Les insectes, alimentation de demain ? | Romain Fessard | TEDxUTCompiègne

Cette présentation a été faite lors d'un événement TEDx local, produit indépendamment des conférences TED.

Les insectes sont délicieux, nutritifs, et ont un faible impact environnemental. Dans ce talk, Romain Fessard nous explique pourquoi nous devrions tous manger des insectes

Un simple voyage en Thaïlande il y a près de dix ans, voici le point de départ de la carrière de Romain Fessard dans l’entomophagie (le fait de manger des insectes). A l’époque, il goûte sur un marché thaïlandais ses premiers insectes comestibles. En Asie, les insectes comestibles font partie de la cuisine quotidienne et festive depuis des siècles. Marqué par cette pratique et de retour en France, il souhaite partager et faire revivre cette expérience à des amis. Militaire en fonction à l’époque, il se rapproche de contacts français restés sur place en Thaïlande pour s’en procurer. Il organise alors un apéritif en France à base d’insectes comestibles qui rencontre un vif succès. La demande au fil des mois d’amis, de connaissances puis de clients est croissante : pour faire face, Romain doit créer en 2009, insectescomestibles.fr, le premier site e-commerce d’insectes comestibles en Europe.

Aujourd'hui nous nous régalons
d'une tomate cerise,

d'une bonne salade piémontaise,

ou encore du dernier produit
culinaire à la mode.

Nous aimons les produits
de nos terroirs,

et craquer pour le dernier
produit culinaire tendance.

Avant de vous faire voyager dans le futur,
et de réfléchir ensemble

à l'avenir de l'alimentation,

j'aimerais que nous revenions
quelques années en arrière.

Avez-vous une idée de ce que les
Romains pouvaient manger ?

Je suppose que comme moi,
vous les imaginez allongés sur leur sofa

à manger des grappes de raisin.

Bon, ok, certes.

Mais les Romains raffolaient d'un
plat assez atypique.

La viande de flamant rose.

D'ailleurs, le met le plus apprécié était
la langue du flamant rose.

Celle-ci était servie pendant
les repas d'affaires.

Continuons.

La pomme de terre :

de nos jours c'est le second aliment
le plus consommé au monde,

juste après le blé.

Il faut savoir qu'avant le 18ème siècle,
on pensait que la pomme de terre

transmettait des maladies.

Elle n'était donnée qu'aux cochons
et aux prisonniers.

Il a fallu attendre un certain Parmentier

pour que la pomme de terre se démocratise

et qu'on en trouve enfin dans
toutes les assiettes.

La tomate.

En ce qui concerne la tomate,

il faut savoir qu'on ne la consommait
pas avant le 18ème siècle.

Elle était utilisée comme ornement,
décoration, plante d'intérieur.

Comme nous venons de le voir,

ce que nous mangeons et ce que nous
ne mangeons pas, évolue.

Que mangerons nous en 2050,
que nous ne mangeons pas encore ?

Je suis persuadé qu'en 2050,

nous mangerons ceci : des insectes.

Déjà, il faut savoir que sur la planète,

il y a 1/3 de la population
qui mange des insectes

tous les jours et de façon volontaire.

Il n'y a qu'en Amérique du Nord et
en Europe Occidentale

où on ne mange pas encore d'insectes.

Pour ma part, j'ai découvert les insectes
il y a un peu plus de 10 ans,

c'est à ce moment là que j'ai crée le site
www.intectescomestibles.fr

Mon but c'était de faire découvrir
les insectes aux gens,

aux européens, plus particulièrement,
aux français.

J'ai commencé avec quelques insectes,

quelques espèces.

Et puis la société a évolué.

J'ai maintenant plusieurs gammes,

plusieurs produits.

Nous faisons des insectes pour l'apéritif,

et des insectes transformés, par exemple
des pâtes à la farine d'insectes,

des barres protéinées aux insectes.

Pourquoi je pense que les insectes
sont l'avenir de l'alimentation ?

Pourquoi j'y crois ?

La première des choses c'est que
les insectes sont délicieux.

C'est sûr, quand j'ai testé
ma première fricassée

de vers de bambou en Thaïlande,

je pensais pas vous dire aujourd'hui
que les insectes sont délicieux.

Je ressemblais plus à celui
qui amuse la galerie,

qu'à un aventurier du goût.

D'ailleurs, mes voisins de table l'avaient
remarqué et me regardaient en rigolant

et j'ai eu l'air assez bête.

Une fois ce fou rire passé...

J'ai oublié de vous montrer à quoi cela
ressemblait. C'est mieux comme ça.

Une fois ce fou rire passé...

(Je remarque que j'ai le même fou-rire
quand je fais des dégustations d'insectes)

Je me suis rendu compte que
les insectes étaient bons,

avaient une structure et un goût différent
de ce que l'on connaît.

Ce fou rire permet, d'après moi, de casser
un tabou culinaire qui est ancré

dans notre patrimoine gustatif.

Il faut savoir qu'il y a environ 1900
espèces d'insectes comestibles au monde.

Ça veut dire qu'il y a tout
autant de textures, de saveurs,

de goûts différents.

On me demande souvent quel va avoir
le goût du vers de farine ou du grillon

J'essaye de prendre des goûts connus :
le vers de farine a un goût de noisette

le grillon, un goût de pomme de terre.

Pour être tout à fait honnête avec vous,
chaque insecte à son propre goût,

sa propre texture.

Je pense que l'on va
apprendre à découvrir

le patrimoine culinaire des
insectes d'ici 2050.

Si je vous disais qu'en plus
d'être bons, d'être délicieux,

les insectes sont bons pour votre santé.

Attention, je ne dis pas de manger
un ver de terre de votre jardin,

vous risqueriez quelques soucis...

En revanche, il faut savoir
que les insectes sont riches en protéines.

Certains insectes sont même plus riches
en protéines que la viande de bœuf.

Dans certaines régions du monde,

où les insectes sont plus chers
que la viande,

les femmes enceintes
avec leur nourrisson,

ont préféré manger des insectes
plutôt que de manger de la viande.

Je pense notamment en Afrique,
avec les chenilles.

On trouve des traces prouvant
qu'on mangeait des insectes

bien avant celles la viande.

De là à dire que les insectes sont ancrés
dans notre patrimoine gustatif,

il n'y a qu'un pas.

Il faut aussi regarder l'ADN de l'insecte.

Il faut savoir que l'ADN de l'insecte
est très éloigné du nôtre.

Ce qui évite les transmissions
de maladies.

Il y a très peu de chance, en mangeant
un insecte, d'avoir une maladie

que l'insecte aurait pu nous transmettre,

contrairement à ce que l'on peut connaître
avec la grippe aviaire et la volaille.

Enfin, pour ceux qui auraient
du mal à se dire :

« Je vais croquer goulument dans
une chenille ou dans un criquet. »,

il faut imaginer les produits transformés,
il faut imaginer 2050

et les plats de tous les jours qui
arriveront dans nos assiettes.

Avec mon équipe, on travaille déjà depuis
2015 sur certains produits.

Ce que vous voyez là, ce sont des
pâtes à la farine d'insectes.

On a aussi des barres de protéines qui
sont sorties avec de la farine

d'insectes écrasés, des algues.

Je pense que ce genre de produits
vous aidera à manger

des insectes plus facilement et à passer
le cap de la dégustation.

Si je ne vous ai pas encore convaincu,
voici le dernier argument :

Pensez à vos enfants, vos petits enfants,
ils mangeront des insectes en 2050.

Pourquoi ? C'est simple.

En 2050, nous serons 10 milliards
sur la planète.

Avec 10 milliards de personnes, nous
n'auront pas assez de place

pour élever du bœuf, de la volaille,
ou d'autres aliments.

Il faut savoir que les insectes
reproduisent ce qu'ils consomment

en aliments.

Pour faire simple, en donnant 10 kgs
de nourriture à un bœuf,

de la volaille ou des insectes,
voici ce que l'on obtient :

seulement 1 kg de viande de bœuf,
5 kgs de volaille et 9 kgs d'insectes.

J'insiste sur le fait qu'on a donné la
même quantité de nourriture au début.

Il faut savoir aussi que les insectes
produisent 10 à 100 fois moins

de gaz à effet de serre que
la viande traditionnelle.

Donc, comme on l'a vu, les insectes
sont délicieux, nutritifs,

et ont un faible impact environnemental.

Je pense qu'avec les insectes on peut
préparer un avenir sans viande.

Je vous remercie de m'avoir écouté.

(Applaudissements)