanche, comme du riz à la vapeur, pas de riz frit parce que ce n'était pas assez blanc, et du pain blanc, et ainsi de suite... Et on s'émerveillait de la qualité des débats soulevés par un si jeune garçon. Et on pensait, voici un gamin qui ira loin s'il ne meurt pas du scorbut. Aaron, à toi ! Je pense que la différence est que maintenant vous ne pouvez pas faire des compagnies type point-com Vous ne pouvez pas avoir des compagnies qui se contentent de vendre de la nourriture pour chien via l'Internet, ou via les smartphones. Mais il y a encore beaucoup d'innovation en cours. Dites-vous que peut-être que si vous ne voyez pas l'innovation, c'est peut-être que vous avez la tête dans le sable. Il était là-dessus, comme un nerd de base, genre "Je suis plus intelligent que toi, et parce que je suis plus intelligent, je suis meilleur que toi, et je peux te dire quoi faire". C'est une de ses facettes, son côté "peste". Donc vous mettez ensemble tous ces ordinateurs et maintenant ils résolvent de gros problèmes comme chercher des extra-terrestres et essayer de guérir le cancer. Je l'ai rencontré la première fois sur IRC, sur Internet Relay Chat. Il ne faisait pas qu'écrire du code, il parvenait aussi à intéresser les gens pour qu'ils résolvent les problèmes qu'il avait. C'était un connecteur. Le mouvement de la culture libre a eu beaucoup de telles énergies. Je pense que Aaron essayait de faire que le monde fonctionne. Il essayait de le réparer. Il avait une forte personnalité, de celles qui peuvent de temps à autre prendre la mouche. Il n'était pas toujours très à l'aise dans le monde et le monde n'était pas toujours très à l'aise avec lui. Aaron est allé au lycée et il a mal vécu l'école, à en être malade. Il n'aimait pas l'école, il n'aimait aucun de ses cours, il n'aimait pas les professeurs. Aaron savait vraiment comment trouver une information. Il était du style "Je n'ai pas besoin d'aller voir cet enseignant pour apprendre la géométrie. Je peux simplement lire le livre de géométrie. Et je n'ai pas besoin d'aller chez cet enseignant pour apprendre leur version de l'histoire Américaine, puisque j'ai 3 synthèses historiques ici, je peux simplement les lire. Et d'ailleurs cela ne m'intéresse pas, je suis intéressé par le web". J'étais très frustré par l'école, je pensais que les enseignants ne savaient pas de quoi ils parlaient. Ils dominaient et contrôlaient, les devoirs à la maison étaient un peu du pipeau et ce n'était finalement qu'un moyen d'occuper les étudiants en les faisant gratter du papier. Et, vous savez, j'ai commencé à lire des livres sur l'histoire de l'éducation et comment ce système éducatif s'est développé. Et, vous savez, les alternatives à ce système et les façons dont on pouvait apprendre de manière effective par opposition au système qui impose de recracher ce qu'un professeur a dit. Et cela m'a conduit à m'interroger sur plusieurs choses. Après m'être interrogé sur l'école dans laquelle j'étais, je me suis interrogé sur la société qui avait construit l'école, les métiers pour lesquels l'école formait les gens, je me suis interrogé sur le gouvernement qui avait mis en place toute cette structure. Une des choses qui le passionnait le plus, particulièrement à cette époque, c'était le copyright. Le copyright a toujours été une sorte de fardeau pour les éditeurs et les lecteurs, mais ce n'était pas un fardeau excessif, c'était un dispositif raisonnable, permettant de s'assurer que les gens soient payés. Ce à quoi la génération d'Aaron a été confrontée, c'est la collision entre ce système antique du copyright et cette incroyable nouveauté que nous essayions de construire, Internet et le web. Ces choses sont entrées en collision, et le résultat a été le chaos. Il a alors rencontré Lawrence Lessig, professeur de droit à Harvard qui, à l'époque, contestait la loi sur le copyright au niveau de la Cour Suprême. Le jeune Aaron Swartz s'est alors envolé pour Washington pour écouter les auditions de la Cour Suprême. Je suis Aaron Swartz et je suis ici pour écouter le débat, pour voir les documents du débat. Pourquoi avoir fait le trajet jusqu'ici depuis Chicago pour voir ce débat ? C'est une question plus difficile... Je ne sais pas, c'est très excitant de voir la Cour Suprême, particulièrement dans un cas si prestigieux. Lessig allait aussi de l'avant avec une nouvelle manière de définir le copyright sur Internet. Cela s'appelait les "Creative Commons". L'idée de base des Creative Commons est d'offrir la possibilité aux gens, aux créateurs, une solution simple d'associer à leurs créations les libertés d'utilisation qu'ils souhaitent. Donc si le copyright est le monde du "Tous droits réservés", on est là dans le modèle du "Certains droits réservés". Je veux une manière simple de vous dire : voici ce que vous pouvez faire avec mon travail, même s'il existe certaines situations pour lesquelles vous aurez besoin de ma permission. Et le rôle d'Aaron était la partie informatique. Comme : comment construire ces licences pour qu'elles soient simples et compréhensibles et exprimées de façon à ce que les machines puissent les traiter. Et les gens disaient : pourquoi est-ce ce gamin de 15 ans qui écrit les spécifications des Creative Commons ? Ne pensez-vous pas que c'est une énorme erreur ? Et Larry répondait : la plus grosse erreur que nous pourrions faire, c'est de ne pas écouter ce gamin. Il est à peine assez grand pour que sa tête dépasse derrière le pupitre. Et c'était un pupitre mobile, c'était donc un peu embarrassant, car lorsqu'il ouvrait son écran, personne ne pouvait plus voir sa tête. Lorsque vous arrivez sur notre site web, et que vous allez sur "Choisir une licence", il vous propose une liste d'options, vous explique ce que cela signifie, et vous avez trois questions simples : "Voulez-vous que l'œuvre soit attribuée à son auteur ?" "Voulez-vous permettre un usage commercial de votre travail ?" "Souhaitez-vous autoriser les modifications sur votre travail ?" J'ai été frappée, complètement sidérée que ces adultes le regardent comme un des leurs. Et Aaron se tenait debout face à cette assemblée et commençait à parler de cette plateforme qu'il avait créée pour les Creative Commons. Et ils l'écoutaient tous ... J'étais assise au fond, me disant : ce n'est qu'un gamin, pourquoi l'écoutent-ils ? Mais ils l'écoutaient ... En fait, je crois bien que je ne comprenais pas vraiment. Bien que les critiques aient dit que cela ne contribuait guère à s'assurer que les artistes soient payés pour leur travail, le succès des Creative Commons a été énorme. À l'heure actuelle, rien que sur Flickr, plus de 200 millions de personnes utilisent une des licences Creative Commons. Il a contribué par ses compétences techniques, mais pour lui ce n'était pas que de la technique. Aaron a souvent écrit de manière candide dans son blog personnel : Je réfléchis profondément, et j'aimerais que les autres fassent de même. Je travaille pour des idées et j'apprends au contact des autres. Je n'aime pas exclure les gens. Je suis perfectionniste, mais pas au point de m'empêcher de publier. À part pour l'éducation et les divertissements, je ne veux pas perdre mon temps sur des choses qui n'auront pas d'impact. J'essaie d'être ami avec tout le monde, mais je déteste que l'on ne me prenne pas au sérieux. Je ne suis pas rancunier, ce n'est pas productif, mais j'apprends de ces expériences. Je veux rendre le monde meilleur. En 2004, Swartz quitte Highland Park et s'inscrit à l'université de Stanford. Il avait une colite ulcéreuse, et nous faisions tous attention à ce qu'il prenne ses médicaments. Il avait été hospitalisé et devrait prendre chaque jour un cocktail de pilules. Une de ces pilules était un stéroïde qui a limité sa croissance, et le faisait se sentir différent des autres étudiants. Aaron, je pense, est arrivé à Stanford prêt à suivre des études et s'est finalement retrouvé dans un programme de "baby-sitting" à destination de lycéens surdoués, qui sont destinés à devenir, après quatre ans, de grands entrepreneurs et faire partie des "1%" et je pense que ça le rendait fou. En 2005, après seulement un an à l'université, Swartz s'est vu proposer un poste dans un incubateur de start-ups du nom de Y Combinator, dirigé par Paul Graham. Il était du genre : "Hé, j'ai cette idée pour un site web !" Et Paul Graham a trouvé ça intéressant et a répondu : "Oui, bien sûr." Tout à coup, il a quitté la fac et a emménagé dans cet appartement ... C'était donc l'appartement d'Aaron quand il est arrivé ici. Je me souviens de mon père m'expliquant les difficultés à trouver une location, parce qu'Aaron n'avait pas de carte de crédit et venait de quitter la fac. Aaron habitait dans ce qui est maintenant le salon, quelques posters subsistent de l'époque où il habitait ici. Et la bibliothèque ... Il y a plus de livres, mais beaucoup appartenaient à Aaron. Le site qu'Aaron avait créé chez Y Combinator s'appelait Infogami, un outil pour créer des sites web. Mais infogami n'a pas réussi à trouver son public, et Swartz a finalement fusionné sa société avec un autre projet d'Y Combinator qui avait besoin d'aide. C'était un projet dirigé par Steve Huffman et Alexis Ohanian qui s'appelait Reddit. On en était là : on partait de rien. Pas d'utilisateurs, pas d'argent, pas de code, et on devenait de jour en jour un site web extrêmement populaire. Et ça n'avait pas l'air de vouloir s'arrêter, nous avions d'abord 1000 utilisateurs, puis 10 000, puis 20 000 et ainsi de suite. C'était juste incroyable ! Reddit est devenu énorme, et c'est en quelque sorte un lieu de rendez-vous de geeks sur le web. Il y a plein de blagues, d'œuvres d'art, et finalement plein de gens qui se regroupent sur le site et ont fait de ce site celui qu'ils visitent chaque matin pour avoir des nouvelles. Reddit a été proche du chaos par moment, d'un côté c'est un site où les gens discutent de l'actualité, de technologie et de politique, et de l'autre, il y a tout un tas de contenus Not Safe For Work (NSFW, pas convenable pour le travail), de contenus offensants, certains sub-reddits sont un espace accueillant pour les trolls et de ce point de vue, Reddit a été l'objet de controverses. Finalement, Reddit est en équilibre au bord du chaos. Reddit attire l'attention du géant de l'édition Condé Nast, qui fait une offre pour acheter l'entreprise. Un montant conséquent d'argent, assez conséquent pour que mon père ait à se poser des questions du type : "Comment puis-je stocker tout cet argent ?" - beaucoup d'argent comme ... - beaucoup d'argent. Probablement plus d'un million de dollars, mais en fait je ne sais pas. - et quel âge a-t-il à cette époque ? - 19, 20... C'était dans cet appartement, ils étaient assis sur ce qu'il y avait avant ces canapés à hacker Reddit, et quand ils ont vendu Reddit ils ont organisé une grande fête, et se sont tous envolés pour la Californie le lendemain et m'ont laissé les clés. En fait c'était marrant, il venait juste de vendre sa start-up alors nous pensions tous qu'il était le plus riche mais il nous dit : "Non, je vais prendre cette petite pièce grande comme une boîte à chaussure, c'est tout ce dont j'ai besoin". C'était à peine plus grand qu'un placard. L'imaginer, dépensant son argent dans des objets futiles, paraissait tellement improbable. Il l'expliquait comme cela : "J'aime vivre dans des appartements donc je ne vais pas dépenser d'argent pour un nouvel espace, je ne vais pas acheter une maison. Et j'aime porter des jeans et un tee-shirt, donc je ne vais pas dépenser plus d'argent dans des vêtements. En fait ce n'est pas très important !" Ce qui importe pour Swartz est la manière dont le trafic est géré sur Internet. Et ce qui attire notre attention. Dans l'ancien système de radiodiffusion, vous êtes fondamentalement limité par la disponibilité des fréquences. Vous ne pouvez envoyer que 10 chaînes télé sur les ondes. Ou même avec le câble, vous aviez 500 chaînes. Sur Internet, tout le monde peut avoir sa chaîne. Chacun peut créer un blog, ou une page Myspace. Chacun a la possibilité de s'exprimer. Ce que l'on voit désormais ne dépend pas de qui a accès aux fréquences, cela dépend de qui contrôle la manière dont on peut trouver les gens. Vous savez, le pouvoir commence à se concentrer sur des sites comme Google, qui sont des sortes de guides qui vous indiquent où vous souhaitez aller sur le web. Les gens qui vous fournissent vos sources d'information. Donc ce n'est plus uniquement certaines personnes qui ont le droit de parler, maintenant tout le monde a le droit de parler. La question est de savoir qui est entendu. Après ses débuts à San Francisco chez Condé Nast, il est venu au bureau et ils ont voulu lui donner un ordinateur avec un système clé en main. Et ils lui ont dit qu'il ne pourraient pas installer de nouveaux logiciels sur son ordinateur. Ce qui est scandaleux pour un développeur. Dès le premier jour il se plaignait de tous ces trucs. "Murs gris, bureaux gris, bruits gris. Dès le premier jour je savais que ce ne serait pas possible. À l'heure du déjeuner, je me suis littéralement enfermé aux toilettes et j'ai commencé à pleurer. Je ne peux pas imaginer rester sain d'esprit avec quelqu'un qui me parle toute la journée. Et encore moins mener un travail à son terme. Personne ne semble concrétiser quoi que ce soit d'ailleurs. Il y a toujours quelqu'un qui débarque dans le bureau, pour traîner, discuter ou nous proposer de jouer au nouveau jeu vidéo que Wired est en train de tester." Il avait vraiment des aspirations différentes, orientées politiquement. Et ce n'est pas vraiment dans la culture de la Silicon Valley d'orienter les activités techniques pour atteindre des objectifs politiques. Aaron détestait travaillait pour une entreprise. Ils détestaient tous travailler pour Condé Nast, mais Aaron est le seul qui ne prenait pas sur lui. Et Aaron a fini par se faire licencier en ne se rendant plus au bureau. Il a été dit que ça a été une rupture difficile. Alexis Ohanian et Steve Huffman ont tous deux refusé d'être interviewés pour ce film. Il rejetait le monde des affaires. Une des choses vraiment importantes à se rappeler à propos de ce choix d'Aaron de quitter la culture start-up est qu'il laissait aussi derrière lui les choses qui l'avaient rendu connu et apprécié. Il prenait le risque de décevoir ses fans. Il est arrivé là où il devait aller, et il a eu la lucidité et l'entêtement nécessaires pour réaliser qu'il avait gravi cette montagne de merde pour arracher la seule rose et découvrir qu'il avait perdu l'odorat. Et plutôt que de s'asseoir en se persuadant que ce n'était pas si grave que ça le semblait, comme de toute façon il avait trouvé la rose, il est redescendu, ce qui est plutôt cool. Aaron voyait toujours la programmation comme de la magie. Vous pouvez accomplir ces choses que les humains ne peuvent pas faire, quand vous êtes capables de programmer. Donc, si vous aviez des pouvoirs magiques, les utiliseriez-vous pour faire le bien, ou gagner des montagnes d'argent ? Swartz était inspiré par un des visionnaires qu'il avait rencontré étant gamin. L'homme qui a inventé le World Wide Web, Tim Berners-Lee. Dans les années 1990, Berners-Lee était cetrainement assis sur l'une des inventions les plus lucratives du 20ème siècle. Mais au lieu de profiter de l'invention du World Wide Web, il la mit gratuitement à disposition. C'est la seule raison pour laquelle le Web existe aujourd'hui. Aaron est de manière certaine profondément influencé par Tim. Tim est un génie du premier Internet, qui n'a aucun goût du gain. Il n'est absolument pas intéressé par la manière dont il pourrait se faire des milliards de dollars. Les gens disaient, "ah, il y a de l'argent à se faire là", là où il y aurait plein de petits webs. Au lieu d'un seul gros web. Or un petit web, toutes sortes de webs, ça ne fonctionne pas, parce que vous ne pouvez pas suivre les liens de l'un à l'autre. Il faut avoir une masse critique, la planète entière en fait, donc ça ne va pas marcher tant que la planète entière n'a pas rejoint le réseau. Je crois profondément qu'il n'est pas suffisant de se contenter de vivre dans le monde tel qu'il est, de se contenter de ce qu'on vous donne, et de suivre les choses que les adultes vous disent de faire, et que vos parents vous disent de faire, et de ce que la société vous dit de faire. Je pense que vous devriez toujours vous interroger sur tout ça. J'ai cette attitude très scientifique, que tout ce que vous avez appris n'est que provisoire, Vous savez, c'est toujours ouvert à la rétractation ou à la réfutation ou à l'interrogation. Et je pense que la même chose s'applique à la société. Une fois que j'ai pris conscience qu'il y avait des problèmes très concrets, fondamentaux, sur lesquels je pouvais intervenir, je n'ai vu aucun moyen d'oublier ça, je n'ai plus eu le choix. Nous avons commencé à passer beaucoup de temps juste comme des amis. Nous parlions des heures, la nuit J'aurais dû comprendre qu'il flirtait avec moi. Je pense que quelque part, je pensais que c'était une mauvaise idée, ça n'était pas possible, donc je faisais comme si cela n'arrivait pas. Et mon mariage s'effondrait, et je n'avais vraiment nulle part où aller. Nous sommes devenus colocataires, et j'ai amené ma fille. Nous avons déménagé et décoré la maison, et c'était vraiment reposant. Ma vie n'avait pas été reposante depuis longtemps, et la sienne non plus. Nous avons été très proches dès le début de notre relation amoureuse. Nous... Nous étions en contact permanent. Mais nous étions tous les deux des personnalités dfficiles. (rires) Dans une conversation très "Ally McBeal" il avoua qu'il avait une chanson préférée, et je lui ai demandé de la jouer pour moi. C'était "Extraordinary Machine", de Fiona Apple. Je pense que c'était ce sentiment d'être un peu meurtri qu'on trouve dans la chanson. Et toute cette espérance aussi. ♪ À pieds c'est une lente escalade. Mais je suis douée pour les situations inconfortables donc je ne peux m'arrêter... de changer tout le temps ♪ De diverses manières, Aaron était incroyablement optimiste à propos de la vie. Même quand ça n'allait pas très fort, il pouvait être incroyablement optimiste. ♪ Extraordinary machine ♪ - Qu'est-ce que tu fais ? - Flickr a de la vidéo maintenant. Swartz utilisa son énergie dans une série de nouveaux projets concernant l'accès à l'information publique. Y compris un site de responsabilisation appelé Watchdog.net Et un projet appelé The Open Library Donc le projet Open Library est un site web que vous pouvez visiter à openlibrary.org Et l'idée est d'en faire un gigantesque wiki, un site web éditable avec une page par livre. Donc pour chaque livre jamais publié nous voulons avoir une page web qui combine toutes les informations des éditeurs, des libraires, des bibliothèques, des lecteurs sur un seul site. Et nous voulons vous donner les liens vers où vous pouvez l'acheter, l'emprunter, le consulter. J'aime les bibliothèques. Je suis le genre de personne qui lorsqu'il découvre une ville cherche immédiatement la bibliothèque. C'est le rêve derrière Open Library, construire un site web dans lequel vous pouvez sauter de livre en livre, de personne à auteur, de sujet à idée. Aller à travers cet arbre immense du savoir qui a été confiné et perdu dans les grandes bibliothèques physiques, qui est dur à trouver, et n'est pas vraiment accessible en ligne. C'est très important parce que les livres sont notre héritage culturel. Les livres sont l'endroit où les gens écrivent les choses. Et voir tout cela englouti par une seule entreprise est assez effrayant. Comment pouvez-vous ouvrir un accès public au domaine public ? Il peut paraître évident que vous avez un accès public au domaine public, mais dans les faits, ce n'est pas vrai. Le domaine public devrait être libre pour tous. Mais il est souvent verrouillé. Il y a souvent un gardiennage. C'est comme avoir un parc national avec un fossé autour et des fusils et des tourelles, dans le cas où quelqu'un tenterait de profiter du domaine public. Une des choses qui intéressaient particulièrement Aaron était d'ouvrir un accès public au domaine public. C'était une de ces choses qui lui ont causé tant d'ennuis. J'ai essayé d'accéder aux enregistrements de la Cour Fédérale des États-Unis. Ce que j'ai découvert était un système déroutant, appelé PACER, pour Public Access to Court Electronic Records (Accès Public aux Enregistrements Électroniques de la Cour) J'ai commencé à chercher sur Google, et c'est là que je suis tombé sur Carl Malamud. L'accès aux documents juridiques aux États-Unis est un marché de 10 milliards de dollars par an. PACER est simplement une abomination incroyable des services du gouvernement. Cela coûte 10 cents la page, c'est le programme le plus absurde qu'on ait jamais vu, on ne peut pas faire de recherches, on ne peut pas mettre de signets. Il faut avoir une carte de crédit, et ces enregistrements sont publics. Les cours de districts américaines sont très importantes, c'est notre source première d'informations sur les contentieux. Jugements de droits civils, jugements sur les brevets, toutes sortes d'affaires. Les journalistes, les étudiants, les citoyens et les avocats ont tous besoin de PACER et il leur pourrit la vie à chaque étape. Les personnes démunies ne peuvent pas accéder aussi facilement aux lois que celles qui ont une carte de crédit American Express Gold. C'est un impôt sur l'accès à la justice. La loi est la base de notre démocratie et il faut payer pour y accéder ? Vous savez, ce n'est pas de la démocratie, cela. Ils se font 120 millions de dollars par an avec le système PACER et, si l'on en croit leurs propres écrits, cela ne coûte rien. En fait, c'est illégal. La loi e-gouvernement de 2002 dit que les tribunaux ne peuvent imposer des frais qu'à hauteur du strict nécessaire pour rembourser les frais induits par PACER. En tant que fondateur de Public.Resource.Org, Malamud voulait protester contre les coûts de PACER. Il lança un programme appelé The PACER Recycling Project, où les gens pouvaient charger les documents issus de PACER qu'ils avaient déjà payés sur une base de données gratuite pour que d'autres personnes puissent les utiliser. Les gens de PACER subissaient beaucoup de pressions du Congrès et d'autres à propos de l'accès public et donc ils construisirent un système dans 17 bibliothèques à travers le pays, permettant un accès gratuit à PACER. Vous savez, c'est une bibliothèque tous les 22 000 miles carrés (57 000 km carrés), je crois, ce n'était donc pas vraiment pratique. J'ai encouragé les volontaires à rejoindre le "bataillon de la clef USB" et à télécharger des documents depuis les bibliothèques offrant cet accès gratuit à PACER, sur le site web du The PACER Recycling Project Les gens apportaient une clef USB dans ces bibliothèques, ils téléchargeaient des paquets de documents, et ils me les envoyaient... Je veux dire, c'était juste une blague. En fait, quand vous cliquiez sur le site du bataillon de la clef USB, il y avait un extrait du Magicien d'Oz, vous savez, le chat qui chante, et un clip vidéo apparaissait : ♪ Nous représentons la guilde des sucettes. ♪ Et j'ai eu ces appels téléphoniques de Steve Shultz et Aaron, disant : Gee, nous voudrions rejoindre le bataillon de la clef USB. À ce moment-là, j'ai rencontré Aaron à une conférence. C'est quelque chose qui doit vraiment être une collaboration entre un grand nombre de personnes différentes. Donc je l'ai abordé et j'ai dit : Hey, je pense à une intervention sur le problème PACER. Schultz avait déjà développé un programme qui pouvait automatiquement télécharger des documents sur PACER à partir des bibliothèques. Swartz a voulu jeter un oeil. Je lui ai donc montré le code et je ne savais pas ce qui arriverait ensuite, et ce qui est arrivé c'est que, durant les quelques heures qui ont suivi la conférence, il est resté assis dans un coin, à améliorer mon code, et a recruté un de ses amis qui vivait près d'une de ces bibliothèques afin qu'il se rende à la bibliothèque pour commencer à tester son code amélioré, au point que les gens dans les tribunaux ont réalisé qu'il se passait quelque chose. Et les données ont commencé à arriver, arriver, arriver, et rapidement nous en sommes arrivés à 760 Go de documents PACER, près de 20 millions de pages. En utilisant les informations des bibliothèques d'accès gratuit, Swartz effectuait des téléchargements parallèles massifs du système PACER. Il a pu récupérer près de 2,7 millions de documents issus de la Cour Fédérale, près de 20 millions de pages de texte. Bon, je reconnais que 20 millions de pages est peut-être plus que ce que qu'attendaient les gens qui avaient lancé le programme pilote d'accès à PACER, mais surprendre un bureaucrate n'est pas illégal. Aaron et Carl décidèrent d'aller parler au New York Times de ce qui était arrivé. Ils ont aussi attiré l'attention du FBI, qui a commencé à surveiller la maison des parents de Swartz dans l'Illinois. J'ai reçu un tweet de sa mère, disant "Appelle-moi !" Je me suis demandé, qu'est-ce qu'il se passe là-bas ? Et finalement, je joins Aaron, et la mère d'Aaron disait "Oh mon Dieu, le FBI, le FBI, le FBI !' Un agent du FBI est passé sur notre allée devant la maison, essayant de voir si Aaron était dans sa chambre. Je me souviens d'avoir été à la maison ce jour-là, me demandant pourquoi cette voiture était entrée sur notre allée, puis avait reculé. C'est bizarre ! 5 ans plus tard, quand j'ai lu ce rapport du FBI, je me suis dit Oh mon Dieu, c'était un agent du FBI, dans mon allée. Il était terrifié. Il était totalement terrifié. Il fut encore plus terrifié quand le FBI l'appela au téléphone, et tenta de le convaincre de venir discuter dans un café sans avocat. Il m'a raconté, il est rentré à la maison et s'est couché sur le lit et, vous savez, s'est mis à trembler. Le téléchargement a fait apparaître des violations massives d'intimité dans les documents des tribunaux. Ce qui a finalement forcé les tribunaux à changer leurs politiques. Et le FBI a clos ses investigations en abandonnant toute charge. Je continue à trouver remarquable que tout le monde, même le plus reculé des bureaux du FBI, pensait qu'un usage approprié des impôts était d'enquêter pour vol sur des personnes au motif qu'ils avaient rendu publique la loi. Comment pouvez-vous vous considérer comme un homme de loi et penser qu'il y a quoi que ce soit de mal dans ce monde à rendre la loi publique ? Aaron était prêt à prendre des risques pour les causes dans lesquelles il croyait. Gêné par la disparité des richesses, Swartz dépassa la simple technologie pour s'engager dans des causes plus politiques Je suis allé au Congrès et je lui ai proposé de faire un stage pour nous pendant quelque temps, de manière à ce qu'il puisse découvrir les processus de la politique. Il découvrait une communauté, de nouvelles compétences et d'une certaine manière, apprenait le fonctionnement interne de la politique. Il semble ridicule que les mineurs aient à marteler jusqu'à ce que leurs corps entiers soient en sueur en sachant que s'ils arrêtent ils ne seront pas capables de mettre de la nourriture sur la table le soir quand je fais de plus en plus d'argent chaque jour en restant assis à regarder la télévision. Mais apparemment le monde est ridicule. Donc j'ai co-fondé le groupe appelé "The Progressive Change Campaign Committee" et ce que nous essayons de faire est d'organiser, au travers d'Internet, des gens préoccupés de régimes politiques progressistes, et de faire bouger le pays vers plus de progrès social Pour participer, rejoignez notre mailing-list et notre campagne et aidez-nous à faire que des candidats progressistes soient sélectionnés dans tout le pays Le mouvement a unifié les efforts derrière la campagne destinée à faire élire Elizabeth Warren au Sénat Il aurait pu penser que ce système était stupide mais il est arrivé et il a dit "j'ai besoin de comprendre le système" parce qu'il peut être transformé comme, vous savez, n'importe quel système social" Mais sa passion pour le savoir et les bibliothèques n'est pas passée au second plan. Aaron commença à regarder de près le système de publication des articles dans les journaux académiques L'avantage d'être étudiant dans une grande université Américaine c'est d'avoir accès à un large panel de journaux académiques. Quasiment toutes les universités aux États-Unis paient des abonnements et taxes à des organisations comme JSTOR et Thomson ISI pour obtenir l'accès à des journaux académiques que le reste du monde ne peut pas lire. Ces journaux et articles académiques représentent l'intégralité du savoir humain en ligne Et beaucoup ont été payés avec l'argent des impôts ou des subventions gouvernementales. Mais pour les lire, vous devez souvent payer à nouveau des frais importants à des éditeurs comme Reed-Elsevier. Ces coûts de licence sont tellement élevés que les personnes qui étudient en Inde au lieu des États-Unis n'ont pas ce genre d'accès, ils sont enfermés à l'extérieur de tous ces journaux. Ils sont exclus de notre héritage scientifique entier, je veux dire, un certain nombre de ces journaux remontent à l'époque des Lumières. Chaque fois que quelqu'un écrit un papier scientifique, c'est scanné, numérisé et mis dans ces collections. C'est un héritage qui nous a été apporté par l'histoire des gens qui font des travaux intéressants, l'histoire des scientifiques, c'est un héritage qui devrait appartenir à tout le monde comme bien commun. Mais au lieu de cela, il a été verrouillé et mis en ligne par une poignée d'entreprises commerciales qui tentent d'en tirer le maximum d'argent possible. Donc un chercheur payé par l'université ou le peuple publie un papier et à la toute fin de ce processus, après que tout le travail a été fait après les recherches originales, la réflexion, le travail de laboratoire, l'analyse, après que tout a été fait, à la dernière étape, le chercheur doit abandonner ses droits à ces sociétés multi-milliardaires. C'est écoeurant. C'est une économie entière construite sur du travail gratuit et les éditeurs arrivent tout à la fin et ramassent seulement la crème. Parlons d'une escroquerie. Un éditeur en Angleterre a fait l'an dernier un profit de trois milliards de dollars. Je veux dire, c'est du racket ! JSTOR est un tout petit petit acteur dans cet histoire. mais, pour certaines raisons, JSTOR est l'acteur auquel Aaron a décidé de se confronter. Il se rendit à une conférence à propos de publication en Open Access, et je ne sais pas qui de JSTOR était présent Mais je pense qu'à un moment Aaron a posé la question : "Combien cela coûterait-il pour ouvrir JSTOR définitivement à tout le monde ?" Et ils lui ont répondu, je crois, deux cent millions de dollars quelque chose que Aaron trouvait totalement absurde. Travaillant sur une bourse à Harvard, il savait que les utilisateurs du réseau informatique surpuissant et ouvert du MIT avaient les autorisations d'accès aux richesses de JSTOR. Swartz y vit une opportunité. Vous avez les clefs de ces grilles Et avec un peu de script magique vous pouvez obtenir ces articles. Le 24 septembre 2010 Swartz enregistra un PC portable Acer, récemment acheté, sur le réseau du MIT, sous le nom de Garry Host. Ce client informatique était enregistré sous le nom de PC "Fantôme" Il n'a pas "hacké" JSTOR au sens traditionnel du terme La base de données de JSTOR était organisée il était donc totalement trivial de comprendre comment télécharger tous les articles de JSTOR parce que c'était numéroté très basiquement C'était simplement slash slash slash... numéro article 400 et 44000, 24 et 25 et 26 Il écrivit un script Python appelé keepgrabbing.py qui était du genre à capturer un article après l'autre. Le jour suivant, le PC "Fantôme" commença à capturer les articles Mais rapidement, l'adresse IP de l'ordinateur est bloquée. Pour Swartz, c'est juste une petite anicroche. Il réassigne alors rapidement une nouvelle adresse IP à son ordinateur et continue à télécharger. JSTOR et le MIT prennent alors un certain nombre de mesures de blocage quand ils remarquent ce qui se passe, et quand ces actions limitées ne suffisent plus à un certain point, JSTOR coupe simplement les accès du MIT à la base de données JSTOR. Donc il y a une sorte de jeu du chat et de la souris concernant l'accès à la base de données JSTOR. Aaron, en fait, était évidemment le chat puisqu'il avait plus de compétences techniques que les équipes techniques verrouillant la base de données JSTOR. Finalement, il y avait un local technique qui n'était pas fermé dans le sous-sol de l'un des bâtiments et au lieu de passer par le wi-fi, il est descendu là et il a juste branché son ordinateur directement au réseau et l'a juste laissé là avec un disque dur externe, à télécharger ces articles. Ce que Swartz ignorait, c'est que son ordinateur et son disque dur avaient été découvert par les autorités. Ils n'ont pas arrêté les téléchargements. Au lieu de cela, ils ont installé une caméra de surveillance. Ils ont trouvé l'ordinateur dans cette pièce au sous-sol d'un bâtiment du MIT. Ils auraient pu le débrancher, ils auraient pu attendre que le gars revienne pour lui dire, "Eh mon pote, qu'est-ce que tu fait, tu sais, coupe ça. Qui es-tu ?" Ils auraient pu faire ce genre de trucs, mais ils ne l'ont pas fait. Ce qu'ils voulaient est de le filmer pour accumuler des preuves et en faire un exemple. C'est la seule raison pour laquelle on filme quelque chose comme ça. Au début, la seule personne prise par cette caméra de surveillance utilisait le placard pour y stocker des bouteilles et des bidons. Mais quelques jours après, elle a coincé Swartz. Swartz remplace le disque dur. Il le sort de son sac à dos, disparaît du cadre pendant environ cinq minutes, puis s'en va. Et ensuite ils ont organisé une sorte de guet-apens là-bas, comme il rentrait à la maison depuis le MIT, ces flics sont sortis de tous les côtés de la rue ou quelque chose comme cela et ont commencé à le poursuivre. Il décrit comment il a été plaqué au sol, et attaqué par la police. Il me dit qu'ils — il n'était pas clair qu'ils étaient de la police et en avaient après lui. Il pensait que quelqu'un était en train d'essayer de l'agresser. Il me dit qu'ils l'ont battu. Cela a juste été dévastateur. La notion de poursuites pénales pour quiconque dans notre famille était tellement étrangère et incompréhensible, je ne savais pas quoi faire. Ils ont alors utilisé des mandats de perquisition dans la maison de Aaron, son appartement à Cambridge, dans son bureau à Harvard. Deux jours avant l'arrestation, les investigations avaient avancé entre JSTOR et la police locale de Cambridge. Ils avaient été pris en charge par les services secrets des États-Unis. Les services secrets ont commencé à s'intéresser aux ordinateurs et aux fraudes à la carte de crédit en 1984, mais six semaines après l'attaque du 11 septembre, leur rôle s'est accru. Le Président Bush a utilisé le Patriot Act pour établir un réseau de ce qu'ils ont appelé "Forces d'Interventions sur les Crimes Électroniques" Ce projet de loi prend en compte les nouvelles réalités et dangers posés par les terroristes modernes. Selon les services secrets, ils sont engagés principalement dans des activités ayant des impacts économiques, dans des groupes criminels organisés, ou utilisant des méthodes impliquant les nouvelles technologies. Les services secrets ont transmis le cas de Swartz au bureau du procureur de Boston. Il y avait un gars au bureau du procureur de Boston dont le titre était : " Chef de la division (ou groupe d'intervention) des Crimes Informatiques " Hum, je ne sais pas ce qu'il faisait de ses journées mais vous n'êtes certainement pas le "Procureur des Crimes Informatiques" sans un crime informatique à poursuivre, donc il a sauté sur l'occasion, l'a gardée pour lui, ne l'a assignée à personne d'autre que lui dans son bureau ou son unité et c'est Steve Heymann. Le Procureur Stephen Heymann est resté éloigné des médias depuis l'arrestation d'Aaron Swartz, mais on peut le voir ici, dans un épisode du show télévisé "American Greed", filmé au moment de l'arrestation d'Aaron. Il décrit son dossier précédent, concernant le hacker bien connu Alberto Gonzales, cas qui a permis à Heymann de recueillir une énorme attention de la presse et de nombreuses félicitations. Gonzales a été la tête pensante du vol de centaines de millions de numéros de cartes de crédit, la plus importante fraude de ce type dans l'histoire. Ici, Heymann, décrivant Gonzales, donne sa vision de l'état d'esprit des hackers : Ces gars sont dirigés par les mêmes choses que nous. Ils ont un ego, ils aiment les défis, et évidemment ils aiment l'argent et tout ce que vous pouvez obtenir avec de l'argent. Un des suspects impliqués dans l'affaire Gonzales était un jeune hacker nommé Jonathan James. Pensant que les crimes de Gonzales lui seraient attribués, James s'est suicidé pendant l'enquête. Dans l'un des premiers communiqués de presse donnant la position du gouvernement au sujet de l'affaire Aaron Swartz, La supérieure de Heymann, Carmen Ortiz, responsable du bureau du procureur du district du Massachussets, a dit : " Voler est voler, que vous utilisiez un ordinateur ou une barre à mine et que vous preniez des documents, des données ou des dollars. " C'est faux. C'est à l'évidence faux. Je ne dis pas que c'est inoffensif, et je ne dis pas que nous ne devrions pas criminaliser le vol d'informations mais il faut être beaucoup plus subtil au moment d'évaluer les préjudices réels. Donc à propos de cette image de la barre à mine Chaque fois que j'entre quelque part avec une barre à mine Je crée des dommages, aucun doute là-dessus. Mais quand Aaron écrit son script qui dit télécharge télécharge télécharge une centaine de fois par seconde il n'y a aucun dommage évident pour personne. S'il le fait dans le but de collecter une archive pour faire des recherches académiques dessus, il n'y a toujours aucun dommage pour personne. Il ne volait pas, il ne vendait rien, il ne le donnait pas. Il en faisait une question de principe, pour autant que je puisse en juger. L'arrestation a ébranlé Swartz. Il ne voulait absolument pas en parler. Je veux dire, cela le stressait beaucoup. L'idée que le FBI vienne sur le pas de votre porte chaque jour à chaque fois que vous descendez dans le hall même pour faire votre lessive et qu'ils entrent dans votre appartement parce que vous n'avez pas verrouillé la porte genre... je serais sacrément stressé, et c'était clair et du coup Aaron était toujours dans une sorte de, une sorte d'humeur austère. Il ne donnait aucune information sensible sur ses activités pendant ce temps parce qu'il était tellement effrayé que le FBI vienne l'attendre. C'était une période d'activité sociale et d'activisme politique sans précédents. Time Magazine nommerait plus tard comme personnalité de l'année 2011 "The Protester" (le manifestant). Il y avait une sorte de foyer d'activité de hackers Wikileaks avait diffusé un trésor de câbles diplomatiques, Manning avait été arrêté à un moment où on ne savait pas encore qu'il était la source de la fuite. Anonymous, qui est une sorte de collectif de protestation, et compte beaucoup de hackers dans ses rangs, lançait différents types d'actions. Si vous comparez avec ce qu'il a fait, cette histoire aurait dû rester entre le MIT et JSTOR dans une sorte de discussion privée à caractère professionnel. Cela n'aurait jamais dû être porté à l'attention du système pénal. Cela ne regardait tout simplement pas la justice. Avant d'être inculpé, Aaron s'est vu proposer un arrangement avec la Justice qui supposait trois mois de prison, du temps dans un centre de semi-liberté, et une année de détention à domicile, le tout sans autorisation d'usage d'un ordinateur. C'était sous condition que Swartz plaide coupable pour crime. Voilà où nous en sommes, aucune preuve d'aucune sorte, aucune information sur le dossier du gouvernement et nous devions prendre cette très difficile décision que votre avocat vous pousse à prendre, le gouvernement vous propose une offre non-négociable, et on vous dit que vous êtes vraisemblablement en position de faiblesse et que, coupable ou non, vous feriez mieux d'accepter l'offre. Boston a sa propre division des Crimes Informatiques, un paquet d'avocats, probablement plus que nécessaire. Donc, vous savez, vous pouvez imaginer toutes sortes d'affaires qui vont être vraiment difficile à instruire parce que vous avez des criminels en Russie, ou que vous avez des gens au sein d'entreprises qui vont mettre en face de vous des avocats à cinq cent ou sept cent dollars de l'heure, et puis vous avez le cas avec ce gamin dont il est facile de prouver qu'il a fait quelque chose et qui s'est déjà fait remarquer comme un fauteur de troubles auprès du FBI, alors pourquoi ne pas être le plus rude possible contre ce gars ? C'est bon pour vous le procureur, c'est bon pour la république parce que vous combattez toutes les formes de terrorisme. J'avais tellement peur, j'avais tellement peur de voir mon ordinateur saisi, j'avais tellement peur d'aller en prison du fait de la saisie de mon ordinateur, j'étais en possession de documents confidentiels issus de sources de mon travail précédent sur mon portable, et ça a toujours été la première de mes priorités de protéger mes sources. J'avais tellement peur de ce qui allait arriver à Ada. Aaron m'a dit qu'ils lui avaient proposé un arrangement et finalement il a juste dit qu'il l'accepterait si je lui demandais. Et j'ai dit, j'ai été très proche de lui dire, "Accepte". Il avait ces, il avait développé de sérieuses aspirations politiques dans la période qui a suivi, vous savez, ce moment où il a mis fin à cette vie d'entrepreneur de startups et commencé cette nouvelle vie qui a conduit à son activisme politique, et il ne pensait pas pouvoir continuer dans sa vie avec la tache du crime. Vous savez, il m'a dit un jour, nous marchions près de la Maison Blanche, et il m'a dit, "Ils ne laissent pas les criminels travailler ici." Et vous savez, il voulait vraiment que ce soit sa vie. Il n'avait tué personne, il n'avait blessé personne, il n'avait pas volé d'argent, il n'avait rien fait qui ressemble à un crime, d'accord ? Et il y a cette idée que il n'y avait aucune raison qu'il soit étiqueté comme criminel et déchu de son droit de vote dans de nombreux états pour avoir fait ce qu'il avait fait, c'est juste scandaleux. Ca lui semblait logique, vous savez, de peut-être avoir à payer une amende ou d'être banni du MIT. Mais être un criminel ? Faire de la prison ? Swartz rejeta l'accord. Heymann redoubla d'efforts. Heymann continua à nous mettre la pression, à tous les niveaux. Même avec les preuves matérielles saisies à partir du disque dur de l'ordinateur Acer et du disque USB d'Aaron, le procureur avait besoin de preuves de ses motivations. Pourquoi Aaron Swartz téléchargeait-il des articles de JSTOR, et que comptait-il faire avec eux ? Le gouvernement prétend qu'il avait l'intention de les publier. Nous ne savons vraiment pas si c'était vraiment son intention parce que Aaron avait aussi l'habitude de monter des projets où il analysait de gigantesques jeux d'articles dans le but d'apprendre des choses intéressantes sur eux. La meilleure preuve de ceci est que quand il était à Stanford, il avait aussi téléchargé l'intégralité de la base de données juridique Westlaw. Dans un projet impliquant des étudiants en droit de Standford, Swartz avait téléchargé la base de données juridique Westlaw. Il révéla des connexions troublantes entre les bailleurs de fonds de la recherche juridique et des résultats leur étant favorables Il a fait ce travail incroyable pour des organisations à but non lucratif donnant de l'argent à des professeurs de droit qui rédigeaient des articles critiques qui étaient finalement avantageux à, par exemple, Exxon durant une marée noire. C'était donc un système très corrompu de financement, vous savez, la quête de la vanité. Swartz n'avait jamais publié les documents Westlaw. En théorie, il aurait pu faire la même chose avec la base de données JSTOR. Cela n'aurait pas posé de problème. S'il était dans son intention, d'un autre côté, de créer un service concurrent à JSTOR, du genre, nous allons ouvrir notre propre, vous voyez, accès à la Harvard Law Review et demander, vous voyez, de l'argent pour cela, là, d'accord, il y aurait eu intention criminelle parce que vous êtes en train d'essayer d'exploiter commercialement cette matière, mais c'est une sorte de folie d'imaginer que c'est ce qu'il faisait. Après, il y a une hypothèse intermédiaire : et s'il était juste en train d'essayer de libérer ces articles pour tous les pays en voie de développement, mais en fonction de ce qu'il faisait, cela crée une approche très différente de la manière dont la loi doit considérer cela. Le gouvernement le poursuivait comme si ça avait été une violation du droit commercial, comme voler tout un tas d'enregistrements de cartes de crédit, ce genre de délit. Je ne sais pas ce qu'il allait faire avec cette base de données, mais j'ai entendu d'un de ses amis qu'Aaron lui a dit qu'il allait analyser les données pour mettre en évidence des financements de recherches sur le changement climatique qui conduisait à des résultats biaisés et je, je je crois totalement à ça. J'ai juste été avertie que Steve voulait me parler... et je me suis dit que peut-être c'était un moyen de sortir de ça, juste, juste sortir de cette situaiton, et je ne voulais pas vivre dans la peur de voir mon ordinateur être saisi, je ne voulais pas vivre dans la peur d'avoir à aller en prison sur une accusation d'outrage au tribunal s'ils tentaient de m'obliger à déchiffrer mon ordinateur. Quand ils sont venus et m'ont dit, "Steve veut te parler" ça semblait raisonnable. Ils ont offert à Norton ce qui est connu comme une lettre "Queen For A Day" ou "proposition" Cela autorise le procureur à poser des questions à propos du cas Aaron. Norton se verrait offrir l'immunité pour elle-même, pour toute information qu'elle révèlerait pendant la rencontre. Je n'aimais pas ça, j'ai répété à mes avocats que je... cela semblait louche, je n'aimais pas ça, je ne voulais pas d'immunité, je n'avais pas besoin d'immunité, je n'avais rien fait, mais ils étaient vraiment, vraiment stricts sur le fait que, ils ne voulaient pas d'une rencontre avec le procureur sans l'immunité. [Interviewer] Mais juste pour être clair, c'est un marché "Queen For A Day", un arrangement. Exact, un arrangement. [Interviewer] Dans laquelle, en gros, vous leur apportez des informations en échange d'une protection contre toute poursuite. Hum, il ne s'agissait pas d'apporter des informations, c'était, en tous les cas, pas comme cela que je voyais les choses, c'était juste avoir une discussion, une rencontre avec eux. [Interviewer] Donc, c'est, ils vous posent des questions... Ils me posent des questions... [Interviewer] Et ils peuvent demander ce qu'ils veulent. Exact. [Interviewer] Et quoi qu'ils apprennent.. J'ai vraiment... [Interviewer] ... inaudible... Exact, et j'ai essayé à plusieurs reprises d'aller à nu, J'ai à plusieurs reprises, j'ai à plusieurs reprises essayé de faire tomber l'arrangement. J'étais malade, j'étais mise sous pression par mes avocats, j'étais pleine de confusion, je n'allais pas bien à ce moment, j'étais déprimée et effrayée et je ne comprenais pas la situation dans laquelle j'étais je n'avais aucune idée de la raison pour laquelle j'étais dans cette situation. Je n'avais rien fait d'intéressant, ni de mal. Nous devenions cinglés. Aaron était clairement vraiment bouleversé à propos de ça. Nous étions vraiment très bouleversés à propos de ça. Les avocats d'Aaron étaient très bouleversés à propos de ça. Nous avons essayé de convaincre Quinn de changer d'avocats. Je n'étais pas du tout habituée à être dans une pièce avec des hommes costauds et armés me disant continuellement que je mentais, et que je devais être coupable de quelque chose. Je leur ai dit que cette chose qu'ils poursuivaient en justice n'était pas un crime. Je leur ai dit qu'ils étaient du mauvais côté de l'Histoire. J'ai utilisé cette phrase. J'ai dit, "Vous êtes du mauvais côté de l'Histoire." Et, hum, ils avaient l'air de s'ennuyer. Ils n'avaient pas l'air en colère, ils avaient juste l'air de s'ennuyer, et je, je, il m'est apparu que nous n'avions pas la même conversation. Je veux dire, je leur ai dit plein de choses, à propos de, vous savez, pourquoi les gens téléchargent des articles scientifiques, et finalement, je ne me souviens plus à quel propos, hum, j'ai mentionné qu'il avait écrit ce billet de blog, le "Manifeste de la Guérilla pour le Libre Accès". Ceci est le "Manifeste de la Guérilla pour le Libre Accès" censé avoir été écrit en juillet 2008 en Italie. "L'information c'est le pouvoir. Mais comme tout pouvoir, il y a ceux qui veulent le garder pour eux-mêmes." "La totalité de l'héritage scientifique et culturel mondial publié au travers des siècles dans les livres et les journaux," "est de plus en plus numérisé et verrouillé par une poignée d'entreprises privées." "Pendant ce temps, tous ceux qui ont été exclus ne restent pas les bras croisés." "Vous vous êtes faufilés dans les brèches et avez escaladé les barrières," "libérant l’information verrouillée par les éditeurs pour la partager avec vos amis." "Mais toutes ces actions se déroulent dans l’ombre, de façon souterraine." "On les qualifie de « vol » ou bien de « piratage », comme si partager une abondance de connaissances était" "moralement équivalent à l’abordage d’un vaisseau et au meurtre de son équipage." "Mais le partage n’est pas immoral, c’est un impératif moral." "Seuls ceux qu’aveugle la cupidité refusent une copie à leurs amis." "La justice ne consiste pas à se soumettre à des lois injustes." "Il est temps de sortir de l’ombre et, dans la grande tradition de la désobéissance civile, d’affirmer notre opposition à la confiscation criminelle de la culture publique." Le manifeste lui-même aurait été écrit par quatre personnes différentes, et également édité par Norton. Mais c'est Swartz qui y a apposé sa signature. Quand ça a été terminé, je suis allée immédiatement chez Aaron et je lui ai dit tout ce dont je pouvais me souvenir. Et il a été très en colère. Les choses que j'ai faites n'auraient pas dû être utilisées de cette manière. Je n'avais rien fait de mal, et tout s'était mal passé. Mais je n'ai jamais été... Je suis toujours en colère. Je suis toujours en colère car même en faisant de son mieux avec ces gens, ils trouvent le moyen de tout retourner contre vous. Et ils vous blesseront avec tout ce qu'ils peuvent. Et à cet instant, je regrette ce que j'ai dit mais mon plus grand regret, c'est que nous ayons accepté cette situation. Que nous soyons d'accord avec ça. Que nous soyons d'accord avec ce système judiciaire, un système qui joue avec les gens et tente de les coincer dans des pièges mesquins afin de ruiner nos vies. Donc oui, j'aurais voulu ne pas dire ça. Mais je suis beaucoup, beaucoup plus en colère de voir que c'est là où j'en suis. Que nous, le peuple, considérions que tout ça est normal. Ils ont utilisé toutes les méthodes auxquelles ils pouvaient penser pour obtenir d'elle des informations qui pourraient desservir Aaron et et être utiles aux poursuites contre Aaron. Mais, vous savez, je ne pense pas qu'elle avait des informations utiles au gouvernement. Les mois passent, les amis et la famille de Swartz attendent une condamnation imminente. Dans l'intervalle, Swartz devenait l'expert de référence concernant tout un tas de problèmes liés à Internet. [Interviewer] ... une question pour vous alors : Pensez-vous que l'accès à Internet est quelque chose qui devrait être considéré comme un droit humain, quelque chose que le gouvernement ne peut pas nous enlever ? Oui, définitivement, je veux dire, cette notion que la sécurité nationale est une excuse pour couper Internet, c'est exactement ce que nous entendons en Égypte et en Syrie et tous ces autres pays, et donc, oui, c'est vrai, des sites comme WikiLeaks vont révéler des choses embarrassantes à propos de ce que le gouvernement U.S. fait, et les gens vont s'organiser pour manifester contre ça, et essayer de changer leur gouvernement. Vous savez, c'est une bonne chose, c'est ce dont parle le Premier Amendement sur la liberté d'expression, d'association et donc la notion selon laquelle nous devrions couper Internet je pense, va simplement contre des principes américains basiques. Un principe, je pense, que nos Pères Fondateurs auraient compris. Si Internet avait existé à l'époque, au lieu de mettre "bureaux de poste" dans la Constitution, ils auraient écrit "FAI" (Fournisseurs d'Accès à Internet) [Interviewer] Bien, il est très intéressant de voir à quel point... Swartz rencontra l'activiste Taren Stinebrickner-Kauffman, et ils commencèrent à sortir ensemble. Nous avons besoin d'un tollé mondial massif. Mais il n'y a pas de tollé mondial massif. Cela ne créera aucun changement. Tu sais, quatre personnes dans cette ville peuvent causer un tollé mondial massif. Tu sais, nous avons besoin d'un signataire de la pétition. Sans lui donner de précisions, il la prévint qu'il était impliqué dans quelque chose qu'il nommait simplement "La Sale Affaire". Et j'avais toute sorte de théories folles, qu'il avait une histoire avec Elizabeth Warren ou quelque chose. Je soupçonnais à la fois Hillary Clinton et Elisabeth Warren, en fait, mais hum... Donc, un jour probablement à la fin juillet, Aaron m'a appelé et je décroche, et il dit, tu sais, "La Sale Affaire" pourrait être dans les journaux demain. "Est-ce que tu veux que je te le dise, ou est-ce que tu veux l'apprendre dans les journaux ?" Et j'ai répondu "Eh bien, je veux que, je veux que tu me le dises." Hum, Aaron, il a dit "Bien, j'ai été, j'ai été arrêté pour avoir téléchargé trop d'articles dans des journaux académiques, et ils veulent faire un exemple de moi." Et j'ai dit : "C'est ça ? C'est ça la grande affaire ? Vraiment ?" Cela ne semblait pas si grave. Le 14 juillet 2011, les procureurs fédéraux inculpent Swartz de quatre chefs d'accusation. Il a été inculpé le même jour même de l'arrestation, en Angleterre, de deux personnes qui appartenaient à LulzSec, et de quelques autres vrais hackers. Et Aaron ressemble un peu à un hacker, assez pour qu'ils puissent, vous savez, mettre sa tête au bout d'un pieu, et l'afficher sur les grilles. Aaron est allé se rendre, et ils l'ont arrêté. Puis ils l'ont fouillé au corps, ont enlevé ses lacets, ont enlevé sa ceinture, et l'ont mis à l'isolement. Le bureau du procureur du district du Massachusetts aux États-Unis a publié une déclaration disant : "Swartz encourt 35 années de prison, suivies de 3 ans de liberté surveillée, restitution, confiscation, et une amende pouvant aller jusqu'à un million de dollars." Il est libéré avec une caution d'une centaine de milliers de dollars. Le même jour, la victime principale dans l'affaire, JSTOR, a abandonné toute charge envers Swartz, et mis fin à ses poursuites. JSTOR, ils n'étaient pas nos amis, ils ne nous aidaient pas et ne se montraient pas amicaux, mais ils ont juste dit qu'ils ne prendraient pas part à cela. JSTOR, et sa compagnie mère, ITHAKA, a également décliné les demandes pour répondre à nos interviews. Mais à l'époque, ils ont publié une déclaration disant : "C'était la décision du gouvernement de lancer des poursuites, pas celle de JSTOR." Et nous pensions que, avec ça, l'affaire serait terminée, que nous serions en mesure d'obtenir de Steve Heymann d'abandonner le dossier, ou de le régler de façon raisonnable. Et le gouvernement a refusé. [Interviewer] Pourquoi ? Eh bien, parce que je pense qu'ils voulaient faire un exemple avec Aaron et ils ont dit qu'ils voulaient, la raison pour laquelle ils ne céderaient pas sur la question de la reconnaissance du crime et de l'emprisonnement était qu'ils voulaient, ils voulaient utiliser cette affaire pour la dissuasion. Ils nous ont dit ça. [Interviewer] Ils vous ont dit ça. Oui [Interviewer] Ça allait être un exemple. Oui [Interviewer] Il allait servir d'example. Oui. Steve Heymann a dit ça. Dissuader qui ? Il y a d'autres personnes dehors en train de se connecter à JSTOR pour télécharger les articles afin de faire une déclaration politique ? Je veux dire, qui dissuadent-ils ? Il serait plus facile de comprendre la posture de l'Administration Obama de vouloir dissuader si c'était une administration qui, par exemple, avait poursuivi ce qui est sans doute le plus grand crime économique que ce pays a vu dans les 100 dernières années. Les crimes qui ont été commis et ont conduit à la crise financière de Wall Street. Quand vous commencez à utiliser le principe - non polémique - de la dissuasion, de manière sélective, votre analyse des infractions à la loi n'est plus impartiale, et vous commencez à décider de déployer des moyens de coercition spécifiquement sur la base d'une idéologie politique. Et ce n'est pas seulement anti-démocratique, c'est censé être anti-américain. Le procureur Stephen Heymann aurait par la suite déclaré à l'avocat extérieur du MIT que la goutte d'eau qui a fait déborder le vase avait été une déclaration de presse faite par une organisation fondée par Swartz et appelée "Demand Progress" (Exigeons Mieux). Selon l'avocat du MIT, Heymann a réagi à la courte déclaration de soutien en l'appelant une "campagne sauvage sur Internet " et "une action stupide". déplaçant l'affaire d'un niveau d'homme à homme à un niveau institutionel. C'était une situation empoisonnée : un procureur qui ne voulait pas perdre la face, qui avait une carrière politique à mener, peut-être, et ne voulait pas avoir de "casserole". Vous dépensez combien de dollars issus des impôts pour arrêter quelqu'un parce qu'il a pris trop de livres à la bibliothèque et le traîner devant les tribunaux ? Soyons sérieux. J'ai alors essayé de différentes manières de mettre autant de pression que possible sur le MIT pour qu'ils aillent voir le gouvernement, et lui demandent de cesser les poursuites. [Interviewer] Quelle a été la réaction du MIT sur ce point ? Il ne semble pas y avoir eu de réaction du MIT à ce moment-là. Le MIT n'a pas défendu Aaron ce qui, pour les gens à l'intérieur de la communauté du MIT, semble scandaleux parce que le MIT est un endroit qui encourage le hacking au sens noble du terme. Au MIT, l'idée d'aller courir sur les toits et dans les tunnels où vous n'étiez pas autorisés à être n'était pas seulement un rite de passage, c'était une part de la visite du MIT, et le crochetage était l'un des cours d'hiver du MIT. Ils avaient l'autorité morale pour mettre un terme à tout ça. Le MIT ne s'est jamais levé pour prendre une position et dire aux fédéraux, "ne faites pas ça." "Nous ne voulons pas que vous fassiez ça. Vous sur-réagissez. Vous y allez trop fort. " Que je sache. Ils ont réagi comme n'importe quelle société l'aurait fait. Ils ont en quelque sorte... Ils ont aidé le gouvernement, ils ne nous ont pas aidé, sauf quand ils sentaient que c'était leur devoir et, hum, ils n'ont jamais essayé de stopper tout ça. Le MIT a décliné toutes les demandes d'explications, mais ils sont ensuite publié un rapport disant qu'ils ont tenté de maintenir une position neutre, et pensaient que Heymann et le bureau du procureur des États-Unis ne se préoccupait pas de ce que le MIT pensait ou disait à propos de cette affaire. Le comportement du MIT semblait vraiment en contradiction avec son éthique. On peut dire que le MIT a fermé les yeux, et que ca ne leur posait aucun problème, mais prendre cette position, prendre cette position de neutralité, en soi, c'était se ranger du côté du procureur. Si vous regardez Steve Jobs et Steve Wozniak, ils ont commencé en vendant une "Blue Box" qui était une chose construite pour frauder la compagnie de téléphone. Si vous regardez Bill Gates et Paul Allen, ils ont commencé leur business en utilisant du temps de calcul à Harvard, ce qui était clairement contre les règles. La différence entre Aaron et les personnes que j'ai juste mentionnées est que Aaron voulait faire du monde un meilleur endroit. Il ne voulait pas seulement faire de l'argent. Swartz continuait à être consulté sur de multiples problèmes liés à Internet. Vous savez, la raison pour laquelle Internet fonctionne est parce que c'est un marché concurrentiel d'idées, et ce sur quoi nous devons nous concentrer est d'obtenir plus d'information à propos de notre gouvernement, plus d'accessibilité, plus de discussions, plus de débats, mais au lieu de cela, il semble que le congrès soit plutôt enclin à interdire certaines choses. Aaron pensait qu'il pouvait changer le monde simplement en expliquant le monde clairement aux gens. [Interviewer] ... flamme peut littéralement contrôler votre ordinateur, et le faire vous espionner. Bienvenue Aaron. C'est bon de vous avoir à nouveau ici dans le show. Vous savez, juste comme les espions faisaient dans le passé, poser des microphones et taper ce que les gens disaient, maintenant ils utilisent des ordinateurs pour faire les mêmes choses. Les activités politiques de Swartz continuaient. Son attention se portant sur un projet de loi en cours au Congrès visant à lutter contre le piratage en ligne. Son nom : "SOPA" Des activistes comme Peter Eckersley le voyaient comme un risque énorme de porter atteinte à l'intégrité technique même de l'internet. Et une des premières choses que j'ai faites a été d'appeler Aaron et j'ai dit : "Est-ce que l'on peut faire une grosse campagne en ligne contre ça ?" "Ce n'est pas un projet de loi à propos du copyright." "Non ?" "Non", il a dit, "c'est un projet de loi contre la liberté de se connecter." Et j'écoutais. Et il y a réfléchi un moment, et il a dit "Oui". C'est là qu'il a lancé "Demand Progress". Demand Progress est une organisation activiste en ligne Nous avons maintenant environ un million et demi de membres, mais nous avons commencé dès l'automne 2010. Aaron était l'une des personnes les plus importantes dans une communauté de personnes qui ont aidé à l'organisation d'actions contre les problèmes de justice sociale au niveau fédéral dans ce pays. SOPA a été le projet de loi qui visait à réduire le piratage en ligne de musique et de films mais ce qu'il faisait était de prendre un marteau pour traiter un problème qui demandait d'utiliser un scalpel. Si elle était adoptée, la loi permettrait à une entreprise de couper les finances à des sites Web entiers sans procédure régulière, ou même de forcer Google à exclure certains de leurs liens. Tout ce dont ils avaient besoin était une unique revendication de violation de copyright. Cela a opposé les titans des médias traditionnels à une nouvelle culture du remix, bien plus sophistiquée. Cela fait de n'importe quel propriétaire de site web un policier, et s'ils ne font pas leur boulot en s'assurant que personne n'utilise leur site pour quelque chose de potentiellement illégal, le site en entier peut être fermé sans même un procès. C'était au-dessus de tout, je veux dire, c'était une catastrophe. Ce projet de loi constitue une menace grave à la parole et aux libertés civiles de tous ceux qui utilisent l'Internet. Nous étions seulement une poignée à dire, "Nous ne sommes pas pour le piratage, mais cela n'a pas de sens de détruire l'architecture d'Internet, le système des noms de domaine et tout ce qui le rend libre et ouvert au nom de la lutte contre le piratage", et Aaron l'a tout de suite compris. Les libertés, garanties par notre Constitution, les libertés sur lesquelles notre pays a été construit seraient soudainement effacées. Les nouvelles technologies, au lieu de nous apporter plus de liberté, étoufferaient les droits fondamentaux que nous avons toujours tenus pour acquis. Et j'ai réalisé ce jour-là, en parlant à Peter, que je ne pouvais pas laisser cela arriver. Quand SOPA est apparu en octobre 2011, ça apparaissait comme inévitable. Notre stratégie, quand il est apparu la première fois, était de ralentir le projet de loi, peut-être de l'affaiblir un peu, même si nous ne pensions pas que nous serions en mesure de stopper ce projet. En travaillant à Washington, ce que nous apprenez est que, typiquement à Washington, les batailles législatives sont des combats entre différents ensembles d'intérêts d'entreprises capitalistes. Elles se battent pour passer des lois, et les combats les plus rudes ont lieu quand s'affrontent deux ensembles d'intérêts et qu'ils sont égaux en termes de campagnes, contributions financières et lobbying. Ce sont les batailles les plus rudes. Celles qui ne sont même pas des combats, typiquement, sont celles où tout l'argent est d'un côté, toutes les entreprises sont d'un côté, et il y a juste des millions de personnes de l'autre côté. Je n'avais rien vu comme PIPA et SOPA dans toute ma vie dans le service public. Il y avait plus de quarante sénateurs des États-Unis comme co-sponsors sur ce projet de loi donc ils avaient déjà fait un long, long chemin pour atteindre les soixante votes nécessaires à l'accélération de la procédure. Même moi, je commençais à douter. C'était une période difficile. Swartz et Demand Progress ont été capables de mobiliser un soutien énorme à l'aide de méthodes traditionnelles combinées à un usage de la voix via IP pour rendre très facile aux gens le fait d'appeler le Congrès. Je n'avais jamais rencontré quelqu'un d'autre qui était capable d'agir à ce niveau à la fois du côté technologique et stratégique d'une campagne. Des millions de personnes ont contacté le Congrès et signé les pétitions anti-SOPA. Le Congrès a été pris au dépourvu. C'était quelque chose de regarder les membres désemparés du Congrès débattre du projet de loi, les regarder insister sur le fait qu'ils pouvaient réguler Internet et qu'une poignée de nerds ne pourrait pas les arrêter. Je ne suis pas un nerd. Je n'ai tout simplement pas le niveau d'un nerd... Peut-être que nous devrions demander à quelques nerds ce que cette chose fait exactement ? Ayons une audience, amenez les nerds... Vraiment ? "Nerds?" Vous savez, je pense qu'en fait le mot que vous cherchez est "Experts"... pour vous éclairer de manière à ce que vos lois ne se retournent pas et cassent Internet. Nous utilisons le terme de "geek" mais nous en avons le droit parce que nous sommes des geeks. Le fait que ce soit allé aussi loin que ça, sans qu'ils parlent à aucun expert technique, reflète le fait qu'il y a un problème dans cette ville. Je cherche quelqu'un qui vienne ici, témoigne lors d'une audience, et dise : "c'est pour cela qu'ils ont tort." Il y avait un bureau qui fournissait des conseils scientifiques et technologiques, et les membres pouvaient aller là, et dire, "Aidez-moi à comprendre ceci ou cela." Et Gingrich l'a tué. Il disait que c'était une perte d'argent. Depuis lors, le Congrès a plongé dans l'âge des ténèbres. Je pense que personne ne croyait vraiment que SOPA pouvait être battu, y compris Aaron. Cela valait la peine d'essayer, mais ça ne semblait pas réalisable et je me souviens, peut-être quelques mois plus tard, je me souviens de lui se tournant vers moi et disant quelque chose comme : "Je pense que nous pourrions gagner ça." et j'ai dit : "ce serait incroyable." Les appels au Congrès continuent. Quand le site d'hébergement de domaine Go Daddy devient un soutien du projet de loi, des dizaines de milliers d'utilisateurs transfèrent leur nom de domaine pour protester. En l'espace d'une semaine, Go Daddy, humilié, change sa position sur SOPA. Quand les gens du Congrès qui soutenaient les industries du disque et du cinéma ont réalisé qu'il y avait ces remous, ils ont en quelque sorte réduit la voilure du projet. Vous pouviez voir le virage en train de se faire. Vous pouviez voir que nous étions, que nos arguments commençaient à trouver de l'écho. C'était comme si Aaron avait, disons, allumé une allumette et qu'elle ait été soufflée, allumé une autre, et qu'elle ait été soufflée, et finalement, il a réussi à avoir suffisamment de carburant pour que la flamme prenne et devienne ce brasier rugissant. Le 16 janvier 2012, la Maison Blanche a publié une déclaration indiquant qu'elle ne supportait plus le projet de loi. Et puis il s'est passé ceci : Je pense profondément que nous devrions nous pencher sur les problèmes de piratage, et que nous devrions le faire très sérieusement. Mais ce projet de loi n'est pas le bon projet. Quand Jimmy Wales apporta son support en passant Wikipedia au noir, le cinquième site le plus populaire au monde, un site qui représente 7% de tous les clics partout sur Internet, Wikipedia passa au noir, Reddit passa au noir, Craiglist passa au noir. Les lignes téléphoniques sur la colline du Capitole se mirent à fondre. Les membres du Congrès se sont précipités pour faire des déclarations de rétractation de leur soutien au projet qu'ils promouvaient juste quelques jours avant. En 24 heures, le nombre des opposants à SOPA au Congrès est passé de ça à ça. Voir les membres du Congrès et les sénateurs retourner leur veste pendant la journée du blackout était simplement incroyable. Il y a eu quelque chose comme cent retournements Et c'est alors, aussi incroyable pour moi que ce soit de le croire, après tout ça, que nous avions gagné. La chose que tout le monde considérait comme impossible, que certaines des plus grandes compagnies dans le monde considéraient comme un rêve irréalisable, était arrivée. Nous l'avons fait. Nous avons gagné. C'est une semaine historique dans la politique d'Internet, peut-être dans la politique américaine. Ce que nous avons entendu des gens à Washington, D.C., des équipes sur la colline du Capitole, était : ils ont reçu plus d'emails et plus d'appels téléphoniques le jour du Blackout SOPA qu'ils n'en ont jamais reçu à quelque sujet que ce soit. Je pense que ça a été un moment extrêmement excitant. C'est le moment où Internet a grandi, politiquement. Ça a été exaltant parce qu'il était difficile de croire que c'était vraiment arrivé. C'est difficile de croire qu'un projet de loi dispoant d'autant de puissance financière n'a pas réussi à passer tranquillement le cap du Congrès. Et non seulement il ne l'a pas passé, mais il a tout simplement été enterré. On se sent parfois sans aucun pouvoir, comme quand on descend dans la rue, que l'on marche et que l'on crie, et que personne n'entend. Mais je suis là pour voir dire aujourd'hui que vous êtes très puissants. Oui, parfois, vous avez l'impression que vous n'êtes pas écoutés, mais je suis là pour vous dire que vous l'êtes. Vous êtes écoutés. Vous faites bouger les choses. Vous pouvez arrêter ce projet si vous n'arrêtez pas de vous battre. Arrêtez PIPA. Arrêtez SOPA. Pour parler franchement, certaines des plus grosses compagnies d'Internet pourraient tirer parti d'un monde où leurs plus petits concurrents pourraient être censurés. Nous ne pouvons pas laisser cela arriver. Pour lui, il était plus important d'être certain d'avoir fait un petit changement que de jouer un petit rôle dans un grand changement. Mais SOPA c'était jouer un rôle majeur dans un changement majeur, et donc pour lui, c'était comme sa "preuve de concept" personnelle (démonstration de faisabilité) genre, "OK, vous savez, ce que je veux faire de ma vie, c'est changer le monde. J'y pense dans une approche très scientifique, je mesure mon impact, et ceci montre que c'est possible. Oui, la chose que je veux faire avec ma vie est possible. J'ai prouvé que je peux le faire, que moi, Aaron Swartz, je peux changer le monde." Pour un gars comme Aaron, qui n'a jamais vraiment cru qu'il avait fait beaucoup ça a été un de ces rares moments où on pouvait vraiment voir qu'il se sentait comme s'il avait fait quelque chose de bien, comme si ça avait été son seul et peut-être unique moment de victoire. Tout le monde disait qu'il n'y avait aucun moyen que nous puissions stopper SOPA. Nous l'avons stoppé. Il s'agit de trois prodigieuses victoires, et l'année n'est pas encore terminée. Je veux dire, s'il y a lieu d'être positif, c'est maintenant. Vous savez, il a vaincu SOPA une année après son arrestation. Ces instants de bonheur n'étaient pas sans ambiguïté. Il se passait plein de choses. Sa participation au processus politique était tellement en phase avec ses aspirations, il était impossible de l'arrêter. La liste des organisations que Swartz a fondé ou co-condé est énorme, et des années avant que Edward Snowden révèle la surveillance massive d'Internet, Swartz était déjà inquiet. Il est choquant de penser qu'ils sont tellement laxistes en matière de responsabilités, qu'ils n'ont même pas la moindre statistique sur la taille du programme de surveillance. Et si la réponse est : "Oh, nous espionnons tant de monde que nous ne pouvons même pas les compter" alors ça fait un paquet de gens. Ce serait autre chose s'ils disaient : "Attendez, nous connaissons le nombre de téléphones que nous espionnons, simplement, nous ne savons pas à combien de personnes individuelles cela correspond." mais ils ne peuvent que répondre, "Nous ne sommes pas en mesure de vous donner un nombre du tout." C'est plutôt, je veux dire, c'est plutôt effrayant, voilà ce que c'est. Et ils lui ont mis une pression incroyable, en lui enlevant, vous savez, tout l'argent qu'il avait gagné. Ils ont menacé de supprimer sa liberté de mouvement. Pourquoi font-il cela ? Je veux dire, pourquoi poursuivent-ils les lanceurs d'alerte ? Pourquoi s'en prennent-ils à des gens qui disent la vérité à propos de toutes sortes de choses, je veux dire, à propos des banques, de la guerre, de la transparence du gouvernement. Donc les secrets servent ceux qui ont déjà le pouvoir et nous vivons dans une ère du secret qui coïncide avec une ère où le gouvernement est également en train de faire un grand nombre de choses qui sont probablement illégales et anticonstitutionnelles. Ces deux choses ne sont pas des coïncidences. Il est très clair que cette technologie a été développée non pas pour de petits pays au-delà des mers, mais pour être utilisée ici, aux États-Unis, par le gouvernement US. Le problème avec le programme d'espionnage, c'est dans sa lente et longue progression, vous savez, depuis l'administration Nixon, et manifestement ça a grossi après le 11 septembre sous George W. Bush, et Obama a continué à expérimenter, et le problème a empiré mais il n'y a jamais eu ce moment particulier où quelqu'un dit : "OK, nous devons galvaniser l'opposition aujourd'hui parce que c'est aujourd'hui que ça compte..." A mon avis, les poursuites envers Aaron Swartz avaient pour but d'envoyer un message très précis a un groupe de personnes que l'administration Obama voyait comme une menace politique, et qui est, en résumé, la communauté des hackers et des activistes de la démocratie et de l'accès à l'information, et le message que l'administration Obama voulait envoyer spécifiquement à cette communauté était, à mon avis : "Nous savons que vous avez la possibilité de créer des troubles pour le pouvoir en place, et donc nous allons essayer de faire un exemple avec Aaron Swartz pour vous effrayer suffisamment pour que vous décidiez de ne pas créer de trouble." Et le gouvernement a dit : "Oh, les avis juridiques que nous utilisons pour légaliser le programme d'espionnage sont également classés, donc nous ne pouvons pas vous dire quelles lois nous utilisons pour vous espionner." Vous savez, à chaque fois qu'ils peuvent dire : "Oh, c'est un autre exemple de la cyber-guerre. Les cyber-criminels nous attaquent à nouveau. Nous sommes tous en danger, nous sommes tous menacés." Ils utilisent ça comme des excuses pour faire passer des lois de plus en plus dangereuses. [L'une des dernières interviews connues de Aaron Swartz, 10 juillet 2012] [Interviewer] Et juste pour poursuivre, à titre personnel, où en est le combat ? À vous de voir. [Interviewer] Je sais, c'est que, nous voudrions, vous savez... Vous savez, il y a en quelque sorte deux perspectives très polarisées, tout est parfait, Internet a créé toute cette liberté et tout va être fantastique ou bien tout est terrible, Internet a créé tous ces outils pour cracker et espionner, et vous savez, contrôler ce que nous disons. Et le truc, c'est que les deux sont vrais. Internet a fait les deux, et les deux sont incroyables et étonnants et lequel gagnera à la fin dépend de nous tous. Cela n'a pas de sens de dire, "Oh, ceci fonctionne mieux que cela". Vous savez, les deux sont vrais. Et cela ne dépend que de nous de choisir la version que nous mettons en avant et dont nous tirerons parti parce qu'elles sont là toutes les deux, et elles seront toujours là toutes les deux. Le 12 septembre 2012, les procureurs fédéraux ont déposé un nouvel acte d'accusation ajoutant les chefs d'accusation de fraude électronique, l'accès non autorisé à un ordinateur, et la fraude informatique. Au lieu de 4 chefs d'accusation, Swartz était confronté maintenant à 13 chefs d'accusation. Le niveau d'accusation avait augmenté de façon dramatique, comme les potentiels temps de prison et amendes encourus par Swartz. Ils ont déposé un acte d'accusation distinct pour ajouter d'autres charges, et selon leur théorie, ce comportement constituait un certain nombre de crimes fédéraux, et que cela pouvait entraîner une peine très lourde, du fait de la loi. Cette théorie, et une grande partie des poursuites contre Swartz, impliquait une loi originellement créée en 1986. Elle a pour nom : "the Computer Fraud and Abuse Act." (la Loi sur la Fraude et les Délits Informatiques) Le "Computer Fraud and Abuse Act" (CFAA) a été inspiré par le film "War Games" avec Matthew Broderick — bon film. [Broderick] Je vous ai eu. Dans ce film, un gamin parvient, via la magie des réseaux informatiques, à lancer une attaque nucléaire. Vous savez, ce n'est actuellement pas possible, et ce n'était certainement pas possible dans les années 80 mais apparemment ce film a suffisamment effrayé le Congrès pour permettre le passage du premier Computer Fraud and Abuse Act C'est une loi en retard avec son temps, qui pénalise par exemple les accords de type "contrat de service". On peut imaginer un site web comme eHarmony or Match.com (sites web de rencontre) où quelqu'un, par exemple, ment sur ses qualités, et d'un coup, en fonction de la juridiction et des procureurs, ils pourraient se retrouver dans les ennuis jusqu'au cou. Nous connaissons tous les "Conditions d'utilisation" (CGU) La plupart des gens ne les lisent pas, mais ne pas respecter leurs termes est potentiellement délictuel. Les conditions d'utilisation d'un site web disent souvent : soyez agréable avec les autres, et ne faites rien d'inapproprié. L'idée que le droit pénal a quelque chose à voir avec ce genre de violations, je pense que la plupart des gens trouvent ça dingue. Les exemples sont encore plus fous. Jusqu'à ce qu'ils soient modifiés en mars 2013, les conditions d'utilisation du site web du magazine Hearst's Seventeen disaient que vous deviez avoir 18 ans pour pouvoir le lire. Je dirais que vu la manière dont le CFAA a été interprété par le département de la Justice, nous violons probablement tous la loi. Vague et sujet à des abus, le CFAA est devenu un marteau tous usages pour un large éventail de litiges liés à l'informatique. Bien que n'étant pas le seul facteur dans son cas, 11 des 13 actes d'accusation contre Swartz invoquaient le Computer Fraud and Abuse Act La question "Pourquoi ?" traverse toute l'histoire de Aaron Swartz. Qu'est-ce qui motivait le gouvernement ? Quel aurait été leur réquisitoire ? Le département de la Justice a décliné nos requêtes, mais le professeur Orin Kerr est un ancien procureur qui a étudié le dossier. Donc, je pense que je suis entré dans ce dossier avec un regard différent des autres personnes pour plusieurs raisons : j'ai été procureur fédéral au département de la justice pendant 3 ans. Avant que je commence à enseigner, le gouvernement a présenté un acte d'accusation fondé sur les crimes qu'ils pensaient commis. D'un point de vue purement théorique, en regardant les précédents, en examinant la loi, en regardant l'histoire, les dossiers qui s'étaient présentés jusque là. Je pense que l'un acte d'accusation était équitable. On peut discuter de savoir s'il aurait dû ou non être inculpé, mais il y a beaucoup de désaccords. Certaines personnes sont du côté du libre accès, d'autres ne le sont pas. Je pense que le gouvernement a pris le "Manifeste de la Guérilla Open Access" de Swartz très au sérieux, et je pense qu'ils le voyaient comme quelqu'un qui considérait comme un impératif moral de violer la loi, de contourner une loi que Swartz voyait comme injuste , et dans une démocratie, si vous pensez qu'une loi est injuste, il y a des moyens de changer cette loi. Vous pouvez utiliser le Congrès ce que Swartz a fait de façon magistrale avec SOPA, ou alors vous pouvez violer la loi de façon à essayer d'annuler cette loi, et je pense que le moteur de la poursuite a été l'impression que Swartz s'attachait non seulement à violer la loi, mais à faire en sorte que la loi soit annulée. Que chacun puisse avoir accès à la base de données d'une manière telle qu'il soit impossible de "remettre le dentifrice dans le tube". Une fois cela fait, le camp de Swartz aurait gagné. Il y a de grands désaccords dans la société sur le fait de savoir si cette loi est injuste ou pas, et au final, c'est une décision que le peuple américain doit faire, via le Congrès. Et puis, il y a un second problème, je pense, nous essayons encore de comprendre : quelle est la ligne de démarcation entre les infractions moins graves et les infractions les plus graves ? Nous entrons maintenant dans un nouvelle ère, celle de l'informatique et de ses abus, et nous n'avons pas encore une vision claire de l'endroit où se situe la limite, parce que nous sommes seulement en train de le déterminer. Il s'agit d'une mauvaise utilisation du pouvoir discrétionnaire du procureur. Le marteau avec lequel le département de la Justice doit effrayer les gens devient de plus en plus gros, et donc, la plupart des gens, vous savez, ne jouent pas leur vie aux dés comme cela. Faut-il exploiter le téléphone de quelqu'un ? Faut-il le filmer ? Devrions-nous retourner quelqu'un et l'utiliser pour témoigner contre d'autres personnes ? C'est ainsi que les agents fédéraux et les procureurs pensent. Ils construisent des dossiers. Ils fabriquent des dossiers. Swartz a été pris dans l'engrenage d'un système pénal brutal qui ne pouvait pas revenir en arrière, une machine qui a fait de l'Amérique le pays qui a le taux d'incarcération le plus élevé au monde. Nous nous sommes autorisés, dans ce pays, à être pris au piège par les politiques de la peur et de la colère, et tout ce dont nous avons peur, comme le futur d'Internet et des accès, et tout ce qui nous met en colère, déclenche instinctivement une intervention de la justice pénale, et nous avons utilisé la prison et la punition pour résoudre toute une série de problèmes qui, historiquement, n'ont jamais été vu comme des problèmes relevant de la justice pénale. La tendance à menacer, inculper, poursuivre, qui est en partie à l'origine de ce débat et cette controverse à propos des accès en ligne et de l'information sur Internet est très cohérente avec ce que nous avons vu dans d'autres domaines. La seule différence est que les gens qui sont généralement ciblés et victimes par ces sortes de réponses criminelles et carcérales sont typiquement les minorités pauvres. L'isolement de Swartz par rapport à ses amis et à la famille avait augmenté. Il avait cessé de travailler sur quoi que ce soit d'autre, et l'affaire était en fait en train de remplir toute sa vie. Un des avocats d'Aaron a apparemment dit aux procureurs qu'il était émotionnellement vulnérable, et que c'était quelque chose qu'ils devaient vraiment garder à l'esprit afin que eux, ils le sachent. Cela pesait sur lui très fortement. Il n'aimait voir ses actions et ses mouvements restreints de quelque manière que ce soit, et la menace de la prison, qui lui pesait énormément, était terrifiante pour lui. Ça a complètement épuisé ses ressources financières, et ça nous coûté beaucoup d'argent aussi, et il a levé des fonds substantiels, et donc, vous savez, ça a atteint les millions de dollars. [Interviewer] Pour sa défense juridique ? Oui. [Interviewer] Ca se comptait en millions ? Oui Oui, je pense qu'il ne voulait pas être un fardeau pour les autres. Je pense que ça a été un facteur, genre, "J'ai ma vie normale, et là j'ai cette merde avec laquelle je dois me débrouiller, et j'essaie de garder les deux aussi séparées que possible", mais elles étaient en train de commencer à se mélanger et tout devenait merdique. Swartz faisait face à un choix difficile qui devenait de plus en plus difficile : plaidez-vous coupable et allez-vous de l'avant, ou combattez-vous un système déficient ? Avec son dossier juridique, la réponse était simple : il rejeta un accord préalable et une date de procès fut fixée. Aaon était résolu à ne pas se soumettre et accepter quelque chose dont il pensait que ce n'était pas équitable, mais je pense aussi qu'il était effrayé. Je ne pense pas qu'ils auraient condamné Aaron. Je pense que nous l'aurions tiré de ce palais de justice, et je lui aurai donné une grosse accolade, et nous aurions traversé cette petite rivière à Boston, et serions allés boire quelques bières. Je pensais vraiment que nous avions raison. Je pensais que nous allions gagner cette affaire. Je pensais que nous pouvions gagner cette affaire. Il ne parlait pas beaucoup de ça, mais vous pouviez voir l'énorme douleur qu'il endurait. Aaron n'a jamais eu dans son enfance des sautes d'humeur ou genre, des épisodes dépressifs, ou quoi que ce soit que je pourrais décrire comme une "dépression sévère" et il est possible, vous savez, qu'il ait été déprimé. Il arrive aux gens d'être déprimés. Très tôt dans notre relation, au bout de 3 ou 4 semaines, ou quelque chose comme cela, je me souviens qu'il m'a dit que j'étais beaucoup plus forte qu'il ne l'était. Vous savez, il était fragile de beaucoup de façons. Les choses étaient plus dures pour lui que pour la plupart des gens. Cela faisait partie de son éclat, aussi. Je pense qu'il avait probablement vécu quelque chose comme une dépression clinique au début de la vingtaine. je ne pense pas que c'était le cas pendant que j'étais avec lui. Ce n'était pas une personne "joyeuse" mais c'est différent d'être déprimé. Il était juste sous une énorme pression pendant deux années entières. Il en avait simplement marre. Il était juste, je pense juste que c'était trop. J'ai reçu un appel de téléphone tard dans la nuit. J'ai tout de suite su que quelque chose n'allait pas, et j'ai appelé et j'ai réalisé ce qui s'était passé. Un des co-fondateurs du site Reddit a été retrouvé mort. La police annonce que Aaron Swartz, âgé de 26 ans, s'est suicidé hier dans son appartement de Brooklyn. J'ai juste pensé, nous avons perdu l'un des esprits les plus créatifs de notre génération. Pour moi, le monde entier s'est effondré à cet instant. Ça a été une des nuits les plus difficiles de ma vie. Je ne faisais que hurler, "Je ne vous entends pas ! Qu'avez-vous dit ? Je ne vous entends pas !" Je ne peux pas. Ça suffit. Ca n'avait aucun sens... et ça n'en a toujours pas. J'étais tellement frustré, en colère. Vous savez, j'ai essayé d'expliquer ça à mes enfants. Celui de trois ans m'a dit que les médecins le guériraient. J'ai connu beaucoup de gens qui sont morts, mais je n'ai jamais perdu quelqu'un comme ça, parce que tout le monde ressent, et moi aussi, qu'il y a tant de choses que nous aurions pu faire en plus Je ne savais pas qu'il en était là. Je ne savais pas qu'il souffrait et... Il faisait partie de moi. Et je voulais juste que ce ne soit pas vrai et là, là j'ai juste regardé sa page Wikipédia et j'ai vu la date de décès, "2013". Aaron est mort. Egarés dans ce monde de fous, nous avons perdu un mentor, un vieux sage. Hackers combattant pour le bien, l'un des nôtres est tombé, nous avons perdu l'un des nôtres. Educateurs, soignants, auditeurs, contributeurs, tous parents, Nous avons perdu un enfant. Pleurons tous ensemble. Ma première pensée a été : et si personne ne le remarquait ? Vous savez, parce qu'il n'était pas évident à mes yeux qu'il était si visible. Je n'avais jamais vu autant d'émotion. Internet s'est juste illuminé. Je veux dire, tout le monde a essayé de l'expliquer de sa propre manière, mais je n'avais jamais vu avant les gens pleurer sur Twitter Les gens étaient visiblement en deuil en ligne. Il était l'enfant d'Internet, et le vieux monde l'a tué. Nous nous trouvons dans une époque où une grande injustice demeure impunie. Les architectes de la crise financière dînent régulièrement avec le président. Dans cette époque, l'idée que c'est ce genre d'actes que le gouvernement doit punir, semblerait simplement absurde, si elle n'était pas tragique. La question est : est-ce que nous pouvons faire quelque chose, vu ce qui est arrivé, pour rendre le monde meilleur ? Et comment pouvons-nous perpétuer cet héritage ? C'est la seule question que chacun devrait se poser. Partout dans le monde, il commence à y avoir des hackathons, des rassemblements, Aaron Swartz a, dans un certain sens, fait ressortir le meilleur de nous, en essayant de dire : Comment pouvons-nous réparer ça ? Il était, à mon humble avis, l'un des vrais, et extraordinaires, révolutionnaires que ce pays a produit. Je ne sais pas si Aaron a été vaincu ou victorieux, mais nous sommes certainement façonnés par la main avec laquelle il a lutté. Quand nous envoyons des agents armés de la loi aux trousses de citoyens essayant d'élargir l'accès à la connaissance, nous brisons la règle du droit, nous profanons le temple de la justice. Aaron Swartz n'était pas un criminel. Le changement n'arrive pas par fatalité, il arrive grâce à une lutte continuelle. Aaron pouvait vraiment faire de la magie, et je m'engage à faire en sorte que sa magie ne s'arrête pas avec sa mort. Il pensait qu'il pouvait changer le monde, et il avait raison. Depuis la dernière semaine, depuis aujourd'hui, des phoenix sont déjà en train de renaître. Depuis la mort de Swartz, la représentante Zoé Lofgren et le sénateur Ron Wyden ont présenté une loi qui réforme le Computer Fraud and Abuse Act, la loi dépassée qui sous-tendait la majorité des charges contre Swartz. Elle est appelée "la Loi d'Aaron". Aaron croyait que vous deviez littéralement vous demander tout le temps : quelle est, au monde, la chose la plus importante sur laquelle je devrais travailler maintenant ? Et si vous n'êtes pas en train de travailler dessus, pourquoi donc ? [Manifestants] Voici le visage de la démocratie ! La liberté d'Internet est attaquée, que faisons-nous ? Levez-vous, défendez-vous ! La liberté d'Internet est attaquée, que faisons-nous ? Hey, hey ! Ho, ho ! NROC doit partir ! Je voudrais que nous puissions changer le passé, mais nous ne pouvons pas. Mais nous pouvons changer le futur, et nous le devons. Nous devons le faire pour Aaron, nous devons le faire pour nous-mêmes. Nous devons le faire pour faire du monde un lieu meilleur, un endroit plus humain, un endroit où la justice fonctionne, et où l'accès au savoir devient un droit humain. Il y a ce gamin, en février, de Baltimore, âgé de 14 ans, qui avait accès à JSTOR, et qui a fait une recherche approfondie dans JSTOR après avoir lu quelque chose, et il a découvert une manière de faire des tests précoces pour détecter le cancer du pancréas et le cancer du pancréas tue beaucoup de monde parce que nous le détectons trop tard et que quand nous le détectons, il est déjà trop tard pour faire quoi que ce soit. Et il a envoyé un email à l'ensemble du département d'oncologie de l'université Johns Hopkins, vous savez, des centaines de gars, et chaque [Interviewer] Vous avez dit 14 ans ? 14 ans, oui, et la plupart l'ont ignoré, mais l'un d'eux lui a répondu, en disant ce n'est pas une idée totalement stupide, pourquoi ne pas venir en discuter ? Le gamin a travaillé les soirées et les week-ends avec ce chercheur, et en février, je l'ai entendu aux nouvelles juste quelques semaines après que Aaron soit mort quand Aaron était très présent dans les médias... Désolé... et il disait, la raison pour laquelle il était dans les médias, c'est parce qu'ils l'avaient fait. Ils expédiaient un test de détection précoce du cancer du pancréas qui allait sauver des vies. Et il a dit, "C'est pour cela que ce que Aaron a fait est si important." Parce qu'on ne sait jamais, non ? Cette vérité universelle n'est pas seulement quelque chose que les décideurs utilisent pour déterminer, vous savez, quelle doit être la limitation de vitesse. C'est de là que vient ce qui va éviter à votre enfant de mourir d'un cancer du pancréas, et sans accès à l'information, la personne qui pourrait trouver ce qui va vous sauver, pourrait ne jamais trouver cette réponse. Il dormait si bien, il n'est pas tombé, même pas quand il a rêvé qu'il était de retour dans le vaisseau spatial. Très bien, Aaron.Très bien. Oui, Aaron. Okay, maintenant c'est l'heure de la chanson. ♪ ♪ ♪