Le 23 avril dernier, lors du premier tour
des élections présidentielles françaises,
près d'un jeune sur trois
n'est pas allé voter.
Ce n'est pas un cas isolé : aux
élections législatives qui ont suivi,
c'est plus d'un jeune sur deux
qui n'a pas participé.
Il y a beaucoup de facteurs
pour expliquer ça
et je vais me concentrer
sur un seul d'entre eux.
Ma génération, elle a grandi avec
Internet, Wikipédia, les réseaux sociaux,
un téléphone portable qui fait GPS,
appareil photo, agenda, service
de taxi à la demande
ou encore agence matrimoniale.
Elle a aussi grandi avec l'idée
qu'on aura probablement,
dans un futur proche, des robots
qui travailleront à notre place,
des voitures autonomes,
ou encore des drones qui pourront
nous livrer des pizzas,
avant même qu'on songe
à les commander.
Et puis en même temps que tout ça,
cette génération, elle a aussi grandi
avec un système politique qui lui n'a
pas tellement évolué ce dernier siècle.
Un système politique lent et rigide
sur son fonctionnement,
sujet à de nombreuses formes
de conflits d'intérêts
et de jeux de pouvoir primaires
qui biaisent les décisions.
Un système qui dépense une énergie
et des sommes incroyables
dans des élections qui ressemblent
souvent plus à une mauvaise télé-réalité
qu'à un vrai débat d'idées.
Et qui n'encourage absolument pas
les différents candidats
à dire la vérité,
ou à reconnaître leurs erreurs.
À une époque où on vote tous,
tous les jours sur Internet,
à travers nos clics, nos « j'aime »,
nos partages, nos retweets,
nos commentaires, nos pétitions...
Je ne sais pas vous,
mais moi ça me paraît dingue
que notre principal levier
sur la politique,
ce qui régit notre vie en commun,
ce soit de glisser un bout
de papier dans une boîte
une fois tous les cinq ans !
La technologie, la recherche sociale
et certains exemples de par le monde
nous permettent d'envisager
d'autres façons de fonctionner.
Le projet democracy.earth
a par exemple pour objectif
de mettre en place les outils
technologiques
nécessaires à la mise
en place d'une démocratie liquide.
La démocratie liquide,
c'est un système
dans lequel on peut donner son opinion
directement,
sur les sujets qui nous intéressent,
mais aussi déléguer nos voix à des amis,
des intellectuels, des personnes
en qui on a confiance,
si par exemple on n'a pas le temps
de se renseigner sur un sujet
ou qu'on n'a pas l'impression d'avoir
l'expertise nécessaire.
On peut aussi s'appuyer sur des choses
plus concrètes
et qui ont déjà fait leurs preuves.
Comme la Suisse, où depuis
maintenant plus d'un siècle,
le système en place au niveau national
est une démocratie
qu'on peut qualifier de semi-directe.
Le peuple peut, à travers des pétitions,
demander l'organisation d'un
référendum facultatif
qui permet de faire abroger une loi qui
viendrait d'être passée par le parlement
et à laquelle une majorité serait opposée.
Mais il permet aussi aux citoyens de
proposer des toutes nouvelles lois
qu'ils écrivent eux-mêmes, à travers le
référendum d'initiative populaire.
On pourrait se dire que ce genre de
systèmes, ça conduit tout droit au chaos.
Que chacun va voter selon ses intérêts
personnels,
et qu'au bout de quelques temps
on se retrouve avec un gouvernement
qui autorise ses citoyens à payer leurs
impôts en câlins et en bisous !
Ou alors dans lequel un salarié
peut licencier son patron !
C'est d'ailleurs peut-être pas des idées
si mauvaises que ça...
Mais c'est un autre débat !
Le fait est que les Suisses,
ces dernières années,
ont refusé deux semaines de congés payés
supplémentaires,
et un revenu de base qui leur aurait
garanti un salaire confortable à vie,
sans avoir besoin de travailler.
Ça paraît dingue non ?
Certaines études menées en Europe
semblent aller dans ce sens,
en montrant que les endroits
où on offre le plus de possibilités
de s'impliquer dans la vie politique
connaissent des citoyens bien
mieux informés,
et qui prennent
des décisions plus réfléchies.
Enfin on peut s'appuyer sur des
initiatives citoyennes,
telles que le site internet
« Parlement et Citoyens »,
qui propose aux députés une plateforme
pour organiser des consultations citoyennes
et ainsi nous permettre à tous de
participer à la rédaction,
et à la discussion de la loi.
Je suis de ceux qui pensent que si on
veut aujourd'hui
voir émerger des idées audacieuses,
plus à même de répondre aux grands
défis du 21e siècle,
il va falloir qu'on songe sérieusement
à faire évoluer le cadre dans lequel
elles évoluent.
Et si on trouve aujourd'hui le temps
pour fabriquer des miroirs à selfie,
et des fourchettes connectées,
des fourchettes... connectées...
je n'ai aucun doute sur le fait qu'on
puisse trouver un peu de temps
pour mettre à jour nos institutions.
Mais l'un des principaux défis qui se
posent à nous tous sur cette question,
c'est celle de l'information.
Dans une démocratie,
où le peuple est souverain,
l'information a un impact majeur sur
l'opinion publique,
et donc une influence
sur le pouvoir lui-même.
Aujourd'hui notre information,
elle a principalement deux canaux.
Le premier,
c'est les médias traditionnels :
la presse écrite, qu'elle soit
numérique ou papier,
la télévision ou encore la radio.
Ces journalistes traditionnels,
on leur reproche souvent
un certain manque
d'indépendance et ainsi de neutralité.
On pourrait parler du fait
que dans des pays comme la France
ou les États-Unis,
la majorité des grands médias est détenue
par une poignée de
multimillionnaires et de grands groupes.
Mais on en apprend en fait beaucoup plus
quand on s'intéresse au contexte
économique
dans lequel évoluent ces entreprises.
La publicité pousse par exemple
beaucoup de ces médias
à ne pas être en compétition
pour obtenir des abonnés,
mais pour obtenir du temps
d'attention.
Ou comme dirait l'ex-PDG de TF1:
« du temps de cerveau disponible ».
La presse en ligne « gratuite » ne mesure
pas la valeur d'un article
à combien il aura aidé à nous
éclairer, à nous informer,
mais à son nombre
de clics et de partages.
Dans ce contexte, pourquoi parler
d'un groupe citoyen qui tenterait
de rénover la politique,
quand parler du dernier scandale dans
la vie privée d'un politicien célèbre
nous assure beaucoup plus
de temps d'attention ?
Pourquoi parler des choses qui vont bien ?
Des associations qui font progresser
des causes depuis des années,
quand la meilleure façon de
s'assurer des revenus
reste de jouer sur la peur,
le sensationnalisme,
ou encore en sortant les dernières
rumeurs en exclusivité,
quitte à ne pas bien vérifier si elles
sont fondées,
ou quel impact leur
révélation pourrait avoir.
Récemment, vous avez peut-être vu
passer dans la presse
toute une série d'articles nous
mettant en garde
contre la dangereuse baisse du quotient
intellectuel français.
Une partie de la presse
s'est amusée
à nous expliquer pourquoi nous étions
tous de plus en plus bêtes.
Sauf que quand on lit les
quatre petites pages
de l'étude sur laquelle s'appuient
tous ces articles
pour justifier une baisse
de 4 points du QI français,
on se rend vite compte qu'elle a été
menée sur un échantillon minuscule
seulement 79 personnes,
âgées d'entre 30 et 63 ans,
qui ne représentent pas du tout un panel
représentatif de la population française.
L'étude elle-même met en garde,
en précisant que ces données doivent
être recoupées et ré-analysées
avant de pouvoir tirer
ce genre de conclusion.
Le noyau de l'information, la donnée,
a toujours un contexte d'émission
et une façon d'être présentée
auxquels on doit faire attention.
Si les médias traditionnels
ne sont pas forcément neutres,
au fond, ce n'est pas très grave.
Ce n'est pas très grave parce que
ce n'est pas ce qu'on leur demande.
Ce qu'on leur demande,
c'est d'être critiques et pointilleux.
Si le but des médias,
c'est de nous éclairer
et de faire progresser les opinions et
les débats dans le sens du bien commun,
alors il est important
qu'ils puissent prendre position.
C'est à nous de vérifier que cette
position, elle est argumentée et sourcée.
Un média sain devrait toujours mentionner
les potentiels conflits d'intérêts
auxquels il s'expose
en publiant un article,
et la façon dont il mène
ses investigations
devrait toujours être
la plus transparente possible.
Notre deuxième canal d'information,
c'est le journalisme citoyen.
Les blogs, les plateformes de vidéos
en ligne,
mais aussi nos posts
à tous sur les réseaux sociaux.
Ce journalisme citoyen,
on lui reproche souvent
d'être un générateur de
fake news - en français, des bobards,
dans lesquelles il nous est tous arrivés
de tomber.
Si la presse parodique nous en
montre le côté drôle et décalé,
tout en jouant un rôle éducatif,
les fausses informations,
et plus généralement le peu de
rigueur journalistique,
peuvent avoir des conséquences
très néfastes sur le débat public.
Il est par exemple extrêmement
difficile
d'avoir un débat constructif
sur Internet
à propos de sujets importants
comme les vaccins,
sans que toute une série d'articles,
basés sur des informations de nombreuses
fois démenties, ne réapparaissent.
Ce journalisme citoyen,
on lui reproche aussi souvent
d'alimenter ce qu'on appelle des bulles
d'information.
Un réseau social comme Facebook,
dont l'objectif commercial
est de nous garder le plus longtemps
possible sur leurs pages,
a tout intérêt à nous montrer du contenu
qui va dans le sens de nos intérêts,
mais aussi de nos opinions.
Et ça, ça nous ferme petit à petit
aux opinions différentes des nôtres.
On a donc d'un côté des médias
traditionnels
qui peinent parfois à sortir de leurs
cadres politiques et économiques,
de l'autre des journalistes citoyens
qui produisent une information abondante
mais souvent trop peu vérifiée.
Et au milieu de tout ça,
il y a nous tous,
qui consommons de l'information
au quotidien.
Nous et notre temps d'attention,
toujours plus court.
Nous et nos nombreux biais
et notamment le biais de confirmation,
ce mécanisme par lequel on peut
montrer 99 articles factuels
attestant du réchauffement climatique
à quelqu'un qui n'y croit pas,
il ne retiendra toujours
que le seul et unique article
qui va dans son sens.
Pourquoi vouloir entendre la vérité,
quand on peut entendre qu'on a raison ?
On sait donc que l'information,
on doit la vérifier.
Mais à part les journalistes
dont c'est le métier,
on n'a pas tous le temps
de croiser nos sources,
et de vérifier chaque chiffre
pour tous les sujets qu'on lit.
Et pourtant...
Tout à l'heure, je vous disais que ma
génération, elle a grandi avec Wikipédia.
La force de Wikipédia est d'avoir réussi
à créer une plateforme collaborative
sur laquelle c'est la multiplicité
et la diversité des contributions
qui créent une certaine
forme de neutralité.
Et la majorité des études sur
la question s'entendent à le dire :
Wikipédia, en tout cas sur les
sujets principaux,
est au moins aussi fiable que n'importe
quelle autre encyclopédie,
notamment parce qu'elle demande
systématiquement des sources.
Et si on essayait d'appliquer les
mêmes principes,
mais avec notre information
du quotidien ?
Il y a bientôt un an, j'ai commencé à
travailler sur un projet,
CaptainFact, dont l'objectif est de créer
et d'expérimenter des outils numériques
qui pourraient nous aider à mieux
consommer,
et à mieux digérer l'information.
Le premier de ces outils,
il nous permet par exemple,
lorsqu'on regarde une vidéo sur Internet,
d'avoir des informations qui viennent se
superposer pour confirmer, infirmer,
dans tous les cas pour sourcer
ce qu'on est en train de voir.
Un autre outil, toujours en développement,
permettrait de faire la même chose
mais avec des articles,
en ayant la possibilité de voir
directement
les points sur lesquels
on doit faire attention,
avec des liens vers des sources
potentiellement contradictoires.
Enfin l'idée, c'est de réunir toutes ces
informations, fournies par la communauté,
sur une plateforme qui nous permette de
débattre de manière beaucoup plus précise
que ce que permettent aujourd'hui les
différents systèmes de commentaires,
en travaillant point par point,
argument par argument.
Et non plus en traitant tout le contenu
d'un seul bloc.
On peut être d'accord avec certains
points et en désaccord avec d'autres.
Le tout avec des mécaniques de jeu,
telles que la réputation ou des médailles,
afin de plus facilement faire remonter
le contenu de qualité.
Un commentaire sourcé rapporte par
exemple sur CaptainFact
toujours plus de points
qu'un simple commentaire d'opinion.
Si tout ça peut nous aider, un outil
résout rarement tous les problèmes.
Wikipédia, malgré ses nombreuses qualités,
subit toujours des guerres d'édition.
Il y a par exemple « l'astroturf » :
des grandes compagnies, par exemple
dans le domaine pharmaceutique,
mettent en place des moyens financiers
importants, pour influencer des pages,
afin par exemple de gommer des aspects
négatifs de leurs produits.
Si on veut demain construire des
sociétés plus participatives,
il y a un travail que rien ni personne
ne va pouvoir faire à notre place.
Celui de développer et d'endurcir
nos esprits critiques.
Et pour, ça il y a quelques choses
auxquelles on peut faire
attention au quotidien.
Acceptons qu'il n'y a souvent pas dans nos
opinions politiques de vérité absolue,
puisque celles-ci sont basées sur nos
interprétations personnelles
de ce que devraient être
la liberté, l'égalité,
et plus généralement le vivre ensemble.
Suivons des médias, et
débattons avec des gens,
aux opinions différentes des
nôtres, afin de percer la bulle.
Lorsqu'on débat, attaquons toujours
les idées et pas les personnes.
Critiquer le jeu, pas les joueurs.
Soyons sceptiques de tout,
ne pas croire sans preuve.
Bien entendu, je ne parle pas
de religion ici.
Méfions-nous du hooligan politique qui
sommeille en chacun de nous.
Vous savez, c'est celui qui nous pousse
à cliquer sur « Partager »,
alors qu'on n'a pas encore lu l'article.
On l'a tous fait.
Enfin, considérons peut-être
de devoir payer
pour assurer l'indépendance
des médias qui en valent la peine.
Ou en tout cas gardons toujours à l'esprit
que l'information gratuite n'est jamais
réellement gratuite.
Quelqu'un d'autre l'a payé pour nous.
Merci.
(Applaudissements)
Am 23. April, bei der ersten Runde
der französischen Präsidentschaftswahl,
ging fast jeder dritte
junge Mensch nicht wählen.
Dies ist kein Einzelfall.
Bei den folgenden Parlamentswahlen
wählte mehr als die Hälfte nicht.
Das kann viele Gründe haben,
aber ich konzentriere mich nur auf einen.
Meine Generation wuchs mit Internet,
Wikipedia, sozialen Netzwerken auf,
Handy mit GPS, Fotoapparat,
Terminkalender, Taxiservice
und sogar Partnervermittlung.
Sie wuchs auch mit der Vorstellung auf,
dass wahrscheinlich Roboter
in naher Zukunft unsere Arbeit tun,
Autos autonom fahren
oder uns Drohnen Pizzas liefern können,
noch bevor wir an eine Bestellung denken.
Doch gleichzeitig wuchs diese Generation
mit einem politischen System auf,
das sich letztes Jahrhundert
kaum entwickelt hat.
Ein langsames, starres politisches System,
anfällig für Interessenkonflikte aller Art
und Machtspiele,
die Entscheidungen verfälschen.
Dieses System verschlingt
immens viel Energie und Geld bei Wahlen,
die oft eher einer Reality-Show
als einer echten Diskussion gleichen.
Es regt die Kandidaten
keinesfalls dazu an,
die Wahrheit zu sagen
oder Fehler zuzugeben.
All das in einer Zeit, in der wir
täglich im Internet wählen --
mit unseren Klicks, Likes,
unserem Teilen und Retweeten,
unseren Kommentaren und Petitionen.
Ich persönlich finde es verrückt,
dass unser Haupteinfluss auf die Politik,
das, was unser Zusammenleben bestimmt,
aus einem Blatt Papier besteht,
das wir in einen Kasten stecken,
und zwar einmal alle fünf Jahre!
Technologie, Sozialforschung
und diverse Beispiele aus aller Welt
zeigen uns andere Funktionsweisen.
Das Projekt "democracy.earth"
stellt etwa Tools zur Verfügung,
die für eine "Liquid
Democracy" nötig sind.
Im System einer "Liquid Democracy"
kann man direkt seine Meinung
zu interessanten Themen sagen,
aber auch sein Votum
an Freunde oder Intellektuelle delegieren,
also an Vertrauenspersonen,
etwa wenn man keine Zeit hat,
sich über ein Thema zu informieren,
oder glaubt, zu wenig
Fachwissen zu besitzen.
Man kann sich auch auf
konkrete, bewährte Dinge berufen.
So gibt es in der Schweiz
seit über 100 Jahren ein Staatssystem,
das man als halbdirekte Demokratie
bezeichnen könnte.
Das Volk kann durch Petitionen
ein fakultatives Referendum beantragen,
um ein Gesetz aufzuheben,
das sonst ohne Zustimmung der Mehrheit
verabschiedet worden wäre.
Die Menschen können aber auch
über Bürgerinitiativen
neue Gesetzesvorschläge machen,
die sie selbst verfassen.
Man könnte meinen,
so ein System führt direkt ins Chaos:
Jeder wählt nach seinen
persönlichen Interessen
und man hat zum Schluss eine Regierung,
die den Bürgern erlaubt, die Steuern
mit einem warmen Händedruck zu bezahlen,
oder bei der ein Angestellter
seinen Chef entlassen kann.
Vielleicht sind das
gar keine so schlechten Ideen ...
Doch das ist ein anderes Thema.
Tatsache ist: Vor kurzem
lehnten die Schweizer
zwei Wochen zusätzlichen
bezahlten Urlaub ab,
dazu ein Grundeinkommen
als lebenslanges komfortables Gehalt
ohne Verpflichtung zur Arbeit.
Das klingt verrückt, oder?
Untersuchungen in Europa zeigen,
dass dort, wo man viele Möglichkeiten hat,
sich politisch zu engagieren,
die Bürger viel besser informiert sind
und überlegtere Entscheidungen treffen.
Außerdem gibt es Bürgerinitiativen
wie die Internetseite
"Parlament und Bürger".
Sie bietet den Abgeordneten
eine Plattform für Bürgerbefragungen
und ermöglicht so die Teilnahme aller
beim Verfassen und
Diskutieren von Gesetzen.
Ich glaube, wenn wir heute
wegweisende Ideen wollen,
um die Herausforderungen
des 21. Jahrhunderts zu meistern,
müssen wir ernsthaft darüber nachdenken,
dafür den geeigneten Rahmen zu schaffen.
Und wenn wir heute Zeit haben,
Selfie-Spiegel zu produzieren
und Smart-Gabeln --
smarte ... Gabeln --,
dann finden wir sicher ein bisschen Zeit,
um unsere Institutionen zu aktualisieren.
Eine der größten Herausforderungen
auf diesem Gebiet sind Informationen.
In einer Demokratie,
in der das Volk herrscht,
haben Informationen große Wirkung
auf die öffentliche Meinung
und beeinflussen damit die Macht.
Heute erhalten wir Informationen
vor allem über zwei Kanäle.
Zum einen über traditionelle Medien:
Printmedien, digital oder auf Papier,
Fernsehen oder Rundfunk.
Den traditionellen Journalisten
wirft man oft mangelnde Unabhängigkeit
und damit fehlende Neutralität vor.
Nebenbei gesagt: In Ländern
wie Frankreich oder den USA
gehören die meisten großen Medien
wenigen Multimillionären und Konzernen.
Doch man erfährt viel mehr,
wenn man den wirtschaftlichen
Kontext dieser Firmen betrachtet.
So drängt die Werbung viele dieser Medien
nicht zum Wettbewerb um Abonnenten,
sondern um Aufmerksamkeit.
Oder wie der ehemalige Chef
des Senders TF1 sagen würde:
"Verfügbare Gehirn-Zeit".
Die "kostenlose" Online-Presse
misst den Wert eines Artikels
nicht am Informationsgehalt,
sondern an den Klicks
und wie oft er geteilt wird.
Warum sollten wir also
von einer Bürgergruppe berichten,
die versucht, die Politik zu erneuern,
wenn der neueste Skandal
im Privatleben eines berühmten Politikers
viel mehr Aufmerksamkeit garantiert?
Warum von Dingen sprechen, die gut laufen?
Oder von Gruppen, die seit Jahren
Dinge vorantreiben?
Man kann mehr Geld machen,
indem man auf Angst
und Sensationsgier setzt
oder exklusiv die neuesten
Gerüchte veröffentlicht --
auch auf die Gefahr hin,
dass diese unbegründet sind
oder ungeahnte Auswirkungen haben.
Neulich sahen Sie vielleicht in der Presse
eine Reihe Artikel über das gefährliche
Sinken des IQ in Frankreich.
Ein Teil der Presse erklärte uns,
warum wir immer dümmer würden.
Doch wenn man die vier
kurzen Seiten der Studie liest,
auf die sich die Artikel stützen,
um das Sinken des IQ
um 4 Punkte zu begründen,
stellt man schnell fest:
Die Studie wurde mit nur 79 Personen
im Alter von 30 bis 63 durchgeführt,
ist also keinesfalls repräsentativ
für die französische Bevölkerung.
Die Forscher selbst betonen,
dass die Daten erneut verglichen
und analysiert werden müssen,
bevor solche Schlüsse
gezogen werden können.
Kern und Inhalt der Informationen
haben immer einen Sendekontext
und eine Präsentationsart,
auf die man achten muss.
Wenn die traditionellen Medien
nicht ganz neutral sind,
so ist das im Grunde nicht schlimm,
weil man das nicht von ihnen verlangt.
Man verlangt von ihnen,
kritisch und sehr genau zu sein.
Wenn es Ziel der Medien ist,
aufzuklären sowie Meinungsbildung
und Diskurs für das Gemeinwohl zu fördern,
dann müssen sie Stellung beziehen können.
Es liegt an uns zu überprüfen,
ob diese Meinung begründet und belegt ist.
Ein gutes Medium sollte
potenzielle Interessenkonflikte erwähnen,
auf die es beim Verfassen
eines Artikels trifft.
Die Art der Recherche
sollte möglichst transparent sein.
Unser zweiter Informationskanal
ist der Bürgerjournalismus --
Blogs, Online-Video-Plattformen,
aber auch Posts in sozialen Netzwerken.
Diesem Bürgerjournalismus
wirft man oft vor,
Fake News zu generieren --
zu Deutsch Lügenmärchen --,
denen wir alle schon aufgesessen sind.
Die satirische Presse zeigt uns
die lustige, schräge Seite davon
und spielt dabei eine erzieherische Rolle.
Doch Falschinformationen und
mangelnde journalistische Gründlichkeit
können sich schädlich
auf die öffentliche Diskussion auswirken.
Es ist zum Beispiel äußert schwierig,
im Internet eine konstruktive Diskussion
zu wichtigen Themen
wie Impfungen zu führen,
ohne dass erneut
eine Menge Artikel erscheinen,
die auf wiederholt dementierten
Informationen basieren.
Dem Bürgerjournalismus wirft man oft vor,
sogenannte Informationsblasen zu fördern.
Ein soziales Netzwerk wie Facebook,
das uns aus kommerziellen Gründen
möglichst lang
auf seinen Seiten halten will,
ist sehr interessiert,
uns Inhalte zu zeigen,
die unseren Interessen,
aber auch unserer Meinung entsprechen,
Das macht uns für andere Meinungen
immer unempfänglicher.
Wir haben also einerseits
die traditionellen Medien,
die ihren politisch-wirtschaftlichen
Rahmen oft ungern verlassen.
Andererseits haben wir
den Bürgerjournalismus,
der eine Fülle von jedoch oft zu wenig
überprüften Informationen produziert.
Wir alle sind mittendrin
und konsumieren tagtäglich Informationen.
Wir und unsere
immer knapper werdende Zeit.
Wir und unsere vielen Vorurteile,
und vor allem Defizite beim Hinterfragen:
Man zeigt jemandem,
der nicht an die Klimaerwärmung glaubt,
99 seriöse Artikel zum Thema,
die sie bestätigen --
er wird nur den einen
Artikel im Kopf behalten,
der seiner Meinung entspricht.
Warum die Wahrheit hören wollen,
wenn man hören kann, dass man recht hat?
Wir wissen also, dass wir
Informationen überprüfen müssen.
Doch abgesehen von den Journalisten,
deren Beruf das ist,
haben wir oft nicht die Zeit,
bei allen Themen Quellen zu vergleichen
und Zahlen zu überprüfen.
Und trotzdem ...
Ich habe schon gesagt, dass meine
Generation mit Wikipedia aufwuchs.
Wikipedia hat es geschafft, eine
gemeinschaftliche Plattform zu gründen,
auf der die Vielzahl
und Vielfältigkeit der Beiträge
für eine gewisse Neutralität sorgen.
Die meisten Studien sind sich hier einig:
Wikipedia ist immerhin bei den Hauptthemen
mindestens genauso zuverlässig
wie jede andere Enzyklopädie,
insbesondere, weil sie
systematisch Quellen einfordert.
Und wenn wir nun das gleiche Prinzip
auf unsere täglichen
Informationen anwendeten?
Vor fast einem Jahr
begann ich das Projekt "CaptainFact".
Es hat zum Ziel, digitale Tools
herzustellen und zu testen,
die uns helfen, Informationen
besser zu konsumieren und zu verarbeiten.
Das erste Tool ermöglicht es etwa,
bei Internet-Videos eine Vielfalt
an Informationen zu bekommen,
um das, was wir gerade sehen,
zu bestätigen, zu widerlegen
in jedem Fall aber zu belegen.
Ein anderes Tool,
das gerade entwickelt wird,
soll Ähnliches bei Artikeln ermöglichen:
Man soll erkennen können,
auf welche Punkte man achten muss,
und bekommt Links zu potenziell
widersprüchlichen Quellen.
Ziel ist es, alle von der Gemeinschaft
gelieferten Informationen
auf einer Plattform zu sammeln,
dank der wir viel präziser
diskutieren können
als mit den heutigen Kommentarsystemen.
Denn man kann Punkt für Punkt,
Argument für Argument abarbeiten
und muss nicht mehr den gesamten
Inhalt in einem Block behandeln.
Man kann einigen Punkten zustimmen
und andere ablehnen.
All das auf spielerische Weise
mit Bewertungen und Medaillen,
um leichter hochwertige
Inhalte herauszufiltern.
Ein Kommentar mit Quelle
bringt etwa auf "CaptainFact"
mehr Punkte als eine simple Meinung.
All das kann uns helfen,
aber ein Tool löst selten alle Probleme.
Trotz seiner zahlreichen Vorteile
erlebt Wikipedia ständig "Edit-Wars".
Es gibt zum Beispiel "Astroturfing".
Große Unternehmen,
etwa in der Pharmaindustrie,
stellen bedeutende Finanzmittel bereit,
um Einträge zu beeinflussen
und z. B. negative Aspekte
ihrer Produkte zu löschen.
Wenn wir in Zukunft Gesellschaften
mit mehr Mitbestimmung aufbauen wollen,
kann uns nichts und niemand
die Arbeit abnehmen,
unseren kritischen Geist
zu entwickeln und zu schärfen.
Dafür gibt es einige Aspekte,
die wir im Alltag beachten sollten.
Akzeptieren wir,
dass es oft keine absolute Wahrheit
bei politischen Meinungen gibt,
da sie auf persönlichen
Interpretationen dessen beruhen,
was Freiheit, Gleichheit sowie
das Zusammenleben bedeuten sollten.
Folgen wir der Berichterstattung,
diskutieren wir mit Andersdenkenden,
um die Blase zu zerstechen.
Greifen wir bei Diskussionen
Ideen und nicht Personen an,
kritisieren wir das Spiel,
nicht die Spieler.
Seien wir stets skeptisch
und glauben wir nichts ohne Beweise.
Ich spreche hier wohlgemerkt
nicht von Religion.
Misstrauen wir dem politischen Hooligan,
der in jedem von uns schlummert.
Er drängt uns dazu,
auf "Teilen" zu klicken,
obwohl wir den Artikel
noch nicht gelesen haben.
Wir haben es alle schon getan.
Bedenken wir vielleicht auch,
dass wir bezahlen müssen,
um die Unabhängigkeit der Medien
zu bewahren, die es wert sind.
Vergessen wir jedenfalls nie,
dass kostenlose Informationen
nie wirklich kostenlos sind.
Jemand anderer hat sie für uns bezahlt.
Danke.
(Applaus)