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Réparons l'information | Anne-Sophie Novel | TEDxLaRochelle

  • 0:23 - 0:25
    Sur la photo-là, c'est moi.
  • 0:27 - 0:28
    Je fais les marchés.
  • 0:29 - 0:33
    Je suis
    une petite productrice d'informations.
  • 0:34 - 0:36
    J'essaye de vendre du bio
    pour les canards.
  • 0:40 - 0:42
    Certains pensent que ce sont des salades.
  • 0:42 - 0:45
    D'autres, des feuilles de choux.
  • 0:46 - 0:49
    Les médias les dégoûtent,
    alors je les écoute.
  • 0:50 - 0:53
    Je leur montre qu'on peut faire
    des bonnes affaires.
  • 0:53 - 0:56
    Je leur explique qu'on peut trouver
    l'élixir anti-fake news.
  • 0:57 - 0:59
    J'ai trouvé du Poivre d'Arvor.
  • 1:00 - 1:04
    Cet été, j'avais même des « Baies Nala ».
  • 1:04 - 1:05
    C'est dire.
  • 1:06 - 1:11
    À 13h, des fois, on débouche
    le Jean-Pierre Pernaut Ricard.
  • 1:12 - 1:15
    Un jour,
    il y en a un qui s'est approché
  • 1:15 - 1:19
    et il m'a dit que ça valait pas
    un radis, mes torchons.
  • 1:20 - 1:22
    Alors, il a peut-être raison.
  • 1:23 - 1:26
    Parce qu'en fait, depuis plusieurs mois,
    je suis dans le flou.
  • 1:27 - 1:31
    J'ai vécu une aventure éditoriale
    en début d'année qui s'est bien plantée.
  • 1:32 - 1:36
    Un fiasco, qui, en 11 mois,
    a réduit à néant
  • 1:36 - 1:39
    un rêve que certains
    nourrissaient depuis 10 ans.
  • 1:40 - 1:42
    Alors je n'y peux rien :
    c'était un pari fou.
  • 1:42 - 1:48
    Créer un hebdomadaire papier
    de 100 pages, sans publicité,
  • 1:48 - 1:51
    pour essayer de réconcilier
    le grand public avec l'information.
  • 1:52 - 1:55
    Le problème,
    c'est que la violence de cette aventure
  • 1:55 - 1:58
    m'a ébranlée dans le plus profond
    de mes convictions.
  • 1:58 - 2:03
    Cela n'a fait qu'alimenter l'idée selon
    laquelle on peut mettre tous les médias
  • 2:03 - 2:04
    dans le même sac.
  • 2:06 - 2:09
    Où est ma place aujourd'hui ?
  • 2:09 - 2:12
    Quelle valeur a l'information ?
  • 2:13 - 2:16
    Dois-je continuer à en produire ?
  • 2:18 - 2:24
    Alors, je vous rassure, avec le temps,
    quand on se plante, on pousse.
  • 2:27 - 2:29
    J'ai été voir
    des confrères et des consoeurs
  • 2:29 - 2:32
    des consommateurs d'informations
    aussi en France et ailleurs.
  • 2:32 - 2:34
    J'ai mené une petite enquête.
  • 2:34 - 2:36
    Et je suis revenue
    avec d'autres convictions.
  • 2:37 - 2:42
    En fait pour moi, bien s'informer,
    c'est comme bien manger.
  • 2:42 - 2:44
    Il y en a qui font pas gaffe,
    ils s'en foutent.
  • 2:44 - 2:45
    Ils ont peur de manquer.
  • 2:45 - 2:48
    Ils souffrent d'infobésité :
  • 2:48 - 2:53
    on stimule leur attention
    avec des notifications,
  • 2:53 - 2:58
    des alertes, des « sweet stories »,
    des choses sensationnelles.
  • 2:58 - 2:59
    Ils aiment ça.
  • 3:00 - 3:02
    D'autres, au contraire -
    c'est souvent les femmes -
  • 3:02 - 3:05
    elles souffrent de médianorexie.
  • 3:05 - 3:07
    L'information, c'est le mal,
    ça rend malade.
  • 3:07 - 3:09
    Il faut s'en méfier.
  • 3:09 - 3:13
    Alors elles choisissent avec parcimonie
    ce qu'elles vont se mettre dans la tête.
  • 3:15 - 3:20
    Mais je crois que ce qui m'inquiète
    le plus, c'est la crise de foi.
  • 3:22 - 3:23
    La crise de foi, en fait,
  • 3:23 - 3:27
    c'est même le trouble informationnel
    le plus répandu aujourd'hui.
  • 3:27 - 3:32
    On ne sait plus où est le vrai, où est
    le faux, quelles sont nos croyances.
  • 3:33 - 3:35
    Aujourd'hui, c'est quoi une société
    qui ne croit plus ?
  • 3:36 - 3:39
    Vous savez, une société de post-vérité,
  • 3:39 - 3:42
    où tout ce qui ne nous plaît pas
    peut être qualifié de fake news,
  • 3:43 - 3:48
    une société dans laquelle la vérité
    de chacun se bâtit sur une croyance
  • 3:48 - 3:52
    qu'on a juste été vérifier en un clic
    sur Internet.
  • 3:52 - 3:57
    En réalité, aujourd'hui, la surabondance
    de news et d'informations
  • 3:57 - 3:59
    nous donne une sensation de foisonnement.
  • 4:00 - 4:02
    Mais cela ne nous nourrit pas.
  • 4:02 - 4:06
    En France, deux tiers de l'information
    est une reprise,
  • 4:06 - 4:08
    un copier-coller de dépêches AFP.
  • 4:09 - 4:15
    La gratuité crée une diversité mais
    cela crée aussi du vide et du faux.
  • 4:16 - 4:19
    En fait, produite à la va-vite,
    l'information est une junk news.
  • 4:19 - 4:23
    Vous savez, on l'avale machinalement,
    elle est fade et sans goût
  • 4:23 - 4:27
    ou alors trop sucrée, ou trop grasse,
    pour être vraie.
  • 4:28 - 4:30
    Et le pire, c'est qu'on le sait.
  • 4:30 - 4:33
    Vous savez, vous avez l'impression
    d'être au courant.
  • 4:33 - 4:35
    Mais on n'est pas informé.
  • 4:35 - 4:38
    Et quand on s'informe, on est mal informé.
  • 4:39 - 4:41
    Vous voyez le tableau ?
  • 4:41 - 4:44
    Je devrais dire la nature morte, parce
    que, vu l'état du secteur aujourd'hui,
  • 4:44 - 4:46
    ce n'est pas très glorieux.
  • 4:47 - 4:49
    Alors c'est la faute à qui, tout ça ?
  • 4:50 - 4:51
    Je vous le demande.
  • 4:53 - 4:54
    Aux nouveaux chiens de garde ?
  • 4:54 - 4:58
    À ces journalistes qui sont à la botte
    des actionnaires, des industriels ?
  • 4:58 - 5:01
    Des Bolloré ? Drahi ? Lagardère ?
  • 5:01 - 5:04
    Kretinsky, récemment c'est ça ?
    il va racheter Le Monde.
  • 5:05 - 5:08
    C'est eux ? C'est eux le fautifs
    qui font partie des élites
  • 5:08 - 5:10
    et qui côtoient ces cercles ?
  • 5:10 - 5:12
    Mais je ne vous parle même pas
    de Google, Amazon, Facebook,
  • 5:12 - 5:15
    Whatsapp, récemment au Brésil.
  • 5:15 - 5:18
    Eux, depuis le plus jeune âge,
    ils nous biberonnent
  • 5:18 - 5:22
    à coup de clics, d'algorithmes,
    ils nous enferment dans un système.
  • 5:23 - 5:25
    Et quand on est journaliste, on trinque.
  • 5:25 - 5:28
    Parce que ces réseaux sociaux
    captent des revenus publicitaires
  • 5:28 - 5:32
    mais en plus ils décident ou non
    de vous faire parvenir notre information.
  • 5:32 - 5:35
    N'importe qui aujourd'hui peut devenir
    une micro-célébrité.
  • 5:36 - 5:37
    Un influenceur.
  • 5:38 - 5:41
    Le problème, c'est qu'on baigne
    dans un bain de commentaires,
  • 5:41 - 5:46
    de likes, de gifs animés, de vidéos,
    de faits alternatifs.
  • 5:47 - 5:49
    Le problème, c'est qu'on est aussi
  • 5:49 - 5:52
    comme dans les rayons
    d'un grand supermarché de l'information.
  • 5:54 - 6:00
    On est complètement perdu, lobotomisé,
    zombifié disent certains.
  • 6:01 - 6:04
    Alors si comme moi
    vous avez envie de dire stop,
  • 6:04 - 6:06
    parce que moi j'ai envie de dire stop,
  • 6:06 - 6:07
    je vous propose quelque chose.
  • 6:07 - 6:11
    Je vous propose que l'on se penche
    sur la nature de l'information,
  • 6:11 - 6:14
    sur la qualité de ce qu'on utilise
    pour se vider la tête,
  • 6:14 - 6:17
    ou pire, pour se la remplir.
  • 6:17 - 6:20
    En fait, sur la qualité de l'information,
  • 6:20 - 6:24
    ça veut dire qu'on va s'intéresser
    à la manière dont on va la penser,
  • 6:24 - 6:26
    à la manière dont on peut
    la co-créer ensemble,
  • 6:26 - 6:29
    mais surtout la consommer en conscience.
  • 6:29 - 6:33
    Je suis persuadée qu'une bonne information
    peut changer le monde.
  • 6:34 - 6:36
    Et la mauvaise information
    le change déjà aussi.
  • 6:38 - 6:40
    Pour cela, je vais vous donner
    quelques exemples.
  • 6:41 - 6:43
    Je vais vous parler des pesticides.
  • 6:43 - 6:46
    En Gironde, d'où je viens,
    c'est le pire département de France.
  • 6:46 - 6:49
    C'est Martin Boudot qui le dit
    dans une enquête
  • 6:49 - 6:53
    qu'il a réalisée pour
    Cash Investigation en février 2016.
  • 6:53 - 6:56
    Ce soir-là, vous étiez peut-être
    comme moi devant la télé.
  • 6:56 - 7:00
    Moi, j'étais dans mon canapé, j'avais
    aussi mon ordinateur sur les genoux.
  • 7:00 - 7:03
    Et j'avais entre les mains
    le livre de l'enquête
  • 7:03 - 7:06
    qu'on m'avait fait parvenir
    par service de presse.
  • 7:06 - 7:09
    Je commence à regarder,
    et je suis sidérée.
  • 7:09 - 7:12
    On apprend que des épandages
    de produits phytosanitaires
  • 7:12 - 7:14
    sont effectués
    à côté des cours de récréation.
  • 7:15 - 7:19
    On a fait des tests
    sur les cheveux des enfants
  • 7:19 - 7:20
    des échantillons ont été envoyés
  • 7:20 - 7:24
    et on a constaté qu'il y avait
    des résidus de produits phytosanitaires.
  • 7:24 - 7:27
    Je feuillette le livre,
    je me dépêche d'aller jusqu'à la fin
  • 7:27 - 7:29
    et là, je crains le pire.
  • 7:30 - 7:33
    Je crains le pire parce que j'ai la
    sensation que l'émission va se terminer,
  • 7:33 - 7:37
    qu'on va tous éteindre notre télé,
    qu'on va rester en colère
  • 7:37 - 7:43
    impuissants, sans doute avec un grand
    malaise et puis ça va s'arrêter là.
  • 7:43 - 7:46
    Les politiques vont y aller
    de leur déclaration,
  • 7:46 - 7:48
    les ONG rappeler qu'elles agissent,
  • 7:48 - 7:49
    on va en parler un peu, et puis quoi ?
  • 7:49 - 7:51
    Qu'est-ce qu'il va se passer ?
  • 7:51 - 7:54
    Alors, je me dépêche de pianoter
    sur mon ordinateur un petit article.
  • 7:55 - 7:59
    C'est pour mon blog de journaliste
    pour Le Monde.
  • 7:59 - 8:00
    Je l'intitule :
  • 8:00 - 8:03
    « Que faire après les révélations de
    Cash investigation sur les pesticides ? »
  • 8:03 - 8:07
    Dedans, j'explique que d'autres
    enquêtes ont déjà été faites,
  • 8:07 - 8:11
    des livres fabuleux expliquant le problème
    des pesticides en France et dans le monde.
  • 8:11 - 8:14
    J'explique également que des ONG et
    des associations proposent au quotidien
  • 8:14 - 8:18
    de s'engager à leurs côtés pour essayer
    de changer la donne.
  • 8:18 - 8:22
    Je montre qu'on peut s'alimenter
    différemment et agir au quotidien aussi
  • 8:22 - 8:24
    pour se passer
    de ces produits phytosanitaires.
  • 8:24 - 8:28
    Je me dépêche d'envoyer l'article
    aux équipes du Monde,
  • 8:28 - 8:29
    ils le mettent en une.
  • 8:29 - 8:32
    En quelques heures,
    ça a été lu 600 000 fois
  • 8:32 - 8:34
    et partagé 25 000 fois sur Facebook.
  • 8:34 - 8:36
    Pas grand-chose, mais c'est déjà beaucoup.
  • 8:36 - 8:39
    Et ce jour-là, j'ai l'impression
    d'avoir poursuivi
  • 8:39 - 8:43
    l'investigation de Cash investigation,
    mais surtout d'avoir fait mon boulot.
  • 8:43 - 8:44
    Je me sens alignée.
  • 8:44 - 8:47
    Cette approche, c'est celle
    qui m'anime chez Public Sénat,
  • 8:47 - 8:51
    ce qui m'a animée aussi au sein
    du Un hebdo pendant quatre ans.
  • 8:51 - 8:55
    Et en fait, je me dis que c'est bien,
    il faut dire les choses.
  • 8:55 - 8:58
    Mais vous plomber, vous laisser en plan,
    ça ne me convient pas.
  • 8:58 - 9:01
    J'ai envie de montrer aussi
    qu'il existe des plans B.
  • 9:02 - 9:04
    Je vais vous donner
    un autre exemple maintenant.
  • 9:05 - 9:08
    Je vais vous parler du Grand méchant loup.
  • 9:09 - 9:10
    Hé oui.
  • 9:10 - 9:13
    Le Grand méchant loup,
    quand on en parle dans les médias,
  • 9:13 - 9:18
    c'est souvent pour dire
    qu'il est aux portes de Paris.
  • 9:18 - 9:22
    Attention ! Il y a plein de brebis
    qui ont été tuées pendant la nuit.
  • 9:22 - 9:26
    Et puis je crois même qu'il y a un
    imaginaire un peu du Chaperon rouge
  • 9:26 - 9:29
    qui explique que, dans les maisons
    de retraite, on s'inquiète vraiment.
  • 9:30 - 9:31
    Vous voyez ?
  • 9:32 - 9:34
    C'est un peu caricatural mais
    c'est bien souvent comme ça,
  • 9:34 - 9:36
    et pour l'ours, c'est pareil.
  • 9:37 - 9:40
    Sauf qu'on peut en parler autrement
    de cette problématique,
  • 9:40 - 9:41
    c'est ça qui est intéressant.
  • 9:41 - 9:44
    Il y a quelques années, George Monbiot,
  • 9:44 - 9:47
    qui est un journaliste anglais
    pour le Guardian,
  • 9:47 - 9:50
    a fait un TED
    où il a parlé aussi de son histoire.
  • 9:50 - 9:53
    Il a été expliquer comment
    la réintroduction du loup
  • 9:53 - 9:54
    dans le parc de Yellowstone
  • 9:54 - 9:57
    a permis de rééquilibrer tout le système.
  • 9:57 - 9:59
    En fait, au parc de Yellowstone,
    ils avaient trop de cerfs.
  • 9:59 - 10:02
    Les cerfs, ça mange
    les arbres et la végétation.
  • 10:02 - 10:07
    En introduisant ce prédateur, le loup,
    il va manger quelques grands cervidés.
  • 10:07 - 10:10
    Du coup, la végétation
    s'est mise à repousser.
  • 10:10 - 10:12
    Que s'est-il passé ?
    Les castors étaient contents.
  • 10:12 - 10:15
    Ils ont recommencé à faire
    des barrages dans les rivières.
  • 10:15 - 10:19
    Grâce à ça, les canards, les poissons,
    les amphibiens, les reptiliens
  • 10:19 - 10:20
    ont pu venir se réintroduire.
  • 10:20 - 10:23
    Mais le loup, il a aussi chassé
    quelques coyotes.
  • 10:23 - 10:25
    Du coup,
    il y avait plus de souris et de lapins.
  • 10:25 - 10:29
    Ça a fait le délice des faucons,
    des belettes et des renards.
  • 10:30 - 10:32
    Et les carcasses que le loup laisse,
  • 10:32 - 10:34
    finalement, ça plaît aussi
    aux charognards.
  • 10:34 - 10:38
    Petit à petit, le parc de Yellowstone
    a retrouvé un équilibre naturel.
  • 10:38 - 10:43
    L'écosystème a retrouvé sa forme,
    et le loup a été ici utile.
  • 10:43 - 10:46
    Il n'était plus vu comme un grand
    prédateur dont il faut se méfier.
  • 10:47 - 10:48
    Je vais vous donner un autre exemple,
  • 10:48 - 10:50
    beaucoup plus proche.
  • 10:50 - 10:55
    Chez Nice Matin - on les appelle
    aussi souvent « Nice Menteur » -
  • 10:55 - 10:57
    (Elle rit.)
  • 10:57 - 10:59
    ils en avaient ras-le-bol en fait,
  • 10:59 - 11:01
    parce que dans le parc du Mercantour,
  • 11:01 - 11:04
    ils ont le parc Alpha avec plein de loups.
  • 11:04 - 11:06
    Ils en avaient vraiment marre
  • 11:06 - 11:10
    de traiter ce sujet avec ses polémiques
    et ses débats stériles,
  • 11:10 - 11:13
    donc ils ont passé la frontière,
    et ils ont été en Italie.
  • 11:13 - 11:17
    En Italie, ils ont aussi des loups,
    mais il n'y a pas les mêmes problèmes.
  • 11:17 - 11:18
    « Que se passe-t-il ? »
  • 11:18 - 11:21
    Ils ont donc été faire un reportage.
  • 11:21 - 11:25
    L'article fait un petit
    recadrage pédagogique
  • 11:25 - 11:27
    et à côté ils expliquent
    ce qu'ils ont observé.
  • 11:27 - 11:30
    En Italie, les troupeaux sont plus petits,
  • 11:30 - 11:33
    les éleveurs restent la nuit
    avec leur troupeau,
  • 11:33 - 11:37
    on utilise des lumières pour essayer
    d'effrayer les loups.
  • 11:37 - 11:39
    Et du coup, il n'y a pas les mêmes soucis.
  • 11:39 - 11:42
    Quand ils ont mis
    l'article en ligne, en 2016,
  • 11:42 - 11:45
    ça a été l'article le plus lu
    de l'année - mais vraiment.
  • 11:45 - 11:47
    Sur les réseaux sociaux aussi.
  • 11:47 - 11:49
    Ça s'est énormément partagé,
  • 11:49 - 11:52
    mais surtout, la qualité des commentaires
    en ligne n'avait rien à voir.
  • 11:52 - 11:55
    On n'était plus dans un débat stérile,
    on était dans un échange fertile
  • 11:55 - 11:58
    où les gens pouvaient
    échanger sur des solutions.
  • 11:58 - 12:02
    Le média avait montré qu'on
    pouvait faire différemment.
  • 12:02 - 12:04
    Et surtout, qu'il n'y avait pas
    de quoi crier au loup.
  • 12:04 - 12:05
    Hein ?
  • 12:06 - 12:09
    Donc en fait, des exemples comme ça,
    j'en ai ramené à la pelle.
  • 12:10 - 12:14
    À Seattle, le Seattle Times depuis
    quelques années a monté l'Education Lab,
  • 12:14 - 12:18
    pour montrer qu'on peut s'atteler
    à la question de l'éducation différemment.
  • 12:18 - 12:20
    J'ai été à Philadelphie,
  • 12:20 - 12:23
    j'ai montré que 19 rédactions
    travaillent ensemble actuellement
  • 12:23 - 12:26
    pour essayer
    de parler de la pauvreté autrement.
  • 12:27 - 12:30
    La BBC en Angleterre
    s'est attelée pendant un an
  • 12:30 - 12:34
    à parler autrement des questions
    d'insertion ou de pollution de l'air.
  • 12:34 - 12:36
    Il y a énormément d'exemples,
  • 12:36 - 12:40
    qui montrent qu'aujourd'hui, on peut
    envisager le journalisme autrement.
  • 12:41 - 12:44
    Alors là, ce que je vous dis,
    ça compte surtout pour des pays
  • 12:44 - 12:47
    dans lesquels informer n'est pas un délit.
  • 12:47 - 12:53
    Je ne vous parle pas de pays où on peut
    finir démembré dans un consulat
  • 12:53 - 12:56
    parce que ce qu'on dit ne plaît pas.
  • 12:57 - 12:59
    Vous voyez de qui je parle.
  • 13:00 - 13:05
    En fait, plus que jamais aujourd'hui,
    il faut mettre la plume dans la plaie.
  • 13:05 - 13:07
    Il faut aussi que nous, journalistes,
  • 13:07 - 13:12
    parlions de celles et ceux qui la
    pansent - avec un A - cette plaie.
  • 13:12 - 13:15
    Alors, forcément, parfois,
    il n'y a pas de solution.
  • 13:15 - 13:18
    Parfois la solution consiste
    juste à tuer le problème.
  • 13:18 - 13:23
    Parfois nous pouvons avec rigueur essayer
    d'aller investiguer un petit peu plus loin
  • 13:23 - 13:26
    et essayer de remettre
    du liant dans la société.
  • 13:27 - 13:31
    Parce que les journalistes sont
    un fil conducteur dans nos sociétés,
  • 13:31 - 13:35
    mais c'est un fil conducteur qui
    a rouillé et il nous faut le réparer.
  • 13:35 - 13:38
    On n'attend plus d'eux
    qu'ils fassent la pluie ou le beau temps.
  • 13:39 - 13:41
    On ne va pas non plus attendre d'eux
  • 13:41 - 13:43
    qu'ils ne fassent
    que les arbitres du réel,
  • 13:43 - 13:47
    à faire les « infox-terriers »
    et à aller traquer la fake news.
  • 13:47 - 13:49
    Parce qu'en fait, ça, on s'en fiche.
  • 13:49 - 13:52
    C'est important de dire
    qu'une chose est fausse,
  • 13:52 - 13:54
    mais on ne va pas aller
    contrer vos croyances,
  • 13:54 - 13:56
    on ne pourra rien faire contre ça.
  • 13:56 - 13:59
    Mais ils doivent
    retrouver une autre posture.
  • 14:00 - 14:05
    Et pour ça, vous,
    vous avez un rôle à jouer.
  • 14:06 - 14:08
    C'est comme pour l'alimentation :
  • 14:08 - 14:10
    il faut regarder les étiquettes.
  • 14:11 - 14:13
    Prenez le temps de réfléchir.
  • 14:13 - 14:15
    Qu'est-ce que vous lisez au quotidien ?
  • 14:16 - 14:18
    Qu'est-ce que vous regardez ?
  • 14:18 - 14:20
    Qu'est-ce que vous écoutez ?
  • 14:21 - 14:23
    Savez-vous qui possède ces media ?
  • 14:24 - 14:27
    Savez-vous quelles sont
    les intentions derrière ?
  • 14:27 - 14:30
    Vous avez la sensation d'être
    mal informé, mais pourquoi ?
  • 14:30 - 14:33
    Et comment pourriez-vous faire pour être
    informé autrement ?
  • 14:33 - 14:35
    Et surtout,
    n'hésitez pas à venir nous voir.
  • 14:35 - 14:37
    Nous sommes à portée de clic.
  • 14:37 - 14:39
    Moi en un tweet ou un message Facebook,
  • 14:39 - 14:42
    je suis contactable et joignable
    très aisément.
  • 14:42 - 14:45
    Nous avons les outils à disposition
    pour faire autrement aujourd'hui.
  • 14:46 - 14:49
    La bonne nouvelle, c'est que,
    comme pour l'alimentation,
  • 14:50 - 14:53
    avec des associations de maintien
    de l'agriculture paysanne -
  • 14:53 - 14:56
    ces systèmes qui permettent
    de consommer en circuit court
  • 14:56 - 15:00
    en mettant des consommateurs
    et des agriculteurs dans une association -
  • 15:00 - 15:03
    ces logiques-là existent
    pareil pour l'information.
  • 15:04 - 15:05
    On pourrait appeler ça
  • 15:05 - 15:08
    des associations de maintien
    d'une presse indépendante, d'ailleurs.
  • 15:08 - 15:11
    Alors, Mediapart,
    historiquement en France, bien sûr,
  • 15:11 - 15:14
    mais il y a aussi « Les Jours »,
    plus récemment ou Reporters,
  • 15:14 - 15:16
    ou d'autres structures
    qui font appel au crowdfunding
  • 15:16 - 15:21
    et qui permettent de défendre
    une information indépendante, de qualité,
  • 15:21 - 15:23
    et avec cette confiance qui est recréée,
  • 15:23 - 15:26
    vous pouvez aussi avoir
    le pouvoir de changer la donne.
  • 15:26 - 15:30
    Alors aujourd'hui, le message
    que je veux vous transmettre,
  • 15:30 - 15:32
    c'est que le journaliste
    peut changer de posture.
  • 15:32 - 15:37
    Il doit éclairer l'avenir, il doit prendre
    la mesure de son impact.
  • 15:38 - 15:43
    C'est à ce prix-là qu'il pourra passer
    d'un imaginaire de média-menteur
  • 15:43 - 15:45
    et trouver un rôle de médiateur.
  • 15:45 - 15:48
    Cela est crucial pour la santé
    de nos sociétés,
  • 15:48 - 15:50
    pour la survie de nos démocraties.
  • 15:51 - 15:55
    C'est à cette condition-là que
    nous pouvons faire masse
  • 15:55 - 15:57
    dans un esprit de construction massif
  • 15:57 - 16:01
    pour éclairer un monde
    en prise avec la propagande,
  • 16:01 - 16:05
    mais surtout, passer
    de l'indignation à l'action.
  • 16:05 - 16:07
    Merci.
  • 16:07 - 16:11
    (Applaudissements)
Title:
Réparons l'information | Anne-Sophie Novel | TEDxLaRochelle
Description:

Journaliste indépendante, Anne-Sophie Novel est spécialisée dans les alternatives à nos modes de vie en temps de crise. Économiste de formation, écologiste de conviction, elle est persuadée que les médias peuvent changer la donne. Collaborant avec des médias aussi variés que Le Monde, Le 1, Public Sénat, France 2, Kaizen, l'Info Durable, Revue Far Ouest ou D!sclose, elle défend un journalisme d'antidote prompt à dessiner de nouveaux chemins de faire...

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus : http://ted.com/tedx

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Video Language:
French
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
16:28

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