Je m'appelle Margaux et je suis addicte aux challenges. Mais là, je vous parle d'une véritable addiction. Parce que rien ne me fait plus peur que parler en public et du coup, quand on m'a proposé de faire un TEDx, j'ai accepté. (Rires) Pour ajouter un peu de contexte à tout ça, j'ai grandi avec l'explosion d'Internet et c'est ce genre de slogan qui est venu accompagner mon développement. Quand on part de là, tout devient possible. Et j'utilise le jeu pour avoir l'audace d'aller chercher ces challenges et me permettre de les réaliser. Le jeu amène la performance et le bonheur et je vais vous le prouver en vous montrant comment j'ai transformé ma vie en jeu. Alors voici mon calendrier de l'avent des challenges. Ces challenges, je les appelle des « big boss ». Ce sont des épreuves dans les jeux vidéo qui permettent de déverrouiller le niveau suivant. J'ai aussi des points ressources et des gains. Donc, en janvier, j'ai quitté mon job. Ce n’était pas évident. Nous sommes aujourd'hui sur le big boss de la prise de parole en public. Vous êtes mon challenge. Et en mai, je vais créer mon entreprise. Du coup, je cherche un associé. (Rires) J'en profite pour passer le message. J'ai épinglé sur un tableau des profils, des informations, des compétences que j'ai reliés à des fils. Je me crois vraiment dans NCIS en fait. (Rires) Et surtout je ne m'arrête pas là. Je ne m'arrête pas à la gamification de mon milieu professionnel. Je l'utilise aussi dans ma vie quotidienne, c'est-à-dire que ce que je déteste le plus au monde, c'est le ménage, et du coup, je me déguise pour faire le ménage. Voici la preuve en images. (Rires) (Musique : « I want to break free » de Queen) (Rires) (Applaudissements) Alors là, je me suis un peu mouillée pour vous. Mais ce que je veux dire par là, c'est que poser une couche de plaisir sur la réalité, c'est l'essence même de la gamification. La gamification, elle vient du mot « game » , le jeu en anglais. C'est l'art d'utiliser les mécaniques du jeu dans un autre contexte pour les en optimiser. Et aujourd'hui, j'aimerais vous prouver qu'on peut utiliser ces mécaniques au travail pour plus de bien-être pour les employés et plus de performance pour l'entreprise. Alors, si je reviens à mon cas, quand je travaille, je ne peux pas m'empêcher de me demander pourquoi je fais les choses et comment je pourrais les faire mieux et avec plus de plaisir. Je suis donc bel et bien un des fruits de la génération Y, la génération du « pourquoi ? » . Une génération qui est exigeante et infidèle à l'entreprise. C'est une génération qui a besoin de sens au quotidien. Mais est-ce que vous croyez vraiment que les Y sont les seuls à avoir besoin de sens ? En fait, ces chiffres nous montrent que la société et les tendances ont changé. On est tous réceptifs au jeu et le loisir prend une place beaucoup plus importante dans nos vies. On a tous besoin de sens, donc vous êtes tous concernés. Il est bon de se demander : pourquoi l'homme a-t-il cette prédisposition au jeu ? En quoi - je ne sais pas si vous jouez à Candy Crush - en quoi empiler des bonbons dans Candy Crush est plus stimulant, voire addictif, que faire de la saisie comptable ? (Rires) Parce que, finalement, on est sur la même profondeur de travail. Sauf que chez Candy Crush, on a déguisé les actions et le feedback pour provoquer un épanouissement émotionnel. Il y a une véritable influence sur le cerveau. En fait, le jeu va générer la création des hormones de dopamine et de sérotonine. Ce sont les hormones du bonheur. Membre du public : « Et un peu d'ocytocine. » Margaux : O.K. Oui, oui, c'est vrai ! (Rires) Du coup, le jeu nous fait sentir cette sensation de bien-être. Il nous donne envie et il nous motive. Vu qu'on est sur le TEDxAnnecy, je cite local : Edgar Grospiron. (Rires) Parce que activer la motivation humaine, c'est le facteur le plus puissant, mais aussi le plus complexe. Il existe deux types de motivation : la motivation dite intrinsèque, qui est liée à la tâche, au cœur même de la mission, et la motivation dite extrinsèque, donc liée à l'environnement. C'est l'ambiance au travail, c'est le salaire, c'est le goût du café. Souvent, les managers se trompent en essayant de stimuler le mauvais endroit de motivation. Du coup -- De ce fait -- Par exemple, on ne peut pas motiver sur une tâche en donnant une prime ou un salaire. Voilà. Je vais vous donner deux exemples de gamification au travail sur ces deux types de motivation. Alors, vous vous êtes tous déjà fait appelés par des call centers pour des enquêtes. Et je suis sûre que vous n'avez, pour la plupart, parfois pas été très aimables. Moi, je vous propose l'envers du décor. Parce qu'il y a un réel enjeu de motivation dans ces métiers-là. Et en fait, l'histoire -- C'est l'histoire d'une agence de téléprospection qui a mis son client dans la peau de Julien Lepers. Je vous explique. Ce qu'il s'est passé, c'est qu'il y avait un réel enjeu de motivation et de formation dans un temps record pour les salariés. Donc il fallait les former sur des questions techniques. Ce que le directeur de l'agence a fait : il a acheté un buzzer et il a imprimé des questions sur des bristols jaunes « Questions pour un champion ». Et en fait, ce qu'il s'est passé, c'est que les employés se sont motivés eux-mêmes. Ils se sont pris au jeu. Et clou du spectacle : le client a voulu venir vérifier la qualité des questions et des réponses apprises. Eh bien, non seulement il a accepté de jouer le rôle de Julien Lepers, mais il s'est carrément pris au jeu, à en jeter les cartes. Et du coup, l'objectif de performance a été atteint, l'entreprise a gagné l'appel d'offres, et surtout tout le monde a pris beaucoup de plaisir. Donc ça, c’était comment motiver par rapport à la tâche, le cœur de la mission. Je vous donne un exemple sur l'environnement. Comment faire +5% de marge en doublant la tendance des années précédentes ? C'est le challenge qu'un grand groupe agroalimentaire a relevé. A la clé, la convention annuelle, qui était normalement une semaine en France, était relocalisée à Rio. Pour toute l’équipe. Et en fait, ce qu'il s'est passé ici, c'est que ça a décloisonné les métiers. Ça a optimisé le flux d'information et optimisé l'organisation. On est passé d’enjeux et d'objectifs individuels à l’équipe et à l'entreprise. Et du coup, ils sont tous allés à Rio. En fait, en stimulant le sentiment d'appartenance, le jeu nous rend plus performants. On est toujours sur les mêmes mécaniques. On va poser un décor, des règles du jeu, une situation d’échec et une situation de victoire. Et ce qui est vraiment important, c'est de redonner du sens avec l'histoire, qu'elle soit fictive, avec « Questions pour un champion », ou non. On replace l'objectif commun. On va rendre visible pour faire adhérer et on va rendre ludique pour faire participer. Et en fait, le simple plaisir de jouer, ça va créer une émulation collective. Et ça, Anatol Rapoport, qui est théoricien en stratégie de jeu, l'a prouvé mathématiquement. Les stratégies gagnantes sont les stratégies collectives et collaboratives. Quelque chose de vraiment très important par rapport à tout ça, c'est la récompense. La récompense -- en fait, la valeur perçue de la récompense sera toujours supérieure à sa valeur réelle. Pour l'entreprise, acheter un buzzer ou une semaine à Rio, c'est complètement rentable si on atteint les objectifs. Mais il y a une vraie valorisation humaine qui est bien plus importante finalement. Et en fait, c'est ça que vient faire le jeu. Il va répondre aux besoins que tout humain a dans sa vie et dans son travail, qui sont : les besoins d’identité - comment je m'insère dans la structure et quel sens a ce que je fais - les besoins de reconnaissance, les besoins d'épanouissement. Et en répondant à tous ces besoins à la fois, le jeu devient le Saint Graal de la motivation au travail. Alors -- Du coup, vous allez me demander pourquoi ce n'est pas encore en place. Quand je parle de gamification, en général, on me dit : « Margaux, ça a l'air génial, mais pour moi, impossible de l'imposer dans mes équipes. De le faire appliquer et tout. » Pourquoi ? Parce qu'on va juste venir bousculer les habitudes. Et c'est vraiment ce qu'il y a de plus dur. Il y a aussi un problème à venir toucher la barrière psychologique, de venir souiller le sacré du travail avec la futilité du jeu. Finalement, c'est simplement la peur du changement. Mais on peut vraiment rester sérieux au travail tout en jouant. Alors une bonne gamification au travail, ce n'est pas un jeu d'enfants. Parce que ça peut vraiment être pris comme un outil de mauvaise compétition. Du coup, pour son adoption, il va falloir une excellente communication, il va falloir de la bienveillance et de la justice. Les problèmes d'ego et les dérives pour la gagne doivent être punis et bannis. Redonner du sens et du plaisir au travail, c'est maintenant que ça se passe, à l'heure où garder des équipes motivées, ça relève vraiment d'un challenge pour les entreprises. La gamification est en train d'arriver dans les entreprises et demain le bien-être sera vraiment pris au sérieux, il sera vraiment vu comme un facteur de productivité. Demain, on voudra tous bosser dans des boîtes à la Google. Demain, les comptables auront des points et des couleurs sur leur bilan, ils joueront à Compta Crush. (Rires) Demain, on donnera des vies sous forme de cœur aux opérateurs machine pour les sensibiliser aux accidents du travail. Mais déjà vous, vous pouvez être proactifs en trois points. Premièrement, ce qu'on appelle en marketing le storytelling. Redonnez du sens avec l'histoire. Vous ne produisez pas 10 000 boulons, mais vous contribuez à la création de 100 Renault Sport. Deuxième point : ayez de l'audace. Ayez l'audace de proposer votre idée et d'y croire. Dans la boîte où je travaille encore aujourd'hui, on a mis en place un écran sur lequel s'affiche chaque nouveau client. Du coup, on replace le client au centre. Et à chaque nouveau client qui s'affiche sur un écran, il y a un gyrophare qui s'allume et la musique de Mario retentit dans tout le bureau. (Rires) Et vous savez ce que ça fait ? Eh bien, en fait, on vient et on se tape dans les mains. C'est vraiment là où je veux en venir. C'est-à-dire que, adoptez le ton que vous voulez - vous n'êtes pas obligés d'utiliser la musique de Mario - mais tapez-vous dans les mains. Reboostez l'esprit d’équipe, parce que finalement, c'est l'humain qui fait l'entreprise. Et surtout, ne vous arrêtez pas là. Je vous ai donné des exemples, mais créez vos propres outils de gamification pour embellir votre vie, pour en faire même une philosophie. Et surtout, prenez du plaisir dans tout ce que vous faites. Je vous souhaite un good game. (Applaudissements)