Return to Video

Neurohacking : recâbler son cerveau | Don Vaughn | TEDxUCLA

  • 0:08 - 0:12
    Une symphonie magnifique
    résonne en chacun de nous.
  • 0:13 - 0:16
    100 milliards de neurones
    qui émettent des signaux électriques
  • 0:16 - 0:19
    pour construire la réalité
    vivante de notre vie.
  • 0:20 - 0:23
    À l'intérieur de chaque petit bout
    d'activité neurale,
  • 0:23 - 0:27
    il y a une petite partie
    de ce qui fait de vous, vous.
  • 0:28 - 0:30
    Après avoir assisté à cette conférence,
  • 0:30 - 0:33
    cette activité aura évolué
    et vous ne serez plus jamais pareil.
  • 0:33 - 0:36
    Vous êtes inextricablement
    lié à votre cerveau.
  • 0:37 - 0:40
    Quand j'ai appris ces principes,
    j'avais 16 ans,
  • 0:40 - 0:42
    je suis tombé amoureux du cerveau
  • 0:42 - 0:45
    et je pratique des recherches
    en neurosciences depuis lors.
  • 0:47 - 0:50
    Un jour, alors que nous réalisions
    une nouvelle expérience avec un IRM,
  • 0:50 - 0:53
    j'ai été surpris que l'expérience
    se déroule si bien.
  • 0:53 - 0:58
    Mais à notre grande surprise,
    il y avait un trou dans mon cerveau.
  • 0:58 - 1:00
    Pas un petit.
  • 1:00 - 1:03
    30% du cervelet manquait.
  • 1:03 - 1:04
    (Rires)
  • 1:04 - 1:06
    Ça m'a profondément choqué,
    comme vous pouvez l'imaginer,
  • 1:06 - 1:10
    car je n'avais pas l'impression
    que quoi que ce soit sur moi, ma vie
  • 1:10 - 1:15
    et mes sensations dans le monde
    aient changé ou manquent.
  • 1:15 - 1:19
    Le cervelet est une des parties
    les plus fondamentales de notre cerveau.
  • 1:19 - 1:21
    Il contient environ 80%
    de tous nos neurones.
  • 1:21 - 1:23
    J'étais intrigué.
  • 1:23 - 1:25
    Il y a un télescopage
  • 1:25 - 1:28
    entre ce que le cerveau est censé faire
    et les éléments qu'il a reçus.
  • 1:28 - 1:30
    Il trouve un compromis entre les deux.
  • 1:30 - 1:32
    Je me suis alors passionné
  • 1:32 - 1:36
    pour l'idée que le cerveau est
    un système dynamique et flexible.
  • 1:36 - 1:39
    Pour illustrer ça, je vais
    vous présenter Cameron Mott.
  • 1:40 - 1:45
    Après son troisième anniversaire, Cameron
    a commencé à avoir des crises d'épilepsie
  • 1:46 - 1:48
    dont la violence s'est accentuée
  • 1:48 - 1:50
    et qui lui ont fait perdre
    progressivement la parole.
  • 1:51 - 1:55
    Les médecins ont diagnostiqué
    le syndrome de Rasmussen.
  • 1:55 - 1:59
    Le seul traitement possible
    était une hémisphérectomie,
  • 1:59 - 2:01
    l'enlèvement de la moitié de son cerveau.
  • 2:02 - 2:04
    N'oubliez pas que
    l'hémisphère droit du cerveau
  • 2:04 - 2:06
    contrôle et est responsable
  • 2:06 - 2:10
    des mouvements et des sensations
    du côté gauche du corps et vice et versa.
  • 2:10 - 2:15
    Cette opération chirurgicale allait
    rendre Cameron hémiplégique.
  • 2:16 - 2:20
    Mais quatre semaines après son opération,
    elle marchait pour quitter l'hôpital.
  • 2:21 - 2:24
    Elle souffre encore un peu d'hémiplégie
  • 2:24 - 2:26
    et a perdu en partie
    sa vision périphérique,
  • 2:26 - 2:29
    mais abstraction faite de ça,
    elle peut courir avec ses amis
  • 2:29 - 2:32
    et elle est très adroite
    cognitivement parlant.
  • 2:32 - 2:34
    C'est incroyable.
  • 2:34 - 2:36
    Je me demande --
  • 2:36 - 2:37
    imaginez un instant
  • 2:37 - 2:41
    que je vous donne une demie voiture
    ou un demi téléphone portable,
  • 2:41 - 2:43
    vous n'iriez nulle part à Los Angeles
  • 2:43 - 2:45
    et vous ne seriez pas sur Twitter
  • 2:45 - 2:48
    en train d'envoyer un message
    sur combien TEDxUCLA vous inspire.
  • 2:48 - 2:49
    (Rires)
  • 2:49 - 2:54
    Pour la plupart des engins,
    50% en moins et c'est défectueux.
  • 2:55 - 2:58
    Mais pour Cameron,
  • 2:59 - 3:02
    50% signifie pratiquement 100%.
  • 3:03 - 3:05
    Comment est-ce possible ?
  • 3:05 - 3:08
    L'hémisphère actif restant
    du cerveau de Cameron
  • 3:08 - 3:12
    a ressenti la perte massive
    de tissus neuraux.
  • 3:12 - 3:16
    Il s'est physiquement
    recâblé et réorganisé
  • 3:16 - 3:20
    pour prendre en charge les tâches
    que l'autre hémisphère gérait auparavant.
  • 3:21 - 3:24
    Cette capacité est connue
    sous le nom de neuroplasticité,
  • 3:24 - 3:27
    la capacité qu'a le cerveau
    de se transformer,
  • 3:28 - 3:29
    de se recâbler.
  • 3:30 - 3:33
    Je trouve que l'analogie est inexacte
  • 3:33 - 3:35
    quand on compare le cerveau
    à un ordinateur.
  • 3:35 - 3:40
    Elle est même très médiocre car
    le cerveau n'est pas du matériel immuable.
  • 3:40 - 3:43
    Longtemps, la compréhension prévalante
    dans les neurosciences
  • 3:43 - 3:47
    fut que le cerveau adulte
    est une unité de traitement figée,
  • 3:48 - 3:52
    mais aujourd'hui, nous trouvons
    des résultats au quotidien
  • 3:52 - 3:54
    qui nous disent que
    ce n'est pas du tout le cas.
  • 3:54 - 4:00
    Le cerveau a bien une structure mais
    sa biologie est dynamique et flexible.
  • 4:00 - 4:01
    Je répète :
  • 4:01 - 4:06
    vous et votre cerveau êtes statiques
    et simultanément, vous êtes dynamiques.
  • 4:06 - 4:07
    Vous pouvez vous changer.
  • 4:07 - 4:10
    L'idée à partager est celle-ci :
  • 4:11 - 4:14
    et si nous pouvions soigner
    les blessures et les troubles
  • 4:14 - 4:16
    d'une manière totalement nouvelle
  • 4:16 - 4:20
    en exploitant la capacité
    du cerveau à se recâbler ?
  • 4:22 - 4:23
    Voici une illustration :
  • 4:23 - 4:25
    regardons l'évolution
    des soins de la dépression.
  • 4:25 - 4:27
    Depuis 1952,
  • 4:27 - 4:31
    les scientifiques et les médecins
    traitent la dépression
  • 4:31 - 4:33
    comme un problème de matériel fixe
  • 4:33 - 4:37
    qui survient avec des carences
    des neurotransmetteurs du bonheur
  • 4:37 - 4:41
    comme la sérotonine, la dopamine
    ou la norépinephrine.
  • 4:41 - 4:43
    Dans cet esprit, il est parfaitement censé
  • 4:43 - 4:47
    de découvrir et de développer
    des médicaments
  • 4:47 - 4:50
    qui augmentent le niveau
    de ces neurotransmetteurs.
  • 4:50 - 4:55
    Inhibiteurs de monoamine oxydase, ISRS,
    tricycliques, il y en a des centaines.
  • 4:55 - 4:58
    Mais tous fonctionnent
    sur le même principe.
  • 4:59 - 5:01
    Ce sont des joyaux de la médecine moderne.
  • 5:01 - 5:03
    Avec des antidépresseurs,
  • 5:03 - 5:07
    on constate que deux tiers des personnes
    ressentent un soulagement des symptômes.
  • 5:08 - 5:13
    Cela signifie qu’il reste 1,5 million
    de personnes rien qu’aux États-Unis
  • 5:13 - 5:16
    qui éprouvent des difficultés
    à prendre plaisir à vivre,
  • 5:16 - 5:20
    qui deviennent déconnectées
    de leurs amis et de leur famille.
  • 5:20 - 5:23
    C’est une maladie horrible
    et incapacitante.
  • 5:24 - 5:28
    Quel serait leur avenir si nous pouvions,
    qu’est-ce qui deviendrait possible,
  • 5:28 - 5:33
    si nous abordions le problème
    de la perspective de la neuroplasticité ?
  • 5:33 - 5:37
    Actuellement, nous sommes en train
    de découvrir des zones du cerveau
  • 5:37 - 5:39
    qui montrent des activations différentes
  • 5:39 - 5:43
    chez les patients déprimés
    de celles des patients sains.
  • 5:43 - 5:47
    Par exemple, si nous observons que la zone
    dorsolatérale du cortex préfrontal
  • 5:47 - 5:48
    d’un patient dépressif
  • 5:48 - 5:51
    est moins active
    que dans d’autres cerveaux,
  • 5:51 - 5:57
    nous appliquons sur le scalp un appareil
    qui émet des courants électromagnétiques
  • 5:57 - 6:01
    pour déclencher de nouvelles
    connexions dans ces zones.
  • 6:01 - 6:04
    Quand des régions sont moins
    actives que la normale,
  • 6:04 - 6:05
    une pulsation les stimule,
  • 6:05 - 6:08
    nous faisons notre possible
    durant plusieurs séances
  • 6:08 - 6:10
    pour tenter de réguler l’activité.
  • 6:10 - 6:15
    Nous essayons de pousser le cerveau
    à retrouver un comportement normal,
  • 6:15 - 6:17
    une région à la fois.
  • 6:19 - 6:22
    La technologie est encore récente
  • 6:22 - 6:24
    mais le travail de pionnier
    du Dr Jonathan Downer
  • 6:24 - 6:26
    à l’université de Toronto
  • 6:26 - 6:29
    montre un taux de rémission de 33%
  • 6:29 - 6:32
    des dépressions
    réfractaires aux traitements,
  • 6:32 - 6:34
    c’est-à-dire chez des patients
  • 6:34 - 6:38
    pour qui les traitements antidépresseurs
    n’apportent aucun soulagement
  • 6:38 - 6:41
    et pour lesquels
    il n’y a plus de solution.
  • 6:42 - 6:45
    L'idée de la neuroplasticité
    a ceci de merveilleux
  • 6:45 - 6:50
    qu’elle diffère des médicaments
    très spécifiques au niveau moléculaire
  • 6:50 - 6:52
    administrés finalement si simplement,
  • 6:52 - 6:57
    qui affectent d’autres parties du corps
    de manière non intentionnelle.
  • 6:57 - 6:59
    Il y a une longue liste
    d’effets indésirables
  • 6:59 - 7:01
    qu’on nous serine à toute vitesse
  • 7:01 - 7:03
    à la fin des spots publicitaires.
  • 7:03 - 7:06
    Toutefois, l’approche
    de la neuroplasticité est différente.
  • 7:06 - 7:09
    On cible des zones étendues
    de votre cerveau
  • 7:09 - 7:12
    mais on laisse le reste
    de votre organisme intact.
  • 7:14 - 7:19
    Une révolution médicale
    personnalisée est en cours.
  • 7:19 - 7:21
    On peut séquencer son génome,
  • 7:21 - 7:23
    faire une analyse SNP
    pour 100 à 200 dollars.
  • 7:24 - 7:27
    La neuroplasticité s’inscrit
    dans cette démarche car nos appareils
  • 7:27 - 7:31
    peuvent être conçus selon
    les besoins spécifiques des individus.
  • 7:31 - 7:34
    On peut donner une impulsion
    précisément calibrée pour John,
  • 7:34 - 7:38
    tout comme on peut cibler une région
    précise du cerveau chez Jenny.
  • 7:39 - 7:43
    Cela requiert une grande flexibilité
    pour gérer le fait
  • 7:43 - 7:45
    que nous sommes aussi différents
    les uns des autres
  • 7:45 - 7:47
    à l’intérieur de nos corps,
  • 7:47 - 7:49
    peut-être même davantage,
    que nos apparences.
  • 7:49 - 7:53
    N’importe quel mécanisme thérapeutique
    devrait prendre ça en compte.
  • 7:55 - 7:58
    En somme, la science-fiction
    est en train de nous rattraper.
  • 7:58 - 8:00
    Nous sommes à l'orée
  • 8:00 - 8:03
    de devenir capables de recâbler
    notre cerveau de manière non invasive
  • 8:03 - 8:06
    pour alléger certains types
    de troubles mentaux.
  • 8:07 - 8:10
    Certes, un débat a lieu évidemment
    dans les ouvrages théoriques :
  • 8:10 - 8:12
    quelles sont les bonnes
    intensité et modulation ?
  • 8:12 - 8:13
    Quelle est la cible ?
  • 8:13 - 8:14
    Mais peu importe.
  • 8:14 - 8:17
    On y est presque et les possibilités
    sont impressionnantes.
  • 8:17 - 8:21
    Quand nous aurons franchi le pas,
    la question suivante sera celle-ci :
  • 8:21 - 8:25
    si nous pouvons recâbler
    nos cerveaux avec ces appareils,
  • 8:25 - 8:29
    serait-il possible d'aider notre cerveau
    à se recâbler lui-même
  • 8:29 - 8:32
    au moyen de nos propres pensées ?
  • 8:32 - 8:34
    Je suis conscient que ça peut paraître fou
  • 8:34 - 8:37
    mais c'est le principe du phénomène
    de rétroaction neurologique en temps réel.
  • 8:38 - 8:39
    Comment faisons-nous ça ?
  • 8:39 - 8:41
    Prenons l'exemple de l'addiction.
  • 8:41 - 8:46
    Nous montrons des images de cocaïne
    à une personne dépendante de la cocaïne
  • 8:46 - 8:48
    pour attiser leurs circuits
    touchés par le manque.
  • 8:48 - 8:50
    Ce sont des toxicomanes.
  • 8:51 - 8:53
    On leur montre ensuite en temps réel
  • 8:53 - 8:55
    l'activité de leur cerveau.
  • 8:55 - 8:58
    Comment agit le manque sur le cerveau ?
  • 8:58 - 9:02
    Le principe est de demander aux personnes
    de passer en revue leur paysage mental
  • 9:02 - 9:06
    et faire ce qui est nécessaire,
    quoi que ce soit, pour réduire la barre.
  • 9:06 - 9:10
    En d'autres mots, nous exploitons
    tous les moyens conscients de contrôle
  • 9:10 - 9:13
    et les moyens de contrôle inconscients
  • 9:13 - 9:18
    à disposition dans notre cerveau
    pour le recâbler judicieusement,
  • 9:18 - 9:20
    au bon moment,
  • 9:20 - 9:22
    à l'aide de retours sur votre biologie.
  • 9:23 - 9:28
    Cela a des implications
    pour le système judiciaire,
  • 9:28 - 9:29
    car nous sommes parvenus à un point
  • 9:29 - 9:32
    où notre neurochimie
    est devenue très bonne.
  • 9:32 - 9:35
    Nous pouvons administrer
    différents types de médicaments
  • 9:35 - 9:37
    pour modifier les états mentaux.
  • 9:37 - 9:39
    Dans un cas précis,
  • 9:39 - 9:40
    en tant que gouvernement,
  • 9:40 - 9:45
    nous sommes en train de désarmer
    les criminels avec des médicaments.
  • 9:45 - 9:48
    On pourrait croire à une annonce
    tirée du livre « 1984 »,
  • 9:48 - 9:50
    mais ce sont les faits.
  • 9:50 - 9:52
    En Californie et beaucoup d'autres États,
  • 9:52 - 9:55
    on ordonne ce qui est appelé
    la castration chimique
  • 9:55 - 9:57
    aux criminels sexuels récidivistes.
  • 9:57 - 10:01
    Ils sont obligés de prendre
    de l'acétate de médroxyprogestérone
  • 10:01 - 10:03
    pour réduire leur libido,
    et c'est très efficace.
  • 10:04 - 10:06
    Je ne suis pas ici pour débattre
    de l'éthique de cette mesure,
  • 10:06 - 10:09
    mais je pense que si on réfléchit
    à des manières nouvelles
  • 10:09 - 10:11
    de rééduquer les criminels,
  • 10:11 - 10:13
    au lieu de les entasser dans des prisons,
  • 10:13 - 10:15
    la neuroplasticité offre
    un choix intéressant.
  • 10:15 - 10:16
    Au lieu de dire :
  • 10:16 - 10:19
    « Vous prenez ce médicament
    ou vous ne sortez pas d'ici »,
  • 10:19 - 10:20
    on se demanderait
  • 10:20 - 10:25
    s'il y a une possibilité que la personne
    soit recâblée ou le fasse elle-même.
  • 10:26 - 10:31
    Au-delà des déficits,
    et si au lieu de traiter les manquements,
  • 10:31 - 10:35
    on utilisait cet outil pour améliorer
    le contrôle de nos propres impulsions ?
  • 10:35 - 10:39
    Je ne sais pas trop
    lequel je veux manger...
  • 10:39 - 10:40
    (Rires)
  • 10:40 - 10:44
    Nous pourrions utiliser la plasticité
    intelligente de notre cerveau
  • 10:44 - 10:48
    pour moduler et améliorer
    notre prise de décision à long terme,
  • 10:48 - 10:52
    notre concentration,
    le contrôle de nos impulsions.
  • 10:52 - 10:56
    Et si nous allions à la salle de sport
    de retour sur notre biologie mentale
  • 10:56 - 11:00
    comme nous allons à la salle de sport,
    pour soulager nos troubles de comportement
  • 11:00 - 11:03
    aussi vigoureusement que lorsque
    nous soulevons des haltères de 20 kg.
  • 11:05 - 11:07
    C'est une idée merveilleuse.
  • 11:07 - 11:12
    J'aimerais vous parler d'une autre
    application de la neuroplasticité.
  • 11:12 - 11:15
    Mais avant cela, nous allons faire
    une petite expérience.
  • 11:15 - 11:17
    Regardez sous votre siège.
  • 11:17 - 11:22
    Certains trouveront
    des bouchons d'oreilles comme ceux-ci.
  • 11:22 - 11:25
    Certains d'entre vous
    les ont volés avant la pause.
  • 11:25 - 11:26
    (Rires)
  • 11:26 - 11:27
    Je le sais.
  • 11:27 - 11:28
    Prenez-les.
  • 11:28 - 11:29
    Bien.
  • 11:29 - 11:31
    Commençons l'expérience.
  • 11:31 - 11:34
    Ceux qui ont des bouchons
    vont prendre la parole
  • 11:34 - 11:37
    et ceux qui n'en ont pas vont les écouter.
  • 11:37 - 11:39
    OK ? Vous êtes prêts ?
  • 11:39 - 11:42
    Je vous présente mon amie, Mimi.
  • 11:43 - 11:47
    Mimi a sept mois et elle adore parler.
  • 11:48 - 11:50
    Quand j'appuierai sur lecture,
  • 11:50 - 11:54
    ceux qui parlent
    doivent imiter ce que Mimi dit.
  • 11:54 - 11:58
    Ceux qui écoutent, vous devez
    écouter leur performance.
  • 11:59 - 12:01
    Bon, mettez vos bouchons, s'il vous plaît.
  • 12:01 - 12:04
    Ceux qui nous écoutent à la maison,
  • 12:04 - 12:06
    bouchez-vous les oreilles
  • 12:06 - 12:09
    et voyez si vous y arrivez.
  • 12:13 - 12:16
    (Babillage)
  • 12:22 - 12:24
    [Retirez les bouchons d'oreilles]
  • 12:25 - 12:28
    Ceux qui ont écouté,
    quel est le résultat ?
  • 12:28 - 12:29
    (Rires)
  • 12:29 - 12:32
    OK, c'est assez mauvais.
  • 12:32 - 12:35
    Je vous ai piégés sur ce coup-là
  • 12:35 - 12:39
    car lire sur les lèvres
    est déjà très difficile.
  • 12:39 - 12:44
    Mais lire les lèvres d'un bébé,
    et vous ne l'aviez pas remarqué,
  • 12:44 - 12:47
    qui peut babiller
    sans que sa bouche ne bouge
  • 12:47 - 12:50
    ou qui va parler avec un jouet en bouche,
  • 12:50 - 12:53
    c'est vraiment très compliqué.
  • 12:53 - 12:55
    C'est plus compliqué
    que les neurosciences.
  • 12:55 - 12:56
    (Rires)
  • 12:57 - 13:01
    Imaginez que Mimi est votre enfant
  • 13:01 - 13:03
    et que cette réalité est votre quotidien.
  • 13:04 - 13:06
    C'est le quotidien des parents sourds
  • 13:06 - 13:10
    et de 90% de leurs enfants
    qui sont entendants.
  • 13:11 - 13:14
    Cela crée de véritables schismes
    dans les familles
  • 13:14 - 13:18
    car les parents sont incapables
    d'engager un babillage traditionnel.
  • 13:19 - 13:21
    Or il est devenu évident que le babillage
  • 13:21 - 13:27
    n'est pas un émerveillement mignon
    ou énervant des parents
  • 13:27 - 13:32
    mais qu'il s'agit d'un moyen
    développé par la nature
  • 13:32 - 13:35
    pour apprendre à parler
    et promouvoir les liens.
  • 13:37 - 13:41
    Imaginez combien la disparition
    de ce moyen serait problématique.
  • 13:42 - 13:48
    La question que le Dr Arianna Anderson
    et moi nous sommes posée est celle-ci :
  • 13:48 - 13:51
    quand on ne peut pas entendre
    la vocalisation d’un enfant avec l’ouïe,
  • 13:51 - 13:53
    quelles sont les autres options ?
  • 13:54 - 13:58
    Quand on scanne le cerveau
    d’une population,
  • 13:58 - 14:01
    on constate qu’il y a
    des zones spécifiques du cortex
  • 14:01 - 14:05
    qui sont dévolues au traitement
    de certains modes sensoriels précis.
  • 14:05 - 14:10
    Par exemple, ce matin, pendant la visite
    TEDx du centre Staglin de l’UCLA,
  • 14:10 - 14:13
    on a vu qu’une zone très précise
    du cerveau de Stéphanie
  • 14:13 - 14:16
    s’illumine quand elle traite
    des informations visuelles.
  • 14:17 - 14:18
    Indépendamment de ça,
  • 14:18 - 14:22
    une région du cerveau complètement
    distincte réagit au toucher.
  • 14:23 - 14:25
    C'est à partir de maintenant
    que ça devient intéressant.
  • 14:25 - 14:30
    Quand on scanne le cerveau de personnes
    aveugles en train de lire du braille,
  • 14:30 - 14:33
    il n'y a pas que les zones
    du toucher qui sont actives.
  • 14:33 - 14:37
    Les zones de la vue le sont aussi.
  • 14:37 - 14:42
    De même avec les personnes sourdes,
  • 14:42 - 14:44
    quand ils communiquent
    en langue des signes,
  • 14:44 - 14:48
    la vue des gestes n'active pas uniquement
    les zones visuelles de leur cerveau.
  • 14:48 - 14:52
    Leur cortex auditif est actif aussi.
  • 14:52 - 14:56
    Le cerveau n'a pas simplement
    une plasticité aléatoire,
  • 14:56 - 14:58
    c'est une plasticité intelligente.
  • 14:58 - 15:04
    Il semble se recâbler lui-même
    pour maximiser et traiter
  • 15:04 - 15:09
    autant d'informations que possible
    venant du monde extérieur.
  • 15:09 - 15:15
    Le cerveau apprend à voir le braille
    et à entendre la langue des signes.
  • 15:16 - 15:19
    On appelle cela
    la substitution sensorielle.
  • 15:19 - 15:25
    Le principe que Paul Bach-y-Rita
    et David Eagleman exploitent
  • 15:25 - 15:29
    est que le cerveau peut absorber
    des informations d'un sens perdu,
  • 15:29 - 15:32
    le traduire dans un autre mode sensoriel
  • 15:32 - 15:34
    et le rendre de cette manière.
  • 15:34 - 15:38
    Étonnamment, le cerveau arrive à faire ça
    car il est capable de plasticité.
  • 15:39 - 15:41
    Nous avons repris cette idée
  • 15:41 - 15:44
    pour la faire progresser
    en développant une application
  • 15:44 - 15:47
    grâce à un petit financement de l'UCLA,
    appelée « Chatter Baby ».
  • 15:47 - 15:48
    Chatter Baby agit comme ceci :
  • 15:48 - 15:53
    Il transforme une information auditive
    en information visuelle.
  • 15:53 - 15:55
    En somme, il fait
    une substitution sensorielle.
  • 15:55 - 15:59
    Le babillage de Mimi prend vie
    sous une forme visuelle.
  • 15:59 - 16:02
    On ne rate plus rien.
  • 16:03 - 16:06
    Même si ses lèvres restent immobiles,
    on peut voir qu'elle babille.
  • 16:06 - 16:10
    Les parents sourds
    peuvent utiliser cet outil
  • 16:11 - 16:14
    pour apprendre le babillage de leur enfant
  • 16:14 - 16:18
    et créer des liens aussi profonds
    que possible avec lui.
  • 16:18 - 16:23
    Nous pensons qu’à partir du moment
    où ils maîtriseront cet outil,
  • 16:23 - 16:28
    ils pourront entendre
    leur enfant avec leur vue.
  • 16:30 - 16:35
    C’est une importante application
    de la neuroplasticité.
  • 16:37 - 16:40
    Ceci démontre qu’il ne s’agit pas
    simplement d’un outil sympa
  • 16:40 - 16:43
    pour convertir des informations
    auditives en visuelles.
  • 16:43 - 16:46
    Au contraire, la plasticité
    du traitement des sensations
  • 16:46 - 16:50
    est capable de créer des liens
    entre les parents sourds et leur bébé.
  • 16:50 - 16:52
    C’est ça, le pouvoir de la plasticité.
  • 16:54 - 16:56
    Ce n'est qu'une partie de notre combat.
  • 16:56 - 16:58
    La déconnexion atteint
    aussi les parents sourds
  • 16:58 - 17:02
    quand ils ne sont pas
    dans la même pièce que leurs enfants
  • 17:02 - 17:05
    car ils ne peuvent pas savoir
    quelle est leur humeur.
  • 17:05 - 17:10
    Les meilleurs babyphones du marché
    évaluent s'il y a du son ou pas.
  • 17:10 - 17:13
    Cela ne m'informe pas
    sur ce qui m'importe.
  • 17:13 - 17:16
    Cela ne me dit pas si mon enfant
    est heureux et satisfait.
  • 17:16 - 17:18
    Ou s'il a faim.
  • 17:18 - 17:19
    Ou s'il pleure.
  • 17:19 - 17:22
    Ou s'il se passe quelque chose
    que je dois gérer sur place.
  • 17:22 - 17:26
    Mais un parent sourd va continuellement
    s'inquiéter s'il y a du bruit ou pas.
  • 17:27 - 17:29
    Chatter Baby remplit donc
    une autre fonction :
  • 17:29 - 17:34
    on collecte la plus grande base de données
    au monde de sons produits par les bébés.
  • 17:34 - 17:36
    On applique ensuite
    des mathématiques complexes
  • 17:36 - 17:40
    pour analyser les sons
    et prédire l'humeur de l'enfant.
  • 17:40 - 17:42
    Là, il a vraiment faim.
  • 17:43 - 17:45
    (Applaudissements)
  • 17:52 - 17:56
    En utilisant la neuroplasticité,
    nous pourrons faire évoluer grandement
  • 17:56 - 17:59
    la manière dont les parents sourds
    communiquent avec leurs enfants.
  • 18:01 - 18:08
    J'ai évoqué comment traiter
    la dépression, les dépendances
  • 18:08 - 18:11
    et les handicaps sensoriels
    à l'aide de la neuroplasticité.
  • 18:12 - 18:14
    Mais ce n'est que le début.
  • 18:14 - 18:15
    Nous nous intéressons à d'autres maladies
  • 18:15 - 18:19
    pour lesquelles la neuroplasticité
    ne vient pas à l'esprit :
  • 18:19 - 18:21
    Alzheimer, Parkinson ou les AVC.
  • 18:21 - 18:24
    Nous en sommes à nos premiers pas
    de ce que j'appelle le neurohacking.
  • 18:24 - 18:29
    Neurohacking ne signifie en rien
    que la recherche est insuffisante.
  • 18:29 - 18:31
    Il s'agit de principes très bien étudiés
  • 18:31 - 18:34
    et la littérature qui en étaye
    les mécanismes est abondante.
  • 18:34 - 18:39
    Toutefois, nous ne cherchons pas à régler
    tous les petits détails de ces problèmes.
  • 18:39 - 18:42
    Nous ne cherchons pas à modifier
    toutes les cascades biochimiques
  • 18:42 - 18:44
    qui surviennent dans le cerveau.
  • 18:44 - 18:46
    C'est pourtant le fond du problème.
  • 18:46 - 18:50
    Il y a des milliards de milliards
    de connexions dans le cerveau
  • 18:50 - 18:52
    et chacune d'entre elles
    ressemble à une ville
  • 18:52 - 18:54
    traversée par des milliers
    de cascades chimiques.
  • 18:54 - 18:56
    Ce problème est si compliqué !
  • 18:57 - 19:01
    Au lieu de ça, je pense qu'une des plus
    grandes avancées des neurosciences
  • 19:01 - 19:05
    et de tout ce que nous faisons,
    réside dans l'exploitation
  • 19:05 - 19:09
    de cette qualité incroyable
    de notre cerveau, qui vous est propre,
  • 19:09 - 19:11
    à se recâbler et réaffecter l'usage
    de certaines régions
  • 19:11 - 19:13
    sur la base de ses besoins.
  • 19:13 - 19:17
    Si on prend un peu de recul
    par rapport aux neurosciences,
  • 19:17 - 19:19
    la question que je me pose est :
  • 19:19 - 19:22
    n'avez-vous jamais attendu de comprendre
  • 19:22 - 19:24
    un problème en détail
    et dans toutes ses nuances,
  • 19:24 - 19:28
    avant de décider
    de le résoudre et de changer ?
  • 19:29 - 19:33
    Quand on veut obtenir
    un changement social à Los Angeles,
  • 19:33 - 19:34
    où vivent 6 millions d'habitants,
  • 19:34 - 19:37
    sans doute que plusieurs millions
    ne seront pas motivés
  • 19:37 - 19:39
    et ne vous aideront pas.
  • 19:39 - 19:43
    Mais si vous vous concentrez sur ce qui
    est défaillant et ne fonctionne pas,
  • 19:43 - 19:47
    tirez peut-être une leçon
    du neurohacking :
  • 19:47 - 19:50
    exploitez ce qui fonctionne
    et obtenez des résultats.
  • 19:50 - 19:51
    Merci.
  • 19:51 - 19:53
    (Applaudissements)
Title:
Neurohacking : recâbler son cerveau | Don Vaughn | TEDxUCLA
Description:

Nous connaissons et utilisons tous des astuces, des trucs et des ficelles pour nous rendre la vie plus facile. Mais avez-vous déjà entendu parler des « ficelles du cerveau » ? Don Vaughn nous dévoile une nouvelle renversante sur les pouvoirs extraordinaires du cerveau humain.

Don Vaughn est doctorant à l'Université de Californie et DJ.

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus : http://ted.com/tedx

more » « less
Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
20:02

French subtitles

Revisions