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Comment aider les personnes moyennes à exprimer leur potentiel

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    Je veux vous parler de ceux qu'on oublie
    au cœur de notre machine sociale.
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    Je les définis comme les étudiants,
    collègues et tous ces gens très banals
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    auxquels on prête rarement attention
    car ils ne sont considérés
  • 0:15 - 0:18
    ni comme exceptionnels,
    ni comme problématiques.
  • 0:19 - 0:22
    Ce sont les gosses
    qu'on pense pouvoir ignorer
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    parce que leurs besoins d'aide
    ne paraissent guère urgents.
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    Ce sont les collègues
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    qui font tourner concrètement la machine
    dans toutes nos organisations,
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    mais qui ne sont pas perçus
    comme des innovateurs d'excellence.
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    Nous avons mille façons d'ignorer
    les gens égarés dans cet entre-deux
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    car ce ne sont pas eux
    les auteurs de nos nuits blanches,
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    quand nous nous demandons
    quelle folie ils vont encore inventer.
  • 0:49 - 0:50
    (Rires)
  • 0:51 - 0:56
    En vérité, nous avons pris l'habitude
    de compter sur leur indolence
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    et leur relative déconnexion des enjeux
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    parce que ça rend notre travail
    tellement plus facile.
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    Voyez-vous, j'en sais un rayon
    sur ces gens oubliés là au milieu.
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    Collégienne, j'errais dans cet entre-deux.
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    Pendant longtemps, j'ai été bonne élève.
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    Mais, en classe de 5e, tout a changé.
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    Je passais mes journées en bavardages,
    ou glissant des mots à mes voisins,
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    traînant le plus souvent avec mes amis.
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    Au lieu de faire mes devoirs,
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    j'étais sur mon téléphone
    à commenter les événements du jour.
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    J'étais certes finalement
    une fillette de 12 ans typique,
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    mais mon relatif désintérêt des études
  • 1:43 - 1:46
    eut pour effet que mes notes
    étaient juste passables.
  • 1:47 - 1:52
    Heureusement pour moi,
    ma mère comprit un truc important,
  • 1:53 - 1:59
    à savoir que cette médiocrité
    n'était pas ma place finale attitrée.
  • 2:00 - 2:05
    Ancienne éducatrice
    et bibliothécaire de recherche,
  • 2:05 - 2:10
    ma mère savait que j'étais
    capable de beaucoup plus.
  • 2:10 - 2:13
    Mais elle comprenait aussi
  • 2:13 - 2:16
    qu'en tant que jeune femme,
    noire et vivant aux États-Unis,
  • 2:16 - 2:20
    mes occasions de me sortir de là
    ne seraient pas nombreuses
  • 2:20 - 2:23
    si elle ne créait pas
    elle-même ces occasions.
  • 2:24 - 2:27
    Elle m'a donc changée d'école.
  • 2:28 - 2:33
    Elle m'a inscrite à des activités locales
    encourageant la prise de responsabilités.
  • 2:33 - 2:36
    Et elle s'est mise à me parler
    plus sérieusement
  • 2:36 - 2:41
    de la fac et des possibilités de carrière
    auxquelles j'étais en droit d'aspirer.
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    Pour m'extirper de cet entre-deux,
    ma mère avait une recette simple :
  • 2:47 - 2:51
    elle a placé haut la barre dès le début.
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    Elle se mit en tête
    de me préparer au succès.
  • 2:57 - 3:01
    Elle me plaça mon destin entre les mains
  • 3:01 - 3:06
    et, en chemin, elle me convainquit
    que j'avais le pouvoir
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    de créer ma propre histoire.
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    Cette recette ne m'a pas seulement aidée
    à me sortir des marécages de la 5e.
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    Je m'en suis servie plus tard à New York
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    quand je travaillais avec des enfants
    qui avaient beaucoup de potentiel,
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    mais peu d'opportunités
    pour poursuivre leurs études.
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    Voyez-vous, beaucoup d'excellents élèves
  • 3:30 - 3:33
    ont plus facilement accès
    à des ressources additionnelles,
  • 3:33 - 3:36
    comme les camps de découverte en été,
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    les stages,
  • 3:38 - 3:40
    tout un parcours riche et varié
  • 3:40 - 3:44
    qui les sort de la classe
    et les plonge dans le monde,
  • 3:44 - 3:47
    et qui surtout présente bien
    pour une candidature universitaire.
  • 3:48 - 3:52
    Mais ces occasions
    ne sont pas offertes à tous.
  • 3:53 - 3:56
    Le résultat, ce sont des enfants
    laissés sur le carreau, mais plus encore,
  • 3:56 - 3:59
    nous tous, la société,
    est laissée sur le carreau aussi.
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    En fait, j'ai une théorie folle
    sur les gens de l'entre-deux :
  • 4:04 - 4:09
    il y a là des billets de loterie gagnants
    que personne ne réclame.
  • 4:10 - 4:14
    Et je pense que le traitement du cancer
    et le chemin vers la paix mondiale
  • 4:14 - 4:17
    pourraient être cachés là.
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    Comme je suis une ancienne institutrice,
  • 4:19 - 4:24
    je n'oserai pas dire que, par magie,
    chacun peut devenir excellent.
  • 4:25 - 4:29
    Mais je crois que la plupart des gens
    perdus dans cet entre-deux
  • 4:29 - 4:31
    sont capables de beaucoup plus.
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    Et si les gens restent où ils sont,
    c'est parce qu'on les a relégués là.
  • 4:36 - 4:39
    Et ça leur fait parfois froid dans le dos
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    quand ils comprennent ce qu'il se passe.
  • 4:43 - 4:45
    Nos trajectoires à tous
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    sont jalonnées
    de pauses et d'accélérations,
  • 4:49 - 4:51
    de pertes et de gains.
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    Nous avons la responsabilité
    de nous assurer
  • 4:55 - 5:01
    que les identités raciales, culturelles,
    socioéconomiques et de genre
  • 5:01 - 5:06
    ne condamnent personne
    à rester coincé là au milieu.
  • 5:07 - 5:10
    Aussi, comme ma mère l'a fait avec moi,
  • 5:10 - 5:14
    j'ai placé la barre haut pour mes jeunes.
  • 5:15 - 5:17
    Et j'ai commencé par une question.
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    J'ai cessé de demander aux gosses :
    « Tu veux aller à l'université ? »
  • 5:21 - 5:23
    Je leur demande :
  • 5:23 - 5:26
    « Dans quelle université
    souhaiterais-tu aller ? »
  • 5:27 - 5:28
    Voyez-vous, la première question -
  • 5:28 - 5:32
    (Applaudissements)
  • 5:34 - 5:38
    La première question ouvre la porte
    à des possibilités vagues et nombreuses.
  • 5:39 - 5:40
    Mais la seconde question
  • 5:40 - 5:45
    indique ce que je pense possible
    pour mes jeunes.
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    De manière simple,
  • 5:47 - 5:51
    la question suggère qu'ils auront
    leur diplôme de fin de lycée.
  • 5:52 - 5:54
    Elle implique aussi
  • 5:54 - 5:57
    qu'ils auront certainement
    des bulletins suffisamment satisfaisants
  • 5:57 - 6:01
    pour être admis
    dans l'éducation supérieure.
  • 6:02 - 6:06
    Et je suis fière de dire
    que ces attentes fortes ont marché.
  • 6:06 - 6:08
    Alors que les étudiants noirs et latinos
  • 6:08 - 6:13
    qui sortent diplômés de l'université
    en six ans ou moins
  • 6:13 - 6:16
    ne sont qu'environ 38 % nationalement,
  • 6:16 - 6:19
    l'ONG College Board
  • 6:19 - 6:23
    a reconnu notre talent
    à faire admettre nos jeunes en fac
  • 6:23 - 6:25
    mais aussi à les faire
    aller jusqu'au diplôme.
  • 6:25 - 6:30
    (Applaudissements)
  • 6:31 - 6:33
    Certes, je comprends bien que
  • 6:33 - 6:35
    de fortes attentes envers les jeunes
  • 6:35 - 6:37
    ne font pas tout.
  • 6:38 - 6:42
    On ne demande pas à un chef pâtissier
    de faire cuire un gâteau sans un four.
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    De même, nous ne devons pas demander
    aux gens coincés au milieu d'en sortir
  • 6:47 - 6:53
    sans les outils, stratégies et soutiens
    qui leur reviennent légitimement
  • 6:53 - 6:55
    pour progresser dans leurs vies.
  • 6:56 - 7:01
    Une jeune femme à qui pendant longtemps
    j'ai servi de mentor, Nicole,
  • 7:01 - 7:03
    est venue me voir un jour à mon bureau.
  • 7:03 - 7:08
    Son conseiller d'orientation avait regardé
    ses bulletins scolaires en béton
  • 7:08 - 7:11
    et exprimé une profonde sidération
  • 7:11 - 7:15
    en constatant qu'elle avait en plus envie
    d'entrer à l'université.
  • 7:15 - 7:18
    Ce que la personne ignorait, c'est que,
  • 7:18 - 7:22
    grâce à notre soutien,
    Nicole avait eu accès
  • 7:22 - 7:25
    à des cours de préparation à la fac
    et aux examens d'entrée,
  • 7:25 - 7:27
    ainsi qu'à des programmes
    d'échanges internationaux.
  • 7:28 - 7:31
    Non seulement l'université
    faisait partie de son avenir,
  • 7:31 - 7:36
    mais je suis fière de dire que Nicole
    a poursuivi et obtenu deux masters
  • 7:36 - 7:39
    après un premier diplôme
    de l'université Purdue.
  • 7:39 - 7:44
    (Applaudissements)
  • 7:45 - 7:50
    Faire que ces jeunes s'impliquent
    est la mission que nous nous sommes fixée,
  • 7:50 - 7:56
    mais nous instillons aussi en eux un sens
    de la responsabilité envers eux-mêmes,
  • 7:56 - 8:01
    entre eux, envers leurs familles,
    et partout où ils sont engagés.
  • 8:02 - 8:06
    Nous avons multiplié à leur profit
    les initiatives valorisantes :
  • 8:07 - 8:09
    retraites et stages
    pour former des meneurs
  • 8:09 - 8:13
    ayant l'esprit d'équipe
    et sachant gérer les crises,
  • 8:13 - 8:17
    réfléchissant ensemble
    à toutes les questions de la vie.
  • 8:18 - 8:21
    Les jeunes en sont arrivés
    à adhérer pour de bon à l'idée
  • 8:21 - 8:26
    qu'ils se devaient de réussir
    leurs études universitaires.
  • 8:27 - 8:33
    C'était une belle récompense de les voir
    s'appeler et s'envoyer des textos inquiets
  • 8:33 - 8:36
    dès qu'un était en retard
    à la préparation des examens,
  • 8:36 - 8:41
    ou pour demander quoi mettre dans le sac
    pour la visite du lendemain à la fac.
  • 8:41 - 8:45
    Nous avons travaillé tellement dur
    pour faire de la fac une évidence.
  • 8:46 - 8:50
    Nous avons créé des initiatives
    et événements sur les campus
  • 8:50 - 8:55
    pour aider les jeunes
    à s'imaginer eux-mêmes
  • 8:55 - 8:59
    en tant qu'étudiants
    et diplômés de la fac.
  • 8:59 - 9:02
    Mon équipe et moi avons déballé
    nos propres souvenirs d'étudiants
  • 9:02 - 9:08
    et rivalisé de fierté dans la bonne humeur
    pour savoir qui avait eu la meilleure fac.
  • 9:09 - 9:11
    Les jeunes ont super adhéré,
  • 9:11 - 9:16
    et ils ont commencé d'envisager
    de nouvelles possibilités pour leur vie.
  • 9:17 - 9:21
    Et ce n'est pas tout ! Sur le campus,
    ils ont pu voir les étudiants
  • 9:21 - 9:24
    et constater que certains
    avaient la même histoire,
  • 9:24 - 9:26
    venaient des mêmes quartiers,
  • 9:26 - 9:29
    partageaient les mêmes aspirations.
  • 9:30 - 9:34
    Ce sentiment d'appartenance
    a joué un rôle essentiel.
  • 9:34 - 9:38
    J'en ai eu une illustration frappante
    un jour que nous étions
  • 9:38 - 9:43
    à l'aéroport de Johannesbourg
    en attente à la douane
  • 9:43 - 9:45
    lors d'un voyage au Botswana
    pour une mission d'assistance.
  • 9:46 - 9:49
    Plusieurs jeunes
    s'étaient regroupés en cercle.
  • 9:50 - 9:53
    Bon, avec des ados, ça signifie
    qu'il se passe un truc.
  • 9:53 - 9:54
    (Rires)
  • 9:54 - 9:57
    L'air de rien, je me suis rapprochée
  • 9:57 - 9:59
    pour épier la conversation et comprendre.
  • 10:00 - 10:03
    Ils comparaient les tampons
    sur leurs passeports.
  • 10:03 - 10:04
    (Rires)
  • 10:04 - 10:07
    Et ils rêvaient à haute voix
    de tous les autres pays
  • 10:07 - 10:10
    qu'ils voulaient visiter plus tard.
  • 10:11 - 10:16
    Voir ces jeunes gens de New York,
  • 10:16 - 10:19
    en voie non seulement de devenir étudiants
  • 10:19 - 10:22
    mais en plus de participer à
    des échanges universitaires internationaux
  • 10:22 - 10:25
    et trouver des postes à l'étranger,
  • 10:25 - 10:27
    était une récompense extraordinaire.
  • 10:28 - 10:30
    Quand je pense à mes jeunes
  • 10:30 - 10:34
    et à tous les docteurs, avocats,
    enseignants, travailleurs sociaux,
  • 10:34 - 10:36
    journalistes et artistes,
  • 10:36 - 10:40
    qui sont sortis de notre coin de New York,
  • 10:40 - 10:43
    je ne supporte pas de penser
    à ce qu'il se serait passé
  • 10:43 - 10:46
    si nous n'avions pas investi
    dans cet entre-deux.
  • 10:46 - 10:50
    Réfléchissez un instant à tout
    ce que leurs communautés et le monde
  • 10:50 - 10:51
    auraient raté.
  • 10:53 - 10:57
    Cette recette pour sortir de l'entre-deux
    ne marche pas qu'avec les jeunes.
  • 10:58 - 11:01
    Elle peut transformer
    toutes nos structures.
  • 11:02 - 11:04
    Nous pouvons être plus audacieux
  • 11:04 - 11:09
    et, en sachant nous y prendre,
    être une source d'inspiration pour tous.
  • 11:09 - 11:14
    Nous pouvons véritablement
    inviter nos collègues autour d'une table
  • 11:14 - 11:17
    pour réfléchir à une stratégie
    qui remplisse cet objectif.
  • 11:18 - 11:22
    Nous pouvons offrir en chemin
    des commentaires constructifs
  • 11:23 - 11:26
    et, et c'est parfois le plus important,
  • 11:26 - 11:32
    vérifier que toutes les contributions
    sont justement reconnues.
  • 11:33 - 11:38
    Quand mon équipe a su avoir
    de l'ambition pour elle-même,
  • 11:38 - 11:41
    c'est alors qu'elle a été le plus capable
    d'accomplir chez les jeunes
  • 11:41 - 11:43
    les transformations espérées.
  • 11:44 - 11:47
    Un coup d'œil rétrospectif est magique :
  • 11:47 - 11:51
    tous mes anciens collègues
    ont repris des études, visé des doctorats,
  • 11:51 - 11:55
    et accédé à des responsabilités
    au sein d'autres organisations.
  • 11:57 - 12:01
    Nous avons déjà en nous les ressources
    permettant d'inspirer et guider
  • 12:01 - 12:03
    les personnes dans cet entre-deux.
  • 12:03 - 12:08
    Nous pouvons inclure dans notre amour
    ces gens oubliés au cœur de la machine,
  • 12:08 - 12:11
    et remettre en cause nos préjugés
  • 12:11 - 12:14
    sur qui mérite nos efforts et comment.
  • 12:16 - 12:21
    Il est possible de structurer nos
    organisations, communautés et institutions
  • 12:21 - 12:26
    de manière inclusive
    et en respectant des principes d'équité.
  • 12:27 - 12:33
    Parce que, souvent, au bout du compte,
    là où on croit voir un point final,
  • 12:33 - 12:36
    il n'y a en réalité qu'une simple virgule.
  • 12:36 - 12:38
    Merci.
  • 12:38 - 12:45
    (Applaudissements)
Title:
Comment aider les personnes moyennes à exprimer leur potentiel
Speaker:
Danielle R. Moss
Description:

Ce centre qu'on délaisse, vous le connaissez déjà : ce sont les étudiants, collègues et gens banals que nous négligeons parce qu'ils ne sont considérés ni comme exceptionnels, ni comme problématiques. Comment les mettre en situation de réaliser leur potentiel ? En témoignant sur son action auprès de jeunes gens afin de les faire entrer à l'université puis obtenir leur diplôme, la militante Danielle R. Moss nous invite à pousser notre propre réflexion sur qui mérite notre aide et notre attention, et elle nous apprend la façon d'amener les gens oubliés dans un entre-deux à poursuivre de grands rêves.

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDTalks
Duration:
12:58

French subtitles

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