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Shakespeare menotté ou le pouvoir transformatif de la littérature | Laura Bates | TEDxUCLA

  • 0:13 - 0:18
    Le jour où j'ai reçu mon doctorat
    de l'Université de Chicago,
  • 0:18 - 0:22
    j'ai écouté une conférence
    d'un spécialiste renommé de Shakespeare
  • 0:22 - 0:25
    qui affirmait que la tragédie Macbeth
  • 0:25 - 0:30
    était une représentation dans le fait
  • 0:30 - 0:34
    de la valorisation de la transgression.
  • 0:34 - 0:35
    (Rires)
  • 0:36 - 0:39
    J'en ai douté sur le moment.
  • 0:39 - 0:41
    (Rires)
  • 0:41 - 0:47
    Vraiment ? La valorisation de fait
    de la transgression,
  • 0:47 - 0:48
    du meurtre ?
  • 0:48 - 0:51
    C'était une théorie intéressante.
  • 0:51 - 0:55
    Mais je me demandais si telle avait été
    l'intention de Shakespeare
  • 0:55 - 1:00
    et si des transgresseurs
    dans la vraie vie seraient d'accord.
  • 1:00 - 1:04
    Littéralement aucun académique ne pouvait
    répondre à cette question.
  • 1:04 - 1:08
    Le seul moyen de trouver une réponse
  • 1:08 - 1:11
    était de la poser à des tueurs
    reconnus coupables.
  • 1:11 - 1:13
    Je me suis donc rendue avec témérité
  • 1:13 - 1:17
    là où aucun académique de Shakespeare
    n'était jamais allé avant moi :
  • 1:17 - 1:18
    (Rires)
  • 1:18 - 1:20
    une prison de très haute
    sécurité, une Supermax.
  • 1:20 - 1:25
    Je voulais tester ce que les académiques
    nomment la versimilitude.
  • 1:25 - 1:27
    Versimilitude,
  • 1:27 - 1:30
    c'est-à-dire si la représentation que
    Shakespeare fait du meurtre
  • 1:30 - 1:33
    dans Macbeth et d'autres pièces
  • 1:33 - 1:35
    correspond à la réalité.
  • 1:35 - 1:38
    Il s'agit à nouveau d'une question
    sans réponse chez les académiques
  • 1:38 - 1:40
    et aucun spécialiste de Shakespeare
  • 1:40 - 1:46
    n'a jamais reçu un accès
    à ce genre de prison auparavant.
  • 1:46 - 1:49
    Supermax n'est pas une prison normale.
  • 1:50 - 1:53
    C'est une prison dans la prison :
  • 1:53 - 1:58
    l'unité d'isolement disciplinaire
    long terme.
  • 1:58 - 2:02
    Ce n'est pas 30 jours au trou.
  • 2:03 - 2:07
    Ces détenus passent
    pratiquement 24 heures par jour
  • 2:07 - 2:12
    dans une cellule d'isolement
    en béton et sans fenêtre,
  • 2:12 - 2:14
    pendant des années.
  • 2:14 - 2:21
    Tout pas en dehors de leur cellule
    représente une logistique monstrueuse.
  • 2:21 - 2:26
    Deux officiers accompagnent
    chaque détenu hors de sa cellule
  • 2:26 - 2:31
    jusqu'à une zone précise où
    je conduisais mes sessions de groupe.
  • 2:31 - 2:34
    Des sessions de groupes
    dans un centre d'isolement,
  • 2:34 - 2:36
    serait-ce un oxymore ?
  • 2:36 - 2:37
    Après tout,
  • 2:37 - 2:39
    le but est de garder ces hommes
    éloignés les uns des autres
  • 2:39 - 2:42
    et éloignés de tout autre être humain.
  • 2:43 - 2:47
    Donc, deux officiers escortent
    chaque détenu.
  • 2:48 - 2:50
    Les détenus sont enchaînés
  • 2:50 - 2:54
    avec des entraves aux chevilles,
    ils sont menottés
  • 2:54 - 2:57
    et on les attache à une laisse en cuir.
  • 2:58 - 3:01
    On les emmène
    dans des cellules individuelles
  • 3:01 - 3:04
    dans la zone qui a été conçue pour nous,
  • 3:04 - 3:06
    et chaque semaine, je leur ai demandé
  • 3:06 - 3:10
    d'écrire leurs réponses
    au sujet de Macbeth
  • 3:10 - 3:13
    scène par scène.
  • 3:13 - 3:16
    Chaque semaine, quand ils arrivaient
    pour nos sessions de groupe,
  • 3:16 - 3:18
    je collectais leurs devoirs.
  • 3:18 - 3:21
    Ils écrivaient souvent beaucoup.
  • 3:23 - 3:28
    Ensuite, je m'asseyais dans le couloir
    entre deux rangées de cellules
  • 3:28 - 3:31
    et les détenus se parlaient entre eux,
  • 3:31 - 3:33
    échangeant leurs pensées,
    leurs impressions,
  • 3:33 - 3:37
    débattant d'interprétations
    alternatives de la pièce.
  • 3:37 - 3:39
    Et moi, j'étais assise et j'écoutais.
  • 3:40 - 3:42
    Bien qu'ils ne puissent pas se voir
  • 3:42 - 3:45
    autrement qu'à travers
    le petit espace pour les menottes,
  • 3:45 - 3:50
    leurs conversations étaient concentrées,
    intenses et originales
  • 3:50 - 3:53
    Ils ne pouvaient absolument pas voir
    les autres détenus.
  • 3:55 - 4:02
    Là, j'ai appris à observer Shakespeare
    avec un regard totalement neuf,
  • 4:02 - 4:04
    qui confère à ces tragédies
    vieilles de 400 ans
  • 4:04 - 4:07
    une pertinence immédiate pour ces détenus.
  • 4:07 - 4:10
    J'ai passé 10 ans dans une supermax,
  • 4:10 - 4:15
    à lire Shakespeare avec
    des centaines de détenus à l'isolement,
  • 4:16 - 4:19
    et lui, en particulier.
  • 4:20 - 4:22
    Il s'appelle Larry.
  • 4:22 - 4:27
    Larry a passé 10 ans dans une supermax.
  • 4:27 - 4:34
    De son propre aveu,
    Shakespeare a « sauvé » sa vie.
  • 4:34 - 4:37
    Je vais vous montrer une courte vidéo
  • 4:37 - 4:38
    où Larry décrit
  • 4:38 - 4:42
    le pouvoir transformateur
    de cette littérature.
  • 4:42 - 4:47
    On a filmé cette vidéo peu après
    la libération de Larry.
  • 4:47 - 4:51
    Souvenez-vous, 10 ans d'isolement.
  • 4:51 - 4:55
    Sa nervosité devant la caméra
    est palpable.
  • 4:55 - 4:59
    Malgré ça, ce qu'il dit
    est profond et émouvant.
  • 5:00 - 5:03
    (Vidéo) Larry :
    Shakespeare m'a sauvé la vie.
  • 5:03 - 5:06
    Je sais que ça paraît fou,
    mais c'est vrai.
  • 5:06 - 5:07
    Je le jure.
  • 5:07 - 5:09
    Comme le docteur Bates l'a évoqué,
  • 5:09 - 5:12
    le programme Shakespeare
    a démarré dans les unités d'isolement
  • 5:12 - 5:17
    et j'y ai passé dix ans et demi de ma vie.
  • 5:17 - 5:19
    Donc... désolé.
  • 5:21 - 5:23
    J'avais 19 ans quand je suis entré
  • 5:23 - 5:25
    et je ne suis pas sorti avant
    d'être un homme de 30 ans.
  • 5:25 - 5:29
    La plupart des jeunes passent la vingtaine
    à trouver leur place dans le monde,
  • 5:29 - 5:34
    mais moi, je l'ai passée à arpenter
    une cellule d'isolement,
  • 5:34 - 5:38
    cherchant des raisons
    de ne pas quitter ce monde,
  • 5:38 - 5:43
    et c'est à ce moment que j'ai découvert
    Shakespeare grâce au Dr Bates.
  • 5:43 - 5:45
    Elle était venue dans
    les unités d'isolement
  • 5:45 - 5:49
    nous demander si étudier Shakespeare
    pouvait nous intéresser.
  • 5:49 - 5:52
    C'était à un moment de ma vie
  • 5:52 - 5:56
    où je ne savais pas si j'allais pouvoir
    trouver le courage de rester où j'étais
  • 5:56 - 5:59
    ou trouver le courage d'aller au-delà
    du lieu où j'étais.
  • 5:59 - 6:04
    C'était donc le moment idéal
    pour découvrir Shakespeare.
  • 6:04 - 6:06
    Donc, j'ai dit oui, j'ai accepté
    d'étudier Shakespeare.
  • 6:06 - 6:10
    Elle m'a remis avant de me quitter
    un discours du Roi Richard II,
  • 6:10 - 6:14
    qu'il a prononcé depuis
    son propre donjon supermax
  • 6:14 - 6:16
    il y a 400 ans.
  • 6:16 - 6:20
    Je ne pouvais simplement pas croire que
    ce type avait arpenté son propre donjon
  • 6:20 - 6:23
    en y cherchant une vie, comme moi.
  • 6:23 - 6:26
    C'est ma première rencontre
    avec Shakespeare
  • 6:26 - 6:30
    et elle a littéralement transformé
    le reste de ma vie.
  • 6:30 - 6:34
    Les dernières années que
    j'ai passées en confinement,
  • 6:34 - 6:37
    je les ai passées à étudier Shakespeare
    et à en discuter à son sujet
  • 6:37 - 6:40
    à travers un interstice dans une porte
  • 6:40 - 6:42
    qui sert pour la nourriture
    ou les menottes.
  • 6:42 - 6:44
    Mais en fait, c'est un trou
    dans une porte en acier.
  • 6:44 - 6:48
    On se rassemblait et on regardait
    par ces trous
  • 6:48 - 6:50
    pour discuter de ce que nous avions lu.
  • 6:50 - 6:53
    Nous utilisions
    toutes les formules possibles
  • 6:53 - 6:56
    pour essayer de définir ces concepts fous
  • 6:56 - 6:59
    comme l'honneur, l'intégrité
    et tout ce genre de choses.
  • 6:59 - 7:03
    Cela m'a obligé
  • 7:03 - 7:08
    à trouver dans ma vie une forme
    de substance à ces éléments.
  • 7:08 - 7:13
    Cela m'a obligé à me regarder
    dans un miroir, à me regarder,
  • 7:13 - 7:15
    à donner un vrai sens à ces choses.
  • 7:16 - 7:21
    En deux mots, ça a bouleversé
    la manière dont je pensais :
  • 7:21 - 7:24
    à moi, aux autres et aux personnages.
  • 7:24 - 7:27
    Je creusais mes propres racines
  • 7:27 - 7:30
    en creusant les racines
    des personnages de Shakespeare.
  • 7:30 - 7:33
    Par exemple,
  • 7:33 - 7:38
    j'étais incapable de dire que les pulsions
    de vengeance d'Hamlet étaient honorables
  • 7:38 - 7:42
    sans savoir ce que l'honneur était.
  • 7:42 - 7:46
    J'en étais incapable
    et je le suis toujours.
  • 7:46 - 7:48
    Je ne sais toujours pas
    ce qu'est l'honneur
  • 7:48 - 7:50
    mais je peux dire ce que ça n'est pas.
  • 7:50 - 7:52
    Et la vengeance de Hamlet en fait partie.
  • 7:55 - 7:57
    Ça m'a obligé, comme je l'ai dit,
  • 7:57 - 7:59
    à donner du sens dans ma vie
    à tous ces concepts.
  • 8:00 - 8:03
    J'avais préparé mon discours
    mais je n'en ai rien dit
  • 8:03 - 8:06
    donc je ne sais plus où j'en suis
    mais finalement, peu importe.
  • 8:06 - 8:08
    J'ai enfin quitté l'isolement
  • 8:08 - 8:11
    pour rejoindre la population
    générale des détenus.
  • 8:11 - 8:14
    Le Dr Bates m'a permis
    de continuer le programme.
  • 8:15 - 8:19
    Elle m'a demandé de reproduire
    mes modes de pensée
  • 8:19 - 8:24
    qui ont conduit mes deux moi
    à entrer en conflit -
  • 8:24 - 8:25
    j'aime ces termes -
  • 8:25 - 8:31
    et donc, c'est ce que j'ai fait :
    j'ai écrit ce à quoi j'étais confronté
  • 8:31 - 8:34
    et le type de décisions que
    ça m'avait conduit à prendre.
  • 8:34 - 8:38
    En gros, j'ai recréé mes propres
    expériences de Shakespeare,
  • 8:38 - 8:40
    je les ai mises sur papier
  • 8:40 - 8:42
    pour qu'elle puisse les ramener
    au centre de détention
  • 8:42 - 8:45
    où les gars continuent de traverser
    ce que j'ai traversé :
  • 8:45 - 8:48
    littéralement, ils se battent
    pour leur vie.
  • 8:48 - 8:51
    C'est exactement ce qu'on a fait.
  • 8:51 - 8:56
    Je souhaitais qu'ils fassent
    la même chose.
  • 8:56 - 8:59
    Je souhaitais les mettre au défi
    de définir ces concepts
  • 8:59 - 9:02
    que sont l'honneur, l'intégrité, la fierté
    ou l'humanité, peu importe.
  • 9:02 - 9:06
    Car ces choses dirigent nos vies
    sans que nous sachions ce qu'elles sont.
  • 9:06 - 9:09
    Je pensais qu'il était crucial
  • 9:09 - 9:12
    que les gars commencent
    à réfléchir à ces questions.
  • 9:13 - 9:14
    C'est ce qu'on a fait
  • 9:14 - 9:17
    et c'est le nouveau cap
    du programme aujourd'hui.
  • 9:17 - 9:19
    Nous voulons reproduire mon expérience :
  • 9:19 - 9:22
    nous souhaitons faire de
    Shakespeare un véhicule
  • 9:22 - 9:25
    à utiliser sans le cantonner
    à un grand barde.
  • 9:25 - 9:30
    Nous souhaitons que ses pièces deviennent
    utiles comme elles le furent pour nous.
  • 9:30 - 9:35
    C'est ce que tout le monde fait ici.
  • 9:35 - 9:38
    Ils pourraient faire
    tout à fait autre chose
  • 9:38 - 9:41
    mais ils s'appliquent pour adapter cela
    chez les mineurs,
  • 9:41 - 9:44
    ces jeunes en train de former
    le reste de leur vie.
  • 9:44 - 9:47
    Espérons-le, nous pouvons espérer
    qu'ils bâtissent leur vie
  • 9:47 - 9:52
    sur les mêmes principes sacrés que nous.
  • 9:52 - 9:54
    C'est notre objectif et c'est [inaudible].
  • 9:54 - 9:56
    Merci. Merci.
  • 9:56 - 9:58
    « Shakespeare m'a sauvé la vie. »
  • 9:58 - 10:02
    Ce sont les premiers mots de Larry
    dans la vidéo.
  • 10:02 - 10:03
    Vous l'avez constaté,
  • 10:03 - 10:08
    Larry n'a rien trouvé de valorisant
    dans la transgression de Macbeth.
  • 10:08 - 10:12
    Au contraire, Larry s'est demandé
    si le meurtre de Macbeth
  • 10:12 - 10:15
    était motivé par sa conscience
    ou par son égo.
  • 10:16 - 10:17
    Vous l'avez constaté,
  • 10:17 - 10:21
    Larry n'a rien trouvé de valorisant
    dans la transgression d'Hamlet.
  • 10:21 - 10:27
    Au contraire, il expose l'égoïsme
    de la pulsion de vengeance d'Hamlet.
  • 10:27 - 10:31
    Au final, Larry est devenu une source
    d'inspiration pour les autres détenus,
  • 10:31 - 10:36
    les poussant à réfléchir à leurs
    motivations et à se remettre en question
  • 10:36 - 10:40
    simultanément à l'étude
    des personnages de Shakespeare.
  • 10:41 - 10:45
    Dans la vidéo,
    Larry mentionne « les gamins ».
  • 10:45 - 10:48
    Quand on a remis Larry
    dans la population générale des détenus,
  • 10:48 - 10:53
    il a dirigé un groupe de prisonniers
    dans un projet très spécial :
  • 10:53 - 10:56
    ils prenaient contact
    avec des mineurs à risque.
  • 10:57 - 11:00
    Un groupe de détenus, menés par Larry,
  • 11:00 - 11:04
    a écrit une adaptation originale
    de Roméo et Juliette.
  • 11:04 - 11:07
    Ils n'ont pas mis l'accent
    sur le côté amour romantique.
  • 11:07 - 11:11
    Ils se sont au contraire
    focalisés sur la violence.
  • 11:13 - 11:16
    (Vidéo) Détenu 1 : Ce n'est pas
    l'histoire d'amour habituelle
  • 11:16 - 11:17
    de Roméo et Juliette.
  • 11:17 - 11:20
    Détenu 2 : Notre histoire relate
    l'histoire tragique de Roméo,
  • 11:20 - 11:22
    de la société violente où il vivait
  • 11:22 - 11:24
    et des choix terribles qu'il a dû prendre.
  • 11:25 - 11:28
    Détenu 3 : Notre objectif
    en choisissant ces cinq scènes
  • 11:28 - 11:30
    et en les présentant
    dans un langage moderne
  • 11:30 - 11:35
    est de montrer la pertinence de
    cette histoire vieille de 400 ans
  • 11:35 - 11:37
    aux jeunes d'aujourd'hui.
  • 11:37 - 11:41
    Détenu 4 : Comme Roméo, vous êtes nombreux
    à vivre dans une société violente
  • 11:41 - 11:43
    qui vous confrontera un jour
    aux mêmes choix que Roméo.
  • 11:43 - 11:47
    Larry : En présentant ces scènes
    et en posant des questions,
  • 11:47 - 11:51
    nous espérons que ces jeunes à risque
    feront des choix moins tragiques.
  • 11:52 - 11:55
    Détenu 6 : Nous espérons que
    vous apprendrez des erreurs de Roméo.
  • 11:55 - 11:57
    Tous : Et de nos propres erreurs.
  • 11:59 - 12:01
    L'adaptation des détenus
  • 12:01 - 12:04
    reprend cinq scènes de Roméo et Juliette.
  • 12:04 - 12:08
    Comme Larry l'a expliqué dans la vidéo,
    après chaque scène,
  • 12:08 - 12:12
    il s'avançait et posait une question.
  • 12:12 - 12:15
    Après l'ouverture avec
    la scène de combat de rue
  • 12:15 - 12:18
    entre les gangs rivaux
    des Montaigu et des Capulet,
  • 12:18 - 12:20
    Larry s'est avancé et a dit :
  • 12:20 - 12:25
    « Pourquoi ces hommes ressentent-ils une
    haine aveugle les uns envers les autres ?
  • 12:25 - 12:28
    Qui haïssez-vous aveuglément ? »
  • 12:28 - 12:31
    Après la scène où Roméo accepte
    de s'inviter à la soirée
  • 12:31 - 12:32
    chez les Capulet,
  • 12:32 - 12:35
    alors qu'il n'a pas vraiment
    envie d'y aller,
  • 12:35 - 12:37
    Larry s'est avancé et a dit :
  • 12:37 - 12:40
    « Pourquoi Roméo cède-t-il
    à la pression de ses pairs ?
  • 12:40 - 12:42
    Pourquoi nous aussi ? »
  • 12:42 - 12:43
    Et après la scène
  • 12:43 - 12:47
    où le cousin de Juliette
    jure de tuer Roméo,
  • 12:47 - 12:49
    Larry s'est avancé à nouveau
    et a demandé :
  • 12:49 - 12:52
    « Que recherche-t-il vraiment ?
  • 12:52 - 12:56
    Tuer Roméo ? Ou est-ce autre chose ?
  • 12:56 - 13:00
    L'adaptation de Roméo et Juliette
    réalisée par les détenus
  • 13:00 - 13:04
    ne finit pas avec le suicide
    tragique des amoureux.
  • 13:04 - 13:08
    Leur adaptation se termine
    de manière encore plus funeste.
  • 13:08 - 13:10
    (Vidéo)
  • 13:16 - 13:19
    Benvolio : Casse-toi mec.
    Les flics arrivent.
  • 13:26 - 13:28
    Roméo : Je suis le dindon de la farce !
  • 13:29 - 13:31
    (Son des sirènes)
  • 13:33 - 13:37
    Policier : Roméo, je t'avais prévenu de
    ne pas causer des troubles dans ma rue !
  • 13:37 - 13:39
    Les mains derrière le dos.
  • 13:48 - 13:52
    Détenu 1 : Shakespeare a écrit
    cette pièce il y a 400 ans
  • 13:52 - 13:55
    mais elle est toujours d'actualité
    pour les jeunes aujourd'hui.
  • 13:55 - 13:59
    J'avais 18 ans quand on m'a mis
    en prison pour meurtre.
  • 13:59 - 14:02
    J'ai une peine à perpétuité sans
    possibilité de libération conditionnelle.
  • 14:02 - 14:05
    Détenu 2 : On m'a enfermé
    quand j'avais 16 ans
  • 14:05 - 14:06
    pour deux faits de meurtre
  • 14:06 - 14:09
    et je suis condamné
    à une peine à perpétuité.
  • 14:09 - 14:12
    Détenu 3 : On m'a arrêté à 18 ans
    pour un double meurtre
  • 14:12 - 14:15
    et je suis condamné à une peine de 55 ans.
  • 14:15 - 14:18
    Détenu 4 : On m'a arrêté pour meurtre
    quand j'avais 14 ans,
  • 14:18 - 14:20
    ma peine est de 199 ans.
  • 14:21 - 14:24
    Détenu 5 : À 16 ans, on m'a arrêté
    pour deux faits de meurtre
  • 14:24 - 14:26
    et condamné à 80 ans de détention.
  • 14:28 - 14:31
    Larry : On m'a enfermé
    à 17 ans pour meurtre.
  • 14:31 - 14:33
    En tant que mineur,
    je risquais la peine de mort.
  • 14:33 - 14:37
    J'ai été condamné à perpétuité sans
    possibilité de liberté conditionnelle.
  • 14:37 - 14:39
    Je ne rentrerai jamais chez moi.
  • 14:40 - 14:44
    Détenu 1 : Nous espérons que vous puissiez
    apprendre des erreurs de Roméo.
  • 14:44 - 14:46
    Tous : Et des nôtres aussi.
  • 14:49 - 14:52
    Larry : Nous savons
    qu'on vous a manqué de respect
  • 14:52 - 14:54
    ou que c'est votre ressenti, comme Tybalt.
  • 14:54 - 14:56
    Nous savons que vous étiez
    en colère comme Mercutio.
  • 14:56 - 15:00
    Et nous tous voulions nous venger
    comme Roméo.
  • 15:00 - 15:02
    D'accord, ce sont des sentiments naturels.
  • 15:03 - 15:07
    Ce qui est important, c'est ce que
    vous en faites, comment vous réagissez.
  • 15:07 - 15:09
    Comment allez-vous réagir ?
  • 15:10 - 15:13
    (Applaudissements)
  • 15:15 - 15:20
    J'ai montré la vidéo du Roméo et Juliette
    de ces détenus
  • 15:20 - 15:24
    à des adolescents dans des lycées
    alternatifs et en prison.
  • 15:24 - 15:27
    Plus rien ne touchait ces gosses endurcis.
  • 15:27 - 15:31
    Mais ces détenus, leur parlant à travers
    Shakespeare, les ont touchés.
  • 15:32 - 15:37
    Parce qu'ils faisaient le lien
    entre leur vie et Shakespeare.
  • 15:37 - 15:40
    Ils faisaient le lien entre la vie
    de ces adolescents et Shakespeare.
  • 15:40 - 15:44
    À nouveau, Shakespeare était en train
    de sauver des vies.
  • 15:44 - 15:48
    Et il n'y a rien de théorique là-dedans.
  • 15:48 - 15:49
    Merci.
  • 15:49 - 15:51
    (Applaudissements)
Title:
Shakespeare menotté ou le pouvoir transformatif de la littérature | Laura Bates | TEDxUCLA
Description:

Laura Bates travaille dans des prisons comme professeur bénévole depuis plus de 25 ans. Elle a créé le premier programme sur Shakespeare dans une prison de très haute sécurité (Supermax) aux États-Unis, l'unité d'isolement à long terme.

Laura Bates est docteur es Lettres de l'Université de Chicago en littérature comparative et a une spécialisation sur Shakespeare. Elle enseigne l'anglais à l'Université publique de l'État de l'Indiana et enseigne Shakespeare depuis 15 ans à ses étudiants et à des détenus. Elle est l'auteure de : « Shakespeare m'a sauvé la vie : dix années à l'isolement passées avec le barde ».

Cette présentation a été donnée lors d'un événement TEDx local utilisant le format des conférences TED mais organisé indépendamment. En savoir plus: http: //ted. com/tedx

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Video Language:
English
Team:
closed TED
Project:
TEDxTalks
Duration:
15:56

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